de Haro avoit traité cette grande affaire avec le cardinal
Mazarin : il difoit de lui : ce grand minijlre a un grand
défaut en politique , il veut toujours tromper ; excellent
mot, auquel les politiques machiavelliftes devraient bien
faire attention. Dom Louis de Haro mourut en 1661.
Ce fut un de fes ancêtres, dom Lopez de Haro,
prince de Bifcaye, qui bâtit en 1300 , la ville de
Bilbao.
HARPAGE. ( Voye[ A styage ) ( Hiß. anc. ) ou
Harpagus , étoit, félon Hérodote & Juftin , un des
principaux officiers d’Aftyage , qui ayant été chargé
par lui de faire mourir Cyrus fbn petit-fils , dont un
longe l’avoit averti de fe défier , le fit expofer dans
une forêt par un des bergers du roi ; l’enfant ayant
été fauve &. nourri en fecret par la femme du berger ,
Aftyage, pour fè venger de l’infidélité <SHarpage, fit
fervir a ce malheureux père les membres de fon fils ,
& lui en préfenta enfuite la tête. Tout cela reffemble
bien aux fables d’OEdipe , d’Atrée & Thyefte, de Procné
& de Térée. Harpage , pour fè venger à fbn tour
d’Aftyage , aida Cyrus à le détrôner.
HARPOCRATION, (Valeriùs) {Hiß. Litt, anc.)
rhéteur d’Alexandrie, dont on a un Lexicon curieux ,
commenté par plufieurs fçavants.
HARRINGTON , (Jean) {Hiß. Litt. mod. ) poète
anglois du temps d’Elifabeth & de Jacques I , connu
for=tôut par fa traduâion angloifè d’Ariofte.
Jacques Harrington, écrivain politique , auteur de
l’ouvrage intitulé , Oceana , plan de république, affez
femblable à l’Utopie de Thomas Morus, mais qui ne
plut nullement à Cromwel, du temps duquel il parut.
Cromwel qui avoit tant parié de liberté , lorfqu’il
netoit qu’un fimple particulier , ne fe fttucioit plus
qu’on en parlât, depuis qu’il étoit parvenu à la tyrannie.
Harrington examine quel eft le plus haut point de
liberté où la conftitution d’un état puiffe être portée ;
mais on peut dire de lu i, dit M. de Montefquieu,
» qu’il n’a cherché cette liberté qu après l’avoir mé-
« connue ,& qu’il a bâti Cha1cédoine , ayant le rivage
ï> de Bifance devant les yeux, n Ce jugement de M. de"
Montefquieu auroit pu être un peu plus clair, au hafard
même d’être moins ingénieux.
Harrington avoit voyagé dans prefque toute l’Europe ;
en Italie il ne voulufjamais baifer les pied§ du pape.
Le roi d’Angleterre , Charles I , auquel il racontoit
cette particularité de fes voyages , lui demanda quel
motif avoit eu fon refus ; il lui répondit : qu’w/z homme
qui avoit eu V honneur -de h ai fer la main de fa majefié,
ne devoir baifer lespieds de perfonne. Il fe diftingua par
fön attachement à la caufe & à la perfonne de, Charles I.
Après le fùpplice de ce prince, il prit en horreur les
hommes qui avoient 'été capables d’un tel forfait, 6i
s’enferma, foin d’eux avec fes livres au fond de fon
cabinet :
Poßquam fuperis concejft ab oris
AJßi&us vitam in tenebris luftuque trahebdm ,
Et cafum infontis mecum indignabar amici.
La folitude où il vivoit , devoit raffure| fur fon
©ompte 5 elle le rendit fufpeä, -on l’enferma <&ns diverfes
prifons. L’ufage du gayac mêlé avec le café , lui
fit, dit-on, perdre lèfprit. Il mourut en 1667.
HARRISON , ( Hiß. d’Anglet. ) un des juges de
Charles I , fut pendu en 1760.
HARTSOEKER, (Nicolas) {Hiß. Litt, mod.)
fçavant hollandois , afïocié étranger de l’Académie des
Sciences, fils d’un miniftre remontrant, fut deftine par
fès parents, au miniftère ; mais il n’aima que les
mathématiques : la plupart de ceux qui s’y-font appliqués
, dit M. de Fonteneile, ont été des rebelles à
l’autorité de leurs parents ; Hartfoëker confacroit la
nuit à cette étude ; & pour n’être pas trahi par la lumière
qu’on auroit pu apperqevoir dans fa chambre,
il étendoit devant fa fenêtre les couvertures de fon lit,
qui ne lui fèrvoient plus , dit encore M. de Fonteneile
qu’à cacher qu’il ne dormoit pas. Il s’occupa beaucoup
de microfcopes, & il eft fur-tout fameux par fon
fyftême des animalcules qu’il crut appercevoir dans la
liqueur fpermatique. Il s’attacha en 1704 , à l’éleéfeur
palatin , Jean-Guillaume , qui mourut en 1716. Après
la mort de çe prince, il retourna en Hollande. On a de.
lui un EJfai de dioptrique ; des Principes de phyfique ;
des Conjectures phyfiques ; des Eclaircijfements fur ces
conjectures, où ei^répondant à diyerfes objections, il
critique lui-même avec beaucoup de févérité & un peu
d’humeur, plufieurs de fes plus illuftres confrères de
l’Académie des Sciences ; un Recueil de pièces dephy- ,
fique , où il attaque des differtations de M. de Mairan,
qui, en trois années confécutivesr, avoient remporté,
le prix à l’académie de Bordeaux : on peut voir la ré-.
ponfè pleine de politeffe & de raifon que lui fit M. de
Mairan ; elle eft inférée dans le journal des fçavants ,.
année 1722 , pages 568 & fuivantes ; les Bernoulli ,.
les Hugueçs , les Leibnitz, les Newton font auffi attaqués
par M. Hartfoëker ; on fent dans fès critiques , dit
M. de Fonteneile , plus de plaifir que de befbin de
critiquer. Il mourut le 10 décembre 1725. Il étoit né
le 26 mars 1656.
HARVE’E ou HARVEI ou HERVE’ , (Guillaume):
{Hiß. Litt, mod.) médecin des rois Jacques I
CharlesJ , auteur de la découverte de la circulation
du fang. Le premier cri de fes envieux fut de la traiter
de chimère ; le fécond, de dire que c’étoit une vérité
anciennement connue. Hervée eft auteur de quelques
autres ouvrages de médecine. Né en 1578, mort en
1657. ; .
Un autre Hervée , ( Gedéon ) auffi -médecin , eft
auteur de deux traités curieux ; l’unAirs curandï morbos
expeClatione ; l’autre, de vanitatibus, dolis & mëndaciis
Medicorum.
HASEKI, f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi que les
Turcs nomment celles des concubines du fultan qui ont
reçu ce prince dans leurs bras ; elles font diftinguées
des autres qui n’ont pas eu le même honneur ; on leur
donne un appartement féparé dans le ferrail, avec un
train d’eunuques & de domeftiques. Quand elles ont eu
le honneur de plaire au fultan, pour preuve de fon
amour , il leur met une couronne fur la tête , & leur
•donnç fe titre d’afeki ; &. alors elfes peuvent aller le
trouver
trouver auffi fouvent qu’il le*r plaît, privilège dont ne j
jouiffent point les autres concubines, On leur accorde
ordinairement cinq cens bourfes de penfions. Voye^_ hijl.
ottomane du prince Cantimir. { A . R. )
HASTINGS, (Guillaume) {Hijl. d’Anglet.) chambellan
du roi Edouard IV , qu’il avoit aidé à monter
fur le trône , l’étoit auffi de fon jeune fils Edouard V ,
dans le temps où Richard , duc de Gloceftre , oncle
d’Edbuard V , & protecteur du royaume pendant la minorité
du prince, cherchoit les moyens d’envahir la couronne
; Hajlings s’obftinoit, malgré plufieurs avis , à
ne rien, croire des defleins du proteéteur , tant ils lui
paroiffoient hors de vraifemblance. Les confidents du
proteéteur travaillèrent à engager Hajlings dans le
parti de leur maître , d’abord par des infinuations éloignées
, enfuite par des- propofitions plus direCtes ; il
fut fourd & infléxible , &. fa perte fut réfolue. Richard
affembfe le confeil ; ce jour-là il montre à tous les
membres de ce confeil , & nommément au lord
Hajlings 1 une affabilité qui netoit pas dans fon ca-
raCtère ; il entame de longues délibérations concernant
la cérémonie du couronnement d’Edouard V , qu’il
affeCtoit de préparer ; & fbrtant tout-à-coup de l’aflem-
blée fur quelque prétexte, il demande que ces délibérations
foient continuées pendant Ion abfence ; il
revient une heure après, la pâleur fur le front, la !
fureur dans les yeux ; « milords , s’écrie-t-il d’une voix
tremblante de, colère, quelle'peine méritent ceux qui
» confpirent contre la vie d’un protecteur du royaume » ?
Son air , fon ton , fes crimes paffés qui reviennent à la
mémoire , fes projets qui commencent à fe manifefter ,
glacent le confeil ; on fe regarde, on fe tait : Hajlings
feul, toujours éloigné de toute défiance, répond au
nom de l’affemblée , que ces confpirateurs , quels qu’ils
foient, & s’ils exiftent, méritent d’être traités comme
deg traîtres. «Eh bien, répliqué Richard , toujours
du même ton , c’eft ma belle - foeur , & elle a des
» complices.— k— Qui dites-vous, milord? La reine
v douairière ? O u i, & Jeanne Shore fon agente. »
Cette Jeanne Shore, bien loin d’être l’agente de Ta reine
douairière, veüye d’Edouard IV & mère d’Edouard V ,
étoit fon ennemie , parce qu’elle avoit été la maîtreUe
d’Edouard IV , mais elle étoit alors la maîtreffe du lord
Haflings ; le filente continuoit: « voyez, dit Richard ,
en découvrant fon bras gauche qui prenoit moins de
nourriture que l’autre, mais qu’on fçavoit avoir toujours
été dans cet état, « voyez l’effet des enchantements
de ces deux femmes. » La groffièreté de cet
artifice révoltoit & faifoit trembler. « Si elles font cou-
« pables , dit enfin le lord Hajlings 9 il faut les punir. «
« Si ? répliqua Richard avec une feinte indignation,,
» tu ofes douter de. ce que j’attefte, tu.es leur complice ».
Tandis que Hajlings s’étonne, fe juftifie , commence
à s’alarmer, Richard frappe fur une table', & lafalle
eft remplie, de ,foldats , Hajlings .& tous les feigneurs
oppofés aux defleins de Richard , font arrêtés. Celui-ci
feignant toujours la même colère , jure de ne point
manger qu’il n’ait vu tomber à fes pieds la tête du lord
Hajlings % il ne lui donne que le temps de fe confeffer,
& le fait décapiter à fa vue. (1483.) Jeanne Shore
Hijloire. Tome J II*
n’ayant pu être convaincue fur l’article de la magie »
malgré la fuperftition du temps & du pays, peu phi-
lofophe alors , le fut aifément fur les défordres de lk
vie , dont il ne s’agiffoit pas dans fon affaire , & fubit
la pénitence publique.
HATENURAS, f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft ainft que
l’on nomme dans la nouvelle Efpagne, un droit que
l’on acquiert sur les'Indiens , par lequel ils font chattes
de leurs poflèffions qui font confifquées, ils font, obligés
de fervir à gages & de travailler tour à tour aux mines
du roi. {A .R . )
HATEUR , f. m. f Hiß. mod. ) officier chez le
ro i, qui veilloit dans les cuifrnes à l’apprêt & au fer-
vice des viandes rôties. {A. R,)
HATRATSCH, {Hiß. mod.) efpèce d’amende pécuniaire
que les Turcs font payer en Croatie & en
Bofnie , à ceux qui ont manqué de fe trouver en arme*
au rendez - vous qui leur a été indiqué par ordre da
grand-feigneur.- {A. R.
H A T T O N , ou H E TTON, ( Hiß. mod. ) Lorfque
‘ l’impératrice d’orient, Irène , fut renverfée du trône
en 802 , par Nicéphore , elle traitoit de fon mariage
avec Charlemagne, & de l’union de l’empire d’orient
avec l’empire d’occident ; les ambaffadeurs françois, à
la tête desquels étoit l’évêque de Bâle Hatton , furent
témoins de la révolution qui confondoit tous ces projets ;
à tout ce que cet évènement avoit de défagréable pour
eux , la nation grecque ajouta des marques choquantes
d’éloignement pour la France, Les ambaffadeurs prirent
d’abord le ton de la menace ; ils proteftèrent que
Charlemagne ne laifferoit pas impuni le traitement fait
à fbn alliée, & ils partirent mécontents. Cependant
l’affaire tourna en .négociation. Nicéphore fèntit l’intérêt
qu’il avoit de ne pas s’attirer un ennemi tel qiie Charlemagne
, il fe hâta de lui envoyer des ambaffadeurs
pour demander la paix. ,
Charlemagne , ordinairement le plus fimple de tous
les hommes dans fon extérieur, prit plaifir à étonner
les ambaffadeurs grecs par une, magnificence inattendue
, & étala un fafte plus qu’afiatique aux yeux de.
cette nation vaine & frivole , qm n’eftimoit que l’éclat.
Le moine de St. Gai a pris plus de plaifir encore à décrire
ce fafte, dans fes moindres détails ; nous ne prendrons de
fon récit que ce qui concerne l’évêque Hatton : lorfque
-les ambaffadeurs parvinrent, de merveilles en meryeiÜes
& d’étonnement en étonnement jufqu’à l’empereur , ce
prince avoit la main appuyée for l’épaule de l’évêque
Hatton, auqùel il affeôoit de prodiguer des marques de
confidératiori, comme pour le venger des dégoûts qu’il
avoit effuyés à la cour de Conftantinople ; les ambaffadeurs
le proftemèrent devant Charlemagne avec
une efpèce de vénération religieufe , non fans quelque
confufion de retrouvér dans la plus haute faveur auprès
d’un tel fouverain & dans une telle cour , ce même
évêque Hatton , pour lequel ils fçavoient qu’on avoft
eu à Conftantinoble fort peu d’égards^ L’empereur les
releva , les rafsûra & leur dit avec un mélange impo-
fant de févérité & de fierté : « Hatton vous par-
» donne, & je vous pardonne à fa prière ; • mais