
la main Pan de Vautre ; & qu’ils échapperaient aux
fupplices que Sylla leur preparoit. Marins tua fon
ami ; mais il n’eri fut que bkffé, 6c il fe- fit achever
par lin de fes efclaves.
Marins le jeune n’avoit que vingt-fix à vingt-fept
ans, & il étoitconful, quoique les loixne permifTent
de prétendre au confulat qu’à quarante - trois ans ;
mais il n’y avoit plus de loix. Sa mère, au lieu de
le féliciter de cet honneur prématuré , pleura fur
lui, & prévit fa perte. La tête de Marius fut portée
à Sylla , qui la fit expofer fur la tribune aux harangues
, &. qui, en la confidérant & en infultant à la
jeuneffe de ce confiai, dit que cet enfant téméraire
•aurait dû apprendre à manier la rame, avant que
xl’entreprendre de conduirë le gouvernail. Les malheurs
de Marius, qui auroient dû au moins lui apprendre
à pardonner, ne lui avoient appris qu’à le
venger.
L’Hftoire Romaine offre encore quelques autres
'Marius, moins célèbres. Juvénal parle d’un Préteur
Marius qui avoit fort vexé fa province ». 6c qui jouiiïbit
en paix du fruit de fes vexations , tandis que la province
, qui l’avoit fait rappeller 6c exiler , en gémiffoit
•encore :
Exul ab oElavâ Marius bibit, & frultur dits
Jratis , at tu viblrix provincia ploras !
"Horace parle d’un Marius, forcéné d’amour, qui
après avoir tué' fa maîtreffe dans un excès de jaloufie,
fe précipite lui-même pour mourir avec*elle;
Hellade percufsâ Marius dim précipitât fe
Cerritus fuit ? an commotcz crimine mentis
Abfolves hominem » & fceleris damnabis eumdern r
E x more imponens cognata vocabula rebus ?
MARLBOROUGH, (Jean Churchill ( diîc d e )
( Hifl. dAngleterre ) étoît d’abord favori du roi.
Jacques II ; il étoit frère d’Arabelle Churchill,maîtreffe
de ce prince , Ôc mère du maréchal de Berwick ; il
abandonna Jacques I I , dans le temps de la révolution
en 1688. Il femt avec éclat contre lui , dans la
guerre d’Irlande ën 1689 6c 1690. Quelque temps
après , il forma , en faveur de ce même Jacques I I ,
. une confpiration , pour laquelle il fut mis à la tour
de Londres ; Lady Marlborough , fa femme , gouver-
ïioit la princeffe Anne, q u ilous le règne de Guillaume
III 6c de Marie I I , fceur d’Anne, étoit
héritière préfomptive de la couronne d’Angleterre,
Guillaume & Marie exigèrent que la princeffe Anne
renvoyât la ducheffe de Marlborough. Anne affeâa
de paraître par-tout avec elle ; la reine arrivant à un
lpeclaele oh la ducheffe de Marlborough étoit avec
la princeffe Anne, envoya ordre à la ducheffe de
fortir ; elle obéit, & la princeffe fortit avec elle ; on
lui ôta fes gardes, 'on défendit aux Dames de la
cour de la voir ; elle fe retira dans la ville de Bath ,
& fa difgrace fut publique.
Quand elle monta fur le trône, après la mort de
Cruillajime III, lç? Marlborough y montèrent avec
elle ■$ la ducheffe fut fa favorite , fe duc fut fou
général : il gagna les batailles d’Hochftet le 13 août
1704 ; de Ramillies , le 2.3 mai 1706 ; d’Oudenarde ,
le 11 juillet 1708 ; de Malplaquet, le 11 feptembre
1709; en 1704, il avoit-embrâfé la Bavière jufqua
Munick , pour punir 1 eleéleur de Bavière de fon
attachèrent à la France. On a obfervé qu’il n’avoît
jamais afîïégé de place , qu’ il n’eût prife , ni livré de
bataille, qu’il n’eût gagnée; L’union, le concert qui
régnoient entre lui 6c le prince Eugène, leur donnoient
une force invincible ; Eugène 6c Marlborough étoient
moins des fujets que de véritables puiffances. Le marquis
de Torcy dit qu’Eugène , Marlborough, Heinfius ,
penfionnaire de Hollande, étoient comme les Triumvirs
de la Ligue contre la France. Marlborough gou-
vernoit Heinfius. La paix & la guerre étoient entre
les mains de deux généraux , dont la gloire 6c la
puiffance étoient fondées fur la guerre.-En 1709, Louis-
XIV traitoit fecrétement de la paix avec les Hollan-
dois ; mais Eugène 6c Marlborough étoient inftruits-
de tout par Heinfius. Ils vinrent même enfuite aux-
conférences à la Haye. Heinfius étoit incorruptible „
le prince Eugène étoit trop au-deffus-de la corruption ;;
mais on favoit que Marlborough aimoit l’argent, on
l’attaqua de ce côté. Louis X IV lui avoit fait faire
des prppofirions par le due de Berwick, fon neveu
& par le marquis d’Alégre. Torcy , dans fa première
conférence avec Marlborough, crut s’appereevoir qu’il
faifoit fou-vent revenir avec art, dans la converfation ÿ
les noms de ces deux perfonnes , 6c qu’il fembloit
vouloir pénétrer fi Torcy étoit inftruit de leur négociation
avec lui ; il fit connôître qu’il ne l’ignoroit
pas, il l’affûra que les difpofirons du roi ri’etoient point
changées à cet égard ; Marlborough rougit 6c parla
'd’autre chofe. Torcy effaya plus d’une fois de le ramener
des intérêts généraux à fes intérêts particuliers^
chaque fois Marlborough rougiffbit , 6c paroiffoit
vouloir détourner la converfation ; 'cependant, continue
T orcy , Marlboroughnomettoitaucxme a occa-
» fion de parler de fon refpeél pour Lotus XIV 9
» même de fon attachement à la perfonrie dë S. M.
» C’étoit en France & fous M. de, Turenne, qu’il
» avoit appris le métier de la guerre , il vou-
n loit perfuader qu’il en confèrvoit une éternelle
n reconnoiffance. Ses expreffions étoient accompa-
n gnées de proteftations de fmcérité , "démenties par
n les effets, de probité, appuyée de ferments fur fon
» honneur, fa confcience, 6c nommant fouvent le
» nom de Dieu, il î’appelloit à témoin de la vérité
M de fes intentions. On etoit tenté de lui dire : pourra
quoi ta bouche profane ofe-t-elle cher ma loi ?
Cette négociation fut fuivie. On voit dans une
inftru&ion J e Louis XIV au marquis de Torcy , le
prix qu’il mettoit aux différents avantages que Marlborough
lui feroit obtenir , tant pour Naples & la
Sicile,tant pour Dunkerque, tant pour Strasbourg, &c„
La reine Anne fe dégoûta de la perfonne, 6c fe
laffa de l’empire de Sara Jennings, ducheffe de
Marlborough. Une nouvelle favorite la gouvernoit »
l’imprudente Marlborough s’étoit donnée une rivale a
’ # :
en faifant entrer au fervice de la reine , une de fes
parentes , nommée Hill , qui fut depuis milady
Masham. Plus imprudente encore, la ducheffe même de
Marlborough voyant ce crédit naiflant ébranler le fien,
acheva de le perdre par des hauteurs 6c des traits d’aigreur
qui aliénèrent entièrement le coeur de la reine. •
Une jatte d’eau que la ducheffe, par une mal-adreffa
réelle ou fei.itë , répandit fur la robe de la nouvelle
favorite, dans un moment oh la reine 6c les femmes
de la cour p reno lent plaifir à confidérer la beaute de
cette robe, fut le dernier écueil ou vint fe brifer cet
énorme crédit des Marlboroughs ; la ducheffe fut
entièrement difgraciée , le miniftère fut change. On
attaqua par degré la puiffance du duc de Marlborough
lui-même ; on commença par borner fori autorité :
on rechercha enfuite fon. adminiftration ; on ofa lui
faire fon procès dans le même lieu , dit le marquis
de Torcy , oh depuis dix ans, il recevoit, au riom
de la nation, des remerciements 6c des éloges au retour
de chaque campagne. On fe contenta cependant
d’abaiffer & d’humilier Marlborough-, on ne voulut
pas le perdre, parce qu’on craignît les repréfailles ; ;
fon avidité, fes extorfions fournirent des raifons ou
des prétextes de le dépouiller de fes emplois , & on
prétendit montrer affez de refpeél pour fa gloire,
en lui laiffant la vie.
Le nouveau miniftère fit aifément connoître à la
. reine que Maleborough feul avoit intérêt à la continuation
d’une guërre .qui augmentoit tous les jours fa
gloire & fa puiffance, mais qui ruinoit la nation ,
làns qu’elle en tirât ou même qu’elle s’en promît
aucun .avantage.
Le prince Eugène vint à Londres pour mettre
obftacle à la paix , de concert avec le duc de
Marlborough ; il fut reçu froidement par la reine ,
on éclaira fes démarches , on arrêta, fes intrigues ; les
miniftres lui rendirent des refpeéls , mais ils veillèrent
fur lui ; un de ces miniftres, qui avoit le plus contribué
à faire priver Marlborough du commandement
.des armées , donnant à dîner au prince Eugène, dit
qu’il regardoit comme le plus beau jour de fa vie,
celui oh il avoit l’honneur de recevoir' chez lui le
plus grand capitaine du fiècle ; le prince Eugène lui
répondit : f i je le fuis , ce fi depuis peu, & cefi fur-
tout à vous que j en ai l’obligation. Il ne s’agiffoit pas
de moins , dit-on, dans les complots d’Eugène & de
Marlborough , que de détrôner &. d’emprifonner la
reine. Le lord Bolingbroké a raconté en France , à
des perfonnes d gnes de fo i, qu’alarmé du danger de
cette princeffe, il entra dans fa chambre au milieu
de la nuit, lui fit part des avis qu’il,, avoit reçus,
& lui propofa de faire arrêter fur L^ehafrip le prince
Eugène 6c le duc de M a r lb o r o u g h ine effrayée
d’un parti aufli violent, .lui demandé s’il n’imaginoit
pas de moyen plus doux ? Oui, Madame, dit Bolin-
broke, 6c il propofa de remplir de gardes le palais
& les environs & les poftes les plus importants de
Londres. En effet, les mal-intentionnés voyant leurs
projets découverts & prévenus, relièrent tranquilles ,
& fe cachèrent. Le prince Eugène partit j Marlborough
qditta aufli l'Angleterre , 6c fe retira dans la vi’le
d’Anvers., À ravinement du roi Georges Ier. à la couronne
, en 17 14 , il fut rétabli dans toutes fes charges;
il les quitta quelques années avant fa mort, tomba
eh enfance avant le temps , & n’eut plus d’autre
occupation , d’autre récréation que de jouer au petit
palet avec fes pages. Il mourut en 1722. Il croit ni
en 1650.
Le duc de Marlborough avoit été le plus bel homme,
& la ducheffe de Marlborough la plus belle femme
, de l’Angleterre ; lorfque le duc fervoit en France, fous
•Xurenne , on ne l’appelloit que le bel Anglais ; mais
le général François , dit M. de Voltaire , jugea que le
bel Anglois feroit un jour un grand homme. Le roi
Guillaume difoit n’avoir jamais vu perfonne qui eût
moins d’expérience 6c plus de talent, qui eût la tête
plus froide & le coeur plus chaud. Après la bataille
d’Hochftet , Marlborough ayant reconnu parmi les
prifonniers, un foldat françois dont il avoit remarqué
la valeur pendant l’aéfion , lui dit : Si ton maître avoit
beaucoup de foldats comme toi, il feroit invincible.—
Ce ne font pas les foldats comme moi qui lui manquent,
répondit le foldat, mais des généraux comme vous.
Marlborough faifoit les honneurs des- viéloires 6c
. des fuccès guerriers, 6c c’étoit à lui à les faire : un.
feigneur françois lui faifant compliment fur fes belles
campagnes de Flandre : Vous f i i v e lui dit Mari-.
borough, ce que. cefi que les fuccès de la/guerre ; j ’ai
fait cent fautes , & vous en ave%_ fait cent & une.
La ducheffe de Malborough n’eft morte qu’en
1744.
MARLO RA T, (Auguftin ) (Hifl. du Calvin}fin;)
miniftre çalvinifte célébré ; il fe diftingua au concile
de Poiffy en 1561. L’année fui vante il fut pris
dans Rbuen, & fut pendu par l’effet de la violence
6c de la cruauté qu’infpirent les guerres civiles, ÔC
fur-tout les. guerres de religion. On a de lai- des
Commentaires fur l’Ecriture-Sainte. Il avoit, comme
Luther, été Auguftin avant d’être hérétique.
MARMOL , (Louis ) ( Hifi. Litt. mod. j écrivain
efpagnol , né à Grenade, connu par fa Defcription
générale de F Afrique , que Nicolas Perrot d’Ablan-
court a traduite. Il avoit c^nnu l’Afrique par huit
années de captivité, . ayant été pris au fiége de T unis
en 15'3 6,
M A R O L L E S , ( Claude de ) ( Hifl. de Fr. )
Marc lies 6c Marivault , gentilshommes françois,
ennemis, 6c de partis contraires. Marolles, ligueur,
Marivault , royalifte, donnèrent les derniers le fpec-
ticle d’un duel folemnel ; car cet ufage ne fut point
aboli, (comme tout le monde le dit & le. répète ) à
l’occaficn du combat de Chabot 6c de la Châtaigneraie
, au commencement du règne de Henri IL
Marolles 6c Marivaux fe battirent derrière les Char-
■ treux, en préfence du peuple 6c de l’armée, le jour
même ou le lendemain de l’&ffaflinat de Henri III, en
1589. Les deux lances furent brifées , mais ce fut
Marolles qui fut vainqueur , il eut -feulement fa cui-
raffe tauftée , mais il laifta le fer de fa lance av#s