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des frères de H en r i, François, maréchal de France ;
Charles, duc.d’Amville & grand-amiral; du brave,
du brillant, du généreux & infortuné Henri I I , fils
de Henri I , décapité à'Touloufe en 1632 , & en qui
finit fon illuftre branche; la confternation de toute la
France à cet événement, la douleur profonde &
inconfolable de la ducheffe de Montmorencifil femme ,
font des objets .connus de.tout le monde.
Sous Louis X IV , un antre Montmorenci joint l’intérêt
du malheur à l’éclat de la gloire ; c’eft le maréchal
de Luxembourg, l’am i, l’élève & le rival du grand
Çondé. :
Malheureux a la cour,, invincible à la guerre,
.-Luxembourg fait trembler l’Empire &. l’Angleterre.
/François-Henri de Montmorenci, comte de Bonte-
ville , depuis maréchal - duc de Luxembourg ., naquit
à Paris le.8 janvier 1628, environ dix mois après la
mort de fon p ère, décapité pour duel. L e jeune comte
=de Bouteville., préfenté à la cour par la princeffe de
fCondé ,-foeur de l’infortuné dnc.de Montmorenci, aulîi
.d é c a p it é s ’attacha au grand-Condé., fils.de cette prin-
■ ceffe ; il fe diHingua -fous lui .à la bataille de Lens en
16 48 , où il mérita le brevet de maréchaJ-dercamp |
.à vingt ans. Les troubles de la Fronde lui virent de ;
gu-ès., l’efprit de faâion fouleva contre la cour la plû- Eart des ^grands ; l’amitié feule rangea Bouteville fous
:s drapeaux deCondé. ; Après .avoir effayé d’exciter un
Soulèvement général dans Paris en faveur des princes
qu’on arrêtoit , & d’enlever les nièces ,du cardinal
JVlazarin pour leur .Servir d’otage , il alla .combattre
«fous Turenne, qui s’avançoit pour délivrer les princes. .11 fut pris à la .bataille de Rhétel , ,& mis au donjon
,de Vincennes., d’où il ne fortk que quand la liberté
Sut rendue aux fprinces. Dans le . cours de la guerre où [
rie grand Condé 1er vit l’Efpagne .contre la patrie , le -
,comte de Bouteville eut la plus grande part à toutes .
lés aélions qui immortalisèrent ce prince ; il fut pris r
•encore à la- journée des Dunes ; mais les Elpagnols
.qu’il avoit f i bien S e r v i s f e bâtèrent fie l’échanger
.contre le maréchal d’Aumont. La paix des Pyrénées
.rendit l’année Suivante à la France, ces héros , dont
la fatalité des . conjonctures avoit égaré le courage. .
.Condé & Bouteville revinrent,, & ne -Songèrent plus j
.qu’à effacer par d’utiles .Services , la gloire .coupable
.fiont ils s’étoient couvert?.
Bouteville époufà le 17 novembre 16 6 1 , Made Ieine-
. Charlotte - Bonne - Thèrèfe de Clermont - Tonnerre,
voye% l’article C lermon t - T onnerre. ) héritière,
u côté maternel, de la maifon impériale de Luxembourg.
(vo ye ç l’arficle L u xembourg ) Bouteville.,
en faveur de ce mariage, joignit au nom & aux armes
,de Montmorenci, le nom & îe s armes de Luxembourg.
C e mariage donna naiffance à deux grands procès.
Le Marquis ae Bé cn, petit-fils parfit mère , de Jean
de Luxembourg, .cqmte.de Brienne , réclama le duché
d e Piney - Luxembourg. L e duc & la ducheffe de
iafrenfirourg • MMt*v>reAci furent .maintenus dans la .
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poffeflion de ce duché par un arrêt définitif du parler
ment de Rouen , rendu en 1675.
L e ro i, en accordant en 166a , .des• Lettres-patentes
à Mo de Bouteville , pour prendre le nom & la qualité
de duc de Piney-Luxembourg., avoit déclaré qu’il ne
prétendoit pas faire une nouvelle éreéf on ; en conséquence
, le duc de Luxembourg prétendit avoir rang
parmi les pairs, du jour de l’ereCtion originaire de
Piney-Luxembourg en duché-pairie. Cette conteftation
entre les ducs de Luxembourg & les autres pairs, ne
fut entièrement terminée que par l’édit de * 7 1 1 , qui
décide que les ducs de Luxembourg n’ auront rang
parmi les pairs, que du mois de mai 1662 , époque des
lettres obtenues par le comte de Bouteville.
Le nouveau duc de Luxembourg fuivit Louis X IV
à la conquête de la Flandre en 1667. L ’année fuiyante
il contribua beaucoup à celle de la Franche Comté. •
Dans la guerre contre la Hollande en .1672, il eut
le commandement de t’armée des princes Allemands*
ligués avec Louis X IV ., contre les Hollandoîs. Ses plus
importantes conquêtes furent celles de Voërden , Bo-
degrave , Swammerdam. Dans une .expédition tentée
contre Leyde & contre La H a y e , un dégel fubit le
mit dans un preffant danger» La campagne de 16 7 3 ,
offre suffi lés plus grandes preuves de talent dans
le duc de Luxembourg. Il partagea en .16 7 4 , avec
le grand-Condé., l’honneur de là vi&oîre de Senef.En
1075 , il fut fait maréchal de France, &*c’eft lui feul
qu’on voit dans la fuite rendre ,à la France , Turenne
& Condé, dont cette année termina la carrière militaire
par la mort du premier, & par la retraite du
fécond : après ces deux événements * après la défaite
de Gréquy & la prifé de Trêves., Luxembourg fauva
la France par une conduite à-peu-près pareille à celle
que" nous avons-vue tenir en 1744 -) au maréchal de
Saxe dans des conjonctures affez femblables. L’année
fuivante, Luxembourg fauva de la même manière*
l’Alface & la Lorraine ; des chanfons, des épigrammes
en furent la récompense. L a bataille de Caffel & fes
fuites en 1 6 7 7 , celle de St. Denis., près Mons en
1678 , imposèrent filence à la fa ty re , & affûrèrent à
Luxembourg la gloire-du plus grand général de l’Europe
: la recompenfe de «ces nouveaux exploits fut
encore plus Indigne. .La haine de Louvois penfa le
perdre. La calomnie ourdiffoit en fecret, contre lu i,
une «trame perfide que ce miniftre favorifoit. D e vils
fcélératsfiirent encouragés à -charger de-crimes odieux,
le héros*de la France. Il fe vit emprifonné, interrogé*
prêt à être condamné. L a baffeffe &. l’infamie des ;accusateurs
, la dureté du miniftre, les préventions de
Louis X I V , les prévarications de quelques juges font
trembler pour Luxembourg, q ui, abandonné fie fqn
r o i , oublié de la cour , persécuté par L ouvois, chargé
par les rapporteurs de fon affairé ., trahi par le fort,'
déchiré par le peuple ingrat .& trompé, n’a pour lui
que fon innocence 9 fes fervices & la fimplicité noble
& ferme de fes réponfes. La force de la vérité l’emporta
enfin, les juges le déclarent innocent, & rendent h®m»
mage à fes vertus. Mais l’influence des calomnies &
des intrigues de la pour fe fait encore fentir. Luxem?
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Éourg éft exilé, il reçoit tous les défagrements, toutes
les mortifications que la haine d’un miniftre puiffant
peut attirer. La guerre qui fe rallume en 1688 , fait
fentir le befoin qu’on avoit de Luxembourg, il eft remis
à la tête des armées ; le refte de fa vie n’eît plus qu’une
fuite de vi&oires & de triomphes , malgré les contra-
diâions qu’il ne ceffa Réprouver de la part de M. dé
Louvois & de M. de Barbéfieux fon fils. Chaque campagne
eft marquée par une de ces grandes de heureufes
batailles , qui ont fait donner à M; de Luxembourg
ce titre plaifant & flateur de Tapiffier de Notre-Dame :
batailles de Fleuras en 16 9 0 , de Leuze en 16 9 1 , de
Steinkerque en 1692 , de Nervindé en 1693 r fiper-
eufiifics quïnqtiies.. . . . . per cujfifies fyriam ufque ad
confumptionem, a dit à ce fujet le père de La Rue , par
une application ingénieufè. Le maréchal de Luxembourg
mourut comblé de gloire le 4 janvier 1695-;
En réunifiant lès principaux titres d’honneur répandus
fur. les diveffes branches de la maifon de Montmorenci,
oii trouve qu’elle a produit ftx connétables, onze
maréchaux de France, quatre amiraux , fans compter
une multitude prefque innombrable de grands féné-
chaux , de grands-mitres de la maifon du r o i , de
grands chambellans, de bouteillers , de chambriers
de grands-pannetiers , de chevaliers de Saint-Michel,
de la toifon d’o r , de la jarretière| du Saint-Efprit,. de -
Capitaines des G a rd e s& c * -
M O N TM O R T , ( Pierre Rémond de ) ( Hïfll
'Litt. mod<, ) deftiné- par fon père à une charge de
magiftrature r pour laquelle il fe fentoit de l’averfion
avant même de fe fentir de l’attrak pour autre chofe,
quitta la- maifon paternelle & alla voyager en Angleterre
, dans les Pays-Bas , en Allemagne ; le livre :
de la recherche de la Vérité le rendit philofophe &
pKilofophe chrétien. Revenu en France en 1699' >
il perdit fon père peu de temps après, & à vingt- -
fièux ans, il fe trouva maître d’un affez grand bien:; lès
mathématiques, devenues la pafiion dominante, furent l
fon préfervatif contre d’autres paffions plus dange-
reufes. Des arrangemens de famille l’obligèrent d’accepter
pour un temps , un canonieat de Notre-Dame
fie Paris. Il fiat chanoine, dit M. de Fontenellev &
ïë fiit à toute rigueur ; les offices du jour n’àvoient
nulle préférence for ceux de ta nuit, ni les afliduités-
Utiles for celles qui n’étoient que de piété; Cette- vie
Jrigoureufe de chanoine , for laquelle il ne- fè faifbit
aucun quartier , lè gênoit-trop , il acheta vers la fin
de 1704 ; 1«. terre de Montmort. Là il étoit voifin de
«elle de Mareuil où demeurait la ducheffe d’An-
goulême, cette bru de Charles IX , qui vivoit encore
13x39 ans après la mort de fôn beau-père ; il vit chez-
«lie ma-demoifelle de Romicourt, fa petite-nièce &
fa filleule , .il l’époufa en 1706-, au château de. Mareuil.
Par un bonheur affez fingulier, dit Fontenelle , le
mariage lui rendit fa maifon plus agréable , & les
mathématiques en profitèrent. I1‘ donna en 1708-,
fon ejfiqi d’analyfè fur [les Jeux dè hasard , qui le
mit en grande liaifon avec tes Bernoulli , occupés
ùuffi de., femblables combinaifons U en donna en
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17 14 J une nouvelle édition ^ enrichie de fort-
commerce épiftolaire avec Mefii-eurs Bernoulli* Il avoit
entrepris aufli une Hiftoire dé la géométrie , mais
elle eft'reftée imparfaite. Il étoit T’ami de tous les
grands mathématiciens de l’Europe -, des Newton , des
Leibnitz', dés Bernoulli, d e sH d le y , des T aylor , & c .
En r7i'5 ,- il alla obferver a Londres y. une éelipie
fôlàïre , qui étoit totale en Angleterre ; la Société
Royale l’admit dans fon fein ; M. de Fontenelle dit
à ce fojet, que les attrapions qu’on croyoit abolies
par le cartéfianifme , ont été reffufeitéespar les Anglois , -
qui cependant fe cachent quelquefois de r amour qu’ils
leu r portent ; c’eft de l’amour qu’en pourroit encore
porter au cartéfianifme qu’il faudrait aujourd’hui fe
cacher avec grand foin.
M. de Montmort fut reçu affocié- libre à l’Académie
des Sciences eh 17 16 .
La ducheffe d’Angoulême , en 1713 , Tavoit nommée'
fon exécuteur teftamentairehonneur qüi lui donna-
deux procès à-foutenir ; il les gagna tous deux.
Il mourut à Paris de la petite vérole, le 7 oPobre
171-6. Sa mort fut une calamité pour les p^roifibs-«
dont i l étoit feigneur,-«
Il étoirfujet, dit M. de Fontenelle, à des colères3
d’un moment, & à ces colères « fuccédoit une petite
j> honte & un repentir gai. Il étoit bon maître, même
w' à l’égard de domeftiques qui l’avoient volé r bon •
n am i,. bon mari, bon père , non feulement pour-
n lé fond des fentimens , mais ' , ce qui eft plus-
» rare , dans tout le détail de la vie*..-
Rien ne pouvoit déranger fon application à Tetude,’ •
M. de Fontenelle nous le répréfente travaillant aux'
problèmes les plus embarraffans , dans une chambre
où on jouoit du clavecin , & où fon fils courait &
lelutinoit , & les problèmes ne laiftofent pas de fé -
réloudre.-
M O N TM O U TH , (Jacques, duc dé) (Rïfl. d’Ang,fi
Charles I I , roi d’Angleterre , n’avoit point d’enfant-
de fon mariage avec Catherine dè Portugal • mais^-
il avoit un-grand" nombre de bâtards y-parmi lef-'
quels omdiftinguoit fur-tout le duc de. Montmouth y né:-
d’une maîtreffe, nommée Miftriff. 'Walters ou Barlow 7,-
le due d’Y orck , qui fut- depuis Jacques- R étoir
l’héritier préfomptif , mais fon zèle pour la religion'
catholique &.fon goût p curle delpotifme lé rendoienr
odieux à la Nation f E fut obligé de foitir des:, trois^ ■
royaumes & d’a ller, pour un temps-, chercher un afylgx-
à-Bruxelles ; le duc de Montmou h r en conféquence
de; le!dignement du duc d’Y orck conçut. des.- efpé--^
rances , & forma des projets qui lui attirèrent pendant,
quelque temps,.la difgrace de fon père. Il commençoif
à. prétendre & fes partifans à.-publier que Charles ïB
avoit époufé Miftriff Walters ,, mère de Montmoutk^-
& que le contrat de; mariage, exiftoit 7. ©m aîîoit.’
même jufoù’à-nommer celui, qui; en étoit dépoli--
taire. -Le-Roi démentit publiquement en plein confeilv -
ces impoftures-: le prétendu- dépofitaire déclara- aufE- -
qu’il n’avok jamais été chargé d'un pareil dégâtT & '
qu’i l .n’en avoit jamais entendu, p â t e . Mammouth- -