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fiancée avec l’Empereur , mourût darîs l’exil avant
ion père , l’autre a été mariée du temps de l’impé'-
xatrice Anne , avec le général Guftave Biron, frère
du duc de Girlande. Elle eft morte au commencement
de l’année 173 7 , le filsétoit major aux Gardes
dans le temps où M. le comte de Manftein éorivoit.
» Tant que ion père fut dans le bonheur, dit naïvement
M. de (Manftein, tout le monde lai trouvoit
m de l’elprit 1, quoiqu’il ne fut alors qu’un enfant ;
•> depuis la difgrace & la mort de fon père, il' fe
53> trouve peu de perfonnes dans tout 1 empire de
»> Ruffïe qui en ayent moins que lui.»-
M. de Manftein juge que ce prince de Menflkow
<mi pafla par tant de fortunes diverfes, fut lui-même
Tartifan de fa difgrace, par l’ambition qu’il eut de
•placer fa famille fur le trône de Ruffie. Les favoris
qui l’ont fu iv i fo n t venus fé brifer contre? le même
écueil.
M. de la Harpe a- mis à la tête- dé fa? tragédie,
intitulée r Menÿcojf ou les exilés, un précis hiftorique.
excellent fur le Prince'Menzicoff ou Menzicow.
M E N Z IN I (' Beno’ît ) ( Hiß. Litt. mol. ) poète
•italien, de l’académie dés Arcades , compté parmi les
Bons poètes italiens, du- dix— fepdeme fiècle. Il fut
protégé par la reine Ghriftine.. Ses oeuvres- ont été
recueillies a Florence en 1731, eh deux; volumes in- 4°^,
MEQUE, PÈLERIN AGE DE LA..( Hiß: des- T urcs. )
«’eft un voyage à la Meque prefcrit- par , l’alcoran .
3) Que.tous, ceux,qui. peuventle faire* n’y manquent
» pas, dit l’auteur de ce livre ». Cependant le pèlerinage
de'la. Meque eft- non-leplement difficile par la
longueur du^hemin ,-mais encore par rapport aux dangers.
qued’on court en,Barbaf ie y où les vols font fré*
quens, les eaux rares &-lës chaleurs exceffives. Auffipar
toutes ces raifons ,1-es doûeurs defa loi ont décidé qu’on
pouvoit fe dlfpenfer de cette courfe,, pourvu qu’on
lubftituât quelqu’un à. fa-place.,
Les quatre rendez-vous des pèlerins? font Damas?,
fe Caire, Babylone &Zébir. Ils fe préparent à cé pénible
voyage par un jeûne qui fuit celui du-ramaz-an , &
s’affemblent par troupes dans des lieux, convenus; Les
fajets du grand feigneur. qui font en Europ e fe rendent
ordinairement à Alexandrie for des bâti mens de Provence
, dont-les patrons s’obligent à voiturer les pèlerins.
Aux approches du moindre vâifleau ,? çes Bons mufulr ;
mans, qui «’appréhendent rien »tant que de tomber entré
les mains des armateurs de Malte, B a ifen t la bannière
de France , s’enveloppent-dedans la-regardent com-
E ie l e u r a îy le .
D ’Alexandrie üs paftTent au Caire, pour joindre là-
caravane des Africains. Lès Turcs d’Afte s’affembient
ordinairement à* Damas- ; les. Perfans & les Indiens à-
Babylone ; les Arabes & ceux des îles des environs, à
Zébir. Les pachas qui-s’acquittent de çe devoir* s’ém--.
barquent à Suez y port de la mer Rouge, à trois lieue#
& demi du Caire. Toutes ces caravanes prennent fi bien?
feurs mefures, quelles arrivent là veille du petit bairarn
fur la colline d’Arafagd, a une journée de l'a M eq u e.
(C’eft fur cette fameufe colline qu’ils croient que l’ange- j
M E K
àppàrut à Mahomet pour la première fois ; oC c eft-îai
un de leurs principaux fan&uàires. Apres y avoir égorgé
des moutons pour donner aux pauvres, ils vont faire
leurs prières à la Meque ,• & delà à Medine r ou eft
le tombeau du prophète, fur lequel on étend tous les
ans un poêle magnifique que le grand- feigneur y envoie
par dévotion : l’ancien poëfe eft mis par morceaux;,
car les pèlerins tâchent d’en attraper quelque pièce , ft
petite qu’elle foit , & la confervent comme une
relique très-préciéufè, .
Le grand-fêigneur envoie auffi par I intendant^ des
caravanes cinq cent fèquins ,.un alcoran couvert d or
plufieur-s riches tapis, & beaucoup^ de pièces de drap
noir , pour les tentures des mofquées de la Meque.
On choifit le chameau le m eux fait du pays, pour
être porteur de l’àlcoràn à-fon retour ce chameau,
. tout-chargé de guirlandes de fleurs & comble-de bénédictions
,. eft? nourri graffement r & difpenfe de travailler
le refte de fès- jours. On le tue avec folemnite
quand-il eft bien vieux, & l’on mange fa chair comme
une* chair fainte ; car s’il mouroit de vieillefte ou. de
ï maladie, cette chair féroit perdue &. fujette. a.pourri-
tare;, ’
Les pèlerins qui ont fait le voyage' dé la Meque r,
font en grande vénération, le refte de leur,vie ; abfous de
plufieurs fortes de crimes,.ils peuventencommettre de
nouveaux impunément,-parce qu’on ne fauroit le faire
mourir félon Va loi ;;ils font réputés-incorruptibles yirre-
prochablés & fanéiifiés dès ce monde. On aftùre qu’il y
' a des Indiens afTez.fots pour- fe crever, les-yeux après
avoir vu ce qu’ils appellent les faints.lieux de la-Meque
; prétendant que les yeux ne doivent point après cela
être prophanés par la vue des chofes mondaines*.
- Les enfans qui font conçus dans ce pèlerinage ,, font
: regardés comthe dè petits faints, foit que les pèlerins lès
aient eu de leurs femmes légitimes, ou* des avanturieres;
ces dernières s’offrent humblement furies grands chemins,
pour travailler a- une oeuvre auffi pieufe. Ces
- enfans font tenus plus proprementque lés autres-, quoiqu’il
fou mal-aifé d’ajouter quelque'- chofe- à la propreté
' avec laquelle on prenàfoin des enfans partout le lëvanti
(D . j .y .
MERCATOR, (Marius) {Hifl.-Ecclèf fournit
; ecclefiaftiqpe ami de faint Auguftin^.écrivit contre
'les Neftoriens & les Pélagjens. Mort vers, l’an; 45.1.
Baluze a donné en 1684, une édition dè fès ouvrages;
Nicolas- Mercatorr mathématicien- du- dix -fèptieme
fiècle , dé la fociété royale dè Londres’-, eft auteur
; 'd'une GoßmogropKie & d’autres ouvrages .eflimés ; >1
a corrigé les defauts des premières Cartes marines &
fait quelques découvertes.-Il étoit du-Holftein.
Mêâ çatôPv, Ifidore« ) Fby<?^IsiDORE.&-DENYS’
’ lePtite.
MERCI. ( Voye{ Mercy-. )
MERCIER, MÉR0ERUS (Jean) ( Hiß. Liit. m d }
: fucceffeùr dé Vatabîe dans là chaire d-hebüernäu Collège
Roy al, a'/écrit far divèrfés paftieS'de l’Ecriture Sainte*.
Morta'UTfasfà patrie,-en 1^7». ':iH‘ ; '
. Jofias M&ùet/ fon- fils' » beau-gèVe de, Saumaifa* St
T } .A
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habile critique, à donné une bonne édition de Ncnius-
Marcellus; des notes fur Arifténète, fur. Tacite, fur
D clys de C rète, & furie livre d’Apulée, de Deo focraùs.
Mort en 16.25.
Un autre Mercier, (Nicolas) profefîéur d’humanités
au Collège de Navarre, mort en 1647. eft auteur du
Manuel des Grammairiens , dont on fe fert ou dont on
s’eft fervi dans plufieurs collèges ; d’un traité de l’Epi-
gramme, eftimé ; il a donné auffi une édition dés
Colloques d’Erafme à l’ufage des Collèges.
MER COEUR. ( F o y e i L orraine. )
MERCURIALIS , ( Jérome ) médecin italien ,
très-célebre au feiz'ème fiècle ; on l’appelloit l'Efculape
-de-fon temps ; on affûte qu’il guériffbit beaucoup, &
il fit une très-grande fortune.' Forli , fa patrie, lui
érigea une ftatue : on a de lui des traités eftimés de
Arîe Gymnàflicd, de Morbis Mulierum > des notes fur
Hippocrate & fur Pline le naturalifte : fès oeuvres ont
é(é recueillies à Venifé en 1644'. en un volume in-folioo
.L mourut en 1596, à Forli , où il étoit né en 153°.
MERCY , ( Hifl, mod. ) c’eft le nom de deux
généraux allemands célébrés , ayeul & petit-fils, tous
^eux morts au lit d’honneur, tous deux connus plutôt
par de grands talents que par de grands fuccès.
L ayeul lur-tout ( François de Mercy ) général du
duc de Bavière , fut un digne rival des Condés &
des T urennes, dont on dit qu’il devinoit toujours tous
les defleins & qu’il les prévenoit, toutes lés fois que la
chofe étoit poffible. il prit Rotveil en 1643, Fribourg
en 1644 ; mais la même aunée il perdit contre Çondé &
Turenne,les batailles de Fribourg, dont on pourroit
dire cependant quelles ont plutôt été gagnées par
Condé & Turenne , qu’elles n’ont été perdues par
M ercy, qui s’y couvrit de gloire ; on en peut dire
autant de la bataille de Nortlingue., du 3 août 1645 »
où il .reçut des blefîures dont il mourut. On l’enterra
far le champ de bataille , & on grava far fa tombe cette
împofante épitaphe ; S ta viator, heroem calcas ; arrête,
voyageur, tu foules un héros. Il avoit eu l’honneur de
battre le vicomte de Turenne à Mariendal le 5 mai 1645.
Florimond, comte de Mercy, fon petit-fils, devint
wel.t- maréchal.de lempereur en- 1704 ; en
1705 , il força les lignes de Pfuffenhoven. En 17O9",
îl fut vaincu en Al face par le comte du Bourg. Il
acquît beaucoup de gloire dans les guerres de l’empereur
Charles V I , contre les Turcs. 11 fut tué à la bataille
de Parme, le 29 ju:n 1734. Le comte d’Argentan , fon
coufin , alors colonel au fèrvice de l’empereur, fut fon
héritier , à la charge de prendre le nom & les armes
de la maifon de Mercy.
MÉRÉ, ( George Broffin, chevalier de ) ( Hifl.
Litt. mod. ) écrivain du Poitou, qui a traité diyers
fajets de morale & de littérature, & dont l’abbé Nadal
a publié quelques oeuvres pofthumes. Il en eft parlé
dans le troiffème volume des mélanges d’hiftoire & de
ttérature de Vigneul-Marville & dans le quatrième
tome de la bibliothèque hiftorique du Poitou, de M.
Dreux, du Radier. Le chevalier de Méré mourut vers
lan 1690, dans une terre qu’il avoit en Poitou.
M E R fy'y
MERe-Foll? , ou Mere-Folie (.Hiflair, mod. ) nom
d’une fociéré iacétieule qui s’établit en Bourgogne far
la fin du xiv. fiècle ou au commencement du xv. Quoiqu’on
ne puiffe rien dire de certain touchant la première
inftitutionde cettefociété, on voit quelle étoit établie
du tems du duc Philippe le Bon. Elle fut confirmée pat,
Jean d’Amboife, évêque de Langres, gouverneur de
Bourgogne , en 1454 ; feftum fatuorum , dit M. de la
Mare, eft ce que nous appelions la mère-folle.
Telle eft l’époque la plus reculée qu’on puiffe découvrir
de cette fociété ,- à moins qu’on ne veuille dire
. avec le P. Meneftrier, qu’elle vient d’Engelbert de
Clèves, gouverneur du duché de Bourgogne , qui
introduifit à Dijon cette efpèce de fpeélacle; car je trouve,
pourfait cet auteur ,qu’Adolphe, comte de Cleves ,
fit dans fès états une efpèce de fociété femblablc, com-
pofée de trente fix gentilshommes ou. feigneurs qu’ il
nomma la compagnie des fous. Cette compagnie s’affem-
bloit tous les ans au tems des vendanges. Les membres:
mangeoient tous erifemble , tenoient cour plenière, &
faifoient.dès divertiflemens de la nature de ceux de Dijon
, élifant un roi & fix confeillers pour préfider à cette
fête. On aleslettres-patentes.de l’inftitution de la fociété
du fou , établié à Clèves en 1381. Ces patentes font
fcellées de 3 5 fceàux en cire verte , qui étoit la couleur
des fous. L’original de ces. lettres fe confervoit avec fout
dans les archivés du comté de Clèves.
Il y a tant de rapport entre les articles de cette inff
titution & ceux de la fociété de la mère-folle de Dijon ,
laquelle avoit, comme celle du comté de Clèves , des
ftatuts , un fceau & des officiers, que j’embraffe volontiers
le fentiment du P. Meneftrier, qui, croit que c’eft
de la maifon de Clèves que la compagnie dijonnoife a
tiré fon origine ; ajoutez que les princes de cette maiforf
ont eu de grar des alliances avec le duc de Bourgogne t
dans la cour defquels ils vivoient le plus fouvent.
La plûpart des villes des - Pays bas dépendantes des
ducs de Bourgogne, célébroient de femblables fêtes. Il
y en avoit à Lille fous le nom de fête de l’épinette, 3
Douai fous le nom de la fête aux ânes , à Bouchain fous
le nom de prévôt de T étourdi, & à Evreux fous celui
de la fête des covards, ou cornards.
Doutreman a décrit ces fêtes dans fon hiftoire de
Valenciennes ; en un mot, il y avoit alors peu de villes
qui n’euffent de pareilles bouffonneries.
La mère-folle ou mère-folie , autrement dite tin*
fanterie dijonnoife, en latin de ce tems-là, mater flulto-'
rum, étoit une compagnie compofée de plus de 500;
perfonnes, de toutes qualités , officiers du parlement
de la chambre des comptes, avocats, procureurs ,
bourgeois, marchands, &c.-
Le but de cette fociété étoit la joie & le plaifir. La
ville de Dijon, dit le P. Meneftrier, qui eft un pays de
vendanges & de vignerons, a vu long-tems un fpec-
tacle qu’ort nommoit mère-folie. Ce fpe&aclê fè donnoit
tous les ans au tems du carnaval , & les perfonnes de!
qualité déguifées en vignerons , chantoient far des cha-
riotsdes chanfor.s & des fatyresqui étoient comme la ceit»
fure publique des moeurs de ce tems-là. Ceft de ce*