
3De ce mariage naquit Gafpard de Caftellane-Àdhémar
de Monteïl, comte de Grîgnan , qui fut héritier de
Louis Ton oncle , 6c fubftitué au nom & aux aimes
«PAdhémar.
D e hii defcendoient : i Louis Adhémar de Monteïl,
"comte de Grîgnan, chevalier des ordres du roi en
1 5 8 4 , fidèle lu jet des rois Henri III ôc Henri IV ,
quoique zélé- catholique.
2°. Plufieurs archevêques d’Arles,. prélats di flingues.
3°. Roftaing, qui mourut à Touloufe en 16.21 , au
Retour du fiége de Montauban , Ô£ des fatigues de ce
fiége.
4°. Philippe fon frère , tué au fiége de Mardick en
«657.
5°. François Adhémar de Monteil, comte de Grîgnan,.
lieutenant - général en Languedoc & en Provence,
chevalier des ordres du r o i ,. neveu des précédents &
tous fes frères. Ce fut lui qui époufa en troifièmrs
•noces , mademoifelle de Sévigné ; & tous ees Grîgnan,
«es Adhémar, ces Monteïl , fi diverfement célébrés
dans les lettres de M Me de Sévigné, étoient Caflellane.
M O N T E - M A JO R , { Georges de ) ( Hiß, Litt,
mod. ) ainfi nommé du lieu de fa naiffance , auprès de
Conimbre, fut un poète caftillan célèbre au féizième
fiècle. Ses poëfies, fous le titre de Cancionero , ôc une
efpèce de roman intitulé , La Diane,. ont été traduits.'
"Mort vers 1560.
M ON TE SPAN , ( Voyt{ R o c h e c h o u art. }
M O N T E SQ U IE U , Charles de Secondât, baron
de la Brède & de ) ( Hiß. Litt., mod.} Il fuffit pour
montrer l’étendue de fon-génie & la variété de les
talens, d’obierverque c’eft fauteur des Lettres P er Cannes
& du livre des caufes de la grandeur & de h décadence
'des Roniains , du Temple de Gnide, 6» de l’Efprit dm
Loix. Ce dernier ouvrage, auquel il avoit en quelque
forte préludé par quelques-unes des Lettres Perfannes y
& par le livre des caufes de la grandeur & de la
décadence des Romains, fu t , pour ainfi d ire, l’affaire
de toute fà v ie ; il y rapporta fes études, fes réflexions,
fes voyages ; c’en le produit de vingt ans de travail.:
C e livre T’a placé parmi les écrivains politiques & les
légiflateurs des nations , au rang‘qu’occupa long-temps
Defcartes , & qu’occupe aujourd’hui Newton dans la
phyfique, On peut dire dé Montefquieu en politique ,
ce que Louis Racine a dit de ©efèartes r
Nous courons ;>mais fans lui nous ne marcherions pas.
A la naiffance de cet ouvrage, on n’en ièntit pas tour
le mérite ; des légiftes dirent que c’étoit de l’efprit fur les
loix ;on fait aujourd’hui qu’il n’y a pas le moindre efprit
dans ce mot là. Des gens du monde , qui fe croyoient
en droit de lire & de juger un livre de lauteur des
Lettres Perfannes , qui les avoient amufés autrefois,
furent étonnés de ne peint trouver dans ce nouveau
Ëvre, le même amufement ; les penféurs Ôc ceux qui
comptent pour quelque çhpfè le bonheur du genre
humain , vinrent à leur tou r , &. dirent : voilà le code
nations, on aura peut-être à le perfeéf onner, & il
nous en fournira lui-même les moyens , maiffcomment
çons par l’admirer & par le méditer profondément. Le
gc/ire humain avoit perdu fes dures, a dit M. de V o ltaire
Montefquieu les lui a rendus. Quel éloge 1 mais
ne diflimulons pas qu’il en a fait aufîi beaucoup dé:
critiques,. qui n’ont pas toutes paru juftes , mais qui ne
pouvoient pas être toutes injuftes ; Milord Chertesfield.
rendit à Montefquieu ce témoignage public : aies vertus
» de Montefquieu ont fait honneur à. la nature hu-
» ma ne ; fes écrits lui ont rendu & fait rendre juftice;
v Ami de l’humanité, i l en. foutient avec force 6c
n avec vérité , les droits indubitables & inaliénables..,.
” il conncifïoit parfaitement bien & admiroit avec
n juftice l’heureux gouvernement de ce pa ys , dont les
» loix fixes 6c connues, font un frein.contre la. mor-
» narchie qui fendroit; à la tyrannie., & contre la
n liberté qui dégénértroit en licence. Ses ouvrages ren*
» dront Ion nom célèbre, 6c lui furvivrontaufîi Jongr
» temps que la;droite raifon ,, les obligations morales
6c le véritable efprit des loix. feront entendus , refe-
» peétés 6c confervés ».
M. de Montefquieu étoit né au château de la Brède,
près de Bordeaux,. le 18 janvier 1689 , d’une famille
noble de Guyenne. La, terre de Montefquieu avoit été
acquife par fon trifaveul, Jean de Secondât, maître
d’hôtel du roi de N avarre, Henri d’Albret., & de
Jeanne d Âlbret fa fille. Cette'terre fut érigée en
baronnie par Henri IV , pour Jacob' de Secondât.,
fils d e Jean. Jean Gallon,, fils de Jacob,.fut préfi-
dent à mortier au parlement de Bordeaux. Un de les
fils , qui étoit dans le fer vice fut. père de M. de
Montefquieu. Un de fes frères oncle dé M. de Mon-
tefquieu , 6 cà qui avoit paffé la charge de préfident
à mortier , la tranfmit à.M. de Montefquieu,, 6c le
fit fon héritier. M. de Monlefquiew avoit été reçu
confeiHer au parlement de Bordeaux le 24 février
1 7 14 ; il fut reçu préfident à mortier le 13 juillet 17 16 y
le 3 avril de la meme année, il avoit été reçu à l’A ca-
cadémie de Bordeaux., qui ne faifoit que de naître. Ce
fut en 1721 , que paru, ent tes Lettres Perfannes ; elfes
lur attirèrent une perfécution , lorfcu’a la mort de M.
de Sacy , arrivée en 1 7 2 7 , il fe préfenta pour TAca-
démie Trançoife * le miniftère échauffé par des délateurs
, Te menaça de i’exclufion j on dit que pou# détourner
cet orage, i| eut recours au petit ftratagême
de faire imprimer & de préfenter au miniftre, un
exemplaire, d’où il prit foin de faire dilparoître tous
les traits qui auroient pu déplaire , 6c fur fefquels-
portoit fa délation ; le miniftre le lut, l’approuva , Ôc
Téleélion de l’Académie ne fut point rejettée ; fi le fait
eft v r a i, M. de Montefquieu pouvoit dire , confine
Midiridate :
S ’il n’eft digne de m o i, le piège eft digne d’eux.
Il faut te plaindre d’avoir été réduit à cet artifice , Si
condamner hautement ceux qui l’y réduisirent ; ce qu’il
y a de certain, c’eft qu’il falloit que M. de Montefquieu
fut de l’Académie,
M. de Voltaire parott avoir regardé comme une
des contradiéfionsde ce monde, que M. de Montefquieu
ait été reçu à l’Académie pour les feules Lettres
Perfannes' , dont une contient des plaifànteries fur
l’A cadémie; mais cette lettre n’eft pas un libelle, 6c
elle offre des idées de réforme que l’Académie pour-
roit bien adopter quelque jour ; d’ailleurs, il eft: dans
l’efprit 6c dans les moeurs de l’Académie d’être plus
fenfible au mérite qu’irritée de la critique.
M. de Montefquieu y fut reçu le 24 janvier 1728.
Quelque temps auparavant il avoit quitté fa charge
pour fe livrer tout entier aux lettres. Il voyagea pour
connoître les loix 6c les moeurs, comme Platon ,
comme Anacharfis , comme Démocrite , comme
Uliffe : -
Qui mores hominum multorum vidit & urbes.
Il parcourut l’Allemagne’, la Hongrie , l’Italie, la Suiffe,
la Hollande, l’Angleterre; il v it par-tout ce que chaque
contrée offroit de plus curieux, il étudia les hommes
6c les chofes. Il vit à Vienne le prince Eugène, à
Vénife le fameux Law 6c le comte de Bonne val ; il
arriva trop tôt en Allemagne, Frédéric - le - Grand
n’étoit pas encore fur le trône ; il arriva trop tard en
Angleterre, Locke ôc Newton netoient plus. Revenu
dans fa patrie, il fe retira deux ans à fa terre de la
Brède pour recueillir fes idées 6c les mûrir ; 6c toujours
occupe de l’Efprit des L o ix , il commença par mettre
la dernière main à fon- ouvrage fur les caufes de la
grandeur ôc de la décadence des Romains, qui parut
en 1 7 3 4 , 6c que M. d’Alembert appelle avec raifon,
une Hiftoire Romaine à l’ufàge des hommes d’ état 6c
des philofophes. Enfin , l’Elprit des Loix parut en
i 748 ; puis la défenfe de l’Efprit des Loix ; oc M. de
Montefquieu , vainqueur de l’envie 6c des préjugés ,
commençoit à jouir pleinement de fa gloire , lorfqu’il
mourut le 10 février 1 7 5 5 , environné de quelques
jéfuites, qui épioient les derniers momens d’un grand
homme pour s’en emparer , 6c fe rendre maître de fes
écrits, 6c défendu contr’eux par une amie puifïante
6c courageufe.
Ses vertus égaloient fes lumières.; le bonheur , qui
ne lui manqua jamais, fut celui de la bienfaifance ;
on lait que la comédie touchante du Bienfait Anonyme,
eft fon niftoire , 6c qu’il eft le vrai héros de la pièce.
Il n’a pas tenu à fa modeftie que les traits mêmes
ch fon vifage ne nous fuAient inconnus. Il s’étoit refulë
long - temps aux preflantes follîcitations de M. de la
T o u r , qui ne vouloit que la fatisfaêlion de le peindre.
M. Daflier, eélèbre par les médailles qu’il a frappées
à l’Honneur de plufieurs "Hommes illuftres , vint de
Londres à Paris , pour frapper la fienné. Il effuya
d’abord des refus , mais il venoit aguerri contre les
refus : « Croyez-vous , lui dit - il', qu’il y ait; moins
»d’orgueil à refufer ma propofition qu’à l’accepter?
M. de Montefquieu , frappé du fond de vérité , caché
fous cette plaifanterie, laifta faire M. Daffier.
M O N T E SQ U IG U , ( Hifl. de Fr. ) Aucun de nos
anciens hiftoriens n’a fu qui étoit un fameux Eudes,
duc d’Aquitaine , qu’on voit jouer un grand perfonnage
8c figurer comme un fouverain du temps de
Charles-Martel. On ne favoit rien de fa généalogie ni
avant ni après lui. Cette généalogie n’a été bien connue
que dans ces derniers temps, pa rla charte d’Alaon
ainfi nommée d’un monaftère du diocèfe d’U rg e l, dont'
elle confirme la fondation ; cette charte , donnée,
à Compiègne le 21 janvier 845 , eft dé Charles-le-1
Chauve ; elle a paru imprimée pour la première
fois en 1694 , dans la colle&ion des conciles d’Efo.
pagne , par le cardinal d’Agiarre ; 6c depuis en 1730,/
dans l’hiftoire du Languedoc, de dom Vaiffette, C e
favant bénédiélin adifeuté cette charte , il l’a éclaircie^'
il en a foUtenu l’authenticité. Il eft dit dans la charte
d’A la o n , qu’après la mort du jeune Chilpéric , fils'
d’A r ib e r t, lequel étoit frère de Dagobert, ce dernier,
prince donna l’Aquitaine à Boggis 6c à Bertrand
frères de Chilpéric 6c fils d’Aribert ; qu’Eudes, fils de
Boggis, pefféda l’Aquitaine à titre héréditaire , 6c qu’il;
la réunit toute entière , ayant aufîi recueilli la fuccefliom
de Bertrand fon oncle, qüi lui fut abandonnée par l e
fameux Saint-Hubert , évêque de Maëftrichf 6c d e
Liège fils unique de Bertrand. Eudes eut pour fuc-*'
cefleur , Hunaud fon fils aîné ; celui-ci Gaïffre fon fils „•'
Gaiffre eut pour fils , Loup I I , duc de Gafcogne ,
qui vainquit, dit-on , Charlemagne à la journée de
Roncevaux, ÔC que Charlemagne fit pendre dans la-
fuite , comme Pépin- fon père avoit fait pendre
Rémiftain , ■ grand-oncle de ce même duc. Charle-^
magne, dit toujours Charles-le*Chauve dans la charte*
d’A laon , lafffa par pitié , miferïcorditer, à Adalaric ou:
A d alric, fils de Loup , une partie de la Gafcogne. O u
voit dans la fuite , ce duc Adalric fe révolter contre
Louis-le-Débonnaire, 6c périr en 8 12 , avec Centulle,'
un de fes fils , dans un combat contre ce prince, alors
roid’Aquitalne, du vivant de Charlemagne fon père. L a
Gafcogne fut partagée entre Sciminus, frère de Centulle*
6c Loup III , neveu do Sciminus 6c fils de CentulLei
Loup III 6c G arfimine, fon coufin, fils de Sciminus *
ne furent pas plus, fidèles que leurs pères, 6c perdirent la
Gafcogne , qui fut confifquée fur eux. Garfimine àC
Sciminus fon père furent tués dans des combats, aux«*’
quels leur révolte donna lieu. Sciminus périt comme
Adalric fon père , 6c Centulle ion frèr«, en 812 J
Garfimine en 818 ; Loup fut chaffé de fon duché,
6c exilé en 819. Donatus Lupus ôc Centulupus, fils de
ce Loup , furent , l’un comte de Bigorre , l’autre
comte de Béarn : celui-ci fut père de Sance , furnomé
Mitarra , premier comte ou duc héréditaire de Gafe
cogne , ’ élu par les Gaicons ; fon petit-fils , Garcias
Sance , dit le Courbé ., eut deux fils , dont le fécond
nommé Guillaume Garder, eft la tige des comtes de
Fezenfac ; fon fécond fils, Bernard de Fezenfac, dit
le Louche , fut la tige des comtes d’Armagnac , dont
étoient ce connétable d’Armagnac , trop fameux
du temps de Charles V I ; ce duc de Nemours, trop
malheureux fous Louis X I ; 6c le duc de Nemours ;
fon fils, tué en 1503 à la bataille de Cérignoles , ÔC
dans la perfonne duquel s’efl éteinte cette branche.
Othon , frère aîné de Bernard de Fezenfac, eut
pour petit-fils, A im e r i, comte de Fezenfac, dont lç
H b h h 2