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où on fâche ion compte , & où la part des voleurs
ne foit pas faite :
Exilis dojrns e fl, ubi nm &uïulta fiipsrfunt 3
Et dcminum fallunt, & prof tint' furïkus.
On ne s’étonnera pas que Lucullus , aififi dégénéré
, ait tremb é &. rampe devant Céfar naiïTant ; il
tomba dans un état de démente que le luxe & 'la
bonne chère pcuvoient avoir hâté ; Marcus Lucullus
ion frère, qui r’a-voit toujours tendrement aimé , fut
ion curateur. G’cft tlins cet état que mourut le grand
Lucuüus y l’an 655 de Rane.
L U C U M O N , ( Hijl. Rom. ) premier nom de
Tarquin l’ancien. ( Veyeç T arquin. )
LU DE , (du) (JEft. de Fr.') Fonta; abie, que l’amiral
deBonnivet avoit prile en 15 21, fut confervée la même
année par le brave Daillon du Lude , avec encore
plus de gloire qu’elle n avoit "été conquife ; ce capitaine
, long - temps exercé fous Louis X I I , dans les
guerres d’Italie , ayant été nommé par François Ier,
gouverneur de Fontarabie , jufiifia bien ce choix par
le courage ptrfévérant avec lequel il la défendit pendant
treize mois , contre toute l’armée d’Efpagne. IJ
foûtlnt quantité d’affauts , il fbutint fur-tout les horreurs
d’une de ces famines dont les exemples font
même rares dans les hifici.es des malheurs & des
fureurs des hommes ; U y avoit. long-temps que tous
les animaux demefiques éteitnt dévorés., que les aliments
les plus immondes , les plus dégoûtants man-
quoienr à la faim enragée de la garn.fon ; qu’ôn i
s’arrachoit des cuirs grillés , des parchemins bouillis ;
& du Lude ne parloit pçint de le rendre , quoiqu’il ne
reçût aucun fëcqurs. Enfin , une fi belle défenfè fit
•uvrir lés yeux ; on ne voulût point en perdre le fruit;
on envoya 'pour faire lever le fiëge de Fontarabie,
une armée commandée par le maréchal de Châtillon.
ïl ne put'arriver que jufqu’à Dax , où la mort
l’arrêia le 24 août ï 522. Le maréchal de Ghabannes
prit le commandement de l’armée , pafla l’Andave
a la vue des ennemis , trè’s-fupérieurs en forces, • les
attaqua dans leurs lignes, les força, entra triomphant
dans Fontarabie , & le fiège fut levé. Du Lude ,
après dés travaux fi longs & fi pénibles, revint à la
cour, où les èmbralTemenîS de fon maître & les applau-
cMLments du public fuient fa plus fîatteufe reco'm•
penfè ; on ne l’appelloit que le rempart de Fontarabie.
Le grand exemple qu’il avoit donné fut bien mal
imité en 1523 , par fon fucceffeur le capitaine Frauget ;
celui-ci n’eut pas honte de rendre en moins d’un mois,
cette place, que du Lude avoit défendue pendant plus
d’un an de fiège & de famine , & qui depuis àvoit
été ravitaillée, fortifiée , garnie de 'troupes & appro-
vifionnée, de manière que les capitaines les plus expérimentés
de l’empereur Charles - Quint taxoient ce
fiège de témérité. François Ier conçut une fi violente
colère contre Frauget, qu’il vouloit lui faire trancher
la lête, & , s’il lui fit grâce de la vie., ce fut pour
Je ecuyrir. d’une infamie plus cruelle que la mort
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pour un homme de coeur tel que Frauget avoit paru
l’être jufqu’alors ;v il le- fit cafler & dégrader de no-
bleffe for tinéchafoùd dans la place püblique!de Lyon,
avec -les cérémonies les plus igneminieufes. La gloire
de du Lude parut s’augmenter encore par le parallèle.
Ce fameux du Lude , nommé Jacques, avoit un frère
d ftingué par le nom du fieur' de La Crotte , Ôc l’un
des pies vaillants capitaines de Louis XII. Il fut tué
à la bataille de Raverine.- Ils étaient fils de M. du
Lude , qui gouyeriioit le roi Louis X I , dit Brantôme ;
celui-ci le nommoit Jean ; il étoit Chambellan du ro i,
capitaine de" la Porte, capitaine de cent hommes d’armes
, & fut fuccèfïivement gouverneur du Dauphiné
& de l’Artois ; il avoit été élevé avec Louis XL
Çomines dit qu’il aimoit fon profit particulier. , mais
qu’il n’aimoit à tremper perfonne ; trait remarquable
en effet dans un favori de Louis XI.
Jacques Daillon du Lude eut deux fils , tous deux
gouverneurs de Guyenne. Gui, l’un d’eux, eut pour fils
François, dont Brantôme dit qui/promettait beaucoup,
& qu'il avoit déjà fait belle preuve. Il fut fait gouyer-
neur de Gafion , duc d’Orléans, dont, félon les inten-,
tions de la cour, il négligea autant l’éducation, que M.
de Brèves, fon prédéceffeur-, l’avoit foignée , ce qui
la lui avoit fait ôter. On cite de ce comté du Lude , un
ca’t mbburg qui fit bruit, dans le temps. La reine Marie
de Méd cis demandant fon voile , Sc fa dame d’atours
s’empreffant de l’aller chercher ; il ne faut point de
voile, dit le comte du Lude, pour un navire qui efl à
lancre , faifànt allufion au maréchal 3’Ancre. On ne
diroit pas mieux aujourd’hui.
' Sa peftérité mafeuline finit en 1685 , par la mort
de Henri, comte, puis duc du Lude , grand-maître
de l’artillerie.
LUDOLPHE ou LUDOLF , ( JobJ) lavant allemand,
né en 1624 , à Erfort dans la Thuringe. On
prétend qu’il favoit vingt-cinq langues ; il s’étoit particulièrement
appliqué à celle- des Ethiopiens. Il nous a
donné une hifioire latine de l'Ethiopie ; un commentaire
fur cet ouvrage, & un appendix pour le même
ouvrage , le tout en latin ; une grammaire & un dictionnaire
abyffin ; les fofies de l’Eglife d’Alexandrie.
L’abbé Renaudot l’a critiqué , mais fans porter
atteinte à fa réputation. Ludolphe mourut en 1704, à
Francfort. Sa vie a été écrite par Juncker.
LU G O , (Jean de) ÇHifl. Litt. mod.) né à Madrid
en 158$ , jéfuite en 1603 , cardinal en 1643 > mort
à Rome en 1660, eft moins-connu pour avoir partagé
entre les' Jéfuites de Séville & les Jéfuites de
Salamanque , la riche fucceflion de fon père , dont
il auroit pu jouir dans le monde, & pour avoir fait
de grands traités de fcolaftique , en latin , recueillis
en 7 vol. in-fol., que pour avoir été le premier qui
ait donné beaucoup de vogue au quinquina , qu’on
appella d’abord de fon nom , la poudre de Lugo. Il la
vendoit bien cher aux riches, mais il la donnoit gratuitement
aux pauvres. * •
Les janfénifies ont dû relever comme un trait de
machiavellifme jéfuitique, le confeil qu’il donne clans
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tlïïê 3e fes lettres, à un jéfûite de Madrid , ti de ré-
» veiller les difputes fur l’immaculée Conception, afin
» de faire diverfion contre les Dominicains, qui pref-
» foient vivement en Italie les Jéfuites fur les matières
» de la grâce ».
Le cardinal de Lugo eut un frère ainé, ( François
'de Lugo ) jéfuite comme lui, &. auteur comme lui ,
de divers écrits théologiques. Mort en 1652.
LUILLIER,- ( Hijl de France). C’eft le nom de
quelques citoyens qui ont été utiles à leur patrie. Il y
avoit au quinzième fiècle un avocat général ou avocat
du roi au parlement de Paris, de ce nom.
Jean Luillier fon fils, fut reéieur de l’Uni;verfité en
14 4 7 , évêque de Meaux en 1483.11 avoit été'confcf-
feur de Louis X I , & avoit beaucoup contribué a
terminer la guerre , dite du Bien Public. Mort en
1500.
De cette même famille étoit Jean Luillier , élu
prévôt des marchands .en 1592, célèbre par les fer-
vices importants qu’il rendit à Henri IV ., dont il
facilita en 1593 , l’entrée dans Paris , au péril de fa
vie. Henri IV ,, pour le réccmpcEfer , .créa en fa
faveur, une charge de préfident à Sa chambre des
comptes. Il étoit déjà maître des comptes.
Madeleine Luillier fa fille , veuve de Claude Le
Roux de Sainte-Beuve , fonda le monâftère des Uifuîmes
du fauxbourg*St. Jacques’ , & y mourût en odeur
de fainteté en ,1628.
LUINES. ( Voye% Albert de )
LUI rPRAND, ( Hijl. d'Italie ) roi des Lombards,
fa.ccéda en 713 , au roi Anfprand fon père ; il fut ami
de Charles-Martel ; il fit la guerre 6c des. conquêtes
comme tant d’autres rois; mais ce qui i’éicve au-deiltis
du vulgaire .des Rois , ce font les loix qu’il donna,
aux Lombards.’ Il mourut en 744.
On a les oeuvres d’un autre Luitprand, , évêque de
Crémone, qui fut deux fois ambaffadeur à Confia n-
tinopte en 948 , & èn- 968. La féconda fois, il étoit
envoyé par l’empereur O thon , à Nicéphore Phocas.
C-e.ui-ci, mécontent de cé qu’Othon prenoit le titre
d.empereur Romain, tint à l’ambafludeur des difcoiirs
que Luitprand crut de fon devoir de repoufler avec
beaucoup1 de vigueur ; Nicéphore, pour s’en venger,
mit l ’ambafiadeur en prifon , & lui fit efïuyer toute
forte d’outrages. Il y a parmi les oeuvres* de Luitprand,
une relation en fix livres, des évènements arrivés de fon
temps en EuropeV
LULLE , ( Raimond ) (Hijl, Litt. mod. ) chymifie
oc alchvmifie célèbre. Le principe de fes connoiflances
oC de fes erreurs peut-être èft. refpeêiable. L’amour le
ne chymifie. Une .jeune perfonne , fort, jolie, dont il
etoif pafiiqnnémënt amoureux, ( Eléonore.,.on a
cpnferve fon nom ) paroifToit l’écouter avec plaifir., & ■
tefufoit de lepoufér. Un jour qu’il redoublait fësfblli-
citations &. fes infianceselle: lui découvrit fôn fein ,
rongé par un cancer. Le jeune homme, prit fon parti
T - -k C'1arûP ? de guérir & de conquérir fa maîtreffe ; .
il chercha , mais avec cette ardeur, infatigable que.,
amour & la compaffion la plus'tendre favent feuls
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infpîrër U chercha dans la médecine & la chymie,
toutes les reffources qu’elles pouvoient fournir ; il ch
trouva , il réufiit, il fauva, il époufa fa-maîtreffe. La
recette qu’il employa dans cette occaflon , mériferoi1-
bien d’être univerfellement connue & d’être toujours
efficace , ce feroit un bienfait de-l’amour, ce n’en fuc
que le fecret. Raimond Lulle finit par être apôtre*
Il alla prêcher l’Evangile en Afrique , & fut aflommé
à coups de pierre, en Mauritanie , le 29 mars 1317 9
à quatre-vingt ans. L’ifié Majorque , où il étojt rie
en 1236, le révère comme martyr. Il avoit été dif-
ciple du célèbre Arnaud de Villeneuve, f Voye^ cet
article.) Il a beaucoup écrit for toutes fortes de fciences,
mais avec beaucoup d’obfcurité. Cette obfourité même
l’a rendu recommandable aux doâeurs efpagnols, oui
l’ont fort vanté , même comme écrivain. On a donné,
il y a peu d’années , une édition complette de fes
oeuvres, à Mayence. Deux françois ont écrit là/ v ie ,
& l’ont publiée, l’un en 1667, l’autre en 1668. L’un
fè nomme M. Perroquet ; l’autre , le P. Jean-Marie
de Vernon. Jordarius Brunus, dans quelques-uns de
fes ouvrages, fournit diverfès pa: ticulariiés fur Raimond
Lulle for fes écrits.
LULLI, (Jean-Baptifk) (Hifl. mod.) Les-per?--
' formes chargées, de la partie des Arts dans cette nou-r
veile Ëncyclopédis, nous diront tout ce que cet homme
: célèbre a fait pour la mp^que, 6c lui aligneront fon
rang parmi les créateurs ou réformateurs de cet art,
qui excite parmi nous un fi jufie enthoufialme, & foit
naître des haines fi vives & fi folles ; nous nous contenterons
de recueillir quelques faits relatifs à fà perfonne.
LuHi étoit né à Florence en 1633. Soit que
fes talents biffent .méconnus dans fon pays , foit qu’ils
trouvaffent beaucoup d’égaux, il le la lfa âiiement engager
à venir en France, où il efpçroit foire fcnfàtion
& révolution. En effet, le goût avec lequel il jouoit -
du violon, le fit d’abord rechercher; tout le monde
. voulut prendre de lui ce goût : Müc. de Montpenfier
attacha Luüi à fon fervice ; Louis XIV lui dosnia
l’infpeéiion for fes violons, & en créa de nouveaux
pour être fes difciples. ïl devint alors une efpèce de
favori ; tous les grands ou petits feigneurs qui aimoient
1 ou qui fe piquoient d’aimer les arts , aimoient & pro-
tégeoient Luüi. On ne le regardoit encore que comme
un excellent violon , on .ne l’appelloit que le petit
Baptifte , le cher Baptifte.
Eaptifte le très-cher
N’a pas vu ma Courante , & je vais le chercher,’
dit Lifandre, dans les Fâcheux.
L’abbéPérrin céda au mois de novembre 1672,3 Lullt
le privilège qu’il avoit obtenu du Roi pour l’ètabiiffe-
ment de l’opéra. Ce fût alors qu’on vit paroitre ces beaux
ouvrages- qu’on crevoit immortels•& qu’on regardoit
comme des chefs- d'oeuvre à la fois de poëfié & de
mufique , dont-Boileau feul s’obftinoit à dire en haine
: de Quina-ult :
• Et tous;ces lieux communs de morale lubrique
Que Liilli réchauffa des fons de fa mufique,
D dz