Gabriel de Montgommery n’eut rien à fe reprocher ;
il pouffa mêm?*fi loin les précautions, qu’il en réfulte
une forte de confirmation du récit de Nicolas Pafquier ;
car dans ces temps de chevalerie, ou les rois figuroient
dans les tournois comme les autres chevaliers, il n’y
avoit aucune raifon pour qu’un chevalier refusât d’entrer
en lice avec eu x , & Montgommery, par une
efpèce de preffentiment fecret, s’en défendit à plufieurs
reprifes , comme s’il eût voulu dire ; ne choiffeç point
four ce combat le fils de celui dont la main s'efl égarée.
4 Romorentin ,* fouveneç-vous de votre père & du mien.
Il ne fo rendit enfin qu’en voyant le roi prêt à s’irriter
de fes refus, Le roi ne mourut qu’onze jours après ; il
fut la plus iltuftre vi£Hme de ces périlleux amufemens,
dont un envoyé du grand-feigneur difoit ; que f i ç étoit
tout de bon, ce n étoit pas afieç, & que f i çétoit un
jeu , cetoit trop. Il défendit en mourant, que Montgommery
fût inquiété ni recherché pour ce fa it , en
aucune manière. Montgommery fe retira dans lès terres ,
& alla enfuite voyager ; mais il revint en France dans
le temps des guerres de religion, & au malheur
d’avoir tué Henri I I , il joignit le tort d’entrer contre
Charles IX fon fils , dans toutes les révoltes du parti
proteftant. Il fs jetta dans Rouen, d’où il eut peine
a fe (auver en 1562. Après avoir vaillamment défendu
la place jufqu’au dernier moment , il n’eut que le
temps de fe jetter dans un efquif, pour fe retirer vers
le Havre ; mais à Caudehee il trouva la rivière fermée
par une chaîne, il brifa la chaîne, ce que les gens
de fa feétè regardèrent çomme un miraçle , & ce que
d’autres expliquèrent par une intelligence avec l’ouvrier
qui avoit fait la chaîne, 6c qui I’avoiî apparemment
çonftruite de manière qu’elle pût être aifémenf rompue.
Après la victoire remportée par les proteftants à la
Rochelle le 15 juin 15 6 9 , la cour humiliée de çet
çchec, fit mettre à prix par le parlement, les têtes
de Coligny 6c de Montgommery. Ç e dernier recouvra
tout le Béarn, que les catholiques avoient enlevé à
Jeanne d’A lbret, reine de Navarre, mère de Henri IV.
Montgommery étoit à Paris dans le temps du maffacre
de la Saint-Barthélemi ; le fauxbourg Saint-Germain,
ph il demeurait 3 étant alors le quartier de Paris le
plus éloigné, l’exécution y fut un peu, retardée, ce
qui donna le temps à ceux qui furent avertis, de fe
fauver , M ontg omme ry s’enfuit au grand galop , avec
quelques amis ; on les pourfuivit jufqu’à Montfort-
J’Amaury , & même par delà ; Montgommery devint
dans le parti proteftant, à-peu-près ce que Çoligny
& Condé y avoient été ; il vint au fecours de fa
Rochelle en 155*3. L ’année fuivante il fit la guerre en
Normandie , 6c eut le malheur d’être pris dans
Domfrorit, par le maréçhal de Matignon. Il s’étojt
fendu fous la promeffe de la vie fauve"; mais il faut
expliquer ce mot, Matignon ne pouvoit fans doute
lui rien garantir de la part de la cour ; il ne lui donna,
félon d’Aubigné même, auteur proteftant, d’autre par
rô le , finon que fa vie feroit refpeélée , 6c fa perfonnç
Lien traitée tant qu’il feroit entre les mains de Matignon
; mais celui - ci reçut bientôt de Catherine de
ftîgdiçis, l’ordre d’envoygr fon prifonnier à Paris,
fous bonne & fûre garde ; elle montra la joîe la plus
vive d’avoir Montgommery en fa puiffance, & courut
porter cette nouvelle au roi Charles IX , qui n’y
prit point d’ intérêt , parce qu’il n’ën pouvoit plus
prendre à rien , étant accablé par le mal & touchant
au terme de fa vie. « Mon fils, lui dit Catherine,
» n’êtes - vous pas charmé que votre ennemi 6c le
» meurtrier de votre père foit tombé entre nos
» mains ? Madame, répondit Charles I X , je ne me
» foucie ni de cela ni d’autre chofe ».
On n’en fit pas moins le procès à Montgommery ;
mais ce procès étoit difficile , à caufe des édits de
pacification, & des amnifties accordées ; il falloit un
prétexte .qui lui fût particulier ; on prit le prétexte
qu’en venant fecourir la Rochelle avec des vajffeaux
çonftruits en Angleterre , il avoit arboré for ces
vaiffeaux le pavillon anglois, comme fi les proteftants
n’avçient pas toujours, tant qu’ils l’avoient p u , fait
entrer les puiffançes prot.ftantes dans toutes leurs
guerres: contre les catholiques françois. Montgommery
mourut avec le même courage qu’il avoit montré à
la tête des armées, Lorfqu’on lui lut fon a rrê t, qui
portoit que fes enfants étoient dégradés de nobleffe ;
si ils notit la vertu des nobles pour s* en relever ,
d it- il, je confins à la dégradation. Ce fut le 26 juin
1 5 7 4 , qu’il eut la tête tranchée à la grève , après
avoir été brilé par la queftion. Çé toit un des grands
capitaines & mçme un des grands hommes de fon
ftècle. Il laiffa deux fils , Jacques de Lorges & G abriel
II,
Jacques ne laiffa qu’une fille , nommée Marie, qui
époufa Jacques de D urfort, comte de Duras ; par
ce mariage , le nom de Lorges & les biens de la
maifon de Montgommery pafsèrent dans la maifon de
Durfort.
Gabriel I I , oncle de Marie, racheta en 16 10 ,
de fa nièce, le comté de Montgommery. H mourut en
16 5 3 , laiffant des enfants qui continuèrent cette race,
laquelle dans aucun temps n’à paffé pour dégradée.
M O N T G O N , ( Charles - Alexandre de ) ( Hifi.
mod.j naquit en 16 9 0 , à Verfalles , d’une famille
attachée à la cour ; il étoit fils d’une dame du palais
de madame la ducheffe de Bourgogne , mère du roi
Louis X V .
On ne conçoit pas bien pourquoi l’abdication de
Philippe V s roi d’Efpagne , fut pour lui un motif fi
puiffant d’aller s’attacher au fervice de ce prince ; mais
puifque nous voyons qu’ il fut chargé fecrètemerit par
M. le duc Bourbon , alors premier miniftre , de
ménager le raccommodement des cours de Verfailîes
& de Madrid, que le renvoi de l’infante rendoit alors
ennemies , ne cherchons pas d’autre motif de ce
voyage ; le refie apparemment n’eft que prétexte.
Il revint à Paris avec une commiffion pareillement
fecrète de Philippe V , q u i, depuis la mort du prince
Louis fon f f s , en faveur duquel il avoit abdiqué y avoit
remonté fur le trône d’Efpagne, & q u i, dans le cas
où Louis X V viendrait à mourir fans enfants , prêter*?
doit foccéder à la couronne de France. La commiffion
fecrète donnée à Montgon par Philippe V }
çpnçeropi?
colîcernoît ce dernier projet. Il eut même fur cê fujet , .
à ce qu’il rapporte dans fes mémoires, une entrevue
très-fnyftérieufe avec M. le duc çle Bourbon, alors
exilé à Chantilly, & qui fe rendit fecrète ment à Ecouen
pour cette conférence, dont le réfoltat , félon lu i,
fut que M. .le duc de Bourbon , contre fon intérêt,
perfonnel 6c celui de fa branche , promit, dans le
cas prévu , d'être pour la branche d’Efpagne contrera
branche d’Orléans. On trouve dans les mémoires de
l’abbé de Montgon des idées affez raifonnables fur 1e
miniftère de M. te duc de Bourbon en Francq , quelques
détails piquans 6c curieux fur la cour d’Efpagne ,
& des jugemens fort injuftes for le miniftère 6c fur la
perfonne du cardinal de F leu ry , qu’il paraît regarder
comme fon ennemi perfonnel, 6c qû’ii traite bien
comme tel. On entrevoit que toute cette haine ne
viert que de ce que le cardinal avoit paru le dédaigner ;
& delà naiffent en effet, les ha:nes les plus atroces.
M O N TH O LO N , ( François de ) ( Hifi. de Fr. )
Dans le grand procès intenté au connétable de Bourbon
par la ducheffe d’Angoulême, Poyet qui fut depuis
ch an ce lie ré to it l’avocat de la ducheffe. Montholon,
qui fut depuis garde des fceaux , étoit l’avocat du
connétable. Il y avoit entre leurs caractères, la même
différence qu’entre leurs caufes : l'un étoit d’gne de
proftituer fon miniftère à la tyrannie & à la perfe-
cution ; l'autre, de déployer fa généreufe éloquence en
faveur d'un héros opprimé : il fut cependant garde des
fceaux fous François Ier. .; mais ce ne fut qu’apres la
mort de la ducheffe. Le ro i, fans être v u , avoit entendu
Montholon plaider la caufe du connétable de Bourbon
contre le’ roi lui-même 6c contre fa mère ; dès-lors,
plein d’eftime pour lu i, il lui avoit defliné une charge
d'avocat-général au parlement, quand il en viendrait
à vaquer. Olivier Alligret étant mort le 2,3 feptembre
15 3 2 , le roi nomma en effet le 28 , Montholon, pour
le remplacer. Dans le même temps , & deux jours
avant la mort d’A llig re t , le connétable de Montmo-
renci man doit au roi , qu’à propos de la maladie
d’A llig ret, il s’étoit informé des Avocats les plus propres
à le remplacer , 6c que la vo ix publique lui avoit
nommé Montholon. u Je ne le connois point, dit-il ,
« je ne l’ai jamais vu , mais fi l’on vous en dit autant
» de bien qu’à moi , je penfe , Sire, que au lieu que
. n pourrez être importuné de bailler cet office à autre ,
n vous aurez envie de p rk r icelui Montholon de le )
» prendre ». Il fut enfuite préfident au parlement avant
d’être garde des fceaux ; il prêta le ferment en cette
dernière qualité, le 22 d’Août 1542., entre les mains
du cardinal de Tour-non, à qui le roi donna le 9
août de la même année , une commiffion particulière
pour le recevoir. Le 9 feptembre foivant, le dauphin
Henri nomma Montholon garde des fceaux de la Bretagne,
province que Henri étoit cenfé pofféder du
chef de fa mère, fille aînée d’Anne de Bretagne.
V er s la fin de l’année 1542. ßt le commencement
de 1 5 4 3 , les impôts, fource trèsrféconde de divifions
entre le$ rois & les peuples , avoient excité à la
Rochelle , la feule révolte qui ait troublé le règne
paifible de François Ier. C e fut pour çe p rince, une Hifioir^ Tom llh,
occaftpn d'exercer fa clémence & de fe faire aimer
davantage ; cette révolte ne coûta aux Roehélois
qu’une tomme de deux cents mille francs, qui tourna
au profit de la ville par la généralité du garde des
fceaux He Montholon, dont lé roi avoit voulu récom-
penfer les iervioes par cette fomme, 6c qui la remit aux
hab.tans pour fonder un hôpital. Ainfi nulle ombre de
peine n obfcureit la clémence du roi , ne borna la
grâce accordé® aux R.ochelois, 6c Montholon fut plus
que récompenfé , il simmonahfa. On le perdit le 10
juin 1543 perfonnage d!une probité rare & qui a. toujours
été héréditaire dans Ja famille , dit Mezerai. Il
fut furnommé YArifiide François, furnom le plus glorieux
qui pût être donne a un magiftrat 6c a un
citoyen.
Son fils , nommé comme lu i , François de Mon
' tholon , fut digne de lui 6c fut auffi garde des fceaux.
Antoine Seguier, le premier des avocats du Roi au
parlement qui eut le titre d’avocat-général, en pré-
fentant au parlement les lettres de garde des fceaux
données à François II de Montholon, l’appel la auffi
l’Arifiide François ; il dit que ces lettres étoient une
déclaration publique que le roi faifoit a tous fes fujets,
de vouloir honorer les charges p ir les hommes , 6* non
les hommes par les charges. On a dit encore de Mtm-
tholon que le parlement où il avoit long-temps plaide
avant d’être en charge , n'avoit jamais défire autres
ajftîrances de fis plaidoyers , que ce qu'il avoit afis
en avant par fa bouche , fans recourir aux pièces. Eut-
: il été encore plus digne de fo i, le devoir du parlement
étoit fans d.oute de recourir aux pièces ; mais on ne
peut rien imaginer de plus glorieux pour un particulier
.que d’ être l’objet d’upe pareille confiance. Il fut
nommé garde des fceaux en 15 8 8 , par Henri IIL II
remit les fceaux en 1590 » ** Henri I V , pour netre
pas obligé de fceller des édits favorables aux Proteftants^
U faut croire que ce zèle catholique fe renfermoit dans
les bornes de la tolérance 6c de là charité, mais chez:
tout autre que François de Montholon, l’epoque de la
ligue rendroit çe même zèle fofpeâ au moins d’un peu
d’excès. Il mourut la même année 15.90,
C e ft de Jacques de Montholon fon fils, avocat au
parlement de Paris , qu’on a un Recueil d Arrêts fer-
vant de règlement. Celui-çi mourut le 17 juillet 1622.
On a auffi de Jean de Montholon, frère du premier
garde des fceaux , oncle du fécond, chanoine de Sain0
Viéfor de Paris , nommé au cardinalat, mais qui n’en
reçut point les honneurs, une efpèce de Diâionnaire
de Droit fous ce titre : Promptuarium juris divini 6*.
utrïufque humant. M ° rt | | £Q mai 152.1,
M O N T IG N Y , (Francois de la Grange d’Arquien*1
dit le Maréchal de) {Hifi. de Fr.) 11 avoit éié fait
prifonnier à la bataille de Çoutras en H 87 , par
Henri I V , alors feulement roi de Navarre. Il fit la
guerre aux ligueurs, après la mort 4e Henri XII, eri
faveur de ce même Henri IV , fon vainqueur. Il fe
diftingua au combat d Aumale en 1592', & au fiègo
d’ Amiens en 1597* U ^ gouverneur de Paris
en i 6q 1, Il fut fait maréchal de Frmce fou*^ la reger*ç^ 1 1 M