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comme célL'-ci, le triomphe du petit nombre fur la
multitude, ôc de la valeur fur la force. L ’armée des
Perles étoit rie cent dix mille hommes, celle des
Athéniens de dix mille en t o u t &c 4a viéloire de
ceux-ci fut -complette. La récompenfe de Miltiade fut
d’être répréfenté à la tête des chefs dans le tableau
©ù étoit peinte cette glorieufe viéfoire de Marathon.
C e tableau étoit de Poiygnote, Ôc il fut mis ^Athènes
dans la galerie .connue lous le nom de P telle, c’eftà
à-dire variée , où étoient ralfembiés les tableaux des
plus grands maîtress. Après ia bataille de Marathon ,
Miltiade fut chargé de foumettre les ifles de la mer
Egée, qui avoient pris le parti des Perfes. Il en fuujugua
plufieurs, mas ayant échoué devant Paras, où il
avoit été dangereuf ment bielle, il fut acculé de s’être
laiflé corrompre par l’argent des Perfes, tant on étoit
perfuadé que le vainqueur de Marathon ne pouvait
effuyer d’échec qui ne fût volontaire. Ma s il étoit
encore plus impoffible a* libérateur de la Grèce de
devenir un traître ôc de vouloir détruire fon ouvrage.
Cependant le peuple* encore récemment délivré de
.la tyrannie des Pififtratideï, craignit que celui qui
avoit été tyran de la Cherfonèfe ne voulut foire à
Athènes ; il craignit la gloire Ôc le mérite même de
Miltiade, Il aima mieux punir un innocent que d’avoir
à redouter un coupable. Maluit eum innoxium pleêli
auàm fe diutius ejfe in timoré. Miltiade fut .condamné
.à perdre la vie Ôc à être jetté dans le barathre , lieu
OÙ l’on préripitoit les coupables convaincus des plus
grands crimes. Sur l’oppofition des magiftrats, révoltés
de ce jugement inique , on commua là peine & fin le
.condamna en une amende de cinquante talent Etantfhors
d’état de la pa yer, il fut retenu en prifon & il y
mourut .de la bleffure 'qu’il avoit reçue devant Paros ,
qui atteftoit l’ingratitude des Grecs. Cimon fon fils
paya les cinquante talens pour pouvoir lui rendre les
honneurs de la fépulture; ( Voye^ farticle ClMON. )
MILT.ON (Jean) (Hift. ÆAnglet. ) C ’eft le paëte
..épfoue de l’Angleterre. O n a de lui deux p.oëmes
en ce genre c le Paradis perdu, qui eft fa gloire &
.-celle de fa patrie, & le Paradis reconquisqu’on
juge en général moins digne de lu i, ôc auquel cependant
û donnoit, dit-on-, la préférence. Le Paradis
perdu a été traduit en prefe françoife par M. Dupré
.de Sa nt-Maur, ôc par M; Racine le fils. La première
■ tradiucliçn tft noble., énergiquepaifionnée 9 animée
..de* tout le feu de la poëfie angloife. O n fent que c’eft
un poëte qu’on lit , & un poëte anglois, ôc ,on ne fent
jamais que c ’eft une tr.adudion.. Celle d e M. Racine
•eft, dit-on, plus littérale.; mais., malheur aux tfaduc-
r ons littérales., celle de M. Racine n’a pas été
heureufe. La traduclion littérale d’un poëte ne fera
■ jamais une traduélicn fidelle, qu’autant qu’elle reyidra
$îs mouvemens, les images, les formes du ftyle; en
un mot, ce qui conftitue la poëfie. M. de Beaulaton
a fait une traduction en vers de çe même poëme,
& Madame du Boccage -une imitation aufti en vers.
M- de Voltaire en a imité librement & noblement
a uriques morceaux : il a jugé Milton dans fon effai
4;r la pcëfie dpique, .& dans fes fiances fur les poëtes
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épiques. En comparant Milton a v e c . fes rivaux 4e
toutes les nations, il a dit :
Milton, plus fublime qu’eux tous,
A des beautés moins agréables :
Il fémble écrire-. pour les foux ,
Pour les Ange|j ôc. Dom les Diables;'
C ’eft principalement Addifïon ( Voye^ cet article }
qui a fait connoître à fa nation tout le prix du Paradis
perdu , Ôc les foux pour lefquels ce poëme fembloit
écrit eurent befoin d’être avertis par un fage. Le
libraire Tompfon confentit avec bien de la peine à
donner trente piftoles à Milton de cet ouvrage, qui
valut plus de cent mille écus aux héritiers du libraire.
Au refia, dans ce poëme étincelant de beautés bizarres,
on trouve aufti des beautés d’un genre très-agréable,
telles que la defeription du paradis terreftre , & la peinture
des,4mours d’Adam & d’E ve dans le jardin d’Eden.
Sur l’idée générale de ce poëme, voye^ les articles
Andreini Ôc Masenius. Milton eut le malheur .comme
Homère, de devenir aveugle; car fuivant l’bbferyation
de Veiléïus Paterculus, il faut être aveugle pour croire
qu’Homère ait été aveugle né. Quemfi guis cæcum genitum
putat , omnibus fenfibus orfrus eft. En effet., comment
un fi grand peintre de la -nature auroft-il pu ne f avoir
jamais vue.? Milton privé 4e çe magnifique fpe.paele
déplora fon malheur dans fon poëme, ce qui lui fournit
un exprde fijperbe d’un de fes .chants. On dit que d’autres
malheurs perfonnels & domeffiques lui ont fojirni encore
d’autres beautés remarquables. Sa .première femme
l’ayant quitté, en alléguant qu’ils étoient de partis diffé»
rens dans les guerres civiles, fa famille ayant toujours
éfé royalifte ôç Milton étant hautement déclaré pour le
parti républicain , .celui-ci fit à .ce fujet fon traité du
divorce, où il difoit que la feule contrariété d’humeurs
étoit une ç'aufe fuffifante de divorce ; que ç’eff peu d’être
libre en publie, fi on eft efclave dans fa maifon ; qu’il
faut veiller ,à la libertéparticulière .autant qu’à la liberté
générale & que la première réforme devoit tomber
fur les troubles domeftiques; mais fa femme s’étant
préfentée inopinément devant lui chez un ami commun,
ôc s’étant jettée dans fes bras en fondant en larmes,
il n’eut pas la dureté de la repopiler ; il s’attendrit >
pleura avec elle., & la reprit. C e coup de théâtre qui
ravoir frappé, lui infpira le beau morceau 4e la réconciliation
d’Adam & Ev e après le .péché,.
Le Paradis reconquis a été traduit en français par le
P. de Mareuil, Jéfuite. Milton fut en effet un des plus
zélés défenfeurs de la caulè républicaine. Jl écrivit pour
juftifier le fuppliçe 4e Charles Ier. Saumaife prit la
défenfe de ;çè monarque infortuné ; mais il refta trop au*,
deflous d’une cayfe fiintéreflante. L ’ouvrage de Milton,
intitulé: Défenfe du peuple Anglois, feandaiifa beaucoup
les monarchies, $c fut brûlé à Paris par la main du
bourreau, tandis quel’auteur étoit récompenfé à Londres
par .un préfent de mille livres fterling. Il écrivit
aufti contre le livre de Pierre Dumoulin le fils,! qu’il
attribuoit à Morus , ( Alexandre ) & qui a pour titre ;
jClamer regii sanguims adversits parneidas anglos. Il
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était Secrétaire de Cromwel : Il le fut aufti de Richard
Cromwel & du parlement qui dura jufqu’au temps
de la reftauration. Après le rétabliffemenrde Charles II
on le laifta tranquille dans fa maifon , dont il eut loin
cependant de ne pas fortir que i’amniftie ne fût publiée..
On lui offrit même de lui rendre fa place de Sécretaire
auprès de Charles I I , & fa femme le folliotoit vivement
d’accepter. Vous autres femmes, lui dit- il avec
colère , il ny a rien que vous ne soyeç prêtes a faire
pour aller en carrojje. Quant à moi, je veux vivre libre
4* thourir en homme ,* ÔC il refufa. Il etoit aufti zele,
pour la tolérance en matière d . religion, que pour la
liberté; mais il excluoit de cette tolérance la religion
Catholique , qu’il regai doit comme eflentiellemenf intolérante.
Il a beaucoup écrit fur toutes ces matières.
Il y a aufti de, lui une hiftoire d’Angleterre. Toutes fes
oeuvres, tant poétiques qu’hiftoriques & polémiques,
ont été recueillies en 1699 à Londres, en trois volumes
in-lolio, A la tête de cette édition, fe’ trouve la vie
de Milton par Roland. Il étoit né en 1608 d’une famille
noble. Il mourut à Brunhili en 1674.
On avoit remarqué que notre roi Henri I II, prince
d’un caraélère naturellement dou x, dévenoit prefque
furieux dans les temps de gelée. On a fait, une remarque
de phyfique à peu près femblable fur Milton :
c’eft que fon génie étoit dans fa plus grande force,
depuis l’équinoxe d’automne, jufqu’à l’équinoxe du
printemps. Il avoit beaucoup voyag é, & les voyages ,
indépendamment des idées & des"tableaux qu’ils lui
Fourniflbiént, renouvélloient & ranimoient fon imagination
par le feul mouvement. Il avoit autant de
goût pour la mufiquè que pour la poëfie : sa voix
étoit belle, ÔC il chantoit bien. Il jôuoit de divers
inftrumens.
Ses filles, qui étoient au nombre de trois, Î’aidoient
dans fes travaux, ôc c’étoit fans y rien connoître ; il
les avoit inftruites à lire ôc à prononcer diftindement
huit langues différentes fans les entendre ; & pour
raifon de ne. pas pouffer plus loin leur inftrudion à
cet égard, il alléguoit 'ce mauvais quolibet : Qu urie
langue suffit de refte aune femme. Elles rie lui étoient
pas moins utiles dans le malheureux état de cécité
où il étoit rédiïit. Elles lui lifoient en hébreu Haïe, en
grec Homère', en latin Virgile & Ovide. Madame
Clark e, une de ses filles, avoit retenu quantité de vers
d e ces différens poëtes, ÔC les réeitoit par coeur imperturbablement
fans favoir ce qu’elle difoit. Addiffon
étant parvenu au miniftère, voulut la connoître ppur
lui faire' du bien : il lui fit dire de la venir Ÿoir &
d’apporter les titres qui prouvoiënt qu’elle étoit fille
de Milton. Elle reffembloit fi fort à fon père, qu’aufti-
tôt qu’Addiffbn la vit il s’écria : Ah ! Madame, il
n'eft plus befoin de papiers ; ouï, vous êtes la fille de
ïillu(lre Milton,* voilà des traits qui ïatteftent bien
mieux que ne pourraient faire tous les titres du monde.
M 1MAR A G A , f. m. ( Hift. mod. ) officier de police
chez les Turcs. C ’eft l’infpedeur des bâtimens
publics , ou , ce que nous appellerions en France,
grand voyer.
Hiftoire. Terne l l î l
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Son principal emploi confifte à avoir l’oeil fur tous
les bâtimens nouveaux qu’on élève à Conftantinople
ÔC dans les fauxbourgs , & à empêcher qu’on ne les
porte à une hauteur contraire aux réglemens ; car la
maifon d’un chrétien n’y peut avoir plus de treize
verges d’élévation , ni celle d’un turc plus de quinze ;
mais, les malverfations du mimar aga fur cet article,
aufti'bien que fur la conftru&ioii des égÜfrs des chrétiens
, font d’autant plus fréquentes , qu’ elles lui pro-
duifent un gros revenu. Il a aufti une efpece de ju-
rifdiéfion fur les maçons 4« commun , appellés calfas
ou chalïfes. Il a droit de les punir ou de les mettre
à l’amende , fi en bâtiffant ils anticipent fur la rue,
s’ils font un angle de travers , ou s’ils ne donnent
pas aflez de corps Ôc de profondeur à leurs murailles
, quand meme le propriétaire ne s’en plaindroit
pas. Cette place eft à la difpofttion ôc nomination du
grand-vifir. Guêr. Moeurs des Turcs, tom. II. {A . R .}
M IMNERME, (Hift. Lltt. mod.) Poëte ôc Mufi-
cien Grec , qui vivoit du temps de Solon ; il n’en
refte que des fragmens dont un des plus confidéra-
bies fe trouve'dans Stobée; Ses élégies amoureufes
font fort vantées dans toute l’antiquité* Propecoe
a dit ;
Plus in amore valet Mimnernii verfus Homero'.
Horace le cite comme le chantre ôc le panégyrifte le
plus célébré de l’amour ôc des jeux :
Si Mimnermus uti cenfet, fine amore jocifque
Hd eft jucundum , vivas in amore jocifque.
Ilparoît le préférer à Callimaque, lorfquil dit :
Difcedo Alcceus pnnElo illius , ille meô qvis I
Quis nifi CaLlimackus ? Si plus adpofcere vifus ,
Fit.Mimnermus, & optivo cognomine crefcit.
Quelques-uns croyent Mimnerme l’inventeur de F élégie ^
mais il n’y a rien de confiant fur ce point.
Quis tamen exiguos elegos emiferit au&or
Grammatici certant , & adhuç fub judice lis eft.
MIMOS , f. m. ( Hift. mod. ) Lorfque îe roi dfll
Loango en Afrique eft affis fur fon trône , il eft entouré
d’un grand nombre de nains, remarquables pat*
leiri difformité , qui font aflez communs dans fes
états. Ils n’ont que Ta moitié de la taille d’un homme
ordinaire, leur tête eft fort large , Ôc ils ne font
vêtus que de peaux d’animaux. On les nomme mimoa
ou bakke-bakhe ; leur fonélibn ordinaire eft d’aller tiret.;
des élépbans qui font fort communs dans leur p a y s ,
1 on dit qu’ils font fort adroits dans cet exercice. Lorf-
- qu’ils font auprès de la perfonne du roi , on-les en-
'tremêle avec des nègres blancs pour faire un conl
trafte, ce qui fait un fpeélacle trè >-bizavre , ôç d.vait
la Angularité eft augmentée par les contorfions ô t
la figure des nains. ( A . R .)
D * d A