
de la capitale, négocia avec Catherine de Médicis un
traité de pa'x qui fut tout à l’avantage de la ligue,
& à la honte de ïa royauté.
A peine le roi l’eut conclu, qu’il s’apperçut, quand
il n’en fut plus temps, de l’abîme cfoe la reine mère
lui avoit cr'eufé, & de l’autorité fouveraine des Gui-
fe , dont l’audace, portée au comble, demandoit quelque
coup d’éclat. Ayant donc médité fon plan , dans
un accès de bilé noire à laquelle il étoit fujet en hiver,
il convoqua les états de Blois, & là , il fit affafiiner
le 23 & le 24 décembre le duc de Guife , le
cardinal fon frère.
Lesloix, dit très-bien le poëte immortel de l’hif-
toire de la ligue, les loix font une choie fi relpec-
table & fi feinte, que fi Henri III. en avoit feulement
confèrvé l’apparence , & qu’ayant dans lès
mains le duc & le cardinal, il eût mis quelque formalité
de juftice dans leur mort, fa gloire , & peut-
être fa vie euffent été fauvées ; mais l’affaffinat d’un
héros & d’un prêtre le rendirent exécrable aux
yeux de tous les catholiques , fans le rendre plus
redoutable.
Il commit une féconde faute , en ne courant pas
dans unifiant à Paris avec fes troupes. Les ligueurs ,
ameutés par fbn abfence , & irrités de la mort du
duc & du cardinal de Guife , continuèrent leurs excès.
La Sorbonne s’enhardit à donner un décret qui dé-
lioit les fojets du ferment de fidélité qu’ils doivent
au roi-, &. le pape l’excommunia. A tous ces attentats,
ce prince n’oppofeque delà cire & dû parchemin.
■ Cependant le duc de Mayenne en particulier fe
Voyoit chargé à regret de venger la mort de fon
frère qu’il n’aimoit. pas , & qu’il avoit autrefois
appelle en duel. 11 fentoit d’ailleurs que tôt ou tard
le parti des Ligueurs feroît accablé ; mais fa pofition
«&. fon honneur emportèrent la balance. Il vint à
Paris , & s’ÿ fit déclarer lieutenant général de la
couronne de Frâhce , par le confeil de i’union : ce
Gonfril de Y union f'2 trouvoit alors eompofé de foixante
& dix perlonnes.
L’exemple de la capitale entraîna le refie du royaume ;
Henri III. réduit à l’extrémité, prit le parti , par l’avis
de M. de Schomberg , d’appeller à fon aide le roi
de Navarre qu’il avoit tant perfecuté ; celui-ci, dont
lame étoit fi belle & fi grande, vole à fon fecours,
l’embraflè , & décide qu’il fallok fe rendre à force
ouverte dans la capitale.
Déjà les deux rois s’avançoient vers Paris, avec
leurs armées réunies , forte de plus de trente mille
hommes; déjà le fiége de cette ville étoit ordonné ,
& fe prife immanquable , quand Henri III. fut aflaf-
fine, le premier août 1589 , par le frère Jacques
Cîement, dominicain : ce prêtre fanatique fut encouragé
à ce parricide par fon prieur Bourgoin, &C
par l’ëfprit de la ligue.
Quelques Hiftoriens ajoutent , que madame de
Montpenfier eut grande part à cette horrible aérion,
moins peut-être par vengeance du fang de fon frère,
que par un ancien reffentiment que cette dame con-
fervoit dans le coeur, de certains difeours libres tenas
autrefois par le roi fur fon compte, & qui dé-
couvroient quelques défauts feerets qu’elle avoit :
.outrage, dit Mézerai, bien plus impardonnable à
l’égard des femmes, que celui qu’on fait à leur honneur.
Perfonne n’ ignore qu’on mit for les autels de Paris
le portrait du parricide 3 qu’on tira le canon à Rome,
à la nouvelle du foccès de fon crime ; enfin, quon
prononça dans cette capitale du monde catholique
l’éloge du moine afiaflin.
Henri IV (car il faut maintenant l’appeller àinfi
avec M. de Vol ta re , puifque ce nom fi célèbre ôt
fi cher eft devenu un nom propre ) Henri IV. dis-je,
changea la face de la ligue. Tout le monde fait comment
ce prince, le père & le vainqueur de fon peuple
, vint à bout de la détruire. Je me contenterai
feulement de remarquer , que le cardinal de Bourbon
, dit Charles X. oncle d’Henri IV. mourut dans
fa prifon le 9 mai 1590 j que le cardinal Cajetan
légat à latere , &. Mendoze ambaffadeur d’Efpagne ,
s’accordèrent pour faire tomber la couronne à l’infante
d’Efpagne , tandis que le duc de Lorraine la
voûtait pour lui-même , &. que le duc de Mayen-e
ne fongeoit qu’à prolonger fon autorité. Sixte V.
mourut dégoûté de la ligue. Grégoire XIV. publ a
fans foccès , des lettres moriitoriales contre Henri IV.
en vain le jeune cardinal de Bourbon neveu du dernier
mort, tenta de former quelque faélion en fa faveur
; en vain le duc de Parme voulut foutenir celle
d’Efpagne, les armes à la main; Henri IV. fut partout
victorieux , par-tout il battit les troupes des ligueurs
, à Arques , à Tvry , à Fontaine frànçoife ,
comme à Coutras. Enfin, reconnu roi , il fournit
par fes bienfaits, le royaume à fon obéiffance : fon'
abjuration porta le. dernier .coup à cette ligue monf-
trueufe, qui fait l’événement le plus étrange de toute
rhiftoire de France.
Aucuns règnes n’ont fourni tant d’anecdotes, tant
de pièces fugitives, tant de mémoires^, tant de livres
, tant de chanfons fetyriques, tant d’eftampes ,
en un mot, tant de choies fingulières, que les règnes
d’Henri III. & d’Henri IV. E t , en admirant le regne
de ce dernier monarque, nous ne fommes pas moins
avides d’être inftruits des faits arrivés fous fon pré-
déceflèur, que fi nous avions à vivre dans des temps
fi malheureux. ( D. J. )
LILTTH, f. m. ( Hiß. anc. ) les Juifs fe fervent
de.ee mot pour marquer un fpe&re de nuit qui enlève
les enfants’ & les tue ; c’eft pourquoi, comme
l’a remarqué R. Léon de Modène, lorfqu’une femme
eft accouchée , on a coutume de mettre fur de petits
billets, aux quatre coins de la chambré où la femme
eft en couche, ces mots , Adam & Eve : Lilith hors
d’i c i , avec le nom de trois anges ; & cela pour
garantir l’enfant de tout fortilége. M. Simon, dans fe
remarque for ces paroles de Léon de Modène, obferve
que Lilith , félon les fables des Juifs , étoit la première
femme. d’Adam , laquelle refufant de fe fou-
mettre à la lo i, le quitta &. s’en alla dans l’air par
un fecret de magie. Ceft cette Lilith que les Juifs
fonerftitieux craignent comme un fpeârc, qui apparoît
en forme de femme, & qui peut nuire a l’enfante-
ment. Buxtorfï, au drap. ij. de fa fynagogue, parle
aifez au long de cette Lilith , dont il rapporte cette
liiftoire tirée d’un livre juif. Dieu ayant créé Adam,
lui donna une femme qui fut appeilée Lilith , laquelle
fefufo fie lui obéir : après piufieurs conteftations ne
voulant point fe foumettre,,. elle prononça le grand
nom de Dieu Jehova, félon les myftères feerets de
fia cabale, &. par cet artifice elle s’envola dans l air.
Quelque inftance que lui euffent faite piufieurs anges
qui lui furent envoyés de la part de Dieu, elle ne
voulut point retourner avec, fon mari. Cette hiftp'.re
n eft qu’une fable ; Zc cependant les Juifs çabaliftiques,
qui font les auteurs d’une infinité de contes ridicules,
prétendent la tirer du premier chapitre de la Genefe,
qu’ils expliquent à leur manière, R. Léon de Mode ne ,
Cérern. part. IV. chap. viij. ( A . R. )
LIMBORCH, (Philippe de ) (H if . Litt. mod. )
fevaut miniftre d’Amfterdam , de la feéfe des Arminiens
ou Remontrans | auteur de piufieurs bons ouvrages
dehhéologie, eftimés même des catholiques, &
for-t..m auteur d’une excellente hifioire latine de l’inqui-
fition. Né en 163-3 I Amfterdam, mort en 1712.
LIMIERS , ( Henri Philippe de ) ( Hifl. Litt. mod, )
mauvais compilateur d’hiftoires. Un connoît fon hif—
toire de Louis XIV. Il y a de lui auffi une hifioire
de Charles X I I , une fuite de l’abrégé chronologique
fie Mézeray ; des annales de toute efpèce, même une
mauvaife traduction fie Plaute,
LIMNdSUS , ( Jean ) H if. Litt. mod. ) favant jurif-
.corvfi.ilte Allemand, a donné une bonne édition de la
Bulle d’or ;. fi a donné auffi les capitulations des empereurs,
&c. Né a jene, en 1^92 , mort 6114663.
L IM O JO N D E S A IN T -D ID IE R ( Ignace-
François ) {.Hif. Litt. mod. ) poëte François , qui
publia une partie d’un mauvais poëme épique de
Clovis, à peu près dans le même temps où M. de
Voltaire faifoit.paroître la hepriade. Il eft aufîi l’auteur
d’une fatire en proie & en vers contre La motte ,
Fontçnelle & Sauri-i, fous le titre de voyage du Par-
naffe. Il avoit remporté des prix à i’académie des Jeux
Flora i x & à i’académie Frànçoife. Tout cela eft
oublié, àinfi que l’auteur, mort en 173.9. à Avignon,
fa patrie, On a de fon oncle , Alexandre-Toufïâint
Liraojoia de St. Didier , une hiftoire des négociations
de Nimègue, ouvrage plus eftimé que ceux du neveu.
LIN , ( Saint ) ( Hif, Eccléf. ) pape, fuçcefTeur
immédiat de faiiit Piçrre. Il eft dans le canon de la
méfié.
LIN A C E R , ( Thomas ) ( H if. Litt. mod. ) médecin
Anglois, élevé à Florence ,' ou il avoit été difciple
de Démétiius Chalconçlyle & de Politten , fut précepteur
du prinçe Arthus ou Arthur , fils aîné de
Henri VII. roi d’Angleterre , Ôç enfoite médecin do
Henri VIII, frère d’Anlius. Il a traduit quelques ouvrages
de Galien ; il g écrit aufti for la grammaire.,
^ étoit prêtre & indévot au point qui! pe voulut,
dit-on | jamais lire l’écriture Sainte. C ’étoit manquer
de goût autant que de piété.
LINANT , ( Michel ) ( Hiß. Litt, mod. ) pcëte
François , plus connu par Ion attachement à M. de
Voltaire, & par lés bienfaits de ce grand homme ,
que par fes ouvrages, dont il ne reffe rien. 11 remporta
trois fois en vers le prix de l’académie Frànçoife,
en 1739, 1740 &. 1744, temps où le prix s’obtenoit
aifément. Il a fait aufti des tragédies. Perfonne ne
connaît fbn Al^aide , qui eut fix répréfenParions ; mats
on connoît de nom Vanda, qui tomba dès la première.
Linant, né à Louvîers , en 1709 , mourut en 174p »
avant l’âge où beaucoup de talents fe font formés.
Cependant Greifet a dit ;
Que l’harmonie
Ne yerfe fes heureux préfens,
Que fur le matin de la vie,
Et que fans un peu de folie
On Re rime plus à trente ans.
LIND ANUS , (Guillaume) ( Hifl. litt, mod.)
évêque de Ruremonde , puis de Gand , apres avoir
exercé l’office d’inquifiteur dans la Hollande, & dans
la Frife, fut, malgré cet office, un bon théologien Sc
un homme eftimé. On a de lui entr autres ouvrages ,
celui qui a pour titre ; Panoplia Evangelica ; il a
donné aufîi une édition de la mejfe apçflolique, fauf-
fement attribuée à feint Pierre. Mort en 1588 à
foixante-trpis ans. Un auteur nommé Harçhius, a écrit
fa vie.
L IN D E N B R U C H ou L IN D E N B R O C H ;
( Frédéric ) en latin Liiuknbrçgius, ( H if. Litt, mod. )
lavant littérateur Flamand , du 17e. fiécle, a donné
des éditions de piufieurs auteurs anciens, célèbres ,
mais il eft encore plus connu par fon codex legum
anùquarum, feu leges wifigothorum , burgundionum ,
longobardorum > ,&c. Mort vers 1638.
UN GAM » ( Hifioire des Indiens ) autrement LIN-
G AN ou LINGUM ; divinité adorée dans les Indes
, fur-toiit au royaume de Carnate î cette divinité
n’eft cependant qu’une image infame qu’on trouve
dans tous les pagodes d’Iforen. Elle offre en fpeéW
cle l’union des principes de la génération , & c’eft
â cette idée monfirueufe que fe' rapporte le culte le
plus religieux. Les bramines fe font refervé le privilège
fie lui prétenter des offrandes ; privilège fiont ils
s’acquittent avec un grand refpeéf & quantité de cérémonies.
Une lampe allumée brûle continuellement
devant cette idole ; cette lampe eft énvironnnée de
piufieurs autre? branches, forme un tout affez
femblable au chandelier des Juifs qui fe voit dans
fare triomphal fie Titus ; mais les dernières branches
du çgndélabre ne s’allument que lorfque les bram nés
font leur offrande à l’idole. Ceft par cette repréfentaticn
qu’ils prétendent enfeigner que l’être foprême qu’ils
adorent fous le nom à’Ifurçn , eft l’auteur de la
création de tous les animaux de différentes efoèces.
Voyez de plus grands détti dans le chrifhamfme des