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l’éloignoit du parti Proteflant. L’empereur Rodolphe IT-
,'le légitima : On lui promit les charges & les biens du
/Comte de Manfeld fon père, on ne lui tint point parole;
alors ril fe :jetta .dans le parti des princes Proteflants, ennemis
de la maifon d’Autriche. En 1618 , il fe .mit à la
,tête des révoltés de Bohême , & commença la guerre
.-de trente ans : il ravagea lePalatinat & l’AIfàce, battit
'les Bavarois, les Allemands l’appelloient P Attila de la
Chrétienté. Enfin il fut défait par le fameux .Valflein à la ■
bataille deDafFou en 1626. Il mourut le 20 novembre
de la même année à quàrante-fix ans,, ayant .cédé au
duc de Saxe-Weymar les troupes qui lui refloient.
Il mourût dans un village de la Daîmatie entre Zara &
'Spalatro, en voulant palier dans l’état de Vénife pour y
.entamer quelque négociation utile au parti. Quand il
ientit approcher là dernière heure , il crut qu’il étoit indigne
d’un fi gr.and capitaine de mourir dans fon lit,
këc voulant fans douté mettre en pratique la maxime
connue : decet Imper atoremfianteni mori , ilfe fit habiller
.& même parer ., -&ie tint debout l’épée au c té appuyé
fur deux domeftiques, entre -les bras defquels il
'expira. Il av,cât eu -long-temps une .confiance entière
dans unrde fes officiers nommé Cazel, il acquit la preuve
.que cet officier le trahiffoit révéloit tous fes protêts
au comte de Buquoy, général des Autrichiens ;
al ne lui en dit rien, il lui fait donner trois cents rieh*
fdales (on ne voit pas trop pourquoi) & l’envoye
^porter upe lettre au comte de Buquoy ■; elle étoit conçue
ien ces termes : Ca^el étant votre affectionne feiviteur
/& non le mien , cortyipé je Pavois cru, je vous l envoyé
pfin que vous profitiez de fies fèrvices. Ce procédé étoit
imprudent ,fi l’on veut, mais il étoit n o b le fie r ; c’e ô !
.ainfi queCéia.r renyoyoiîâPompée Domitius, Afranius,
Petréius, & avec eux tous ceu^. qu’il jugeoit être plus
j&ffeéfionhnés ;à la caufe de la république qu a fes intérêts
particuliers , quoiqu’il pût les retenir au moins comme
prifonniers. Les Hollandois ,que Mansfeld avoit foüvent
bien fèryis, difoisnt de lui : Bonus in. auxïîip, càms in
pretio; Allié utile ^ niais cher. C efl ce que .Clovis diîbit de
Saint Martin de T ours, dont il ccmbloit l’églife de présents
, & à la prôtëâion duquel’ il croyait devoir une
partie de fes viûoires ; il fiert ajfie^ bien fies amis , mais
i l efl un peucher.
Un autre comte de Mansfeld, ( Henri-François )
ile la même, ma fon , feryitavec diffinélion la maifon
d’Autriche , dans la guerre de la focpeffion d’Efpagne ,
foi général des armées de l’empereur, ambaffadeur
m France & en Efpagne , ,& mourut à Vienne en
17M.» ' ' ■ - V ' r ' t . .
Pendant fon ambaflade en Efpagne , it tut acciue
d’avoir 9 de concert avec Le comte d’Oropeza , minifrre
d’Efpagne 9 fait ejnpoifomier j a reine, première femme
de Charles I I , fille de Monfrc-ur & de Henriette-Anne
d’Angleterre, parce qu’elle rendoit fon.ma ri favorable
a la France. Le marquis de Tcrcy dit dans fes méandres,
qu’ils prirent peu de fbin.de s’eij .juffifier.
MANTE , {. £ fyrfna ou palla , (H i f l. anc.) habilement
des dam-^ Romaines. C’ét.oit une jongue pièce,
d’ctoffe riche, fie, préciéufe , dont la quejae extraor-r
0j}mpmèri]L trônante f fe de tout Iç refie
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du corps \ depuis les épaules où elle étoit arrêtée
.avec une agrafe le plus fouvent garnie de pierreries ,
& fea foutenoit à une allez longue diflance par fon
propre poids. La partie fupérieure de cette mante
portoit ordinairement fur l’épaule -& fur le bras gauche,
pour donner plus de liberté au bras droit que
les femmes portaient découvert comme les hommes,
ÔC formoit par-là un grand nombre de plis qui don-
nbient ..de la dignité à cet habillement. Quelques-uns
prétendent que la forme en étoit quarrée, quadrum
pallium. Le fond étoit de pourpre "& les ornemens
.-d’or, & même,de pierreries, félon Ifidore. La mode'
de cette mante ^s’introduifit fiir la fcène., ,& les comédiennes
bal.ayojent lés théâtres avec .cette longue
rç>i>e>
Longo fyrmate yerrit humum,
Saumaife ., dans fes notes fur Vopifcus , .croit què
le Jyrma étoit une efpèce d’étoffe particulière , ou
les fils d’or & d’argent qui entr oient dans cette étoffe
mais le grand nombre des auteurs pénfe que c’étoit
un habit propre aux femmes, & fur-tout a celles çte
la première diflinèlion. {A . Ri)
MANTE-GU, ternie de relation , forte de beurre
cuit dont les Turçs fe fervent- dans leurs voyages en ,
caravanne; e'efl du beurre fondu, falé, & mis dans
desyaiffeaux cuir .épais , cerclés de bois_, femblables
.à ceux qui contiennent leur baume de la Méque.
Lococfe, Defcript, cP Egypte. ( D. J. )
MANTICÀ, Y François ) ( Hifi. Litt. mod. ) jurif*
confitke célèbre a Italie, .créé .auditeur, de Rote par .
Sixte-Quint, ßt cardinal par Clément V I I I , auteur de
divers .traités de. droit ; de coifieiluris ultimarûm
voluntatum libri 11 ; lucubraüones Vatjcance, feu de
taçitis & ambiguis conyentionïbus ; Decifiones Rotas
Romance.. Né à Udine .en 1534 , mort à Rome en
1614.
MANUCE, ( A ide, Paul & Aide le jeune ) ,(
Litt. mpd. ) père , fils & petit-fils, imprimeurs,^
littérateurs célèbres de Venife & de Rome.
Aide fut le premier qui imprima le grec correéle?
ment & fans beaucoup d’abréviations. -On a de lui une
Grammaire grecqüe , des notes fur Homère , fur Horace,
&£. Il mourut à Venife en i y iG
Paul Manuce fon fils-; y naquît en 1.512. On a de
lui des Traités pleins d’érudition fur divers fujets re-r
latifs à l’hifloire . auxjoix, aux pfeges des Romains ;
de Legibus Romanis ,• de dierwn apud Romanos veteres
ratione ; de fi.enatu Ràrhano | de Comidis Romanis t
des. Commentaires fur Qiçéron ; fdes. Ep;;rfi;s, &ca
Mort ,à Rôme.en 1^74.r •
Aide le jeune, né à Venife en 1545 , nis de Paul,'
eut, comme (on père , la direélion de ^imprimerie
du Vatican : on a de lui un Traité de P Ortographe,
qu’il avoit ccmpofé à Fâge de quatorze ans ; de?
Commentaires .fur Cicéron ; des EpLres; La vie de
Cofme de Médieis ; .celle'’ de .Caûruceio YlaffrucaûV
fVoyc{ cet article. ) On put dite de fui *
yfitus laiifiqtitf p
Des éloges furent fa feule récompenfe ; il vécut Si
mourut pauvre , & fut réduit,pour pouvoir fubfifbr ,
à vendre fa bibliothèque, qui étoit, dit-on, de quatre-
vingrmilîe volumes que fon père & fon ayeul avoient
amaffes à grands frais. Mort à Rome en 1597.
MANUDUCTEUR, f. m. ( Hifi- mod, ) terme
eccléfiaftique , nom qu’on donnoit anciennement à
un officier du choeur, qui placé au milieu du choeur,
donnoit le fignal aux choriïïes pour entonner, mar-
quoit les tems, battoit la mefùre ,• & régloit le chant.
Les Grecs l’appelloient mefochoros, par la raifon
que nous venons de dire , qu’il étoit placé au milieu
du choeur mais dans l’églife latine ' on Pappeiioit
manuduélor, de1 manus , main , &. ' duco , conduire ,-
parce qu’il régloit le choeur par le mouvement & les
gefles de fa main.
MANUEL, ( Hifioïte du Bas - Empire. ) C ’eff le
nom de deux empereuis de Conflantinople; l’un, de
la maifon Comnène ; l’autre, de la maifon Paléologue.
Le premier, né en 1120 , couronné empereur en
1143, fit beaucoup la guerre; & quoique naturellement
bon Si aimant fes peuples, il les accabla d’impôts
, parce qu’on ne fait la guerre qu’à ce prix. C’efl
fous fon règne qu’arriva la fécondé croifade. Les-Grecs,
êc ce qu’on appelloit les Latins , c’eft-à-dire, tous les
croifés d’Europe vécurent en fort mauvaife intelligence
; les Latins ont» fort diffamé & vraifemblable-
ment un peu calomnié^ Manuel,- dont ils n’ëtoiënt pas
contents, & qui étoit encore plus mécontent d’eux. Il
mourut en 1180 , dans un habit de moine , pour
expier, non pas le tort qu’il avoit fait à fes peuples ,•
mais je ne fais quel fcandale qu’il avoit donné à l’églife
grecque, par quelques dogmes un peu hazardés.-
Manuei Paléologue , fils de Jean V I , fit la guerre
aux Turcs ; ceux - ci étoient alors dans toute leur
vigueur, & l’empire grec dans fa décadence ; les
Turcs lui prirent Theffalonique , & penférent lui enlever
Conflantinople en 1395, Il remit lé fccptre à
Jean VII Paléologue fon fils , & mourut suffi fous
l’habit religieux ; c’étoit la dévotiori du temps, & cette
mode dura long-temps. Il mourut en 1425 ; il avoit
77 ans, il en avoit régné trente-cinq ; on vante fà
douceur plus que fon habileté» Il étoit bel efprit , on
a de lui un recueil d’ouvrages.
Manuel , ( Nicolas ) ( Hifi. Litt, mod. ) étoit de
Berne, & fit jouer dan: cette ville, en 1522, deux
comédies ou farces intitulées , l’une : le mangeur de
morts y l’autre : le Parallèle de J. C. avec fon vicaire.
Berne etoit encore catholique ; mais les déclamations
de Luther y avoient déjà produit leur effet, & avoient
difpofé les efprits à goûter ces . deux pièces, qui n'êx-
Gitërent aucune réc’amation. Àu contraire , l’auteur
fot mis dans les chargés municipales , & employé
dans les affaires de la ville. Ce fut lui qui traduifit
le recueil de procédures , contre des Jacobins exécutés
a Berne en iyop , pour crime de forcellerie, auquel
traité font accouplés les cordé lie rs d'Orléans pour pa-
tpille impofiure. Cet ouvrage parut à Genève en 15 £6.
Genève & Berne étoient alors proteffantes, & en'
accueillirent d’autant mieux ces hifloires fcandaleufes ,-
ou’aucun catholique ne pouvoit fe défendre. L’hifloire
?. des Jacobins de Berne, étoit que ces moines ayant
voulu que la Vierge prononçât elle-même contre les
Cordeliers, en faveur des jacobins, dans l’affaire de
l’immaculée, conception , avoient choifi un de leurs
moines, jeune homme fort crédule,- qu’ils fligmatifërent,
1 & auquel ils firent apparcître la Vierge , qui lui dit
tout ee qu’elle voulut ou plutôt tout ce qu’ils voulurent
; mais le petit moine, quoique fans fe douter'
. de rien, s’étant avifé d’appereevoir quelque reffem-
. blance entre la voix du fous-prieur & celle de la-
Vierge ,, on voulut l’empcifonner avec une hcflie.-
L’arfenic dont elle étoit couverte la lui ayant fait
. rejetter ,• on l’enferma comme facrilëge ; il trouva le
. moyen de s’ échapper, & révéla tout. Rome fit punir'
ce raffinement de crime ; quatre dominicains furent
brûlés le 31 mars 1-509 , à là porte de Berne. Remarquons
qu’ils ne furent pas brûlés pour crime de
", forcellerie, comme le porte le titre du recueil ; mais-1
pour crime de profanation & de fàerilége, à moins
qu’on- n’entende ici par forcellèrie tout maléfice,;
toute impofiure criminelle ou l’on employé les c-hofes-
faintes pour tromper & faire du mal-
. L’hifloire des cordeiiers d’Orléant efi dë 1533’ ^
c’efl une des plus groffières fourberies dont les*
moines fe foient- avifés dans lés temps d’ignorance.-
Ils prenoient-bien leur temps, c’étoit celui ou Luther,-
Zuingle., Calvin tenoieht les yeux de l’europe atten-
I tifs fur les abus de l’églife rom a in e& for les four--
beries des moines. Lcuife de Mareau femme de'
François de Saint-Mefmin , prévôt d’Orléansy avoit'
ordonné qu’on l’enterrât fans pompe aux cordeiiers»
de- cette ville, où les Saint- Mefmin avoient leur'
fépultùre, comme bienfaiteurs du couvent.- Saint--
Mefmin,-conformément aux dernières volontés de fa1
femme, lui fit faire un convoi très-modefle , pour'
Lequel il ne donna aux Cordeliers que fix écus, fomme’
très-raifonnable pour le temps ; mais qui ne fatisfaifoit'
point leur avidité. Ils voulurent avoir part à-une1
coupe de bois que Saint-Mefmin faifoit faire alors
& fur fbri refus, ils réfolurent de fë venger. La ven--
geance qu’ils imaginèrent, fut de lui perïuader que fa’-
femme, qu’il avoit beaucoup aimée,-.étoit damnée.
L’ame de cëtté malheureufe revenoit tous les- jours»
troubler l’office divin par un bruit affreux ; l’ame étoit:
un petit novice qu’on faifoit monter fur la voûte de '
l’églife où on avoir-pratiqué un trou ,-à la faveur
duquel le moine pouvoit entendre tout ce qu’on lui1
diroit d’en bas. On exorcifa Pefprit, on l’interrogea,'
on reconnut qu’il étoit muet ; mais il n’étoit pas»
fôurd, on lui ordonna- de répondre par des fignes»
dont on convint , -& qui confifloiént à frapper un
certain nombre de coups y l ’efprif avoua qu’iifetoit-
damné pour avoir reçu fecrètemeiït dans fon coeur-'
l’héréfie de Luther ,- & pour- avoir' trop aimé la'
parure. On fit d’abord devant'peu dé perfonnes ,-»
enfuite à mefore que la crédulité faifoit des'progrès,,
. devant un plus grand nombre y. des repréfentatioojp