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de M. le cardinal , il fut dépofé pour ùfte maüVaife'-
action, d’une .commune voix , & fansdpérance
d’être reftitué. Richelet dit que c’eft pour avoir été
dépofitaire infidèle. « C ’étoit, dit l’hiftorien de l’Académie
, un eccléfiaftique, natif du pays de Breffe,
»> homme de bonne mine , de bon efprit, d’agréable
»> converfatiôri , qui avoit du favoir & même des
» belles - lettres, .... fort civil & fort officieux envers
* les perfonnes d’efprit & lés gens de lettres ». Il vi-
voit encore en 1655 , lorfque l’hiftoire de l’Académie
de Péliiffon , parut pour la première fois, & il étoit
alors extrêmement dévot*
MAUPERTUIS , ( Pierre-Louis Moreau de )
( Hift. Lïtt. mod. ) naquit à Saint-Malo le 28 fep-.
tembre 169$. Son père René Moreau fut pendant
quarante ans député du Commerce pour la ville de
Saint-Malo ; Jeanne-Eugénie Baudrpn, mère de M,
de Maupertuis 4 a ma fon fils avec une tendreffe dont
I excès lui fut pernicieux , en nourriffimt dans un
caraéière v if, altier & fenfible , le germe de plufieurs
défauts, que la réflexion & l’expérience eurent dans
là fuite bien de la peine à corriger. Par un effet naturel
de cette tendreffe , l’éducation de M. de Mau-
pertiiis fut dcmeftique , jufqua ce qu’en '17 14 , Jaffe
éi ion courageufe de fon père, triomphant des foi-
bleffes de fa mère, il le cpnduifit à Paris, où il fit
fà philofbphie au collège dé la Marchq. La grammaire
& la rhétorique l’avoient amufé , la philofo-
phie l’entraîna ; fon génie fe déclara, il étonna &
Jurpaffa lès maîtres ; cependant il parut moins fonger
d abord a eclairer le monde qu’à fèrvir là patrie dans
la plus noble des pcofeffions ; il embraffa le parti des
armes & entra en 1718 dans la première compagnie
des moufquetaires. En 1720, il eut une compagnie
de cavalerie; en 1721 , pendant un féjour qu’il fit à
Paris, guidé dans le choix de lès fociétés par fon
goût dominant, il fréquenta beaucoup les fàvans &
les gens de lettres; fon amoür pour les fciences s’enflamma
de plus en plus , M. Fréret. fut un des premiers
a préfàger la deftinée de ce jeune homme , il
lui confeilla de fe livrer entièrement à la géométrie,
il n y avoit que la géométrie , difoit-il, qui pût fatis-
faire cette ame aciïve & dévorante. MM. Varignon ,
Saurin, Nicole, &c furent du même avis, & déterminèrent
M. de Maupertuis. Il quitta le fèrvice, &
confacra fa vie aux fciences.
11 fut reçu à l’académie des fciences le 11 décembre’
1723 , & y. lut dans l’affemblée publique du 15 no-'
vembre 1724, fon premier Mémoire fur la forme,
des inftrumens de mufique, car la mufique inftru-
mentale ecoit un de fes plaifirs & de fes taîens.
La phyfique ne lui fut pas moins chère' ; dès fa
tendre je.ineffe il s’étoit plû à difféquer des animaux
de l’efpèce de ceux qui paffern pour venimeux ; on
trouve dans les mémoires dè l’académie des fciences,
années 1727 & 1731 , deux mémoires de lu i, l’un
fur une efpèce de falamandre , l’autre fur lès fcor-
pions, fâns compter une multitude d’autres mémoires
ffir toute forte d§ Tu jets, répandus dans ce même
rçcuçil, ' ;
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L’avidité a apprend ré entraîna M', âe Maupertuis
dans différents pays, 6c fut le premier principe dé
cette vie errante qifil a fôuvent menée. La patrie de
Newton attira d’abord Tes regards ; la Société Royale
de Londres s’emprefîa d'acquérir en lui , non feule-!
ment un de fes plus illuftres. membres, mais encore
un françois. plus paffionné qu’aucun anglois pour la
gloire de Newton, 6c qui devoit concourir avec le
plus grand zèle aux progrès de la philcfophie Newtonienne.
Il al!arenfuite à Bâle , où il s’unit d’une amitié
très-étroite avec la célèbre famille des Bernoulli.
Il publia en 1723 , fon Difcours fur les différentes
figures des AJlres ; cet ouvrage ajouta beaucoup à
fa réputation , & lui donna un rang diftingué parmi
le petit nombre d’écrivains vraiment utiles qui., en
joignant l’agrément à l’inftruélion , ont rendu la plfflo-
fophie accemble à. tous les ordres de leéfeurs.
Le mémoire que M. de Maupertuis lut gn 1733, à
l’Académie fur la figure de la terre ■ & fur les moyens
que I’aftronomie & la géog"aphie fourniffënt pour la
déterminer j fut l’avant-coureur d’une des plus grandes
époques de la phyfiqùe, celle des voyages à l’Equateur
& au'cercle polaire ; le'compte que M. de
Maupertuis rendit du fien , lui attira des applau-
diffements & des contràdiétions , doit naît la gloire.
Il eut alors d’aflèz intimes liaifons avec Mm-\ la mar-
quifë du Châtelet, M. de Voltaire &.M. Koenig'; ces
deux derniers devinrent dans la fuite fès plus prands
ennemis.
Le Voyage du Nord avoit fixé fur M. de Maupertuis
les regards dé foutes les compagnies lavantes ; elles
s’emprefserent à l’admettre. La Société Royale de
Berlin ne fut pas des dernières à l’adoptér. Peu. de
tenfi après , l’illuftre Frédéric monta fur le trône de
Pruffe; il appelloit dès-lors M. de Maupertuis pour lui
confier l’adminiftration d’une compagnie , qui ayant
pour fondateur le grand Leibnitz, fembloit demander
pour reftaurateur M. de Maupertuis.
Dès 1740;, fur les- invitations- du roi de Pruffe , il
fe rendit 3 Berlin; il foi vit c e 1 prince dans la campagne
de 17 4 1, en Siléfié ; il -fiit pris par les Autrichiens
à la bataille de Molwitz, fon cheval l’ayaîit
emporté pendant le feu de l’àéfiôn 4 il fut conduit à
Vienne, où leurs majeftés impériales l’honorèrent
des bontés les plus difîinguées ; il revint à Berlin ,
mais le temps où il devoit s’y fixer n’étoit pas encore
arrivé; il - revint à Paris , Ôc fut reçu à l’Académie
Françoife en .1-743.
Le goût de - fa première profeffion , celle, des
armes, ne l’a voit point quitté ; i airpoit le fpeéfacte
des opérations militaires ; nous l’avons vu à Môlwitz ,
nous le; retrouvons en 1744, au fiége de Fribnurg ;
là , par une diftinétion affez remarquable , M. ie
maréchal de Côigny & M. le comte d’Argenfon le
chargèrent de porter au roi de Pruffe la nouvelle de
la prife du châtêau de Fribourg ; ce'fut vers ce temps
que le foi de Pruffe prit toutes les mefures néceffaires
pour fe «’attacher. La France né voulut point pâroître
avoir perdu un fojet que les nations étrangères s em-
preffoient d’acquérir , elle ne traita point M. de
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Maupertuis en'expatrié, elle lui çonfervale droit dè |
régniçole. Le 8 o.ôobre 1745, ilépoufa Mllc. de Borck;
il Tut fait préfident de l’Académie de Berlin le 6 juin
1746, & bientôt après le roi s’en déclara le protecteur.
M. de Maupertuis reçut aufïi prefqu’en même temps
l’ordre du mérite.
On connoît les divers ouvrages compofés par M. de
Maupertuis, foit en France, foit en Pruffe , Tes Eléments
de Géographie ., fon Affronomie Nautique, fa
Lettré for le progrès des Sciences, fa Vénus physique,
fon EfTai for la formation des corps- organifés j
fon Effai de Philofophie morale , fon Effai de Cofmc-
logie, &e.
. On connoît la trop fameufe querelle de M. de
Maupertuis avec M. Iioening , querelle ou M. dç\
Matipertuls parcjt avoir mis trop, de hauteur ôç de,
defpotifme , eu l’intervention, de M. de Voltaire,
mit beaucoup de malignité ; celui-ci accabla M. -de,
Maupertuis de farcafines terribles , il le perça de tous ,
lçs traits du'ridicule durable dont il fa voit couvrir fes'
/ennemis. Au milieu des orages qu’entraîna cette trifte.
difpute , M. de Maupertuis étoit mourant & dégcûié
d’une -vie , que, dans, des tenips même plus heureux
il. appelloit dé;à >V mal de vivre. Il voulut revoir fa
patrie ;: il eipéifo;.try trouver le Tôulagement que quelques
voyages precedents qu’il y avoit faits lui avaient
. procuré ; il partit de .Berlin le 7 juin 1756. Il paffa
l'hiver à Saint-Malo ; il en repartit le 12 jqîn 17 57 ,
pour, retourner en Pruffe ; mais comme la .guerre
çendoit alors la navigation peu sûre, il traverfa toute
U France, .s’arrêtaà Bordeaux, puis 3 Touloufe , fe
rendit enfoite .par Narbonne & par N îm e s à: Lyon ,
d’où il alla vqir à Neufchâtel-, le gouverner$e. .cetfè;
principauté} frère du célèbre .maréchal Keitn. ; il paffa
enfin à Bâle, où il vit fon intime ami M. Bernoulli
&. où, après de longuesTouffrancçsi, il mourut^dâns
Jefein dej’amitié , le 27 juillet 17.59.
MA.UPERTÜY , ( Jean - Baptifle1 Drouet de )
( Ht-fi. Lia. mo.d: ) homme inconffant 3c dont le goût
pour l’étude fut le feul goût durable; avocat,-puis
pel-efprit , puis employé: dans les fermes , : & riifné5
dans cet état,,' qui auroit dû l’enrich:-r. 11' revient a
Paris,/puis tout-à-coup il renonce au monde1 j & après
une retraite dé- deux ans , prend l’habit eçcléfiaffique ;
il paffe enfoite cinq ans dans un fçminairecinq autres
années dans l’abbaye de Sept^Fons, dont il a .écrit
rHiftoire, qu’017 aceufe d’infidélité- Il change encore
de folitude , & fe pache au. fond dû Berry; 11 eft fait
-chanoine de Bourges ; de l’églife de Bourges^ il paffe
dans ceHj. de Vienne , dont il a auffi écrit l’Hiftoire;
il revient? à Paris , & fe retire enfin 'à Saint-Germain*
en-Laye , cù il mourut en 1730. On a de lui, outre
plufieurs livres de dévotipn, un grand nombre de
maduffions françoifes. Les principales font celles du
prèmier livre des Infiitmpns de Lafiancc ; du Traité
4e la Providi f i c e du Timothée de Salvien ; des Adtes
des Martyrs 9 'ré-cueillis pal; dem Ruinart ; de 1 Tdijipire
des GpcMâe Jornandès ; Ifle la pratique-des Exercices
- j f h'kikli dé St, Ignace-; du Traité làtiff.dé JU$iusyw!
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le choix d’une Religion ; de XEuphomion de Jean Earclei*
L’al?bé de Mqupertuy ctoit né à Paris en 1650, d’une
famille noble , originaire du Berry.
MAUR, (Saint) ( Hifl. Eccléf) contemporain
& difciple de St. Benoît, aufîi célèbre dans fon ordre
que lui-même. Mort en 584.
Saint Maur a donné fon nom à une congrégation
céièbre de Bénédictins, qui a produit une foule d’hoiu-
mes Tavahs &■ vertueux.
MaüV , .( Raban.-) ( Voyer^ Raban-Maur ).
MAUREV,; ( Sainte. ) (Voyei SAffîTE-MAURf ) .
MÀÜRICE ( Hiß. Rom. ) quoique romain d’origine,,
naquit dans la. Capadoçe, où fa famille s’étoit
établie. Il avoit commencé par êtr.e notaire , mais
il fe dégoûta des fondions, paifibles & fédentaires*
Il s’enrôla, dans la mdiç£:.çoinnfe fimple foldat. Sa
valeur & fa capacité T’élevèrent au. commandement
dos armées , .& aux premières . dignirés de l’Empire ;
ÔC Tibère Cônftantin voulant Te l’attacher par des
bienfaits, lui donna s fil ‘fille Gonftantme' en mariage.
Il parvint à l’empire l’an 585 de Jefus-Ghrift. Les
Perfes fàifoient alors de fréquentes incurfions fur les
terres des Romains. Maurice envoya contr’eux foa
beau-frere Philipp!eus qui éprouva des profperités ôc
des revers. La. fin de ; cette ; guerre fut glorieufe a
Maurice„ qui rétablit fur : le trône Cofroës que les
Tujets en avoient fait défendre. Les Berfes hum Lés
& punis , ifinfoltèrent plus les provinces "de l’Empire*
Mais des ennemis plus ■ redoutables ,. parce qu’il»
étoient plus çruek, y portèrent la défolat'.on. Les Lom-
,bards, maîtres d’une partie de l'Ualie, y exerçoient
les .plus cruelles vexations .; Maurice, les affoibht 6c les
' mit:, ,dans Timpuiffance de nuire. Les Kuns , après
avoir effuyé de fréquentes défaites,. furent contraints
de fe renfermer/ dans leurs déferts. Les Avares firent
une plus jonguë réfiffançé. Maurice pour délivrer
l’Empire de ce .peuple, cle, brigands,, confie not a leur
payer annuellement cent mille écus. Fiers d avoir les
Rcmains pour tributaires^ ils eurent plus de çeuhapes
dans leurs forces ; Sç fans foi dans les traites , ils
recommencèrent leurs ravages. Maurice en tüa ein-*
qyaûte mflle dans' différents .ccnibats îans pouvoir les
rebuter. Ils furent plus fenfibles au fort de leurs
prlfonniërs qui éfoient tombés au pouvoir deç Romains.
Ifs cbnfentirent à fe retirer for leurs terres, à condition
qu’on leur rendroït leurs compagnons captifs , 6c ils
s’engagèrent à leur tour à remettre les R.omurns qu fis
avoient en leur pouvoir, Ces conditions furent exactement
remplies par Maurice ; mais le roi des Akares
infidèle à Tes promefies-, au lieu de . renvoyer fes
•prifonniers , les fit tous paffer au fil de Tépée. Miunce
indigné de cette infidélité , fit- de grands préparât'fe
pour porter la guerre dans le pays des. Abareç; Ce
defièiri fut déconcerté par !a rébellion de Phcc a», qui
fut proclamé empereur par l’atmeç dont Maurice lui
avok confié le commandement. Ce dangereux rival
qui des plus bas emplois ctoit parvenu aux prem»® ^
honneurs de la guerre, le pqurfuit pifqu’à Ckaicéçloitv
oji il ft lilifit (te fa peifene, L’infortuné Maur]it,