
défèrent plus à la colère injufte d’un pape qu’à la
jufte recommandation dun r c i , content d’un fluet qui
a défendu fà caulè.
M"10. de Sévigné , dans fes Lettres, parle fôuvent
du ?. Mann bourg, a Son ftyle, dit-elle, me déplaît
» fort; il font Fauteur qui a ramaffé le délicat des
» mauvaifes ruelles............. Si vous faviez ce que je
» foufîre du ftyle du jéfuite.......... , . . Vous jetterez le
« livre par la place & maudirez le jéfuite........... Le
» P. Maimbourg eft impértinent............Je iis TAria-
;j nifme , je n’en aime ni l’auteur ni le ftyle, mais
n l’iiiftoire eft admirable......... J'ai un crayon , &. jè
» me venge à marquer des traits que je trouye trop
» plaifants, & par l’envie qu’il a de faire des applications
des Ariens aux Janfëniftes, &par l’embarras
» où il eft d’accommoder les conduites de l’églife dans
» les premiers fiècles avec les conduites d’aujour-
y. d’hui : au lieu de pafler légèrement là-deflus ■ , il
j> dit que l’égiife , pour de bonnes raifons, n’en ufe
» plus comme elle iaifo.it : cela ré jouit..... Il veut
» toujours pincer quelqu’un & comparer Arius &
m une princefle & un courtilàn, à M. Arnauld , à-
,, j\4!7ie. de Longueville & à Tréville, &Lc.
Le P. Maimbourg a quelquefois une modération plus
ridicule que les plaifanteries & fes déclamations. Il
arta.he quelque mérite d’impartialité à convenir que
Luther étoit né d’un homme ordinaire, & non pas
d’un incube, comme l’ont écrit quelques auteurs. Il
veut bien ne pas croire que Calvin ait eu le fouët &
'la fleur de lys à Noyon , pour un crime infâme qu’il
n’cfe nommer. Quand on ne fe fent capable que de ces
impai'tiaiités là', il ne faut pas écrire l’h ftoire.
Le P. Maimbourg, à fa forîie des Jéfoites, prit pour
retraite l’abbaye de St, Viélor de Paris. Il y mourut en
1686. II étoit né àNâr.cy en 1610 , cfe parents nobles.
Il avoit un c,Qvfin , nommé Théodore , qui pafla
deux fois de la religion Catholique à la religion Luthérienne,
& de la religion Luthérienne à la religion Catholique
, & finit par être focinien. U écrivit auffi contre
V Expofition de la to i de M. Bofiuet. Il mourut à
Londres vers 1693.
M A IM O N ID E ou BEN M A I M O N , fils de
Alaimon, ( Moyfe)' ( Hifi. Litt. mod. ) fameux rabbin
de Ccrdoue , difciple d’Averroës. Les Jui's l’appellent
XAigle des Dotfeurs , le fécond Moyfe, & dilent que
c’eft le plus beau génie qui ait paru depuis leur grand
Jéglflateur. On le trouve cité fous le. nom de Mofes
CorâübjnJis-,, parce qu’il étoit de Cordoue , de Mofes
Egypùus, .parce qu’il étoit premier médecin & favori
du fultan d’Egypte. Les Juifs le désignent auffi aflez
fou vent, félon leur ufage, par des lettres initiales ,
R. M. B. M ., c’eft-à-dire, Rabbi Moyfe B.enfilaimon.
Il a beaucoup, écrit fur la Mifchna, fur ie Talmud, &c.
Son ouvrage intitulé : More Neboch'im ou Nevochim,
a été- traduit- en latin par Biixtorff, & fon Traité de
XIdolâtrie-, par Voffius. Il étoit né en 1139.11 mourut;
en *<209.
MAINARD. (' Voycç Maynard, )
MAINE, ( l e ) ( Hifi, de Fr.) Le. Maine, province
de France-, a eu d'abord fes comtes particuliers ;
leur fucceffion a pafle par mariage , dans la maifon
des comtes dAnjou , rois d’Angleterre. Le Maine fut
ccnfifqué par Philippe-Augufte , fur- Jean-fans-terre ,
au fujet de l’aflaffinat du jeune Artus , neveu de Jean-
fàns-terre. Depuis ce temps , le comté du Maine a
pluïiéurs fois été donné eh apanage iaux princes
François. St. Louis le donna au comte dAnjou,
Charles fon frère , tige de la première maifon dAnjou
Françoife , qui régna en Sicile. Charles,II , dit le
Boiteux, fils de Charles Ier, céda en 1290 , le comté
du Maine à Charles , comte _de Valois , frère de
Philippe - le -Bel , en lui donnant en mariage fa fille
Marguerite dAnjou-Sicile. Philippe de Valois , fi’s de
Charles de Valois, à fon avènement au trône, réunit
à. la couronne le comté du Maine. Le roi Jean le
donna au duc dAnjou fon fécond fils,, tige de la
fécondé ma.fon .d’Anjou Françoife:, qui poüeda ou
difputa le trône de Sicile. Le dernier prince de cette
fécondé maifon dAnjou , qui céda au roi Louis XI
tous ,fes droits fur Naples, portoit le titre de comte
du Maine. Ce comté étant encore réuni à la couronne,
fut donné en apanage d’abord au dùc dAnjou, qui fut
depuis Henri l i l , §1 depuis au dùc d’Anjou-Alençon ,
le dernier des quatre fils d’Henri II. Louis XIV , en
1673 » donna le Maine , avec titre de duché, à fon
fils naturel Louis-Augufte de Bourbon , légitimé de
France , prince de Dombes , colonel général des
Suiffes , dont nous avons vu la veuve tenir à Sceaux,
une cour fi fpirituelle & fi brillante.
MAINE , ( Hifi. Litt. mod. ) .-( François Grudé de
la Croix du } le nommoit du Maine, parce qu’il étoit
de la province du Maine. Il étoit né en 15<2. Il eft
connu par fa Bibliothèque Françoife. Il fut aüaffiné à
Touloafe en 1.592.
MAIN-FERME, ( Jean delà ) (Hifi. Litt. mod.)
religieux de l’ordre de Fontevrauît, connu des lavants
&. des critiques pour avoir fait, fous le titre de Bouclier
de ! ordre de Fontevrauît naiffant , une apologie de
Robert dArbriffel, fondateur de cet ordre , fur les
tentafîons volontaires , où on a dit qu’il s’expofoit avec
les femmes. Le religieux, prend le parti de nier le fait,'
( Voye{ A rbrissel. ) Mort en 1633.
MAINFRGY , ( Hifi. de Sicile. ) ( Voye^ l’article
A njou , tome i tr. , i rc partie , pag. 319 , eol. 1 & a.)
MAJN-MORTE, Statut de, (Hifi.dAngl.) ftatut
remarquable fait fous Edouard I. en 1278 , par lequel
ftatut il étoit défendu à toutes perfonnes fans
exception , de difpofer direélement ni indire élément
de leurs terres, immeubles’ , ou autres bien-fonds,
en faveur des fociétés qui ne meurent point.
Il eft vrai que, dans la grande charte donnée par le
roi Jean , il avoit été déjà défendu aux fpjets d’aliéner
leurs terres en faveur de l’églile. Mais est. article,
ainfi que plufièurs autres, ayant été Fort mal obferyé,
1 les plaintes fur ce fujet fe renouvelèrent avec vivacité
au commencement du règne d’Edouard. On fit voir
à ce prince qu’avec le tems toutes les terres pafferoient
entre lés mains du Clergé , fi ron çontihuoit à fouffrir
que les particuliers difpofaffefat de leurs biens en faveur
de l’églifs. En effet, ce" corps ne mourant point ,
acquérant toujours & n’aliénant jamais , il devoit
arriver qu’il pofféderoit à la fin toutes les terres du
royaume. Edouard &c le parlement remédièrent à
cet abus par le fameux ftatut connu fous le nom de
main-morte. Ce ftatut d’Angleterre fut ainfi nommé,
parce qu’il tendoit à - empêcher que les terres ne
tombaffent en main - morte , c’eft - à - dire, en mains
inutiles au fèrvice du roi & du public, fans "efpérauce
qu’elles duflent jamais changer de maîtres.
Ce n’eft pas que les biens qui appartiennent aux
gens de main-rnorte foient abfolument perdus pour le
public, puifque leurs terres font cultivées , & qu’ils
en dépenfënt le produit dans lé royaume ; mais l’état y
perd en général prodigieufement , en ce que ces terres
ne contribuent pas dans la proportion des autres, &
en ce que n’entrant plus dans le partage des familles ,
ce font autant de moyens de moins pour accroître
ou confèrver la population. On ne fçauroit donc
veiller trop attentivement à ce que la maife de ces
biens ne s-açcrôifTe pas , comme fit 1 Angleterre dans
le temps qu’elle étoit toute catholique ( D. J. )
MAINOTES , ( Hifi. mod. ) peuples delà Morée ;
ce font les defeendants des\anciens Lacédémoniens,
& ils confervent encore aujourd’hui l’efprit de bravoure
qui donnoit à leurs ancêtres la fupériorité fur les
autres Grecs. Ils ne font guère que 10 à 12 mille
hommes , qui ont conftamment réfifté aux Turcs , &
n’or.t point encore été réduits à leur payer tribut. Le
canton qu’ils habitent eft défendu parles montagnes qui
l'environnent. Voyez. Cantemir, hifi. ottomane. {A. R.)
MA1NTENON, (Françoifed’Aubigné, marqu fe de)
( Hifi. de Fr. ) On peut dire decette femme célébré,
ingens ’ difputandi argumentum. Fut - elle Amplement
une ambitieufè & une intrigante, fans choix & fans
délicateffe dans les moyens de parvenir à la grandeur,
chez qui la vertu, la décence, la piété n’aient été qu’un
infiniment utile à fes defïeins & qu’un échafaud pour
s’élever d’une condition commune jufqu’au rang fuprême?
ou ce goût pour la décence, ce refpeél pour la religion,
cette dignité impofante, cette modeftie refpeéiable, cette
referve pouffée , fi l’on veut, jufqu a une forte de pédanterie
, cette modération en toutes chofes, étoient-,
elles en elle des vertus naturelles & non feintes ? Son
ambition,, car elle en eut, elle en fait l’aveu dans fes
lettres , ne fit-elle que fe prêter aux conjonctures, fans
les préparer ni les aider par aucun artifice ? ou enfin
y avoit-il en elfe un mélange de vices & de vertus ,
de qualités eftimables données par la nature, & d’artifices
infpirés par f ambition, qui fe foient aidés mutuelle»
ment, & qui aient concouru à l’exécution de fes
deffeins ? Ceft fur quoi il eft difficile d’avoir une
idee abfolument arrêtée. Voici les événements publics
de fa vie ; on portera fur les refforts fecrets & cachés
qui ,ont pu les produire,, .tel jugement qu’on voudra
ou qu’on pourra..
Françoife d’Aubigné étoit petite - fille du fa-
Rteux Théodore Agrippa dAubigné. ( Voye^ l’article
A u b iGNÉ. ) Confiant dAubigné , fils de Théodore
Agrippa, & père de M^,e. de Mamtenon , fut un fils
dénaturé, d’ailleurs homme v i l , accufé de tauffe mon-
noie & d’autres crimes honteux. Enfermé au château-
Trompette, il plut à la fille du gouverneur, Anne de
Cardillac, s’enfuit avec elle , l’époufa & ils. étoient
tous deux en prifon à Niort en Poitou, lorfque Françoife
dAubigné naquit en ij6 3 5. Menée à l ’âge de
trois ans, en Amérique ; abandonnée par un domestique
fur le rivage , Françoife dA u b gné penfay être
dévorée, par un ferpenr. Dans la traveriee d’Amérique
en France, on la crut .morte d’une maladie qui
régnoit dans le vaiffeau, & on .aUoit la jettsr à la
mer , lorfqu’elle donna un figne de vie. Ramenée
orpheline en France , à-l’âge de douze ans, elle fut
élevée chez M me. de Neuiltant fa paren'e , avec aflez
de dureté , pour avoir pu regarder comme une bonne
fortune l’offre que lui. fit le cul-de-jatte Scarron, de
l’époufer. C ’étoit l’alliance de .la dignité & de la bouffonnerie
, du fubiime üc du b.urlefque :
Ejfuùre leves indigna t-agoejia versus ,
Ut fefiis rnatrona moverï jujfa diebus,
Intererit fatyris paulhm pudibunda protervis.
T e l étoit le ccsntrafte de ces deux perfonnages, les
plus difeordants en apparence , que jamais l hymen
ait unis. Il ne, paroît pas que leur union s’en foit
reffentie. Scarron ayoit de l’e fp r i t d e l’enjouement,
de la bonhomie ; il avoit des amis ; M ms. Scarron
.(ut en tirer un grand parti & s’acquérir parmi eux
beaucoup de confidération : elle avoit dès - lors tant
de dignité dans le caractère, dans le maintien & dans
les manières, que les hommes les plus entreprenants
de la cour de .Louis X IV , diloient : nous ferions plutôt
une propofitïon hardie à la reine quà cet enfant de
quinze ans.. Veuve en 1660 , & retombée dans la
misère, elle fit long-temps folliciter en vain auprès
de Louis X i V , le payement d’une penfion dont avoit
joui fon mari. Louis X IV le p'a gnoit de ne voir que
des placets commençants par ces mots : la veuve
Scarron. Enfin, défelpérant de réuffir , elle alloit partir
pour le Portugal, où on lui propofoit d’élever des
. enfants ; elle fe fit cependant préfenter à M me. de
Montefpan , & lui dit qu’elle n’avoit pas voulu quitter
la F rance, fans eh avoir vu la merveille. L ’orgueilieufe
Montefpan , flattée de ce compliment plus Fort que
délicat, lui dit qu’il ne fallo t pas quelle quittât la
France , & qu’on trouveroità y employer fes talents ;
elle fè chargea d’un nouveau plaçet pour Louis X IV ,
qui , retrouvant encore la veuve Scarron , fit Fes
exclamations ordinaires fur l’importunité de cette
femme ; il ne tient qu'à vous, lui dit Madame de
Montefpan , de vous eh débarrajfer , en accordant la
penfion ; il l’accorda..
Si Louis X IV étoit prévenu contr’eile avant de la
connoître , il le fut encore bien davantage après l’avoir
connue ; il la trouvoit pédante & bel - ©(prit. Votre
bel-efprit, difoit-il à Madame de Montefpan , vous
rendra pédante comme elle. En la connoîflànt mieux,