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étoient bien choifis ; c’étoient le connétable du Guéf-
clin & le chevalier Bayard. Né à Paris en 1697. 11
mourut, dit-on, en 1770 , à Bicêtre, où la misèfe
le força de fe retirer ; ce qu’il y a de certain , cfeft que
cette même misère avoit été jufqu’à la'mendicité.
GUYMOND ou GUIMOND. (Foye^. T ouche).
Claude Guimond de la).
GUYON , (Symphorien) Hiß. Litt. mod. ) curé
de St. Viélor d’Orléans là patrie, a donné VAifioire
de F êglife & diocèfe , ville & univerfitè (F Orléans.
Mort en 1637.
Jacques Guy on Ion frère , eft auteur d’un petit
Ouvrage intitulé : Entréefolcmnclie des Evêques £ Orléans.
L’Abbé Guyon, (Claude-Marie) qui ne paroît point
• avoir éfe de la famille des précédents , fut un écrivain
fécond; il continua l’Hiftoire Romaine de Laurent
Echard , depuis Conftantin jufqu’à la prife de Confiant
tinople par Mahomet II. H compofa une Hifioire des Empires
& des Républiques ; une Hifioire des Amazones ,* une
Hifioire des Indes ; une Bibliothèque Eccléfiaflique ; un
Ejfai critique fur Fétablijfement de F empire £ Occident ;
quelques écrits polémiques contre M. de Voltaire &
ies amis. Il avoit été aflocié de l’abbé Desfontaines.
Il mourut en 1771. Il étoit de Lons-le-Saunier en
Franche-Comté.
Ce nom de Guyon a été rendu beaucoup plus célèbre
par. une femme : Jeanne-Marie Bouvières de
la Mothe , née à Montargis en 1648 , & qui avoit
epoufé le fils de l’entrepreneur du canal de Briare,
nommé Guyon. Devenue veuve , dit Mi de Voltaire ,
dans une affez grande jeunefle, avec du bien, de la
' beauté-& un elprit fait pour le monde, elle s’entêta
de ce qu’on appelle la fpiritualité. Un barnabite, du
pays d’Annecy, près de Genève, nommé là Combe,
fut ion direéleur. Cet homme , connu par un mélange
allez ordinaire de pallions- & de religion, & qui eft
«nort fou, fit dé la pénitente une vifionnaire ; il la
conduifit en Savoye dans fon petit pays d’Annecy,
. où l’evêque titulaire de Genève fait fàréftdënce; elle
y acquit d’abord quelque autorité par feprofufion en .
^aumônes. Elle y tint des conférences. Les imaginar
dons tendres & flexibles de quelques jeunes religieux
quiaimoient plusiqu’ilsne croyoient la parole de Dieu
dans la bouche -d’une belle femme , furent aifément
touchés de cette éloquence ; mais l’évêque d’Annecy
obtint qu’on la fît fortir du pays elle & fon direéleur.
Ils allèrent à Grenoble.. Elle y répandit deux livres
•myfhques, le Moyen court & les Torrents ; elle fut
.encore obligée de fortir de Grenoble. Elle vint à Paris ,
prophétifà , dogmatifà ; l’archevêque de Paris, Harlay
-de Chanvalon , obtint en 1687, un ordre pour faire
enfermer la Combe , comme fédu&eur , & pour
mettre madame Guyon dans un couvent. Le crédit de
madame de Maintenon impofa filence à l’archëvêque
de Paris, & rendit la liberté à madame Guyon ; celle-
ci vint à Verfàilles , s’introduifit dans Saint-Cyr,
afîifta plufieurs fois à des conférences dévotes que
faifoit labbe deFenelon. Cet abbé, dans la piété duquel
jl étroit quelque ehofg dé jpmanefque, né vit dans
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madame Guyon, qu’une ame pure, éprife du même
goût que lu i, & fe lia fans fcrupule avec èlle. « Il étoit
»étrange , ajoute M. de Voltaire , qu’il fût féduit'par
» une femme à révélations, à prophéties &. a galrma-
» thias, qui fuffoquoit de la grâce intérieure, qu’on
» étoit-obligé de délacer , qui fe vuidoit ( à. ce
» qu’elle difoit ) de la furabondance de grâce, pour en
» faire enfler le corps de l’élu qui étoit afiis auprès d’elle».
M. de Voltaire explique cet excès d’indulgence parle-
caractère charmant dé M. de Fénelon , qui étoit dans
l’amitié, ce que les autres font dans l’amour.
Madame Guyon , fière d’un tel difciple , quelle
appelloit fon fils, & de la proteélion de madame de
Maintenon, répandit fes idées dans Saint-Cyr ; l’évêque>
de Chartres, Godet des Marais , dans le diocèfe duquel
eft Saint-Cyr, s’en alarma ; l’archevêque de Paris menaça
de nouveau ; madame de Maintenon rompit' tout
commerce avec madame Guyon, & lui défendit le
fëjour de Saint-Cyr. L’abbé de Fénelon lui-même lui
confeilla de fe mettre fous la direéliom de l’évêque de
Meaux, Bofluet, & de lui foumettre fel^crits. L’évêque
de Meaux s’affocia , pour cet examen , l’évêque de
| Châlons, qui fut depuis le cardinal de Noailles , &
l’abbé Tronfon, fupérieur de S. Sulpice. Les conférences
fe tenoient à Ifly. L’archequêque de Paris, jaloux
que d’autres fe portaflent pour juges dans fon diocèfe,
I . afflCber une cenfùre publique des livres qu’on exa-
minoit. Madame Guyon fé retira dans la ville de Meaux,
fouferivit à tout ce que Bofluet voulut, &. promit de ne
plus dogmatifer.
On l’accula en 1695 d’avoir manquéà fàpromefle ;
elle fut enlevée par ordre du roi, &. fut enfermée à
Vincennes ; elle y compolà un gros volume de vers
myftiques ; elle parodioit les vers des ’opéra ; elle
chantoit fouvent:.
L’Amour pur & parfait va plus loin qu’on ne penfe :
On ne • fçait pas, lorfqu’iî commence,
Tout ce qu’il doit coûter un jour.
Mon çoeurn’auroit connu Vincennes, ni fouffrance
S’il n’eût connu le pur amour.
«Madame Guyon avoit époufé Jéfus-Chrift dans
» une de fes extafes ; & depuis ce temps-là elle ne
» prioit plus les feints , difenf que la maîtrefle de la
» maifon ne devoit pas s’adrefler aux domeftiques.
Bofluet exigea que Fénelon, devenu archevêque de
Cambrai 5 cette même année 1695 , condamnât madame
Guyon avec lui, & foufcrivît à fes inftru&ions pafto-
rales ; Fénelon ne voulut lui feerifier ni fes fentiments
ni fon amie. Peu de temps après, parut le livre des
Maximes des Saints. L’affairé du quiétifine devint
alors l’affaire perfonnelle de l’archevêque de Cambrai.
Madame Guyon fortit de prifon en 1702., ayant été
transférée de Vincennes à Vaugîrard , & de Vaugirard
-àlaBaftille pourquoi ? Elle mourut à Blois en
17 I7 - 11 7 a des lettres affez rares de l’abbé la Bletterie
en faveur de madame^Gfuÿon ; mais il ne la juftifie
que fur les moeurs , & non fur les fentimèrits. M. de
Voltaire dit que madame Guyon faifoit des vers comme
Cotiii, &. de la profe comme Polichinelle.
G U Y O T ,
G U Z
G U Y O T , (Germain-Antoine) {Hifi. Litt. mod!) .
avocat., nomme Guyot des Fiefs, à caule de fon Traité-
fur les Matières Féodales., auquel, ona joint des Obfer-
vations fur le- droit des Patrons .& des Seigneurs de
Paroijfe ^ aux honneurs dans .F Eglife , &c. Né en
i.694, jnort en 1750.
GU YOT DE MERVILLE. Voye^ Merville.
GU YOT DES FONTAINES. Voye^ D esfontaines.
GUZMAN,, (Alphonfe Perez' de) {Hifi. £Efp.)
■ On peut voir a l’article Ca p EL , l’hiftoire de .ce gou- .
yerneur de ColchëfUr .& de fon fils dans les guerres
.du parlement d’Angleterre contre Charles-Iqr. La même
aventure -étoit arrivée près de quatre fiècles auparavant
avec une ifîiie beaucoup plus tragiqué à Alphonfe
.Ferez de Guftnan, "de qui defoend là maifon des ducs
de Médina Sidonia en Efp&gne. Il .avoit commandé ,
les armées des .Princes de Maroc. Il étoit gouverneur de
Tarif, lorfque cette ville fut ofliégée par dom Juan,
infant de CailiUe. L’infant avoit .en fe puiflançe un fi-.s
..de Guzman, il .menaça Guzman d’immoler ce fils à
fes yeux, S’il ne lui .réndoit la place. « Plutôt que de
.»commettre une telle trahifon, je te donnerpis moimême
un poignard, pour l’égorger » j en difent ces
mots, ' & comme s’il .eût voulu exeeuter ce qu’il difoit.,
il'-lui.jetta un poignard du haut des remparts, &
rentra fans vouloir être .témoin de ce qui pouyoit arriver
; il alla fe mettre tranquillement à table avec Marie
.-Coronel fe femme, qui ne fçavoit rien .de ce qui fe
paflbit. L’infant étoit'un barbare, il fit périr le jeune
Guzman aux yeux des affiégés, placés fur ies remparts,
.qui , à ce foeélacle, pouffèrent des cris affreux de
compaffion- oc. de ..douleur. Le gouverneur les entendit ;
•& fe doutant de ce qui les excitoit, oucraignant quelque
.aflaut, il courut aux remparts., inftruit du malheur de
fon fils, il fe, contenta de dire, aux foldats : mes enfants,
ji-en veille^ que mieux à la garde de la place, & retourna
fe mettre à .table, pour ne pas inquiéter fe
femme. Lopez de Vega a célébré en vers cette fermeté
de Guzman. Les defcendants de ce capitaine Ont
.fôaffacré cet évènement : ils ont pris pour cimier de
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leur? armés.} une tour, au haut de laquelle paroît un
cavalier armé , qui jette un poignard, avec ces mots
pour devife : mas pefa el xei que-la fangre. Je préféré
.F intérêt du roi à celui du fan g.
GUZMAN. Foyei (Olivarès).
TrYÉ ou GÏÉ , (le maréchal de.) Voyer^ R ohan).'
G YG Ê S , l’anneau de Gygès eft bien conftamment
au rang des fables, même ce grand dépit qu’on vent
que la femme de Garidaule ait eu d’avoir été expofée
toute nüe comme un modèle de perfeéhon aux regards
de Gygès9 par Candaule fon mari, ce dépit
qui la porta, dit-on , à confpirer contre Gandaule avec
Gygès, & à offrir à celui-ci fon lit ôc fon trône, pourvu
qu’il la-défît de fon indifcret mari : tout célapourroit
bien ri’être digne que d’un conte de La Fontaine ; auffi
cette hiftoire en a-t-elle fourni le fiijet.
GYLIPPE, {Hifi. Grecque). Pendantladixmeuvième
année de la guerre du Péloponèfe , ce général lacédé-
monien s’étoit immortaliféparla délivrance de Syracufe;
{Foyefc l’article 'Nicias). Il flétrit'à jamais fe gloire par
un irait d’avarice poufle jufqü’à la honte duvol,Lyfandro
ayant réduit Athènes la vingt-feptîème & dernière année
de la guerre du Péloponèfe., l’avoit envoyé porter à
.Sparte.^ les riphes dépouilles , fruits de les glorieufes
campagnes. Outre les couronnes d’or .feus nombre
que les villes lui avoient données , l’argent jnonto .t
à quinze cents „talents , c’efl-jà-dire., à quinze .cents mille
écus. Gylippe ne put réfifter a la tentation de prendre
une partie de ,cet argent ; mais les fecs étoient cachetés ÿ
' il lés déc.oufit par lé fond , prit trois cents talents (trois
cents mille éeus) , recoufit les fecs, & fe prut en sûreté.
Il efpéroit donc que jamais Lyfandre ne s’expliqueroife
.avec ia république fur la fomme qu’il avoit. envoyée , 6c
que l’argent une fojs remis au tréfor public , il n’en feroit
plus parlé ; .c*étoit être bien aveuglé par la cupidité*
Lyfandre en effet ne fut point dans le pas de parler ., mais
les bordereaux qu’il avoit mis dans chaque fac, parlèrent
pour lui, Sf décélèrent Gylippe:. Il fe bannit lui-même
de Sparte, pour éviter le lupplice ; .mais un déshonneur
éternel le foivit dans fon exil. Cette dernière année delà
guerre du Péloponèfe. to^ube^à l’an ^05 &