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1 oloigner peu-à-peu de fes devoirs & des affaires,
l’aguerrir contre les * remontrances , lui rendre les gens
de bien &. les amis de fon père d’abord incommodés,
puis importuns, puis odieux, & enfin fufpeéls ; ce qui
devient pour eux un arrêt de mort ; des conjurations,
nées pour la plupart, de fes fautes &. de fes crimes,
achèvent d’aigrir fon caraâère ÔC de l’accoutumer à la
cruauté.
Le portrait de Sévère eft encore parfaitement deflinê,
en y voit le conquérant rapide , le foldat robufte,
endurci à la fatigue , aux rigueurs des faifons, aux
injures de l’air, aux exercices militaires ; le politique
fourbe , cruel, fanguinaire, qui jamais ne fçut pardonner
à un ennemi, & dans qui le langage & 1 apparence
de la vertu ne furent qu’un moyen de tromper
les hommes Si. de perdre fes rivaux.
La haine implacable des deux frères Çaracalla &
Géta, fils de Sévère , haine qui rend vraifemblable
tout ce que la fable nous raconte des foreurs d’Etéocle
& de Polynice ; Géta, le plus aimable des deux frères|
égorgé par Çaracalla , prefque dans les bras de leur,
mère, ^impératrice Julie , que l’on nommoit Jocafte,
à caufe de fa tendreffe pour ces deux frères ennemis ,
qu’elle ne put jamais réconcilier; les foreurs de çet
odieux Çaracalla, qui ne prit le furnom façré d’An-
tonin, que pour le profaner ; la molleffe , les folies &
les lact iléges d'Héliogabale ou Hèhgabale ; les cruautés
du terrible Maximin ; la relation du liège d’Aauilée,
cù ce Maxhnin fut tué par les propres foldats, forment
ici des tableaux irppofans & . affez variés , quoique le
fond fbit effentiellement uniforme ; mais le talent de
l’auteur ne fe borne point à peindre avec des couleurs
effrayantes, les monftres qui ont défolç l’humanité ; il
fçait aufli peindre avec des couleurs douces & riantes ,
faîne célefte de Marc-Aurèle , la vertu confiante &
eourageufè de Pertinax & fà mort défaftreufe, foutenue
avec fermeté ; la douceur inaltérable, mais un peu
pi fi’lanime & tipp mêlée de foibleffe, d’AIéxandre,
fils de Mammée. Le moment où cet enfant malheureux
détrôné par les vices & l’avarice de fà mère, qu’il
n’avoit jamais oie réprimer , le jette entre fes bras ,
en lui reprochant fa mort qu’il attend, & à laquelle 'il
fe refigne, eft un mouvement pathétique.
L’avènement du vieux Gordien à l’empire, bientôt
foivi de fa mort, femble être, par toutes ces circonstances
, la répété ion de l’hiftoire de Pertinax ; ce feroit
un defaut choquant dans une fiéfion , c’eft une chofë
inévitable dans l’h’ftoire ; c’eft îa fortune qui s’eft répé?
tée , & qui a ramené deux fois les mêmes évènements.
Il y a plufieurs harangues dans Hèrodien . cemme
dans la plupart des hiftoriens anciens & meme chez
quelques modernes. « Ceux qui les aiment, dit le
» traducteur, auront de quoi fe contenter. • Ceux qui,
» élevés dans notre goût, voudroient les bannir de
» l’hiftoire, fçauront du moins bon gré à l’auteur de
» ne les avoir pas faites trop longues ». 11 eft vrai
qu’elles n’ont point la îonguur qui , chez plufieurs
autres hiftoriens', nuit à la vraifemblance, détruit IMlu-
fi >n , & annonce le travail ; elles font d’une étendu ,
proportionnée à çelle du récit ; elles fon; d’ailleurs
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adaptées à la perfônne , à la fituation j aux circonstances
; plufieurs ont l’éloquence Sc le .pathétique qug
l’occafion fourniffoit.
Cette hiftoire finit à la mort de Maxime & de
Balbin , fue ce fleurs de Maximin ; elle moia$re dans
l’efpace de ibixante ans, douze ou quatorze empereurs
& même davantage, fi on veut compter tous ceux à
qui ce titre dangereux , gage d’une mort violente , a
été donné par quelque armée révoltée , & qui tous
avoient le même droit, auquel le focçès feul donnoit
de la valeur.
De tous ces. empereurs, un feu! meurt dans font
lit, c’eft Sévère ; encore Çaracalla, fon fils, engagea-
t-il fes Médecins à terminer fis jours, & les fit-il périr,
parce qu’il n’avoit pu les corrompre. Atifli Hèrodien
dit-il que Sévère mourut plutôt de mélancolie que du
mal dont il étoit attaqué,
Hèrodien a été accufé d’avoir été trop favorable, au
barbare Maximin, Si. cela par averfion pour Alexandre
Mammée, fon prédéçefleur : nous ne concevons pas,
qu’un pareil reproche ait pu être fait par quelqu’un qui
ait pris la peine de lire Hèrodien, Il eft impoflifile de dire
plus de bien d’Alexandre, Si plus de mal de Maximin,
Il ne peint pas à la vérité Alexandre comme un
guerrier, parçe qu’Alexandre ne l’étoit pas, Si que fon
règne fot un règne de paix ; il né peint point Maximin
comme un lâche , parce que Maximin étoit très-brave
& très-redoutable dans les combats ; mais la douceur
& du earaÛère & du règne d’Alexandre eft par-tout
mife en oppofition avec la férocité de Maximin
les horreurs de fa tyrannie.
« Je ne comprends pas Jùle-Capitolin, dit avec raifon
M. l’abbé Mongault ; après avoir avancé o f Hèrodien
a été trop favorable à Maximin , il copie tout ce
» qu’il a dit de plus fort for le courage & l’intrépidité
"» de çet empereur, fans rien ajouter à î’affreufe défi-
■ » cription qu’il nous fait de fa tyrannie. C’eft néan-
» moins for ce témoignage qu’eft fondé principalement
» le reproche qu’on a voulu faire à Hèrodien ».
Et voilà comment les opinions s’établifïent quel-,
quefois; mais pour détruire celle-ci§ il fîiffit de lire
Hèrodien,
Cet auteur étoit contemporain de tous les empereurs
dont il a écrit l’h ftoire il nous apprend qu’il a exercé
différentes charges , & qu’il a été employé dans différentes
affaires. « 11 me femble, dit le traducteur, qu’il
n devoit le montrer quelquefois for la fçène, cela au*
» roit donné plus de dignité à fa perfônne & plus
» d’autorité à fon hiftoire ». .
On fçait d’ailleurs, qu’il étoit d’A]éxandrie , fils d’un
rhéteur, nommé Apollonius le Dyfcole ou le difficile,
Si qu’il foivit, au moins, quelque temps, la proteffion
de fon piîe,:
HE R O D O T E , ( Hift. Litt. anc, ) le père de
l’hiftcire ,' r.é à Halicarnaffe dans la Carie , près de cinq
fiècles avant J, C. On a donné le nom des neuf
Mufes aux neuf livres qui eompefent fon ouvrage,
& qu’il lut aux jeux olympiques. 11 avoit beaucoup
voyagé à San^ios ? en Egypte $ en Italie -, dansloute 'a
Grècé'î
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Grèce f ce qui ne peut qu’être utile à un hiftorien.
Du Ryer l’a traduit ; M. Larcher , de l’Académie des
Infcriptions & Belles-Lettres, en a donné une traduftion
d’un tout autre prix.
HE’ R O P H I L E , {Hiß. anc. ) . célèbre médecin
& grand anatomifte , qui vivoit vers l’an 570 avant
J. C. obtint, dit-on, la permiflionde difféquer les corps
encore vivant des criminels condamnés à mort. Cicéron,
Pline Si Plutarque parlent de ce médecin avec éloge,
Tertullien l’appelle plutôt bourreau que médecin. He*-
rophilus illemedicus aut lamas, qui fexcentos exfecuit, ut
naturam ferutaretur, qui hommes odiit ut nojjet.
H E R R ER A -TO R DE SILLA S (Antoine) {Hiß.
:Litt. mod.). hiftoriographedes Lides, fous Philippe II.
eft auteur d’une hiftoire générale des Indes depuis 1493.
jufquen 1^54 , Si d’une hiftoire générale de fon temps
depuis 1 5 5 4 , jufqü*en i< 98. Ces deux ouvrages font
en efpagnoL Mort en 1025.
Un autre H errera (Ferdinand de ) étoit un pôëte de
Séville aiflez .célèbre dont on à aufti des ouvrages en
profe, comme la vie de Thomas Morus, & une relation
de la bataille de Lepante,
HERSAN , ( Març-Antoine) ( Hiß. Litt, mod,')
Il fot le maître de M. Rollin, & M. Rollin par recon-
noiffance a rendu fà mémoire refpe&able ; il a inféré
dans le traité des études, fon explication du cantique
de Moyfe ; Çantemus JLomino. « A la qualité de maître,
dit M. Rollin, il avoit joint à mon égard celle de
» père , m’ayant toujours aimé comme fon enfant. Il
'» avoit pris dans les claffes un foin particulier de me
” former ,, me deftinant dès lors pour fon foçcefleur ; Si.
» je l’ai été en effet en féconde, en rhétorique ( au çol-
»> lège du Pleffis ) & collège Royal ( dans la chaire
» d ’éloquence.) Jamais perfônne n'a eu plus de talent
» que lui, pouf faire fentir les beaux endroits des auteurs,
» & pour donner de l’éducation aux jeunes gens. L’orai-
» fon fonçbre de M. le chancelier le T e llie r , qu’il pro-
” nonça en Sorbonne, & qui eft la feule piè,ce de prpfe
» qu’il ait permis qu’on imprimât ( elle a été traduite
en françois , par M* l’abbé Bofquillon de l’académie de
SoifTpns ) fuffit pour montrer jufqu’où il ayoit porté
» la deliçateffe du goût : ôdles vers qu’on a de lui peuvent
»> paffer pour un modèle en ce genre. Mais il étoit en-
» core plus eftimable par les qualités du coeur que par
» celles de l’efprit. Bonté , fimplicité , modeftie , défin-
» térefTement, mépris des riçhefles, générofité portée
w prefque jufqffà Pexcès, c’étoitlàfon caraSère. Il rie prohta
de la confiance entière que M . de Louvois avoit
» en lu i , que pour faire plaifir aux autres. Quand il
» me v it principal au collège de beauvais, il facrifiâ par
» bonté pour m o i, & par amour du bien public , deux
» mille .éeus pour y faire des réparations des em-
» belliffements néceflaires. Mais les dernières années de
?> fa vie quoique paflèes dans la retraite & l’obfpuritp,
» ont effacé tout le refte. Il s’éteit retiré à Compiègne
» lieu de fà naiffance. L à .. , . . . il fe çonfaçra entièrement
W?lÀ fer^’ce ^es pauvres enfans de la ville. Il leur fjt
?» natif une école , peut-être la plus belle qui fpit dans
. royaume, Si fonda un maître pour leur inftruélion.
Hiftoire. Tome H L
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» Il leur Itl tenolt lieu lui-même ; il afliftoit très-fouvent
» à leurs leçons, en avoit prefque toujours quelques-uns
» à fa table ; il en habilloit plufieurs : il lenr diftribuoit à
» tous, d^ns des temps marqués, divetfes récompenf.-s
» pour les animer. Il a eu le bonheur de mourir pauvre en
» quelque forte au milieu des pauvres, ce qui lui reftoit
» de bien ayant à peine fuffi pour une dernière fon-
» dation qu’il avoit faite des foèurs de la charité, pour
» inftruire les filles, & pour prendre foin des malades, »
Il mourut à Çompiègne en 172.4. ■
HERSENT , ou HERSAN ( Charles) ( Hjft. Litt-
modft dotfteur de forbonne, traducteur du Mars Qallicus
de Janfenius, & auteur de l’ouvrage intitulé : Optfltus
Gallus de cavendp fehiftnate , deux écrits qui déplurent
beaucoup an cardinal de Richelieu & qyi n étoient pas
faits pour lui plaire, Mort en 166,0.
Jl avoit .été pratoriçn, & avoit depuis écrit contre
l’oratpir.e, Rerfecuté en France pour avoir pris avec
trop de hauteur, ïe parti du faint liège, il alla chercher
un afole à Rome, il n’y réuflit pas mieux ; un panégyrique
de Saint Louis, qui fut pçut-être trouvé trop
françois 9 le fit décréter d’ajournement perfonnel par l’in-
quifition; n’ayant pas jugé à propos dé çomuarojtre, il
ne fi.it du moins qu excommunié,
. HERVART, ( Barthelemi) {Hift: de Fr ,) créature
du cardinal Mazarin, dont il étoit le banquier. Il
fut contrôleur-général, quoique proteftant. Mort en 16j6.
HERVEY, (James) {Hift. Litt. mod,) poète
anglois, fi connu par fon tombeau, & fes méditations ,
mort en 17.59. G n trouve à la tête de la tradudion fran-
çpife de ces deux poëmès , une vie affez détaillée d$
l’auteur , fils d’un çuré & curé lui-même dans la prg<*
yinee de Northampton.
H E $ B U R N , ( Jacques. ) V o y ç \ Both^vel „
Llifabeth ôjt Marie SffuART.
HESIODE, ( Hift. Litt. anc. ) poète grec , qu’on
.croit, mais fans certitude, avoir été contemporain
d’Homère ,: fon poème des ouvrages & des jours eft un
traité d'agriculture, .qui a donné à Virgile l’idée de fôÿ
georgiquès:
Afcroeumque cano Momana per oppida çamenl
Georg.
Hos tlbi dàrit calattios ? et\ qccipe , mufte ,
A fer ceo quos ante feni?
On appélloit Héfiçde fenex afemus parce qu’il avoit
été élevé à Afcrà en Béptie. 11 çtpit’néà Cames en
Êolide. On a encore de lui la théogonie pu généalogie dçs
Dieux & le bouclier ç£ Hercule. '■
HESSyS, ( Eobanus, ), ( E L iy S où HELIU.S dit )
( Hift. Litt. mod. ) Èobanus avoit pris ce nom de H f u s
parce qu’il étoit' de la Hefte. C’étoit un poète latin
àffe? çélèbre, .contemporain d’Erafme & de Mélançhton,
ami du fecond. Joaçhim Çamerarius a écrit fa vie où il
n’y a rien de remarquable, finon que dans çe temps
où, les allemands fur-rtout fe piquoient de bien boire,
il fe piquoit de boire mieux que tous les allemands