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l* y e r de Boutigny, un T ra ité de l'a u to rité des R o is \
to u c h a n t Page n c c e jfa ire à la p ro fe jjio n re lïg ie u fe .
MOTHE G U YO N , ( de la ) V o ye ç Guyon.
MOTHE, ( de la Mothe Fénelon ) V o y e ^ Fénelon.
MOT1N , ( Pierre ) ( Hifl. Lite, modi j poëte fran-
çois, né à Bourges, mort en 1615.
J’aime mieux Bergerac & fa burlefque audace
Que ces vers où Motin fe morfond & nous glace,
Dit Boileau.
M O T T E , ( Houdart de la ) ( Hijl. L itt. mod )
l’un des écrivains les plus ingénieux 8t les plus éclairés,
l’un des meilleurs profateurs françois: il eut auffi de
la réputation en plus d’un genre comme poëte, quoiqu’il
n’y ait de lui en ppëfie aucun ouvrage fini, &
qu’on puiffe regarder comme claffique ; mais qui pour-
roit ne pas aimer toujours Inès de Caflro ? Qui pourroit
ne pas goûter ce tranfport paffionné de dom Pèdre ?
Ne défavouez pofot, Inès , que je vous aime.
Qui ne feroit attendri de ce mot pénétrant d’Inès ?
Que me promettre hélas î de ma foible raifon ;
Moi qui ne pui$ fans îroublejentendre votre nom ?
Qui ne le feroit du difeours d’Inès, au moment dç
^’arrivée des enfans}
On vous amène encor de nouvelles viéfimesi... ; ;
Embrafie?, mes enfans, ces genoux paternels....;
N’y voyez point mon fang, n’y voyez que le vôtre.
Racine & Voltaire fe fer oient applaudis de çe trait
fi heureux , de ce trait de génie :
Eloigne? mes enfans ; ils irritent mes peines,;
M. de la Mothe n’a excellé dans aucun genre de po.ëfie ;
mais il ifen eft point où il n’offre de ces traits excel-
lens qu’on aime à retrouver dans fa mémoire, & qu’on
/cite à tout propos, tels que ceux-ci ;
Dans fes odes Pindariquess
Et préféra à tout nous y femmes
Contemporains de tous les hommes?
Et citoyens de tous les lieux.
£n parlant de l’Hiftoire.
Les Nymphes de la double cime
Ne l’affranchirent de la rime -
Qu’en fayeur de la vérité^
pn parlant du Télémaque.
Jdolâtres tyrans des Rois;
En pa,r!ai^ des flatteurs ; vers dur peut - être mais
Fort rJj lent.
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E t le crime feroit paifiblnj
Sans le remords incorruptiblé
Q u i s’élève encor contre lui.
Mot dont M. de Fontenelle a fi bien fait fentîr tout fe;
mérite.
Et craignons que notre imprudence ,
En éternifant la vengeance,
N ’en éternifè les remords.
Dans les odes Anacréontiques:
Un fbupir m’échappe, il s’éveille ,
L ’amour fê réveille de rien.
Dans l’Epopée même:
Le muet parle au fourd, étonné de l’entendre f
Sur ce qui concerne l’imitation de l’Iliade, voyez
l’article Homère & l’article Lambert ( Madame la
marquife de ) & oppofez le fuffrage de cette dame ,
çeft-à-dire, le fuffrage de l’amitié à la malignité de
l’épigramme de Roullèau.
Le traduéleur qui rima l’Iliade, & c .
Rendons-les courts, en ne les lifant point,
Combattez ces deux jugemens l’un par l’autre, &
reliez à diflance égale de l’un & de l’autre, c’eft là
qu’eû féquité.
Dans les fables, que de traits à retenir & à citer !
Ne pouvant nous régir, nous avez-vous conquis
Et pourquoi donc , Seigneur, répondit la Matrone,
Leçon commence, .exemple a c h è y e ...,.
L ’ennui naquit un jour de l ’uniformité.. . .
La haine veille &. l’aminé s’endort.. . . ;
Il vaut mieux plaire que fervir.. . .
Parmi tous les oifèaux du monde
Ils fe choififfoient tous les jours...,'
C ’en providence de l’amonr
Q u e coquette trouve un volage,.,.’
Parce qu’Alexandre s’ennuye
Il va mettre le monde aux fers... ;
Vous n’êtes que puiflant encore,
Gouvernez j^ien > vous voilà ro i.. ; J
Il perdit tout fbn temps à vaincre,
Et n’en eut pas pour gouverner.,.,
Foibleffe & rufe eft un bon lot
Qu i vaut bien puiffançe &. fottife.
Et une foule de traits feroblables, C ’eft l’imitation (Je
La Fontaine qui a perdu tous les auteurs de fables, &
qui a égaré la Motte même. S’il eût confenti d’être
lui, d’être la Motte & non pas La Fontaine, c’étoiç
jun fabulifte philofophe, plein d’efprit & de raifon $
mais il a voulu, dans fes prologues & dans fes réfléxions,
badiner comme La Fontaine, & ces petites grâces
étrangères deviennent chez lui autant de grimaces,
il ne s’eft pas allez fouyenu de la fable 4e La Fontaine ;
m o t
Ne fc çons point notre talent ,
Nous ne ferions rien avec grâce*
C ’eft dans le genre lyrique, dans l’opéra que M.
ide la Motte a eu le plus de fuccès ; Alcione, IJfé9
Scanderberg, Y Europe Galante, le Triomphe des Arts,
Canente , le Carnaval & la Folle, Amadis de Grèce,
Omphale ont confervé de la réputation. Il nous femble
cependant^ que fa poëfie eft sèche & froide, fi 011 la
compare à celle de Quinault, au prologue des Elé-
mens, à l’aéfe de Vertumne & Pomone, enfin à ce
qu’il y a de mieux après Quinault dans ce genre.
On a de la Motte auffi des comédies,«, ces comédies
ont du mérite; on joue toujours le Magnifique
avec fuccès. Il eut part, dit - o n , au Port de Mer\
très-jolie pièce qu’on attribue communément au feul
Boindin, & qui en effet n’eft pas dans le recueil des
oeuvres de la Motte. Il avoit d’abord débuté par ce
genre, & fon début ne fut point heureux. 11 avoit donné
«n 1 6 9 3 ,à vingt & un ans, une comédie qui avoit
pour titre : Les Originaux ou P Italien. La douleur
cju’il eut de fà chute, l’engagea pour quelque temps
à quitter le monde & ce fut à la Trappe qu’il fe
, ce qui lui a val
’ a cette grofîière injure dans
encore que fameux, attribués
ces couplets plut groffiers
à RoufTeau :
Quel Houdar, le poëte Houdar
C e moine vomi de la Trappe,
Qu i fera brûlé tôt ou tard,
Malgré le foccès qui nous frappe;
plices, il faut être bien familiarifé avec ces horreurs,
pour en parler à M. de la Motte, l’homme le plus
dou x, le plus fàge, le plus vertueux, le plus indulgent
qui fin jamais. Juftice & jufteffe, difoit M. de
la F a ÿ e , voilà la devife de M. de la Motte. Il a
reçu lajufteflè en talent, difoit encore le même M.
de la ra y e . RoufTeau qui étoit jaloux de tous les
talens, le fut des talens de M. de la Motte. Ils furent
en concurrence pour l’Académie, la Motte l’emporta
& devoit l’emporter auprès d’une compagnie qui
exige, dans fes membres, la réunion des moeurs & des
talens. M. d’Alembert trouve cependant que l’A cadémie
fut injufte, en rie reconnoiflant pas la prééminence
des titres de RoufTeau fur ceux de fon rival.
Il eft vrai que RoufTeau portoit dans l’ode une énergie,
un éclat, un enthoufiafme qui avoient été refufes à
ta Motte^ mais, fans vouloir approuver ni blâmer
Jfeux qui croiront pouvoir mettre en parallèle la phi-
lofophie de la Motte avec la poëfie de RoufTeau, le
grand fera du premier, même dans Iode, avec l’harmonie
impofànte, mais quelquefois un peu infignifiante
du fécond, la Moite avoit pour lui fes fuccès en divers
genres au théâtre, auxquels RoufTeau n’avoit rien à
oppofer ; h Motte avoit fa Profe la plus parfaite qu’on
connût en Trançois, avant celle de M. de Voltaire,
tperite auquel RoufTeau n’avoit encore rien à oppofer ;
la Motte avoit cette univer&lité des genres que M.
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de Voltaire a depuis poufîee beaucoup plus loin*
RoufTeau étoit reftreint a une fphère bien bornée
quand la Motte lui en auroit abandonné Te moire
Te feroit borné aux autres titres fur lefquels il n’y avoit
point de concurrence entre lui &. fon rival, il auroit
pu dire :
ilia fe jaSlet in aulâ
a cÿ
(ELolus, & claufo ventorum carcere regnet»
Ainfi, tout bien pefé, nous ne fau rions trouver dans
la préférence donnée à la Motte fur RoufTeau, cette
injuftice qu’y trouve M cTAlembert.
M. de Fontenelle, qui difoit que fà gloire étoit de
n’avoir pas été jaloux de M. de la M o tte y parle dans
l’éloge de fon ami, d’églogues « qu’il renfermoit, dit-il ,
»peut-être par un principe d’amitié pour moi» En
effet fi nous n’avions pas les Eglogues de M. de Fontenelle
, ce feroient celles de M. de la M o tte qui en
tiendroient la place ; elles font dans le même genre.
& du même ton, pleines d’efprit, de grâce , de déli-
cateffe, elles ne peignent pas plus les travaux ni les
plaifirs champêtres que celles de Fontenelle, mais
elles peignent auffi bien l’amour tranquille & heureux ,
le coeur doucement occupé d’une inclination naiflànte
& fans trouble. L’idée en eft prefque toujours ingé-
1 nieufe & philofophique. V o y e [ for - tout la neuvième
églogue, intitulée: L o ife a iu Voye% dans la douzième
le combat de chant entre Ifmène & Licidas, & toute
la délicatefle de l’explication qu’ils ont enfoite.
Que d’efprit, je ne dis plus dans les grands morceaux
de profe de M. de la Motte y je ne dis plus
dans ces réflexions fur la critique, ouvrage excellent
à tous égards & fi agréable que l’auteur pourroit fe
pafTer davoir auffi fouvent raifon; mais, dans les
moindres billets, dans cette correfpondance de Sceaux ,
dans ces bagatelles, dans ces amufemens de fociété ,
qui font comptés pour rien dar.s fa gloire littéraire 1
M. de la Motte étoit né à Paris le 17 janvier 1672.
Il fut reçu à l’Académie Françoife le 8 février 17 10 ,
à la place de Thomas Corneille. Il avoit dès - lors
le malheur d’être aveugle, il tira un grand parti de
cette conjonéhire dans fbn difeours de réception : « Ce
» que l’âge, dit-il, avoit ravi à mon prédéceflèur,
» je l’ai perdu dès ma jeunefie........Il faut l’avouer
» cependant, cette privation dont je me plains, ne
» fera plus pour moi un prétexte d’ignorance. Vous
» m’avez rendu la vue, Meilleurs, vous m’avez ouvert
» tous les livres,en m’afTociant à votre compagnie....
» Et puifque je puis vous entendre, je n’envie plus
» 1« bonheur de ceux qui peuvent lire. »
On fait que M. de la Motte, fe trouvant dans une
foule, marcha for le pied, fans le vouloir, à un
jeune homme qui fe trouvoit trop près de lui : celui-
ci , dans ion impatience brutale, lui donna un foufflet.
Monfieury lui dit M. de la Motte, vous aile^ être bien
fâché en apprenant que je fuis aveugle. Quelle leçoa
en effet !
Les opinions de M. de la Motte y au fojet de la
prééminence de la profe for les vers ,& des modernes
fur les anciens, ont fervi de prétexte à l’envie pcvur