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ordinaire de tout ce que nous voyons. Ils ont fait
des prolelytss jufques dans les appartemens des ful-
tanes, parmi les bachas & autres officiers du ferrail ;
cependant ils n’ofent lever le mafque , & ne s’entretiennent
à coeur ouvert que lorfqu’ils fe rencontrent
feuls , parce que la religion dominante , qui admet
l’unité d’un Dieu, ne les toléreroit pas.
On prétend que ces muçérins s’entr’aiment & le
protègent les uns les autres. S’ils logent un étranger
de leur opinion , ils lui procurent toutes fortes de
plaifirs , & fur-tout ceux dont les Turcs font plus avides.
Leurs principaux adverfaires font les kädefadeli-
tes f qui répètent fouvent ces paroles : Je confejje
qu ii y a un Dieu. Guet, moeurs des Turcs , tom. 1.
Ricaut, de Tempire ottoman. ( G )
MUZIMOS , ( Hiß. mod, fiiperflit. ) Les habitans
du Monomotapa font perfuadés que leurs empereurs ,
en mourant, paffent de la terre au ciel, & deviennent
pour eux des objets de culte qu’ils appellent, mufi-
mos ; ils leurs adreffent leurs voeux. Il y a dans ce pays
une fête folemnelle appeîlée chuavo : tous les fei-
gneurs fe rendent au palais de l’empereur , & forment
en fa préfence des combats fimulés. Le fouve-
rain eft enfuite huit 'jours fans fe faire voir, & au
bout de ce tems, il fait donner la mort aux grands
qui lui diplaifent, fous prétexte de les facrifier aux
tnußmos fes ancêtres. ( A . R. )
MUZUKO , ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi que les habitans
du Monotnatapa appellem un être malfaifaiit ,
& qu’ils croyent l’auteur des maux qui arrivent au
genre humain. {A . R .)
M YDORG E , ( Claude ) ( Hiß. Litt. mod. ) favant
mathématicien , fils de Jean Mydorge , confeiller au
parlement, & de Madeleine de Lamoignon. On a de
lui quatre livres de Serions coniques. Il étoit ami de
Defcartes , &. le défendit hautement contre fes détracteurs
, ce qui demandoit alors du courage. Il dépenfa
des fommes confidérables en expériences de phyfique,
en fabrique de verres de lunettes & de miroirs ardents.
H avoit beaucoup de zèle & de connoiflanc.es. Il
étoit né à Paris en 1585. Il mourut en 1647,
MYER, (Paul) ( Hiß. Litt, mod.) écrivain du
dernier fiècle, dont nous avons des Mémoires touchant
Vétablijfement J une MiJJîon Chrétienne dans le troificme
Monde , appelle Terres Auflrales.
MY INDA, (Hiß, <inc. ) jeu d’enfans , qui revient
à notre colin-maillard. On b'andoit les yeux à
l’enfant ; il courpit après fes camarades , en difant
iv fiiov Svgiuriv', je courrai après une mouche J airain
j les autres lui répondoient ; Svçwais , aM’ov
Au-'I'ê? ; tu courras après, mais tu ne l'attraperas pas.
C a . r . )
M Y LO RD, ( Hiß. mod. ) titre que l’on donne eh
'Angleterre, en Ecoffe, & en Irlande à la haute no-
-bleiie , & fur-tout aux pairs de l’un de ces trois royau-'
mes, qui ont féance dans la chambre haute du parlement
9 aux évêques , & aux préfidens des tribunaux,
Ce titre fignifie monfeieneur, & quoique com-
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pofé de deux mots anglois , il s’emploie même en
françois lorfqu’on parle d’un feignèur anglois ; c i if
ainfi qu’on dit mylord Albemarle s mylord Cohharn ,
&c. Quelques françois., faute de lavoir la vraie fi-
gnification de ce mot, difent dans leur langue , un
mylord , manière de parler très-incorreâe ; il faut
dire un lord, de même qu’on dit en françois un /eignem
, & non pas un monjeigneur. Le roi d’Angleterre
donne lui-même le titre de mylord à un feigneur
de la Grande Bretagne lorlqu’ il lui parle y quand
dans le parlement il s’adrefîe à la chambre-haute ,
il dit mylords , me/feigneurs. ( A .R. )
MYRIADE, ( Hiß. anc. nombre de dix mille ;
de-là eft venu myriarcha , capitaine ou commandant
de dix mille hommes. ( A . R . )
MYRIÖNIME, ou qui a mille noms ( Hiß. anc. )
titre qu’on donnoit à Ifis & à Ofiris , parce qu’ils
renfermoient , difoit-on , fous difiérens- noms , tous
les dieux du paganifme ; car Ifis adorée fous ce nom
en Egypte étoit ailleurs Cybele , Junon , Minerve ,
Vénus , Diane , &c. & l’Ofiris des Egyptiens étoit
ailleurs connu fous les noms de Bacchus , Jupiter ,
Plutôn , Adonis, &c. ( G )
MYRMILLONS , ( Hiß. anc. ) forte de gladiateurs
de l’ancienne Rome , appellés auffi Murmulic-
nés. Turnebe fait venir ce mot de Myrmidons :
d’autres croyent que ce nom vient du grec fiug.uvffi ,
qui fignifie un poi/fon de mer, tacheté de plufieurs
couleurs, dont Ovide fait mention dans fes Halieu*
tiques , & que cës gladiateurs lurent ainfi nommés ,
parce qu’ils portoiem la figure de ce poifTon fur leur
calque ; ils étoient outre cela armés d’un bouclier
& d’une épée. Les Myrmillons combattoient ordinairement
contre une autre elpèce de gladiateurs ap-
péllés Retiaires , du mot rete , filet de pêcheur, dans
lequel ils tâchoient d’embarraffer la tête de leurs adverfaires.
On appelloit encore les Myrmillons Gaulois
, foit que les premiers fùffent venus de Gaules,
foit qu’ils fulfent armés a la gauloife. Auffi les Retiaires
, en combattant contr’eux , avoient-ils coutume
de chanter ; quid me fugis , galle , non te peto ,
pifeem peto ' « poùrquoi me fuis-tu, gaulois, ce n’eft
j) point à to i, c’eft à ton poifTon que j’en veux » : ce
qui confirme la feconde étymologie que nous avons
rapportée. Selon Suétone, Domitien fupprima cette
elpèce de gladiateurs. ( G )
MYRON , ( Hiß. anc. ) célèbre fcuîpteur grec
vivoit environ quatre fiècles avant J. C. Sa vache
de cuivre eft célébrée dans plufieurs épîgrammes de
l’Anthologie, citée comme un modèle de perfeâion.
MYRSILE , (Hiß. anc. ) ancien hiftorien grec,
que l’on croit contemporain de Solon. Il ne refte de
lui que des fragments, recueillis avec ceux de Bérofe
& de Manethon. Le Livre de l'origine de l’ Italie, que
nous avons fous fon nom , eft une des impoftures
dAnnius de Viterbe,
MYRTIS „ ( Hiß. anc. ) femme grecque célèbre j
qui enfeigna les règles,de la verfification à Corinne 9
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& même , dit-on , à Pindare. On a des fragments des
poëfies de Myrtis.
MYSCELLUS , ( Hifl. anc. ) c’eft le nom du fondateur
de Crotone , & il fonda cette ville un peu plus
de fept fiecles avant J, C. C’eft tout ce qu’on en lait j
car des qu’on veut en favoir davantage , on rentre
dans les hiftoires- d’oracles, c’eft - à - dire , dans les
fables.
M y s t è r e s d e l a p a s s i o n , ( Théât. françois )
terme conface aux farces pieulès , jouées autrefois
fur nos théâtres.
Il eft certain que les pèlerinages introduifirent ces
fpeélacles de dévotion. Ceux qui revenoient de la
Terre-Sainte, de Sainte-Reine, du mont faint-Mi-
chel , de Notre-Dame du Puy , &. d’autres lieux
femblables , compofoient des cantiques fur leurs
voyages , auxquels ils mêloient le récit de la vie &
de la mort de Jelùs-Chrift, d’une manière véritablement
très-groffière , mais que la fimplicité de ces
tems-là fembloit rendre pathétique. Ils chantoient
les miracles des faints , leur martyre , &. certaines
fables à qui la créance des peuples donnoit le nom
de vifions. Ces pèlerins allant par troupes, & s’arrêtant
dans les places publiques , où ils chantoient le
bourdon à la main , le chapeau & le mantelet chargés
de coquilles & d’images peintes de différentes
couleurs, faifoient une efpece de fpeélacle qui plut,
& qui excita quelques bourgeois de Paris à former
des fonds pour élever dans un lieu propre , un théâtre
où l’on repréfenteroit ces moralités les jours de
fête , autant pour l’inftruéïion du peuple , que pour
fon divertiflement. L’Italie avoit déjà montré l’exemple,
on s’empreffa de l’imiter.
Ces fortes de fpeéfacles parurent fi beaux dans ces
fiecles ignoràns, que l’on en fit les principaux orne-
mens des réceptions des princes quand ils entroient
F in du T roisi
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dans les villes ; & comme on chantoit tio'èl, no'èf au
lieu des cris vive le roi, on repréfentoit dans les rue»
la famaritaine, le mauvais riche , la conception de
la fainte Vierge , la paffion de Jefus-Chrift, & plu-
fieurs autres myjleres, pour les entrées des rois. Qn
alloit en proceffion au-devant d’eux avec les bannières
des égLfes : on chantoit à leur louange des cantiques
çompofés de paffages de l’ecriture fainte ,
coufus enfemble , pour faire allufion aux avions principales
de leurs régnés.
Telle eft l’origine de notre théâtre , où les acteurs
, qu on nonimoit confrères de la pafîon, cons-
mencerent à jouer leurs pièces dévotes en 1402 : copendant
comme elles devinrent ennuyeufes à la loi>
gue , les confrères intéreftes à réveiller la curiofitë
du peuple , entreprirent, pour y parvenir, d’égayer
les myflères facrés. Il auroit fallu un fiècle plus éclairé
pour leur conferver leur dignité ; & dans un fiècle
éclairé , on ne les auroit pas choifis. On mêloit aux
fujets les plus refpeélables, les plaite^rÂes les plus
balles, & que l’intention feule empêchoit d’être impies
; car ni les auteurs ni les fpeéiateurs ne faifoient
une attention bien diftinéte à ce mélange extravagant
, perfuadés que la faiftteté du fujet couvroitla
groffièreté des détails. Enfin le mag:ftrat ouvrit les
yeux , & fe crut obligé en 154^ de proferrre
févèrement cet alliage honteux de religion & de bouffonnerie.
Alors naquit la comédie profane , qui livrée
à elle-même & au goût peu délicat de la nation,
tomba, fous Henri III, dans une licence effrénée , &
ne'prit le mafque honnête , qu’au commencement
du fiècle de Louis XIV. (D . J .)
MYTHÉCUS, ( Hifl. anc. ) de Syracufe , premier
bon cuifinier qui ait ofé paroître à Sparte : auffi le*
- mag ftrats le chafsèreht-ils conime un empoisonneur
public.
ème )lume.
jwn imni ■ i jj .H-u» ■him j ijlui , i
AVERTISSEMENT DE L’IMPRIMEUR.
L æ Lecteur voudra bien f e rappeller que les Articles qui fo n t du Rédacteur de la
partie de HHifloire, & qui fo n t les plus nombreux, ne portent abfolument d! autre
marque diflinçlive que de rien avoir A aucune efpèce. Le s articles marqués de la
Lettre G . , & qui pourraient fa ir e équivoque, ne fon tp a sd e lui. Cette Lettre, ainfi
que toutes les autres , & que tous les autres (ignés , défigne un autre Auteur.
L e s autres Auteurs, ou fo n t nommés en toutes lettres, ou fo n t défignis parlas
lettres initiales & finales^ de leurs noms , ou fimplement par une lettre initiale, eu
enfin par un fig n e quelconque , comme une Cro ix , une B a r r e , &c. Quelques
articles fo n t marqués par ces d eu x ièm e s A . F. , ee q u i fig n ifie Article fourni ;
quelques autres,- & en grand nombre, le fo n t ainfi : À. R . , ce qui fig n ifie :
A r t i c l e r e f t é de la première Ed ition .