
Ce nom de Lambert , dans des temps beaucotip
plus modernes, a été illuflré chez différentes nations /
en Hollande , en Angleterre » en Allemagne & en
France,
En Hollande ; les Hol fan dois, en 1624 , ayant armé
fix vaiffeaux contre les Algériens qui troubloieut
leur commerce par des pirateries , Lambert, capitaine
de va:lTe3u-, commanda cet armement ; il prit
d abord deux yaiffeaux algériens, df. mit cent vingt-
cinq pirates à la chaîne ; il les mene devant Alger ,
demande qu’on lui remette à j.’inftant, tous les efclaves
Hoilandois ; & voyant qu’on dîfféroit à le fetisiaire,
arbore l’étendard ronge en figue de guerre , fait lier
dos à dos une partie des Turcs Sc 4s Maures qu’il
avon fur fes vaifTeaux, fait jetter les uns à la mer, fait
pendre les autres aux antennes à î:| vue des Algériens,
qui frémiffoient dhprreijr. Il fo remet en mer , ôç va
chercher une nouvelle proie; il prend deux nouveaux
yaiffeuyx algériens, revient devant Alger, menace de
traiter çes autres pirates comme les premiers ; on eft
forçç enhn de lui remettre tous les efclaves Hcllan-
dc-is en échange des pirates Algériens qu’il avoit fur
fçs yaififcayx. Vengeur & libérateur de fes compatriotes
, il rentre triomphant dans les ports de fà pairie.
C ?eft çiinfi qu’il eff beau de faire la guerre. Mais qui
pourra jamais affèz s’étonner qu’avec cette rage épidémique
de guerre qui , depuis fi long-temps pofsède
S i travaillé l’univers, on lailïe de petites nations {bibles,
qu’on pourroit foudroyer d’un regard, fe rendre redoutables
3 toutes les puiffances, infefter les mers,
réduire en efclavage les citoyens «fes plus grands royaumes
, les fujets dès plus fiers potentats ; il {érable qu’il
appartienne à la maladie de la guerre , de 'ne vouloir
la faive que quand elle ne peut qu’être inutile &
•funeffe, 6i de s y refufer toutes les fois qu’elle pourvoit
être raifonnable , juffe ,& utile. C ’eft fur ce bri-
goftdage des ccriaires Barbarefques, brigandage impuni
& prçfque autorifé par la tolérance générale des nations,
qn’on pourroit s’écrier:
O honte ! ô de l’Europe infamie éternelle !
Un peuple de brigands, fous un chef infidèle,
P u commerce &. des mers détruit la fureté l
Au refie , on peut dire que le tnav’n hoilandois
Lambert a été le préeimeur du chevalier François
d’Amfre ville, qui , en 1684 » ht encore mieux , puif-
qu’il délivra tous les efc.kvés chrétiens de toute na-
îfon indiffinéiement. On fa;t que quelques angloïs qui
éteient du nombre de ces efclaves mis en l berté, fe I
trouvant humiliés d’avoir cette obligation à un i
irançois, soutinrent à -d’Amfrevilîe que c’étoit à Ja
fsonfidétation du roi d’Angleterre qu’ ils croient libres: -
lé capitaine français , pour les dgiàbufer , fit appei’ier
Jes Algérien? , &■ leur remettant les Anglais : ces \
fUfli.c.urs , dit-il, ne veulent être délivrés qu'au nom de
leur roi, le mien ne prend point la liberté de leur offrir
f* f^ietliçn^ faitesrèfi ce qu'il vous plaira. Tous les
Anglais furent remis à la chaîne.
ÿous nous appercevons dans ce moment ? eue l’article
du chevalier d’Amfreville a é.é omis à là place. Lê,
prefenr article peut fuppléer à cette omifïion.
En Angleterre : le général Lambert ou Lamberth ê
commandoit fous Cromwel, les troupes républicaines
ci Angleterre, & il çonfervoit dans fon ccc-ur des fen-
t.ipe.'.s répubLcains qui contrarioient l’ambition de
Crcmwel. Lorfque çelui-ci fut déclaré .protecteur de
la republique d Angleterre , c’étoit le titre de roi qu'il
amb'tionnojt, Lambert fit manquer cette entr prrfe t
• 4epuis çe temps Crcmwel le regardant ccmme un
ennemi & un rival, lui ôta le commandement des
troupes. Par le même principe d’amour pour la liberté
, Lambert, après la mort d’Olivier Cromwel j
fut oppefe à Richard Cromwel fon fils. Il le fut encore
plus au retabÜllcjnent de Ig royauté ; il fut pris par
le général Monck , qui étoit à la tête du parti au
roi ; & comme autrefois ami d’Olivier Cromwel, &J
aétuellement trrinemi de Charles I I , il fut condamné
à mort en 1662. Charles II commua la peine , &
fo contenta de reléguer Lambert dans l ifle de Jerfey ,
dou il ne fbrtit plus. C ’étoit homme d’un grand
courage, d’une valeur diftinguée, 6c qui n’étoit pas
fans vertus, mais dont les vertus même auroient é:é
déplacées à la cour aimable & viçieufe de Charles 11«
En Allemagne : un des plus habiles mathématiciens
de l’üurope d. ns le dix-huit ém : fiècle , nommé Lam-
bert, né à Mulhaufen en Alface , vers l’an 1628,
mort à Berlin le 25 feptémbre 1777, a rempli d’excellents
Mémoires les recueils de diverfis Academies
d’Allemagne ; il étpit penfionnaire de celle d Berlin.
On a^ de lui d’ailleurs plu fleurs ouvrages, effimçs, un
Traité for les propriété les Splus remarquables dé la
route de la lumière ; un Traité fur les orbites des-
Comètes ; une Perfpeêlive, &. divers autres Traités de
mathématiques.
En France : nous trouvons d’abord dans les derniers
temps, le fameux mufiçen Mchel Lambert, célébré
par Boileau dans lg fatyre du Feftin :
Et Lambert, qui'plus eff, m’a donné fà parole.
Quoi, Lambert l oui Lambert...........
Npus n’avons, ip’a-t-il d it, ni Lambert ni Moliere.
Ji fut en quelque forte , le créateur de la mufique en
France. On a retenu de lui quelques airs. Tout le mqnçlt
vouloit apprendre de lui Part de chanter , Zc fur-rtout
le goût du çhant. Il étqit maître de mufique de la
enambre du roi. Ne en 1610 , à Vivonne en Poitqu,
Mort à Paris en 1690,
Il y a eu dans ce fiècle , deux eçcléfiaftiques du
nom de Lambert , connus par des écrits d’un genre
entièrement divers. _
I/un , noîpme Jofeph, fils d’un maître des comptes
ck Paris , né en 1654, mort en 172,2 , fut principa-
1 ment célèbre.par la charité envers les pauvres, à
1 infiruçtion &. à futilité defquels il confaefa la plupart
fes écrits , indépendamment des autres le.epurs qu’il
four fourniÇfeit avec U profofion la plus généreufe. On
a de lui Y Année Evangélique, des Inflrutfïons fut les
inyfieres & fur lés principaux objets de la foi, preique
toujours à fufage çtes papvres ôc des gens de la çanas
ôagne. Il étoît fort oppofé à la pluralité des bénéfices,
& il engagea la Faculté de théologie , dont il étoif
tnembre, a faire un décret pour empêcher ceux qui
prennent dés degrés en théologie, finon de pofféaer
plufieurs bénéfices , du moins d’en prendre le titre
dans leurs thèfos, afin que la Sorbonne ne parût pas
avoir retra&é le règlement qu’elle avoit fait autrefois
pour interdire la pluralité dés bénéfices.
L’autre, nommé Claude François , d’abord curé
dans le diocèfe de Rouen , vint enfuite à Paris, faite
de mauvais romans & des compilations. Il fit une
Hifloire générale de tous les Peuples du monde ; ÔL des
Obfenvasions aufli fur tous les Peuplés du monde. Il
fit de plus, des Hiftoires particulières. Il mit en fran-
çois moderne , les mémoires de Martin & de Guillaume
du Bellay-Langei, foin très-fuperflu ! ces Mémoires
fi utiles pour l’Hiftoire de François I-r , font
beaucoup plus agréables en vieux françois. L abbe
Lambert eut du moins le bon efprit de laiffer dans
leur vieux langage, le Journal de la ducheffe d’Angou-
lême, Ôc les Mémoires du maréchal de Fleurantes,
qu’il joignit à l’édition des Mémoires des Du Beliay-
Langèi. On a encore de l’abbé Lambert, une Hifloire
de Henri 11. , qui commence par une faute : il d t
que Henri II parvint à la couronne le 31 juillet 1547.
% On lait que ce fut le 31 mars de la même année ,
jour qui répondoit à celui de fà naiffance. Mezeray
remarqué expreffément qu’il parvint à ia couronne le
même jour qu’il étoit venu au monde.
L ’abbé Lambert ne fe trompe pas moins, lorfqu’après
avoir dit qu’Henri II réduiüt à cent le nombre des
officiers du parlement, fort augmenté par François Ier,
il ajoute : « mais comme il auroit fallu rembourfer
« les confeillèrs de l’argent que leurs charges avofeîit
n coûté , & que c’étoit là une dépehfe que l’on n au-
» roit pu faire que difficilement , il fut réglé qu’on
» attendroit que ces nouvelles charges foflent éteintes
par la mort de ceux qui les poffédoient.
Ces charges n’étoient ni éteintes ni moins rem-
bourfables par la mort des timlaires : feulement il
étoit moins onéreux pour l’état ôc plus agréable, pour
les titulaires mêmes., que çes charges biffent rem-
bourfées fucceffivement à la mort de chacun d’eux.
L’abbé Lambert, en rapportant le fameux duel de
Jarnac &. de la Châtaigneraie, dit qu’à cette pcca-
fion Henri II renouvela les édits fi fouvent portés
contre les duels.
Mais la multitude des édits contre 1rs duels eff
poftérieurê à Henri IL Jufques-là le duel avoit été
autorifé , revêtu de formes judiciaires , &. fouvent
honoré de la préfence du prince.
L’abbé Lambert en rapportant les crimes & la mort
funefte de Pierre-Louis Farnefe , duc de Parme &.
de Plaifance , & -fils du pape Paul III, dit que le
comte d’Anguifciola, feigneur Plaifantin , réfolut de
délivrer Plaifance de ce1 monflre qui l’opprimoit, &
« ce qu’il y a d’étonnant, ajoute-t-il, c’eff que par
». fà prudence &. fon courage , il vint feül à bout de
» toutes les difficultés que les^ entreprîtes de cette nature
f) entraînent avec ejes»
Cependant quelques lignes après l il lui affocie
d’autres conjurés, non moins ardents que lui, &. qui
n’eurent pas moins de part a la révolution de Plaifance
; Camille & Jérôme Palavicini , ^ Augufbn
Lando , comte de Campiano, Jean-Louis Confa-
lonieri, & Alexandre Picolomini ; on voit meme que
Ferdinand de Gonzague , gouverneur du Milanès,
pour l’empereur Charles-Quiiit, fomenta & féconda
cette conjuration : aufli le pape ne balança-:-!i pas à
l’en déclarer l’auteur, compertutn habemux Ferdïruznaum
ejfe autorem. L’abbé Lambert lai-même s’attache à
détruire les efforts des apologiftes de Charles-Qumï,
pour diflper les foupçons que là conduite de Gonzague,
dans cette affaire, fit naître contre l’empereur':
il ne devoit donc pas donner au feu! comte d’Anguifciola
, toute la gloire ou toute la honte d’un ouvrage
qu’il partagea avec des coopérateurs fi puiffants.
Sur 1 alliance du fuLan, Sci-man avec la France &
fur l'utilité- dont cette alliance fut à la France par la
diverfion que firent les flottes Ottomanes , 1 abbe
Lambert tombe encore dans la contradiction. A la fin
du premier livre , il s’exprime ainfi : « D’Aramon ,
n ambaffadeur du roi à la Porte, agiffoit vivement
» auprès de Soliman, pour l’engager à rompre la trêve
» récemment conclue avec l’empereur & Ferdinand
» fon frère , roi des Romains »,
Dans le livre fuivaut , ii s’indigne de la noire calomnie
des Impériaux , qui publièrent que Soliman
n’avoit repris les armes contr’eux, qu’à la fbilickation de
d’Aramon ; il tâche de prouver que Soliman eut d’autres
motifs pour rentrer en guerre avec l’empereur : en
effet, quand on cède aux follicitations en pareil cas, on y
I cède toujours d’après des motifs d’intéiet perfonnel, èc
| c’eff for ces motifs que les follicitations font fondées; une
puifFance ne dira jamais à une autre : faiteAa guerre ,
I parce qu elle me fera utile ; on lui dit : f af cs guerre ,
} parce quelle vous fera utile, & on tache de le lui
| prouver. Ainfi, d’après l’aveu de l’auteur , tel qu’on
le trouve dans le premier livre , on pouvoit fans calomnie
, imputer aux follicitations de d’Ai amon 3 les
hoftilités des Turcs : on fait au refte , combien Soliman
sTionoroit de l’alliance des François ; dans le traité
de trêve qu’il avoit fait avec les Impériaux, tandis
qu’il n’appelloit l’empereur Chai'Ls-Quint que le rot
des Efpagnes, il donnoit au roi de France le titre
de férénijjtme empereur des François , fon très-cher ami
6* allié , fe déclarant l'ami de fesjimis , 6» L w nn,nù de
fes ennemis. v
Cette hifloire de Henri IL eff d’ailleurs fans ir.té et 6c
fans flyle. }
Ce n’eft pas tout ; 011 a de l’abbé Lambert une
Hifloire littéraire de Loiâ'i X I F , bonne pour l’autour ,
à qui elle valut une penfion ; une Bibliothèque de
Phyfique, aufli oubliée que tous fes. romans , dont
il feroit- très-fuperflu de rapporter même les titres.
. Mort en 1765.
La perfbnne qui a répandu le- plus d#éclat for le
nom de Lambert, nom différent des précédents 9 eff
la célèbre marquil'e de Lambert ( Àmie-Thérèfe j de
Marguenat de Cour celles ) , l’amie de M, §acy f qui lui