
Milanchton avec toutes fes vertus & toutes {es foi-
fcloffes.
l a fameufe difpepfe accordée au Landgrave de
Hcfle pour époufer une nouvelle femme , fans répudier
la première, éto'.t fignée de Milanchton aiiffi bien
que de Luther 8c de quelques autres ; & MèlanElhon
fut un des témoins fccrets de ce fécond mariage.
A la mort de Luther, Milanchton crut perdre un
ami, & il gagna un rang dans la réforme. ; il en fut
en quelque forte , le patriarche, comme l’avoit été
Luther ; il n’en fut que plus expofé à l’envie 8c aux
perfécù fions dans fon propre parti ; car après la mort
de Luther, tous fes lbldats voulurent être rois ; fes
chefs fe multiplièrent 8c fe divisèrent. Milancthon
étoit trop doux pour pouvoir contenir tant d’ardents
difputeurs ; s’il n’avoit pas la violence de Luther ,
il n’en avoit pas non plus l’énergie j incapable d’être
perfécuteur, il fut perfécuté. IUyric-, fon difciple,
voulut être fon maître ; il fit condamner dans deux
fynodes , quelques propofuions de Milanchton, , qui ne
s’éloignoient pas allez de la foi de legliferomaine ; le
ménagement qu’on eut pour cet homme célèbre, fut
de ne le pas condamner fous fon nom, mais fous la
dénomination inuirieufe de quelques papifles ou fcko-
fajliques. Ofiandre i’outrageoit du fond de la Prude ;
David Chytré, .plus zélé qu’eux tous , ne prçpofoit
pas moins que de fe défaire de Milanchton , à caufè
d e fon dangereux amour pour la paix. Milanchton réduit
au filênce & aux larmes , difoit : je ne veux plus
(iifputer contre des gens fi.cruels. Il mourut ( en 1560. )
incertain , comme il avoit vécu ; on a dit de lui qu’il
àvoit paffe la vie entière à ch rcher fa religion fans
avoir pu la trouver. On prétend qu’il changea quatorze
fois de fentiment for le péché originel & fur
la prédeftination. Il fe confoîa dç mourir, parce qu’il
allait, difoit-il , être délivré 4e deux grands maux,
du péché 8c de la rage fhéologique. Camérarius a
écrit fa vie. ( Voye^ l’article C amérarïus. )
MÉLANIE, ( Hifi. Eccléf. ) C’eft'le aom de deux
vieilles dames romaines, aÿeule 8c petite-fille, mifes au
rang des faintes ; elles fe ccnfacf èrent au fervice des Catholiques
perfécutés par les Ariens, vifitètent les faints
lieui? ÔC' bâtirent des monaftères. L’une vivoit fous la
ci.réélira “R'*£n, prêtre d’Aquiîée , ( voye£ Rufin )
l’autre ayant pafic en Afrique , eut des relations avec
faint Augultin. Toutes deux moururent à Jérufalem,
j'ayeule én 410 , la peîiterfille en 434.
MÉLANIPPIDES. ( Hifi. lut. anc. j Cefi le nom
de deux poètes grecs , aveul & petit-fiis J dopt l’un
yivoit plus de cinq fiècles , l’autre environ quatre
fiècles 8c demi avant J. C. On a des fragments de
Jeurs ouvrages dans le Corpus poetarum gratcorum,
MELCHIOR-CANUS, ( Voye^ C ânus ) .
MELCHISEDECH , ( Hiß. fixer. ) Roi de Salem
gc prêtre du Dieu très-haut. C ’el} àinfi qu’il ell qualifié
dans la genèfe , chap. 14 , & c’eft à-peu-près
tout ce que l’écriture nous eh apprend ; les fçavants
pe s’en font pas contentés ; ils fe font partagés en
d$çrenïes opinions fffrçe qui çor.çera^làlelcliifedech^
les uns en ont fait un payen , les autres un ange :
il y a eu même des hérétiques nommés Mclchijede-
ciens. Ce que les favants fçavent le moins , c’eft ce
que l’écriture appelle fapere ad fobrïetatem»
MELCHTAL ( Arnold de.) Hifi. mod. ) Un des
principaux auteurs de la liberté helvétique , un des
coopérateurs de Guillaume Tell , voye^ T ell.
MÉLÉAGRE (Hifi. litt, mod.) Poète grec, auteur
du recueil d’épigrammes grecques connu fous le nciç
à'Anthologie , ÔCoii il y a des épigrammes de quarante
fix poètes différents. On en a fouvent changé la dif-
pofition. G’eft le moine grec Planudes, qui, en 1380
l’a mis dans l’état ou nous l’avons aéluellement. Mé-
léagre étoit Syrien, & vivoit fous le règne de Séleucus
V l roi de Syrie , environ un fiècle avant J. C.
MELECHER, f. m, (Hifi. anc. ) idole que les Juifs
adorèrent. Me le cher fut, félon les uns, le foleil ;la lune ,
félon d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’eft que les
femmes lui offroient un gâteau figné d’une étoile, &
que les Grecs faifoient à la lune l’offrande d’un pain fur
lequel la figure de cette planète étoit imprimée.
MELIN. ( Voye^ ) S. Gelais.
MELIKTU-ZlZIAR, o u FRINCE DES MARCHANDS
, f. m. ( H ifi. mod. & Comm. ) On nothme
ainfi en Perle celui qui a i’infpeélion générale fur lé
commerce de tout le royaume , & particulièrement fur
celui d’ifpaham. Cfeft line efpece de prévôt des marchands
\ mais dont la jurifdi&ion eft beaucoup plus
étendue que parmi nous.
C’eft cet officier qui décide & qui juge de tous lés
différends qui arrivent entre marchands, il a auffi inf-
peélion fur les tifferands & les tailleurs de la cour fous
le nazir, auffi bien que le foin de fournir toutes les cho-
fes dont 011 a befoin au fèrrail : enfin il a la direélion de
tous les courtiers £c çompiflionnaires qui font chargés
des marchandifes du roi, & qui en font négoce dans les
pays étrangers. DiEüonji. de Comm. ( G ).
MELITON (H!f i Ecclif.) (Saint) évêque de Sardes
en Lydie , au fécond fiècle de l’égHfe, auteur d’une
apologie pour les Chritiens qu’il préfenta en 171 à
l’Empereur Marc-Aurèle , 8c dont Eufèbe £ç les
autres écrivains eccléfiaftiques font l’éloge. Tertullien
& S, Jérôme parlent auffi avec éloge de St. Meliton,
Il ne refte de lès oeuvres que quelques fragments
dans la bibliothèque despgres.
MELITUS. (Hifi. anc.) Orateur 8c poète grec ,
peu connu à ce double titre , mais diffamé à jamais
pour avoir été avèc Anitus un des ennemis 8c des
accufateurs de Socrate. Les, Athéniens, dans leur rè i
pentir , condamnèrent Mélitus à la mort , comme
leur ayant arraché un jugement iniqu$ contre le plus
fage des grecs. Socrate oc Mélitus yivoient environ
quatre fièdes avant J. C*
MELLO, ( Hifi. de Fr. ) Ancienne famille d«
Picardie, defeend dç Dreux î du nom, feigneur de
Mellq 9 nojnpaée par corruption t&crlou ? en Beauvoifis
W f
entre Creil & Beaumont fur-Oife ; Dreux étoit frère
de Martin de Mello , chanoine de l’églife. de Paris,
qui fonda ,Jfah 1103 , le Chapitre de Mello.
Raoul de Mello, fils de Dreux II 8c petit-fils de
Drcujc I , l’un des plus vaillants capitaines de. fon
temps, fut tué à Tripoli en- 1151.
Dreux IV fut Connétable de France, fous Philippe-
Augufte, entre Raoul comte de Clermont 8c Matthieu
de Monunorenci. Il fuivit Philippe - Augufte à la
Terre-Sainte -, & y acquit beaucoup de gloire. Il
mo,urut le 3 Mais 12.18.
Guillaume I fils, de Dreux IV , fut fait prifonnier
dans un combat entre Phiiipp.-Augufte 8c Richard -
Coeur-de-lion , l’an 1198.
Dreux de Mello fon ' frère accompagna St. Louis
à la cinquième croifade 8c mourut dans l’illë de Chypre
en 1248 ainfi que Guillaume II fon neveu , - fils de
Guillaume ï. Un autre Dreux , frère de Guifai m ;
I I , accompagna auffi St. Louis à cette même croifade
Un Dreux de Mello de la branche de St. Parile',
mourut en 1396 dans l’expédition de Hongrie contre
Bajazet , ou fe livra' la bataille de Nicopolis. -
MELON,( Jean-François) { Hift.Utt.mpd. ) auteur
de l’EJfai politique fur le commerce, réfuté à quelques
égards par M. du Tôt dans fes réflexions fur le commerce :
6* les finances ; ce font ces deux ouvrages qui ont
commencé à rendre familières au commun des lec-'
leurs les idées de politique-, de commerce 8c de
finances , 8c qui nous ont guéris de la manié des
myftères politiques. M. le Régent faifoit un grand
cas des lumières de M. Melon. On a encore"çie lui
l’ouvrage intitulé : Mahmoud le Gafnevide, Hiftoire
allégorique de la régence de ce même prince, 8c des
differtations pour Tacadémie de Bordeaux que M.
Melon avoit engagé le duc de la Force à fonder ;
mort à Paris en 1738.
MELOT, ( Jean-Baptifte ) ( Hifi lïtt. mod. ) né
à Dijon en 1697 , reçu à Paris dans l’Académie des *
inscriptions 6c belles-lettres en 1738 , fut nommé en
1741 Garde des manuferrts de là Bibliothèque du roi,
8c travàillaau catalogue de ces rh.anufcrits avec beaucoup
d’ardeur. 11 travailla auffi pendant quelques années à
un glôflaire néceflaire pour l’intelligence de l’éditicn
du'Joinville, faite d’après un manulctit de 1309, le
plus ancien qu’on- connoifïe , '& auquel on a joint la
■ vie du même.St,. Louis , par Guillaume de Nangis , 8c
un livre des miracles du même St. Louis, décrits par
le confeffeur de la reine Ma.'gueritc-de-Provence , fa
femme. Gette édition à laquelle M. Melot avoit travaillé
• de concert avec M. l’abbé Sallier , a été donnée' en
1761 par*M. Cspperonnier , foeceffeur de M. Melot
dans l’emploi de gardé des manufçrits de la bibliothèque
du roi.
M, Melot n’étoit pas uniquement propre à donner,
des gloffaires séditions. Ç ’étoit d’ailleurs un homme
(ff Tprit, à en juger par la devife heureufe qu’il pro-
pofa pour la médaille dramatique promife par le roi
^ax auteurs qui atiroient eu trois faccès bien reconnus
édàng la carrière foit tragique ,éfoit comique. La mufe
, Hiftoire. Tom^.111,
du théâtre développe un rouleau fur lequel on lit les
noms de Corneille 8c de Racine, 8c celui de Molière ,
8cle mot de la devife eft cet hémiftiche de Virgile-;
& qui nafeentur ab illis.-
.M, Melot étoit de plus un homme intérefTantpar
la douceur de fes moeurs 8c par f,es vertus.
MELVILL , " ( Jacques de ) ( Hifi. <£Ecoffe. )
gentilhomme ccoüois, ambaffadeur de la reine Marie
Stuart, auprès d’Elifabeth , reine d’Angleterre. Elifa-
beth , qui, jaloufe de la beauté , de Pefprit 8c des'
grâces de Marie, ne fe laftbit jamais de faire des
queftions fur cette princefTe, dans l’efpérance dé lui
' découvrir des défauts, ou de fe faire accorder quelque .
Supériorité fur elle , demanda une fois fans détour à
Melvill, laquelle étoit la*plus belle de Marie ou d’elle,
Melvill éluda la queftion. Marie eft , dit-il , la plus
belle femme de l’Ecoffe, comme Elifabeth eft la plus
- belle femme de l’Angleterre. La taille étoit lur-tout’
ce qufon vantoit dans Marie ; ce fut auffi ce qu’attaqua
Elii'abeth : du moins , dit-elle , Marie n’eft pas fit
grande que moi. Ici Melvilfr fe crut obligé d’avouer
que Marie étoit, plus grande. Elle l’eft donc trop ,
répliqua aigrement Elifabeth. Melvill fourit, fe tut ,
ôc cr-nfigna ce fait dans fes mémoires.
Melvill étoit venu notifier en Angleterre la naiffance
du prince d’Ecoffe, ( Jacques VI ) fils de Marie Stuart;
il rapporte lui-même dans fes mémoires'ce quïl vit
dans cette occefiôn. Quand il arriva, Ehfàbeth donnoit ..
S un bal , la gaieté biillo t for fon vifage, 8c animoit
toute rafTemblée ; aufli-t t -qu’on eut appris le fujet
de l’arrivée 'de M e l v i l l , une morne trifteflè avoit tout
glacé ; Elifabeth, la tête appuyée for fa main, s’écria
- dquloureufement : la reine d Ecoffe eft mère , 6» moi
je ne fuis qu'un arbre fierile. L’affemblée fe fépara ou fut
congédiée- ; c’etoit l’effet du premier mouvement ; le
lendemain Elifabeth ayant eu le temps de fe compôfer,
donna audience à l’ambailadéur, témoigna la joie la.
plus vive de l’heureufe nouvelle qu’il apportoit, le
remercia de' la diligence qu’il avoit faite pour la
lui apprendre pîuti t ; elle nomma, des ambafladeurs
pour aller tenir en fon nom fur les fonts de baptême
l’enfant de fa chère fzur.
Jacques de Melvill , malgré le zèle qu’il témoigne
quelquefois pour Marie Stuart , étoit penfionnaire
d?Elifabeth , 8c partifan _ fecret de Murray frère
naturel de Marie , & fon ennemi 8c fon perfécuteur
le plus ardent. Melvill doit donc être fufpeél , quand il
parle contre Marie ÔC qu?il fournit des armes contre
elle à fes ennemis for certains points controverfés ; par
exemple , lorfqu’il dit qu’il crut de fon devoir d’avertir:
que la confiance qu’elle témoignoit à..David Riccio ,.
donnoit lieu à des bruits fâcheux ; qu’il étoit effrayé de
, fes familiarités avec cet homme , 8c qu’il craigno#
qu’elles né fufîent mal interprétées par fes ennemis.
Il eft encore très-fufpe£f , lorfqu’i l . dit qu’ayan>
reçu des partifans fecrèts que Marie avoit en Angleterre,
une lettre dans laquelle ils lui repréfentoient le tort
eue xVjarie alloit fe faire par fon mariage ayeç us
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