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acxâhltp de fatyre» ôc d’épigrammes cet homme bon
&c lage qui jamais n’affligea volontairement l’amour-
propre de perfonne.
On fait qu indépendamment dés talens qu’annoncent
lès ouvrages, il en eut deux autres par lefquels .il
fut même célèbre : celui de les lire de la manière la
plus féduifante, & celui de charmer par une conver- .
iation toujours attachante & toujours aimable. Ses
principaux amis furent Mde, la ducheffe du Maine,
Mde. la marquife de Lambert , M. de Fontenelle ,
M. le marquis de Saint-Aulaire, M. de Sacy, M. dé
la Faye, 6cc. Il croyoit n’avoir point d’ennemis parmi
les gens de lettres ; « ce feroit un grand préjugé contre
j> vous, lui dit M. de Fontenelle, mais vous leur
v faites trop d’honneur & vous vous en faites trop
»peu.
w II n’y a jamais eu, dit le même M. de Fonte-
» neîle, qu’une voix à l’égard de fes [moeurs , de fa
*» probité, de là droiture, de fa fidélité dans le com-
» mer ce „ de fpn attachement à fes devoirs; fur tous
*> ces points la louange a été fans reftriûion, peut-être
» parce que ceux qui fe piquent d’efprit, ne les ont
»> pas jugés allez importans 6c n’y ont pas pris beau-
» coup d’intérêt. »
Privé de l’ufage des yeux, il ne fe' feryoit que de
ceux d’un neveu ( M. le Fèvre ) dont les foins conf-
tans & perpétuels pendant vingtrquatre années ? qu’il
a .entièrement confacrées à fon oncle, méritent, dit
encore M. de Fontenelle, ft l’eftime & , en quelque.
?» forte, la reconnoilïance de tous ceux qui aiment
» les lettres, ou qui font fenfibles à l’agréable fpec-
n tacle que donnent des devoirs d’amitié bien remplis»?; \
M. de la Motte mourut le 26 décembre 1731.
Le P. Vanier l’a loué noblement dam çes y ers
fetius ;
frlotuzus, fatls vivens agitatus iniqùis ,
Çonfurgit tumulo radians £? funere major,
Non tulerat livor laudum gejvus omne metentem ;
Ultlma nunc pofi fata filet, palmisque poetam
Ufque novis décorât mors, ultlma meta, tnumphls.
M O T TE , ( de la Motte d’Orléans ) Voy. O r l é a n s .
MOTTEVILLE, Françoife Bertaud, dame de )
( Hifi. mod. ) elle étoit nièpé du .célèbre Bertaud,
évêque de Séez, dont nous avons des poëfies, &
fille d’un gentilhomme ordinaire , elle étoit nés en
Normandie vers l’an 1615. Elle plut à la reine Anne
d’Autriche 6c par confequent elle déplut au cardinal
<de Richçlieu qui la fit difgracier: alors elle fe retira,
ainfi que fa mère, en Normandie, où elle époùfa
Nicolas Langlois, feigneur de Motteville, premier
préfident" de la chambre des comptes de Rouen ; elle
jrefta veuve au bout de deux ans, & la reine Anne
d’Autriche étant auffi devenue veuve 6c de plus régente
du royaume, fe reffouvint de Françoilè Bertaud, &
la rappella auprès d’elle. On çonnpît les Mémoires :
de Mde. de Mttteville pour fervir à l’hiftoire d’Anne
d’Autriche. En général elle réuffiffoit beaucoup à la
)éoür? &. la reine d’Angleterre, yeuve de charies I ,
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l’avoit prife auffi en affecfion ; elle fur vécut à çes deu$
princeûes, la première ( Anne d’Autriche \ morte
en 16.6.6 : la fécondé ( la reine d’Angleterre ) morte
en 1669. Mde. dé Motteville mourut a Paris en 1689.
Elle avoit' toujours été auprès delà reine Anne d’Autriche,
en qualité de dame employée fur l’çtat de
la maifon de la reine, après la dame d’honneur &
la dame d’atours. Un Mémoire hiftorique touchant Mdi
de Motteville, inféré dans le Journal des Savans du
mois de mai. 1724, pages 288 ôc 289, nous apprend
qu’il y avoit alors plufteurs da'mes qui avoient ce titre ,
n ainfi qu’il eftaifé de voir par les états de la France;
?j êc même il y en avoit de fort qualifiées par leur
» naifïànce ou par leurs maris ; dans un état de la
» France de 1648, il y a une lifte de çes damés,
?» A la tête eft Mde. la maréchale de Vitry 6c autres
j> -dames, du nombre defquélles eft Mde. la préfidente
? y de Motteville, Dans un autre état’ de la France
» de 1663 & de 166 5 il y a encore une lifte de
j> ces dames employées fur l’état de la maifon de la
j> reine-mère. A la tête eft Mde. de Brégy, & après
jj elle Mde. la préfidente de Motteville, ôc enfuite
jj plusieurs autres parmi lefquelles eft Mde. la com-
jj teffe de la Suze. jj
Madame de Motteville avoit un frère, François'
Bertaud, fieur de Frçauville, çonfeiller-clerç au parle-,'
ment de Rouen ; elle en pari# dans fes Mémoires. Elle
contribua beaucoup par fes confeiis auprès de la reine
d’Angleterre, à Fétabliflenaent du mbnaftère de Ste
Marie de Chaillot, ôç elfe alioit y faire 4e fréquente?
retraites , foit avec la reine d’Angleterre, foi-t feule ,
depuis la mort de cette reine, Mdc le Vayer, fupé-
rieure de ce couvent, a fait une efpèee dfeloge hiflo-
rique de Mde. de Motteville, inféré dans le Journal
des Savans , à la fuite du Mémoire Hiftorique qui
vient d’être cité, - •
MOUCHAGHE, f. f. ( Hifi. des drog. ) nom vul-1
gaire d’une efpèee d’amidon que l’on fait dans les
Ifles avec du fac de manioc bien defféché au foleil *
où il deyient blanç comme neige, Le fuc récemment
tiré du manioc, a un petit goût aigrelet , ÔC eft un
vrai poifon , qui perd néanmoins toutes fes mauvar-
fes qualités , ou en yieilliffant, ou par le feu ; de
forte que les fauvages, après l’avoir gardé ôc defle-
ché, en mettent fans aucun accident dans les fauffes
qu’ils font bouillir, ÔC dans prefque tous leurs gâ-»
teaux. ( D. J. )
MOUCHI ou. MONCHI, (Antoine de) (.Hifii
L ia . mod. ) ( Voye£ D emocharés, )
MOUFET , (Thomas) (H f i Litt. mod. j médecin
anglois, mort vers l’an i6 p o, connu par fon Theatrunt
InfeÜorum, eftimé des uns, décrié par les autres.
M O U L I N , (du ) Il y a de ce nom plufieurs
perfonnages connus.
i°.Lepius célèbre eftlejurifconfulte Charles Dumoulin,’
On a fes oeuvres en cinq vol. in-fol ; mais ce font fes ob-’
fervatibns fur l’édit du roi henri I I , contre les petites
dates qui ont fait fa grande réputation. G’étoit alors une
audace d’autant plusgrande d’écrire contre les prétentions
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& les abus de la cour de Rome , que c’étoit encourir
le foupçon & fouvent l’accufation d’héréfie ; le livre
de du Moulin força le pape à des ménagemens pour
ta France, dont il s’étoit trop difpenfé depuis quelque
temps : auffi le connétable Anne de Montmorenci, pré-
fentant au roi & l’auteur & l’ouvrage, lui dit : Sire, ce
que Votre MajeJUn a pu faire avec trente millè hommes,
de contraindre le pape à lui demander la paix, ce petit
homme l' a fait avec un petit livre. Mais le parti ultramontain
ne le laiffa pas jouir paifiblement de fon triomphe :
on le peignit comme proteftant, on fouleva contre lui
les zélateurs catholiques, fa maifon futpnlée, il fut obligé
de fe fauver en Allemagne, il fuyoit la perfécution, il
retrouva la perfécution; n’ayant pu cacher aux luthériens
que l’opinion des Calviniftes lui paroilToit plus raifon-
nable que la leur, il fut puni de cette fincérité ; les
Luthériens le retinrent pendant onze mois en prifbn.
Après avoir mené enfuite une vie affez errante, il revint
à Paris, en 1 ^57 , les guerres de religion l’en chaînèrent
en 1562 ; il y rentra en 1564, & y retrouva encore
la perfécution, qui étoit par-tout dans ce temps ; il
fut mis à la conciergerie pour des confùltations au
fujet. du concile de T rente. Il y a bien là de quoi
être mis à la conciergerie! On affiire qu’il mourut
bon catholique en 1566. Il étoit l’oracle de la jurisprudence,
& les jurifeonfultes même l’appellent le
Prince des jurifeonfultes françors. On le confultoit de
toutes les provinces du royaume ; on s’écartoit rarement
de fes réponfes dans les tribunaux tant civils
iju’eçcléfiaftiques: c’étoient véritablement refponfa pru-
dentis. Ses décifjons, dit Teiffier, avoient plus d’autorité
dans le palais que les arrêts du parlement. Du
Moulin avoit cèt orgueil groffier que les favans de fon
temps croyoient fuffifàmment autorifé par l’exemple
de quelques anciens. Il fe vantoit comme eux, il
.s’appelloit lui - même le doEleur de la France & de
V Allemagne, & à la. tête de fes confultations, au lieu
de la formule : le Çonfeil foujfignè, &c. il mettoit cette
phrafe : Moi qui ne cède à perfonne, 6* à qui perfonne
ne peut rien apprendre.. . . C ’étoit bien gratuitement
&L bien ridiculement énoncer une chofe impoffible ,
car il eft bien reconau qu’il n’y a pas d’ignorant de
qui le plus favant homme dû monde ne puiffe apprendre
quelque chofe.
S’il mourut catholique, fa famille fut proteftanté,
& elle périt dans le maffacre de la Sàint-Barthéiemi ;
elle étoit noble & ancienne. Il fe contenta toujours
d’être fimple avocat, &. il avoit railbn. Il ayo.it fait
de cette profeffiori le premier état du monde. On lui
offrit une place de confeiller au parlement, il la
refufa.
2°; Pierre du Moulin, célèbre miniftre proteftant,
étoit auffi- d’une noble & ancienne famille, qui. ayoit
fourni dans le douzième ftècle un grand-maître à J’ortdre
de Saint-Jean de' Jérufalem : Pierre fut miniftre à
Charenton ; ilifut le théologien de -lai ducheffe de
Bar, fcear de Henri I V ; il le fut enfuite du duc de
Bouillon, & mourut miniftre a Sedan en 1658. Il
étoit né en 1^68 au château de Buhny, dans le
Vexin. Ses ouvrages, qu’on ne lit plus, font prçfque
Hijioire. Tome III,
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tous polémiques ôc fatyriques contre l’églife romaine»
auffi bien que ceux de Pierre, de Louis & de Cyrus..
du Moulin, fes fils : le premier mort en 1684, chapelain
du roi Charles 11 6t. chanoine de Cantorberi.
Diftinguons cependant parmi les oeuvres de ce Pierre II,
un ouvrage qui lui fait honneur 6c contre lequel
Milton s’eft déchaîné d’une manière qui ne lui en fait
guères : c’eft une défenfe de la mémoire & des droits
de Charles I , fous ce titre : Clamor regii fanguinis ,
( Voye{ l’article M i l t o n ) Milton attribuoit mal à -
propos cet ouvrage à Alexandre Morus, ( Voyeç
M o r u s .
MOULIN, ( Gabriel du ) ( Hifi. Litt. mod. ) curé
de Maneval, dans le diocèfe de Lifieux , au dix-
fepfième ftècle, auteur d’une Hijioire Générale de
Normandie fous les ducs, & d’une Hiftoire des Conquêtes
des Normands dans les royaumes de Naples 6*.
de Sicile.
MOULINET, ( Voyez T h u i l e r i e s .)
MOULINS, ( Guyàrd des ) ( ( H f i Litt. mod. )
doyen du chapitre d’Aire en Artois, à la fin du XIII*
ftècle, eft connu des favans 6c des curieux par fà
traduâion de l’abrégé de la Bible de Pierre' Comef-
tor, fous le titre de Bible Hïjloriaux. On eonferve
un manufcrit de cette traduction dans la bibl-othèque
de forbonné; elle a été imprimée à Paris en 1490.
Laurent des Moulins, prêtre 6t‘ poëte françois. du
diocèfe de Chartres, au commencement du feizième
ftècle, eft auteur d’un poëme moral, intitulé : Le La-
tholicondes mal-avifés, ou le Cimetière des malheureux,
MOURET , ( Jean- Jofeph ) ( Hifi. mod. ) célébré
mufteien françois, né en 1682 à Avignon., mort en
1738 à Charenton, appartient à l’hiftoire des Arts.
Il mourut fou par une*fuite dé pertes Ô£ de malheurs
qui dérangèrent fa fortune.
MOURGUES, (Matthieu de) (Hifi. de Frf) fieur
de Saint-Germain , ex-jéfuite , prédicateur de Louis XIII,
aumônier de Marie de Médicis fa mère , écrivain
à gages du cardinal de Richelieu, tant que celui-ci
fut uni d’intérêt & d’amititié avec la reine - mère ;
"quand le cardinal fut brouillé avec cette princeffe , il
maltraita. Moiirgy.es., qui,fe retira auprès de la reine ,
6c ne revint en France qu’après la mort du^ cardinal ;
il mourut aux Incurables en 1670 ,|i quatre-vingt-huit
ans. On a de lui la Défenfe de la Reine-Mère , 6c quel*
ques autres écrits polémiques, 6c des Sermons.
On a d’un autre Mourgues, ( Michel ) jéfuite, un
Traité de la Poe fie Françoife \. & dés Elémens de
Géométrie ; \m.Plan Théo logique du Pithagorijme ; un
Parallèle de la Morale CJiréilenne avec celle des anciens
Philçfophes. Mon en 171,3 , à foixante-dix ans,
MOUSSET, ( k z n ï f H f i Lia. mpd.) Le refpea
pour les anciens a quelquefois, éfe pouffé jufqu’à l’imitation
la plus ridicule 6c la plus^exctffive ; on a penfé
’que les vers grecs 6c, latins ayant été mefurés par des
fpondées, des daâyles ÔC des trochées, c’étoit honorer
la poëfte françoife que de l’affervir à ces mêmes sne-
fures cette folie a donné. naiffance. à qudques odes
M n & Sl