
Meus il efi aife de juAifier ee doQeur ; car on lit ç?s
paroles dans la çonfefiion de foi qu’il a dreliée : f i le
monde efi crée , il y a un créateur ; car perfonne ne
peut fie créer foi. - meme : il y a donc un Dieu. Il
ajoute , que Dieii fieul efi éternel6» que toutes chofics
ont eu un commencement, Enfin , il déclare ailleurs,
que la création efi un des fondements de la foi, for
lesquels on ne doit le laiù’er ébranler que par une’démonstration
qu’on ne trouvera jamais,
3°. Ï1 efi vrai que ce doéleùr rationne quelquefois
foiblement fur cette matière. S’il combat l’opinion
d’Arifiote , qui foutenoit aulli l’éternité du monde,
la génération & la corruption dans le ciel, il trouve
la méthode de Platon allez commode, parce qu’elle
ne renverfe pas les miracles, qu’on peut l'àcçoixi-
moder avec TEcriture; enfin, elle lui paroifiToit appuyée
fur de bonnçs raifons, quoiqu’elles ne giflent pas
démonAratives. Il ajoutoit <^u’i| feroit auili facile à
ceux qui fontenoient l’éternité du monde, d’expliquer
tous lés endroits de l’Ecriture où jl eA parlé de la
création, que de donner un jjon lènsà ceux ©h cette
même Ecriture donne des bras & des mains à Dieu. U
iernble auj]i quM ne fe foit déterminé que par intérêt
du-côté de la création préférablemênt à l’éternité du
monde , parce que A le monde ©toit éternel, & que
les hpmiTîes fe Aillent créés indépendamment de Dieu
la giorieufe préférence que la nation Juive a eue
for toutes les autres nations , deviendrait chimérique.
Mais de quelque manière que Maïmonides ait railonné,
un ’efleur équitable ne peut l^cçufer d’avoir cru l’éternité
du'monde, foùijù’if l’a rejettée formellement, &
qu’il. a lait l’apologie cLeSalomon , que les hérétiques
çitoieut comme uri-de leurs témoins.
Mais fi les doékurs font 01 dinairement orthodoxes
for l’article de la création, il faut avouer qu’ils
s’écartent prefque auffi-tôt de Moïfe. On toj'érpit dans
la fynagcgue 1rs théologiens qui foutenoient qu’il y
avo’.t un monde avant celui que nous habitons , parce
que Mode a commencé !hi|loire de la Genèfo, par un
B , qu: marque deux. A étoit indifférent | ce légiflateur
de commencer fon livre par une autre lettre ; mais il a
renverfé la conAruéfion, & commencé fon ouvrage
par un B | afin d’apprendre aux initiés que c étoit îçi
le fécond monde , & que le premier avoit fini dans le
iÿficme millénaire, félon l’ordre que Dieu a établi dans
Jes révolutions qui fe feront.
C ’eff encore un Antirnent allez commun chez les
Juifs que le ciel & les affres font animés. Çette croyance
eA mçrpe très-ancienne chez eux ; car Philon l’avoit
empruntée de Platon, dont il faifoit là principale étude.
P difoit nettement que les aAres étaient despréaturesin?
telligentes qui n’avpient jamais fait de mal, & qui étoient
incapables d’en faire. Il ajoutoit qu’ils ont un mouvement
circulaire, parce que c’eA le plus parfait, & celui quicon*
rient le mieux aux âmes & aux fubffances intelligentes.
Sentiment Jet Juifs fur les, anges 6> fur les démons 9fiur
Fame & fur le premier homme, i . Les nommes le plaifent
à raifonner beaucoup for ce qu’ils connoilTent le moins.
On connoît peu la nature de l’ame ; on çonnoît encore I
moins celle des anges : on ne peut favoir que par la
révélation leur exifience. Les écrivains facrés que Dîeûf
conduifoit, ont été timides & fobres for cette matière.
Que de raifons pour inapofer Alence à l’homme , &
donner des bornés à fa témérité ! Cependant il y a peu
de fojets for lefquels on ait autant raifonné que for les
anges ; le peuple curieux confulte lès doéburs : ces
derniers ne veulent pas Iaifler Ibupçonner qu’ils ignorent
ce qui le pâlie dans le ciel, ni fe borner aux lumières que
Moïfe a laillées. Ce ferojt le dégrader du doéforat que
d’ignorer quelque chofe, &. fe remettre au rang du
Ample peuple qiii peut lire Moïfe, & qui n’interroge '
les théologiens que for ce que l’Ecriture ne ditpas. Avouer
fon ignorance dans une matière obfcure, ce feroit un.
aâe de modeffie , qui n’eff pas permis à ceux qui fe
mêlent d’enfeigner. On ne pénfe pas qu’on s’égare volontairement
, puilqu’on veut donner aux anges des
attributs & des perfeéltons fans jes çonnoître , '& fans
ço'nfolter Dieu qui les a' formés.
Confine Moïfe ne s'explique point for le temps auquel
les anges furent créés, on fopplée à fon Alence
par des çonjeéfores, Qqelques-runs croient que Dieu
forma les anges le feGÔnd jour de la création. Il y a
des do&eurs qui affûtent qu’ayant été appelles au
çonfeil de Dieu for laprodu&ion de l’homme , ils lé
partagèrent en opinions différentes. L’une approüvoit
fa création, & l’atitre la rejettoit, parce qu’il pré-
voyoit qivAdatn pécherait par complaifance pour
là' femme ’r mais Dieu fit taire ces anges ennemis*
de l’homme , & le créa avant qu’ils s’en Aillent
apperçus : ce qui rendit leurs murmures inutiles ; & i l .
les avertit qu’ils pécheraient au (A en devenant amoureux
des filles des hommes'. Les autres foutiennent
que Jes anges ne forent créés que le cinquième jour.
Un troifiéme parti veut que Dieu les produife tous
les jours, & qu’ils Portent d’un fleuve qu’on appelle
Dinor ; enfin quelques-uns donnent aux anges lé pouvoir
de s’entre-créer les uns les autres, & c’eA alnfî
que l’ange Gabriel a été créé pàr Michel qui eA au*
deffus de lui.„
z . Il rte faut pas faire une héréfie aux Juifs de ce
qu’ils enfeignent Air la nature des anges. Les doéfenrs
éclaires reccnnoiffent que ce font dès fubffances pur
rement fpirituelles ? entièrement dégagées de la matière
; St ils admettent une figure dans tous les paffages
de l’Ecriture qui les repréientent fous des idées corporelles
, parce que' les anges revêtent fouvent la
figure du feu, d’un homme où dune femmei
Il y a pourtant quelques rabbins plus groffiers,
lefquels ne pouvant digérer ce que dit des anges l’Ecriture
, qui les repréîénte fous la figure d’un boeuf,
d’un chariot de fefo ou avec des ailes , enfeignent
qu’il y a un fécond ordre d’anges , qu’on appelle les
anges du minifière /lefquels ont des corps fobtîls comme
le feu. Us font .plus , ils s croient qu’il y a> différence
de fexe entre les anges, dont les uns donnent & les
autres reçoivènt.
Philon ju if, avoit commencé à donner trop aux
anges, en les regardant comme tes colonnes for left
quelles cet univers eff appuyé. On l’a fuivi, & on a
cm non-féulement que chaque nation avoit fon ange
particulier, qui s’intéreffoit fortement pour elle, maïs ~
qu’il y en avoit qui préfidoient à chaque chofe. Aza-
ri.l préfide for l’eau ; Gazardia , for l’Orient , afin
d’avoir foin que le foleil fe lève ; & Nékid, for le
pain & les aliments. Us ont des anges qui préfident
for chaque planète , for chaque mois dè 1 année &
for les heures du jour. Les Juifs croient aulli que
chaque homme a deux anges j l'un , bon, qui le garde ;
l’autre, mauvais, qui examine les-aidions. Si,le jour du
fabbat, au retour de la fynagcgue, les deux anges
trouvent le lit fait* là table dreiTée, les chandelles
allumées, le bon ange s’en réjouit, & d-t : Dieu
veuille qu’au prochain labbat, les choies foient en au Ai
bon ordre ! & le mauvais .ange eA obligé de répondre
amen. S'il y a du défor dre durs la maifon, le mauvais
ange à fon tour, fouhaite que la .mêmechofe arrive
au prochain fabbat, St le bon ange répond amen.
La théologie des Juifs ne s’arrête pas là. Maïmo-
ntdes , qui avoit fort étudié AriAote, foutenoit que ce
philofbphe n’avoit rien dit qui fut contraire à la Iol,
excepte qu’il croyoit que les intelligences étoient éternelles
, & que Dieu ne les avoit point produites. En
foiyant les principes des anciens philofophes, il difoit
qu’il y a une fphèrer fupérieure à toutes les autres qui
leur'communique le mouvement. Il remarque que
pîufieurs doéleurs de fa nation croyoient avec Py-
thagore, que les deux & les étoiles foimoient en fe*
mouvant, un fon harmonieux, qu’on ne pouyoit entendre
à càufe de leloignement 5 mais quon ne pou-
voit pas en douter , puifque nos corps rie peuvent
fe mouvoir fans faire du "bruit , quoiqu’ils foient beau-
ccup plus petits que les orbes céleAes. Il paraît re-
jétter cette opinion ; je ne fois'même s’il n a pas tort
de l'attribuer-aux'doéteurs i en effet, les rabbins difent-
qu’il y a trois chofes dont le fon paffe d’un bout du
monde à l’autre ; la voix du peuple romain , celle de
la fpnere du foleil, & de lame qui quitte le monde.
Quoi qu’il en foit, Maïmonides dit non - feulement
que toutes ces fphères font mues St gouvernées par des
anges 5 mais il prétend què ce font véritablement
des anges. U leur donne la Connèiffance & la volonté-
par laquelle ils exercent leurs opérations il remarque
qiie le titre Si ange & de meffager Agnifîe la même
Cnofe. On peur donc dire que les intelligences , les
fphères., & les éléments qui exécutent la volonté de
Dieu, font des anges , c i doivent porter ce nom,
4. On donne trois origines différentes aux démons,
Pri foutient quelquefois que Dieu les a créés lé
même jour qu’il créa.les enfers pour leur fervir de
domicile. Il les forma fpirituels, parce qu’il n’eut pas
le loiAr de leur donner des corps, La fête du fabbat
commençât au moment de leur création, & Dieu
•L °^f^ d’interrompre fon ouvrage , afin de ne pas
vide_r le .repos de la fête. Les autres difent qu’Adam
jyant été long-temps fans çonnoître fa femme , l’ancre
Samaël touche de fa beauté, s'unit avec elle | & conçut
& enfanta les démons. Us foutienrient auflî qu’Adam,
dont ils font une efpece de fcélérat, fut le père des
jeipnts malins*. ^
On compte ailleurs , car il y * là-deffus une grande
diverfitê d’opinions , quatre mères des diables : dont
l’une eft Nahama, Coeur dé Tubalin, belle comme les
anges, auxquels elle s’abandonna ; elle vit encore &
■ elle entre fubtilement dans le lit des hommes endormis,
& les oblige de fe fouiller avec elle; l’antre eft Liîith,
dont l’hiftoire eft fameui'e chez les Juifs. Enfin il y a
des dofleurs qui croyent que les anges créés dans un
>tat d’innocence, en font déchus par ploufie pour
-1 homme, & par leur révolte contre Dieu : ce qui
s’accorde mieux avec le récit de Moïfe,
. 5- Les Juifs' croient que les démons ont été créés
mâles âc femelles, & que de leur coiijonaion il en a
pu naître d’autres. Ils difent encore que les âmes des
damnés fe changent pour, quelque temps en démons,
pour aller tourmenter les hommes , vifiter leur tom-
beau voir les vers qui rongent leurs cadavres , ce qui
les afflige, & enfuite s’en.retournent aux enfers.
Ces démons ont trois avantages qui leur font communs
avec les anges, lis ont des ailes comme eux ; ils
volent comme eux d’un bout du monde à l'autre ;
= enpn ils forcent l’avenir. Ils ont trois imperfeélions
qui leur font communes avec les hommes ; car ils font
obligés de manger & de boire; ils engendrent &
multiplient, S t enfin ils meurent Gomme nous,
6. Dieu s'entretenant avec les anges vit naître une
dilpute entr’eüx à caufe de /homme. La jaloufie les
avoit faifis ; ils foutinrent à Dieu que l’homme n’éîoit
que vanité , & qu’il avoit tort de lui donner un fi
grand empire. Dieu foutint 1 excellence de fort ouvrage
par deux raifons ; l'une que l’homme le loueroit fur la
terre, comme les anges le louoient dans le ciel. Secondement
il demanda a ces anges fi fiers , s’ils fçavoient
les noms de- toutes les créatures; ils avouèrent leur
ignorance, qui fut d autant plus honteufe, qu’Adata
ayant paru ajiffi-tét, ils les récita fans y manquer,.
Schamaèl qui étoit le chef de cette afllmHée célefte ,
perdit patience; Il defoendt fur la terre, & ayant
remarqué quele ferper.t étoit le pfus fubtil de tous les
animaux , il s'en fervit pour fédmre Eve,
C eft ainfi que les Juifs rapportent la chuté des' anges;
& de leur récit il refaite qu il y avoit un chef des anges
avant leur apoftafie, & que Ce chef s’appelfoit Schumael.
En cela ils ne s'éloignent pas beaucoup des chrétiens;
car une partie des faims pères ont regardé le d:abie
avant fo chute comme le prince de tous les anges.
7. Moite dit que les fils de Dieu voyant que les
11 S étoient betl.s, fe fouillèrent avec
.elles. Philon U ju if a fubft tué les anges, aux jfA Æ Dieu;
oc il remarque que Moïfe a donné le titre danses à
ceux que les philofophes appellent génies. Enoch a
rapporte non-feulement la chute des anges avec les
femmes, mais il en développe toutes les circonitances -
il nomme les vingt anges, qui firent complot de fe
marier; ils prirent des femmes l’aii 1170. du monde,
Sqde ce mariage naquirent les géants. Ces démons enfei-
gnerent enfuite aux hommes les Arts & les. Sciences,
Azael apprit aux garçons à faire des a rme s& aux
filles a fe farder ; Semireas leur apprit la colère & fa
violence ; Pharmarus fut le doôqus de la marie ; ces
leçopj reçues avec avidité des hommes & des femmes,