
romain parle feulement du pouvoir dté aux pères
de rompre le mariage de leurs enfans encore fous
leur puiffance , lors même qu’ils y avoient donné
leur confentement. On peut voir là-dt/Tus les notes
de M. Schulung, page 500 de fa Jurifprudentia ante-
Jufiiràanea. Pour ce qui eft de Yuxor injufla dont il eft
parlé dans la loi 13. §. 1. dig. ad leg. Julia i de
adulter. Cujas lui - même femble s’être retraélé dans
un autre endroit de fes obfervations , oh il conjecture
qu’il s’agit dans cette lo i , d’une femme qui n’a
pas été époufée avec les formalités ordinaires , quce
non folemniter accepta eft , aquâ & igné obfervat.
lib. V l. cap. xv j. : car chez les anciens Romains,
quand on avoit omis ces formalités , qui confiftoient
dans ce que l’on appelloit confarreatio & coemptio,
une fille, quoiqu’elle eût été menée dans la maifon de
celui qui en vouloit faire fa femme , n’étoit pourtant
pas cenfée pleinement & légitimement mariée ; elle
n’étoit pas encore entrée dans la famille, & fous la
puiffance du mari, ce qui s’appelloit in manum vïri
convenire : elle 11’avoit pas droit de fuccéder à fes
biens , ou entièrement, ou par portion egale avec les
enfans procréés d eux : il falloit , pour fuppléer à ce
défaut de formalités requifes , qu’elle eût été un an
complet avec fon mari , fans avoir découché trois
nuits entières , félon la loi des X I I . tables , qu’Aulu-
Gelle , Noâl. Attic. lib. 111. cap. ij. & Macrob.
Satumal. lib. I. ch. xiij. nous ont conlèrvée. Juf-
ques-là donc cette femme étoit appellée uxor injufla ,
Comme le préfident BrilTon l’explique dans fon Traité,
ad leg. jul. de adulteriis ; c’eft-à-dire, qu’elle étoit
bien regardée comme véritablement femme , &
nullement comme fimple concubine ; en forte cependant
qu’il manquoit quelque chofe^à cette union pour
qu’elle eût tous les droits d’un mariage légitime. Mais
tou t mai i âge contrarié fans le confentement du père,
ou de celui fous la puifiar.ee de qui le père étoit lui-
même , avoit un vice qui le rendoit abfolument nul
& illégitime, de même que les mariages inceftueux ,
ou le mariage d’un tuteur avec fa pupille, ou celui
d’un gouverneur de province avec une provinciale
, &c. (£ > ,/ ,)
MARIAMNE , ( Hiß. des Juifs. ) « Un roi a qui
» la terre a donne le nom de Grand ( Hérode )
” éperdument amoureux de la plus belle femme de
» l’univers ( Mariamne ) ; la paffion fùrieufe de ce roi,
9) fi fameux par fes vertus & par fes crimes, fes
9} cruautés pafiees , fes remords préfents ; ce paflage
” fi continuel & fi rapide de l’amour à la haine & de
v la haine à l’amour : l’ambition de fajeeur, (Salomé )
» les intrigues de fes miniflres, la fituation cruelle
» d’une princelfe dont la vertu & la beauté font
» célèbres encore dans le monde ; qui avoit vu fon
v père (fon ayeul) Hyrcan ,& fon frère (Ariftobule) ,
» livrés à la mort par fon mari, & qui, pour comble
j? de douleur, fe voyoit aimée du meurtries de la
» famille ». Voilà ce que Jofephe a peint avec tout
l ’intérêt que comporte Phiftoiré, & M. de Voltaire,
avec tout l’intérêt que comporte la tragédie. Hérode
<ans un moment de jaloufie & de colère, fit périr I
Mariamne, comme il fit périr dans la fuite lès deux
fils qu’il avoit eus d’elle , Alexandre & Ariftobule.
Le défefpoir où le jetta la mort de cette femme
adorée , lui donna une maladie dont il penfa mourir,
& lui làiffa des moments d’égarement , dans lelquels
il crdonnoit à fes domeftiques d’aller chercher la
reine , la croyant toujours vivante, & né pouvant
recevoir de confolation que d’elle. Ainfi ce trait que
M. de Voltaire a confervé, ce trait qui feroit une
"invention tragique jufqu’au fublime , fi le poète
l’avoit imagine , n’eft en effet qu’une vérité hiftorique,
& n’a dans la pièce que le mérite de l’expreffion &
de la fidelité. Hérode, à qui Nabal vient de faire le
récit de la mort de Mariamne, ordoanée par Hérode
lui-même, entre dans le délire, fe- plaint de ne voir
ni là foeur ni fa femme , & de n’appercevoir que
des yeux baignés de larmes .qui fe détournent de lui ;
Qu’ai-je donc fait ? pourqu oi fuis-je en horreur au mondeî,
Qui me délivrera de ma douleur profonde ?
Par qui ce long tourment fera-t-il adouci?
Qu’on cherche Mariamne , &. qu’on l’amene ici.
N a b A L.
Mariamne, feigneur ?
H é r o d e .
Oui, je fens qné fa vue
Va rendre un calme heureux à mon ame éperdue"
Toujours devant fés yeux que j’aime & que je crains \
Mon coeur eft moins troublé, mes jours font plus forains*
Déjà même à fon nom mes douleurs s’affoiblifl'ent,
Déjà de mon çhagrixües ombres s’éclairciffent «
Qu’elle vienne.
' . Na b a l ,
Seigneur.
H é r o d e .
Je veux la voir*
N a b a l .
Hélas I
Avez-vous pu , feigneur / oublier fon trçpas ?
Mariamne mourut vingt-huit ans avant l’ere Chrétienne.1
Hérode époufa une autre Mariamne , fille de Simon ,
grand facrificateur des J«iis „ il le contenta d’exiler
celle-ci, qui fut accufée de confpiration contre lui.
MARLANA , ( Jean) ( Hiß. Litt, mod, ) jélùite
elpagnol, qu’un de fes ouvrages a rendu fameux, & un
autre famofus ; le premier eft fon hiftoire d’Efpagne ;
il la compofa en latin, & la traduifit en elpagnol ;
le père Gharenton fon confrère l’a traduite en fran-
çois. L’original ne va que jufqu’en 1506, mais des
continuations l’étendent jufqu’en 1678. Le fécond
ouvrage eft le Traité de Rege 6» Regis inflitutione ; il
enfeigne le régicide ; le crime de Jacques Clément y
eft loué"; l’ouvrage a été çenfuré par la Sorbonne , &
condamné au feu par le parlement de Paris. Quelques-
uns ont ditlàns fondement1 que ce livre avoit dçter-§
miné Ravaillac à fon attentat, parce qu’il étoit propre à produire cet effet. Les autres ouvrages de Mariana
font moins connus, foit en bien , foit en mal. Son
Traité de Ponderibus 6* Menfuris , le fit mettre en
prifon, parce qu’il blâmoit avec raifon, les changements
qui fe failoient en Elpagne dans les monnoies. Il
avoit compofé en elpagnol un ouvrage , où il
relevoit les défauts qu’il croyoit voir dans le gouvernement
de fa fociété. Il ne fe propofoit point de
publier cet ouvrage , qui pouvoit lui faire des ennemis
parmi fes confrères ; mais un francifcain lui enleva
fon manuferit dans fa prifon, & aucun ouvrage de
Mariana ne fut tant de fois imprimé ; il l’a été en
efpagnol, en latin, eh italien , en françois. Mort à
Tolede en 1623 , âgé de 87 ans.
MARI ANUS SCOTUS, {Hiß. Litt, mod.) moine
écoffois, retiré en 1059, à l’abbaye de Fulde , mort
à Mayence en 1086,'parèïit du vénérable Bède, auteur
d’une chronique qui. va depuis la naiffance de
J. C. julqu’à l’an 1083 , & q u i a été continuée jufqu’en
1200 , par un abbé nomme Dodechin.
MARIE , amertume de la mer, ( Hiß. Sacrée) foeur
de Moyfe &. d’Aaron, fille d’Amram & de Jocabed,
naquit vers l’an du monde 2424, environ douze ou
quinze ans avant fon frère Moyfe. Torique celui-ci,
qui venoit de naître , fut expolé fur le bord du N il,
Marie, qui s’y trouva, s’offrit à la fille de Pharaon
pour- aller chercher une nourrice à cet enfant. La
princelfe ayant agréé fes offres , Marie courut chercher
fa mère , à qui l’on donna ce- jeune Moyfe à
nourrir. On croit que Marie époufa Hur, de la tribu
de Juda, mais on ne voit pas qu’elle en ait eu des
enfants. Après le paffage de la mer rouge & la/
dèftruéfion entière de l’armée de Pharaon, Marie fe
mit à la tête des femmes de fa nation , & entonna
avec elles ce fameux cantique Cantemus Domino , &c.
pendant que Moyfe fe chantoit à la tête du choeur
des hommes.-Lorfque Séphora , femme de ce dernier
, fut arrivée dans le camp, Marie eut quelques
démêlés avëc elle intérdfa dans fon parti, Aaron,
& l’un & l’autre murmurèrent contre Moyfe. Dieu
en fut irrité, & il frappa Marie d’une lèpre fâcheufe ,
dont il la guérit à la prière de Moyfe, après l’avoir
cependant condamnée à demeurer fept jours hors du
camp. Elle mourut l’an 2552 , au campement de
Cadès, dans le défert de Sin , où elle fut enterrée ;
& Eusèbe dit que de fon tems on voyoit encore Ion
tombeau à Cadès. Exod. .xv, nombre xx 3 2 6. ( f . )
Dans le Nouveau Teftament on trouve , indépendamment
de la Vierge Marie , mèré de J. C. , pîù-
fieurs femmes du nom de Marie. On adifputé fur leur
nombre, ainfi que fur celui des Magdeleines ; les
uns diftinguent ce que les autres confondent.
La femme qui, au fiége de Jérufalem , mangea fon
fils, fe nommoit Marie. Il eft remarquable qu’une telle
horreur foit arrivée fous Titus & fous Henri IV. C ’eft
un grand argument contre la guerre. Voyez le dixiéme
chant de la Henriade.)
Marie de Brabant , femme de Philippe-le-Hardi,
roi de France. ( Voyeç l’article Brosse) (Pierre de la.)
Marie d’A njou. ( Voye^ A njou, )
Marie de Bourgogne. Cette princeffe , fille de
Charles-le-Téméraire , dernier prince de la fécondé
maifon de Bourgogne , étoit aulfi douce , aulfi docile
, aulfi patiente que fon père avoit été violent,
emporté , ambitieux. Comme elle étoit héritière de
vaftes & nombreux états, elle fut promife par fon
père à tous les princes de l’Europe. Louis X I , qui
n auroit dû fonger qu’à la faire époufer à fon fils, aima
mieux la perfécuter & la dépouiller par la fourberie
& la violence : il la força de fe jetter entre les bras de
Maximilien, archiduc d’Autriche , fils de l’empereur
Frédéric I I I , & de faire paffer dans la maifon d’Autriche
une fucceffion qui n’auroit jamais dû fortir de la
maifon de France.
Marie de Bourgogne témoigna beaucoup de bonté,
lorfqu’en 14 7 7 , les Gantois révoltés contr’elle par les
intrigues de Louis X I , ayant condamné à mort fes
miniftres Hugonet & d’Imbercourt, pour avoir trop
bien fervi leur fouveraine, elle parut dans la place
publique en habits de deuil, pâle , échevelée, défolée ,
avouant fes miniftres de tout ce qu’ils avoient fair,
& demandant leur grâce au peuple avec des torrens dé
larmes & les plus tendres inftances & ce peuple
montra bien toute fa férocité, en repouffant la prière,
en réfiftant aux larmes d’une fi bonne princeffe, &
en faifant tomber à fes pieds les têtes de fes miniftres
& de fes amis. Marie de Bourgogne mourut à Bruges
en 1482, des fuites d’une chûte de cheval.
Marie d’A ngleterre , (H ijl. de Fr. & dAngl. )
foeur de Henri V l i l , roi d’Angleterre, troifiéme
femme de notre roi Louis X I I , eft le feul exemple
d’une princeffe angîo ife, devenue reine de France, fous
la troifiéme race. Bathilde qui, fous la première, avoit
epoufé Clovis II , & en avoit eu trois fils, étoit"
angloife ; c’eft tout ce qu’on en lait.
5 On avoit vu fur la fin de la fécondé, Ogine, fille'
d’Edouard, de la race Saxonne, régner avec Charles-
le-fimple. C’eft cette Ogine qui, pendant la détention
de fon mari au château de Péronne , fe retira en
Angleterre, auprès d’Adeftan fon frère, & y emmena
fon fils, Louis, qui en eut le fornom de d Outremer,
lorlqu’il revint régner fur les François. Marie eut avec
cette Ogine , une conformité fingulière. Toutes deux
avoient d’abord été mariées par raifon d’état ; toutes
deux devenues maîtreffes de leur fort, fe marièrent
par inclination. Ogine époufa Hebert , comte de
Troyes ; Marie époufa le duc de Suffolck - Brandon,
Ce Charles Brandon , duc de Suffolck, étoit le favori
de Henri VIII. Il l’étoit aulfi de Marie fa foeur , dès
le temps où elle vivoit encore en Angleterre ; il
l’accompagna en France , où leur conduite fut fi
diferète , que Louis XII n’en foupçonna rien. François,
comte d’Angoulême & duc de Valois, qui fut bientôt
apres le roi François T r. , s’enflamma d’abord pour
Marie ; mais il fontit ou on lui fit fentir combien il
feroit dangereux même de réulfirdansun pareil amour. •
11^ changea de perfonnage, ve:lla & fit veiller avec
foin fur la reine, fur fe duc de Suffolck ' de fur lui