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principale héritière; elle avoit époufé en 16 61, l’année
même de la mort du cardinal, Armand-Charles de la
Porte de la Meilleraie, fils du maréchal de ce nom.
Il prit le nom de duc de Maçarin, 8c c’eft cet homme
anfii connu par la bizarrerie de fon eforit, que fa
femme l’étoit par la beauté , par l’elprit ôc par toutes
les qualités que Saint Evremont a tant célébrées en
elle : très-malheureufa avec fon mari , elle voulut
s’en faire féparer , 8c n’ayant pas pu y reuffir , elle
s’en fépara de fait en fixant fon fojour en Angleterre
J’ai voulu par des mers en être féparée.
Le duc de Ma^arin fut la tige des ducs de Ma^arin
qui ne fubfifte plus, 8c dont Tes héritières ont porté
çe titre de ducs de Marvin dans différentes mailons.
Il eft actuellement dans la maifon d’Aumont.
MAZEL ou MAZELI , ( Dayid ) ( Hiß. Litt.
mod. ) miniftre François, réfugié en Angleterre , a
traduit le traité de Sherlock fur la mort oc le jugement
dernier; le traité de Loke, du gouvernement
civil ; l’effai de Gilbert Burnet fur la vie de la reine
Marie. Mort à Londres en 172.5.,
MAZEPPA, ( Hiß. mod. j Gentilhomme polonois,
avoit été page du roi Jean Cafimir, M. de Voltaire
raconte -dans l’hiftoire de Charles X I I , qu’une intrigue
que Ma^eppa eut dans la jeunefîe avec la
fonme d’un autre gentilhomme Polonois, ayant été
découverte-, le mari le fit fouetter de verges, le fit
lier tout nud fur un cheval farouche , 6c le laiffa
aller en cet état. « Le cheval qui étoit du pays de
» l’Ukraine y retourna & y porta Maçcppa demi-
mort de fatigue ôc de faim. » Des payions Cofoques
le fecoururentil fe lignais parmi eux dans différentes
cour&s contre les Tartares, Sa réputation parvint
jufqu’au Czar Pierre I. qui le fit prince de l’Ukraine
ôc qui fe fervit de lui pour civilifer les Co-
faques ; mais yn jour à table, dans un mouvement de
colère Ôc peut-être d’y y reffe , le Czar l’ayant menacé
de le faire empaler, il réfolut de fe rendre
indépendant, de le .ccmpolèf un-royaume de 1U-
kraine 6c des débris qu’il pourroit enlever à l’empire
de Rufiie, Il fit un traité avec Charles X I I , qui s’en-
gageoit alors dans les déferts de l’Ukraine , mais il
lui arriva çe qui arrive ordinairement à ces rebelles
jlluftres, ,e.e qui étoit arrivé au connétable de Bourbon
quand il s’étoit donné à Charles-Quint, ce qui étoit
arrivé à M. de Tu renne lorfqu’il avoit pris le parti
des princes emprisonnés , ou plutôt celui de Madame
de Longueville, c’eft-à-dire, qu’au lieu d’une armée
,de trente mille hommes 6c d’autres puihans fecours
qu’il avoit promis ., il arriva prefque feul en fugitif,
parce que fon projet avoit été découvert 6c prévenu ;
mais ce fugitif fut être utile, il fervit de guide à
J’armée de Charles XII dans les déferts de l’Ukraine,
il la fit fubfifter pendant le rigoureux hiver de 1701;.
Le czar., qui avoit fait rouer fes àmis .& qui la voit
fifo pendre lui-même en effigie , lui fit propofer de
Cgnire/ foys fa domination, mais il fut fidèle à fon
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nouvel allié St à fon projet de fe faire roi de l'Ukraine
, foit qu’il n’osât plus compter fur les pre-
meffes du czar après l’avoir trahi, foit qu’il comptât
pour le fuccès de fes grandes vues fur le prince , qui
avoit donné la couronne âu roi Staniflas, il l’engagea
au fiège de Pultava, ôc il étoit près de le rendre maître de
cette place par les intelligences qu’ il y entretenoir,lorfque
l’arrivée du czar, pour faire lever le fiége , donna lieu
à cette foneftebataille de Pultava, du 8 juillet 1709,
qui renverfa tous les projets 6ç toutes les efpérances
de Charles XII 6c de Maçeppa ; çe qu’il y avoit de
plus étonnant dans celui-ci, e eff que dans le temps
oh il s'égarait ainfi dans de vaffes projets, 6c oh il
s’allioit avec un roi, aventurier égaré lui-même a une
diftance immenfe de fon royaume ; il avoit 84 anr*
Après la bataille, oh il fe comporta très-vaillamment,
il fe fauva dans la Va]achte ÔC enfuite à Bender,
auprès du roi de Suede, oh il mourut,
MAZIL, ( Hiß. mod. ) nom que les Turcs donnent
aux princes qui font leurs tributaires lorfqy’ils font
dépofledés de leurs états. (A. R.)
MEAD, ( Richard ) ( Hiß, Litt. mod. ^.célèbre
médecin angfois , dont le caradère bienfaifant ôc
généreux n’a pas été moins vanté que ie§ cpnnoiffances.
On d-t quà Londres| Texerciçe de fa profeffion lui
rapportoit près de cent mille livres par an 7 ôc qu’il
faifoit le plus magnifique ufage de cette fortune. Ses
principaux ouvrages font un EJfai j.ur les Poisons,
réfultat d'une foule d’expériences , for-tout fur les
vipères; 6c un r.-citai de confias & préceptes de Médecine^
oh fe trouvent deux traités .curieux ; l’un de la Folie,
l’autre des Maladies dent il tff parlé dans la Bible,
M, Mead étoit de la So.çiéîé Royale de Londres, 6c
n’en étoit pas un des membres l.s moins diffir.gués.
Il étoit né en 1673 , dans un village près de Londres ,
avoit é.é difciple de Grcevius à Utrecht, & mourut eij
*754*
MÉCENE, ( C Clinius ou Cilnius Mecænas ) (Hiß,
Rom.) chevalier romain, 6c qui , malgré)la faveur
d’Augufte, ne youlut jamais être rien déplus. Virgile
lu dédia fon pcëme des G.écigiquts ; Horace lui adreflà
plufieurs.de fes Odes 6c de fes autr. s poëfies. Le nom
de Mécène eff devenu celui des proteéleurs des lettres;
6c en effet, Méccjie leur a donné deux grands exemples,
l’un de bien choifir parmi les gens de lettres ;
Proeferti/n caution dignos affumere,
L’autre , de leur permettre Je tpn de l’égalité & df
l'amitié-;
Ah ! te metz f i partent anima rapit
fiîaturior v is , quid moror altera l
Hec carus pique me fuperflep
Integer,
D ’ailleurs il paroît que Mécejie très r éloigné des moeurs
, des anciens Romains, pouffoit le goût des arts & de*
I commodités .de la^ie jyfcu'.à la moUeffe. Quant à (oj*
•" par&ftètf
M E D
carâ&ère, on le repréfènte tantôt comme un afifez vil
courtifan d’Augufte, tantôt comme un ami courageux
de ce prince ; on rapporte en preuve de la première
allégation y le mot : non omnibus dormio , je ne dors
pas pour tout le monde. On raconte qu’Augufte fe
trouvant en tiers entre Mécène & Terentilla fa femme,
Mécène dormoitpour ménager à fa femme des entretiens
fiecrers avec l’empereur , 6c qu’un autre ayant voulu
profiter de même du fommeiï de Mécène, celui-ci fe
réveillant à propos, lui dit ? je ne dors pas pour tout le
monde. Mais on eff partagé fur ce mot. Les uns
l’attribuent' à Mécène, faifant fa cour à Augufte, les
autres à un courtifan de Mécène , faifant fa cour a
Mécène lui-même. On n’eft pas dans la même incertitude
fur le trait de courage qui honore ramifié de
Mécène pour Augufte. Cet empereur, enepre cruel alors,
étoit occupé à faire une lifte de profcript;ons ; la fille
groffiffoit , ôc l’inquiétude ^ugmentoit. Mécène fait
paffer à Augufte fes tablettes, il les ouvre 6c y lit ces
mots : furge, camifex, leve-toi , bourreau, & cejfe dégorger.
Augùfte qui jufques-Jà ne fuivoit que fa haine, obéit
a la voix de l’amitié 6c fe leva. Mécène étoit avec Agrippa
le confident le plus intime de.ee prince.Ce furent eux
qu’il confulta for le'projet d’abdiquer l’empire ; Agrippa
étoit pour l’abdication , Mécène fut d’un avis çon;ra;rê ; ;
mals à ce confeil.de garder le pouvoir fuprême, îl joignit ;
celui d’en bien ufer ; 6c il faut'rendre juftice à Augufte , j
il fuivit en grande partie ce fécond confeil. Quand il
eut perdu Mécène 6c que quelques fautes lui donnoient
des repentirs, ces repentirs fe tournoient toujours en
regrets d’être privé des confeils d’un tel ‘ami, 6c de- j
venoient autant d’hommages pour fa mémoire. O
Mécène , s’écrioit-il ,f i tu vivais, jamais tu ne niaurois
laijfé commettre une telle faute l
Mécène cultivoit la poëfie ; on a de lui quelques
fVagments dans le Corpus Poètarum de Maitairei On
connoît fur-tout ces vers qui peignent l’attachement
des hommes à la yie:
JDebilem facito manu,
Debihm pede , coxd,
Tuber ad finie gibberum,
Lubricos quate dentes ;
Vita dum fuperefi , bene efl :
Hanc mihi 3 vel acuta
Sedeam cruce t fufiine.
La Fontaine a imité ces vers ;
Mécénas fut un galant homrcie :
Il a.dit quelque part : qu’on me rende impotent,
C.u-de-jatte, gouteux, manchot, pourvu qu’en fomme
.Je vive , .c’eft allez , je fois plus que content.
Mécè/ïe .mourut huit ans avant la naiffance de J, Ç.
MÉDARD, ( ..Saint ) ( flifl- Eccléf. ) évêque de
Noyon ôc de Tournay au fixième fiècie, nommé à
i ’évêché de Noyon l’an 530 , 6c à celui de Tournay
en 532, fut obligé de les garder tous dfeux, parce
qye tous deux aypient befoin de ^on zèle & de
Hifiotre. Tome 111,
M E D u r
fes foins, 6c que cette réunion , cuelquefo'S réceP
faire dans ces temps de l’églife naiffante , n’étoit pa*
alors un fcandale dans l’églife. Beaucoup de conver--
fions de l’idolâtrie au chriffianifme, furent le fruit de
fes travaux apoftoliques.
Saint Midard étoit né au village de Salency ,
près de Noyon, 6c on rapporte à ce faint évêque ,
l’utile inffitution des Rofières. Il mourut, à Noyon
vers 1 an 645 , le 8 juin, jour oh l’on célèbre fa fête ;
il eff enterré au bourg de Crouy , dans le voifi-
nage de Soiffons, On y a bâti une églife , ôc enfuite
yn mortifère qui a été fort enrichi par les libéralités
des rois.
On fait quelle bizarre célébrité des miracles fort
fufpeéls ôc des convulfipns lcandaleufes ont donné
vers le commencement ou le milieu de ce fiècie,
au c metière de St. Médardz Paris. ( Voye^ l’article dix
diacre Paris. )
MÉDAVY. ( Voyei G r a n c e y . )
MEDÎAST1T1CUS ou MEDIXTUTICUS ;
fubft. mafe. ( Hifianc. ) c’étoit autrefois le premier ma-
giftrat à Capoue. Il avo>t dans cette ville la même auto*
rite que le conful à Rome. On abolit cette magiftrature ,
lorfque Capoue quitta le parti des Romains pour fè
fourn ttre à Annibal.
Médiateur , ( Hifl.de Confiant. ) en grec Mecrctfa
On nommeit médiateur, Mstra^cav-ro; fous les empereur
de Conftantinopîe, les miniffres d’état, qui avoient
l’adminiff "ation de toutes les affaires de la cour ; leuf
chef ou Jeur préfident s’apelloit le grand médiateur 9
p*ya.ç Meqao-fflv & c’étoit un pofte de grande importance.
( D. J. )
•M É D IC I S , ( Hiß. d Italie. ) La puiffance deé
Mèdicis, née du commerce ôc de l’opulence , s’accrut
par la fagefle, par la prudence, par l’amour des arts,
par "toutes les reflources d’un luxe éclairé, bienfaifàht ,
digne des plus grands rois ; ils ne donnoient à florer.ee
four patrie, que des fers dorés „ qu elle n’appercevoit
pas , 6c qu’elle forgeoit quelquefois elle-même par
l’hommage quelle rendoit aux vertus des Mèdicis.
L’illuftre .Côme fut honoré du titre de père de la patrie.
Laurent 6c Julien , fes petit-fils , gouver; èrent leur
république en citoyens, .mais en maîtres. La conjuration
des Pazzi, (voyc^ Fartide PaZZI,) qui fit périr
Julien , rendit Laurent fon frère plus cher aux Florentins
, par le danger qu’il avoit couru ; fes ennemis,
en voulant le nerdre, ne firent qu’augmenter fon
pouvoir-, B marcha fur les tracesde Corne fon ayeul #
fit comme lui les délices de fa république ; & fut
furnommé le père des Mufes, à caufe de fon amour.-,
pour les lettres.
Pierre fon fils, moins h'cbi’e 6c moins heureux , fut
chaffé. ( Voyeç à l’article LÉON X ) , comment ce
pontife, alors cardinal, frère de Pierre, ramena fk
maifon triomphante dans Florence. g
Le jeune Laurent II de Mèdicis , fon neveu régna,
fous lui dans cet état, 8c commanda les armées de
fon ende, en Italie. 11 vint en France en 1517 , tenir
fur les fonts, an yom du pape Léon X , le dauphje^
ï y y .