
Conrad I ÿ né en 15 27 de l’empereur Ferdinfanckl, &
de l'impératrice Anne de Hongrie ;, couronné roi des
Romains en 1562 , élu empereur à Francfort, le 24
novembre de la même année , facré roi de Hongrie
• en 1563.
-Les commencemens du règne de Maximilien 11
n'offrent rietl qui appartienne à rhiftoire de ce prince.
Il tâcha de concilier les différentes feétes qui divisèrent
la chrétienté, ou plutôt à les rappeller toutes
à l’ancien culte ; toutes fes tentatives furent infruc-
tüeufes. Ces détails concernent l’hiftoire eccléfial-
tiqué , & il en eft fùffifamment parlé aux articles
des différentes feéVes. 11 eut cependant la guerre
àfoutenir contre les Turcs, toujours gouvernes par
le célébré Soliman II , la terreur & l’ effroi des Hongrois
fous fes prédéceffeurs. La Tranfilvanie fut la
caufe de cette guerre. La maifon d’Autriche vouloit
y entretenir un gouverneur , depuis que Ferdinand
avoit acquis cette province de la veuve de Jean Si-
gilmond pour quelques terres dans la Siléfie. Le fils
de Sigifmond , mécontent de l'échange qu’avoit fait
fa mère , avoit reparu dans la Tranfilvanie , 8c s’y
foutenoit par la proteéfion des Turcs. Les commencemens
de c«tte guerre furent heureux : les Autrichiens
fe lignalèrent par la prife de Tokai ; mais cette
■ Conquête ayant alarmé Soliman , ce généreux fui-,
tan , chargé d’années, fe fit porter devant Rigith,
jr dont il ordonna le fiége. Le brave comte de Serin,
que là valeur rendit cher à fes ennemis même , dé-
fendoit cette place importante. Maximilien devoit
le fecourir à la tête d’une armée de près de cent mille
hommes levés dans fes différens états ; mais il n’ofà
s'approcher de l’endroit où étoit le danger. Le comte
de Serin , fe voyant abandonné, montra autant de
courage que l'emperetir montroit de pufillanimité.
Au lieu de rendre la ville aux Turcs , ce qu’il eût
pn faire fans honte , puifqu’il étoit impoffible de
la coaferver , il la livra aux flammes dès qu’il vit
l’ennemi fur la brèche, & fe fit tuer en en difputant
les cendres. Le grand vifir , admirateur de fon courage
8c de fa réfolution héroïque , envoya la tête de
«et illuftre comte à Maximilien , & lui reprocha
d’avoir laiffé périr un guerrier fi d gne de vivre. Ce
fiége fut mémorable par la mort du fultan , qui précéda
de quelques jours celle du comte de Serin.
Maximilien pouvoit profiter de la confternation que
devoit répandre parmi les Turcs la perte d’un auffi
grand chef, il ne fit aucun mouvement, 8c retourna
lur fes pas fans même avoir vu l ’ennemi. La tranquillité
de l’Allemagne fut encore troublée par un
gentilhomme de Franconie , appellé Grombak. G’étoit
lia fcéürat profcrit pour fes crimes , qui cher-
choit à tirex avantage du reffentiment de l’ancienne
rnaifon éleéferàle de Saxe , dépouillée de fon électorat
par CharleXQuint. Il s’étoit réfugié à Gotha ,
chez Jean-Frédéric, nls de Jean-Frédéric , auquel, la
bataille de Mulberg avoit'é?é. fi funefte. Il s’mfinua
dans l’eforit de ce duc . dont il fomenta le reffenti-
ment , oc l’engagea; à déployer l’étendard de la révolte.
La fin djé cette guerre fut fatale à_fe$ auteurs;
Grombak périt fur l’échafaud avec fes complice^,
principalement pour avoir formé une conspiration
contre Augufte , éle&eur de Saxe, chargé de faire
exécuter contre lui l’arrêt de fà profcription. Frédéric
, auffi malheureux que fon père , fut rélégué à
Naples , 8c fon duché de Gotha fut donné à fon frère
Jean-Guillaume. Un magicien, apofté par Grombak ,
lui avoit promis une deftinée bien différente. Cet
impofieur lui avoit fait croire qu’il parviendroît à
l’empire dont il dépouilleront Maximilien. La chrétienté
étoit menacée du plus grand orage quelle
eût effiiyé. Les troubles auxquels jufqualbrs elle
avoit été en proie , s’étoient appaifés par l’autorité
des conciles; mais celui de Trente fut méconnu par
les Luthériens & les autres feétaires : les orthodoxes
même en rejettoient plufieurs canons ; on ne voyoit
point de poffibilité de réunir les efprits ,* tous les
princes étoient partagés ; Philippe II , qui comptait
pour rien le fang des hommes , 8c qui le répandit
toujours dès que les plus légers intérêts l’exigèrent;
Pie V , ce pontife inflexible, 8c la reine Catherine
de Médicis , avoient confpiré la ruine des calvi-
niftes ; 8c ce projet s’exécutoit en Flandre , en France ,
en Efpagne , par les crimes & les armes de toute
efpèce. Maximilien I I vouloit qu’on laiffât vivre
les peuples au gré de leur confidence , jufqua ce
qu’on pût les ramener par la voie de la perfuâfion.
Si l’hiftoire peint ce prince fans valeur 8c fans' talens
dans l’art de la guerre, elle doit les plus grands éloges
à fa modération , dans un tems de fanatifme St
de difcorde , où des rois, égarés par un faux ze’e
& dévorés par l’ambition , fe fouilloient d'injuft-ces
& d’affaflïnats. Il avoit coutume de dire : Le fang
humain qui rougit les autels, n honore pas le père commun
des hommes. On eff étonné d’entendre M. de
Voltaire , cet apôtre du tolérantifme , faire un crime
à Maximilien d’avoir refùfé dg féconder le barbare
Philippe , dont les miniftres égorgëôient fans pitié
les malheureux habitans des Pays - Bas. Philippe
étoit fon coufin ; mais Maximilien dans fes fujets
voyoit des enfans , 8c dans tous les chrétiens des
frères. Cet empereur , au lieu de céder à la voix
d’une cruelle intolérance , permit aux Autrichiens,
qu’on ne pouvoit ramener , de fùivre la confeffion
d’Ausbourg. Le pape , que cette »conduite offenfoit ;
faifit toutes les occafions, de le mortifier. Il reçut la
plainte de O rne I I , duc de Florence, qui difputoit
l’honneur du pas à celui de ferrare , & conféra le
titre de grand-duc à Corne. C’étoit un attentat contre
les droits de l'empire , qui ne permettaient pas au
fâint Siège d’en conférer les dignités , ni de connoîtré
des différends qui s’élevoient entre les poffeffeurs
des grands fiefs. L ’empereur -ne manqua pas de réclamer.
Il tint enfuite plufieurs diètes , celle de
Spire fut la plus mémorable. Les enfans du duc dé
Gotha y obtinrent les biens qu’il poffédoit avant les
troubles qu’avoit occafionnés la révolte. Maximilien
y conclut une paix avec .Sigifmond Lapolski , vai-
vode'de Tranfilvanie , qu’il reconnut pour fouverain
de cette province , 8c Sigifmond renonça à toutes
fes prétentions fur la Hongrie : il quitta même le, j
titre de roi qu’il avoit confèrvé jufqu’alors. On cor- !
rigea , ou plutôt ou voulut corriger différens abus
qui s’étoient gliffés dans la monnoie. Les privilèges
de Lubec y furent confirmés. Cette ville riche 8c
commerçante avoit déjà beaucoup perdu de fa fplen-
deur. Les Vénitiens, en guerre avec les Turcs, qui
leur enlevoient chaque jour quelque poffeffion , firent
uné ligue avec le roi d’Èfpagne & le pape. Ils
follicitèrent l’empereur d’y entrer ; mais il aimoit
trop la paix pour rompre avec les Ottomans. La
mort de Sigifmond II , dernier rôi de Pologne , du
fang des Jagellons, donna naiffance à une infinité de
brigues. Maximilien fie des tentatives fecretes pour
faire élire Erneft fon fils : il vouloit fe faire prier, &
cette vani;é , déplacée fans doute , puifquune couronne
vaut bien la peine d’être demandée , fut caufe '
que le duc d’Anjou lui fut préféré. II s’én confola,
en afîùrant l’empire à Rodolphe II , fon fils , qu’il
fit reconnoître pour roi des Romains. L’abdication
du duc d’Anjou qui repaffa en France , où il étoit appellé
par la mort de Charles IX , lui donna l’efpoir de
réuffir dans fes premiers projets fur la Pologne ; mais
la faéHon oppofée lui caufa une mortification bien
grande : elle couronna Jean Battori, vaivode de Tran-
fdvaiîie, qui, pour affiner fes droits :, époufa là feeur
de Sigifmond II. Le çzar de Mofcovie - s’offrit à féconder
fon reffentiment , ,8c à faire la guerre au
nouveau roi , qui mit la Porte dans fes intérêts.
Maximilien refufa fes fervices,, prévoyant qu’il les
payeroit de la Livonie : il ne vouloit pas trahir à ce
point les intérêts de l’empire , qui avoit des droits:
fur cette province. Il fe préparoit cependant à déclarer
la guerre à Battori, traité à la cour de Vienne
d’ufurpateur 8c de tyran, mais qui poffédoit les qualités
dun roi. Maximilien mourut au moment qu’il
alloit allumer les premiers feux de cetté guerre. Il
laiffa un nom cher aux gens de bien, mais méprifé
de ces cçeurs barbares qui n’eftiment un prince que
la foudre à la main, 8c qui n’admirent que les grands
fuecès, qui font bien plus fouvent les fruits du crime
■ que de la vertu. La bulle d’or faifoit une loi aux
empereurs de favoir quatre langues ; Maximilien en
parloit fix. Ce prince honora les lettres , 8c recomp
i la les artiftes dans tous les genres. Quiconque
fe diftingua par quelque chef-d’oeuvre , éprouva fes
largeffes. Il eut plufieurs enfans de fon mariage avec
l’impératrice Marie , foeur de Philippe II. Ceux qui
lui furvécurent , furent Rodolphe qui lui fuccéda à
1 empire ; Erneff qu’il Vouloit placer fur le trône de
f ’ologne , 8c qui fut gouverneur des Pays - Bas ; Ferr
dinand ; Matthias qui régna- apres Rodolphe II ;
Maximilien , qui fut grand-maître de l’ordre Teuto-
«ique; Albert, qui, après avoir été fuc.ceffivement
viceroi de Portugal , cardinal 8c archevêque dé
Tolede, époufa l’infante Ifabelle qui lui apporta
ks Pays - Bas en dot , & Venceflas L’arehi-
ducheffe Anne , l'aînée de fes filles , fut mariée
à Philippe I I , fous qui s’opéra la révolution
b laquelle la Hollande, doit fa liberté» Elif^beth
cadetté fut mariée à Charles IX* ( M. — r. )
MAXIMIN , (Saint) ) ( Hiß. Ecclif. ) évêque
de Trêves au quatrième fiècle , étoit né à Poitiers ; il
combattit les Ariens , & reçut honorablement faint
Athanafe, exilé à Trêves. Il vivoit en 349 : étant
allé peu de temps après revoir fa patrie , il y
mourut.
Maximin , ( Hiß. Rom. ) efl le nom de deux
empereurs, romains. ' -
Le premier étoit né l’an 173 , dans une bourgade
de Thracè"; fon père étoit de la nation des Goths »
fà mère de cellè. des Alains ; il fut d’abord berger,
puis foldat & excellent fbldat , & encore meilleur
tribun légionnaire ; à mefure qu’il avançoit en grade’ ,
il redoubloit fes foins & augmentoit de zélé pour t'oüs
les détails du fervice ; plus je ferai grand, dit-il à
ceux qui s’en étonnoient, (plus je travaillerai. II. étoit
d’une force de corps qu'on peut foupçoriner rhiftoire
d’avoir même exagérée, ainfi que fa taille, qui étoit,
dit-on, de huit pieds & demi ; & fa voracité, qui ailoit,
dit - on encore , jufqua dévorer quarante livres de
viande par jour ,, & avaler une amphore de vin ,
contenant environ vingt-huit de nos pintes. On lut
attribue tout ce qui. a été "dit de Milon le Crotoniate,
( Voye^ l’article Milon-. ) Il mettoit tout feul en moù-
vemenc le chariot le plus,chargé ; dùn coup de poing #
il brifoit les dents à un cheval ou lui cafloit une
jambe ; avec la main il réduifoit en poudre des pierres
de tuf, & fendoit des arb:es. L’empereur Sévère le
fit lutter un jour contre fe.pt foldats, choifis parmi
.les plus vigoureux , une autre fois contre, fëize çte fes
domeftiques , il les renverfa, tous.. Etant tribun ou
centurion , fon plus grand plaifir étoit de s’exercer
ainfi à la lutte .contre fes foldats , & il triomphoit
toujours. Un tribun envieux de fes fùccès continuels ,
8c qui fe fentoit auffi dé la force 8c du courage ,
lui dit : « c’eft une foible gloire pour un officier
» fupérieur, ,de. vaincre fes foldats-. Ce propos, dit
Maximin , eft fans doute d’un homme qui veut .le
» mefurer avec moi. Le défi accepté, Maximin, d’un
», coup de poing le renverfe : qu’un autre maintenant
» fe préfente, dit-il, mais que çe foit un tribun ». Tel
étoit Maximin jufqu’au temps où il fut à portée d’élever
fon ambition jufqu’au trône , 8c de tourner contre
Alexandre Sévère , fon bienfaiteur , là grandeur 8c
l’autorité dont il-lui étoit redevable. Alexandre Sévère,
vainqueur des Perfes , retournoit à Rome, d’où il
partit bientôt pour chafler les Germains de la Gaule.
C ’eft dans cqtte expédition nplhîur.eufe que l’ingrat
- 8c perfide Maximin, engagea les. légions de la Gaule
à maffacrer ce vertueux empereur, dont Rome alors
n’étoitpas digne. Mafinfm ufurpa fern pire & détruifit
tout le bien qu’avoit fait fon prédéceffeur ; on ne vit
plus en lui, qu?un monftre farouche, ba bare de caractère
cpmme de naiffance ; fa taille démefiirée, fon
afpeél terrible , Ta force incroyable , fon courage
impétueux, fa férocité exceffive qui, dans un foldat 5
avoient pu quelquefois exciter l’admiratiGn, n’infpU
X m 'i