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» .un fexe délicat, de la beauté & de l'a jëüftèffe ., Si
» Jbuvent de la haute naiffance , pour foulager dans
» les hôpitaux, ee ramas de toutes les misères humaines,
»> dont fa vue eft fi humiliante polir notre orgueil Si
y» fi révoltante pour notre délicateffe ». Réflexion admirable
& en elle-même & par le mérite de Pexpreffion ,
cjui eft par-tout celle ,du fenti.me.nt ! Madame la Marc
h e de Sillery a fait auffi un jufte & bel éloge de ce
faint inftitut. « Si pn trouvoit , dit-elle , dansl’hiftoire
»» grecque ou romaine , quelques .exemples de ces feintés
«aftociations formées parmi nous » en faveur de l’hu-
» manite fouffrante , quels éloges ne prodigueroit - on
» pas a cette bienfaisance fùrnaturelle ] combienon fèroit
» lurpris qu’un fexe foible Si délicat put avoir la
» force de furmonter des dégoûts qui fèniblent invinci-
» blés , de fupporter la vue d’objets qui révoltent les
» fèns, de triompher de la pompaftion même qui les
» conduit les anime , ou pour mieux dire , de
» n’eprouver ce feptiment qu’aveç une mâle énerve ,
#» fans aucun mélange de crainte ou de foiblefte, & de
» ne connaître enfin de la piété, que ce qu’elle peut
» infpirer d’utile &. de fubl?me....... .Nous voyons les
» Soeurs de la Charité , exercer continuellement parmi
» nous ces fondions fecrées; nous les voyons chercher .,
»recueillir, fecourir , veiller Pinfprtuné, pànfèr les
» play es du pauvre , le confoler , le foigner avec une
» adreffe ingenieufe, un courage héroïque, une dou-
#> ceur ., une patience que rien ne rebute ; errantes ,
»aéfives, infatigables., elles ri’ont point d’habitation
» fixe, elles vont où l’humanité les appelle., elles font
» où la maladie ;&la douleur implorent leurs fecours.,
» tantôt dans les priions Si les hôpitaux , tantôt fous
» les toits couverts de .chaume; fouvent ell.es font ap-
» pellées dans les palais ; vouées volontairement à la
» pauvreté , elles méprifent les richeffes, mais elles
•» donnent au riche fouffrant des foins purs Si défin-
*> térefies, elles fa refùfent à tous les témoignages de
» la reconnoiftance qu’elles infpirent ; leur offrir Te plus
» leger falaire,fcroit à leurs yeux un outrage», Ma-
dam6 U Gras étendit fes fbinsxharitables furies enfants
trouvés Si fur toutes les diverfes claffes d’infortunés.
Elle étoit nièce du e;arde des fceaux de Marillac &. de
ce malheureux maréchal de .Marillac, une des viéfimes
innocentes immolées par Richelieu. Antoine le Gras ,
mari de Louife de Marillac , étoit fecrétaire des
Commandements de la reine Marié de Mediçis. Née
à Paris le 12 août 159? , mariée en 1613 , veuve en
1625, morte en ifioi. Sa vie a pté écrite par un
auteur nommé Gobillon,
GRATIAN. Voyc^ G racian,
GRATIEN, ;( Hifioire des empereursf ) fils de l’env-
pereur Valentinien, lui fuccéda à l’empire : il n’avoit
c,u ï huit ans lorfque fon père lui conféra le titre de
Céfar. Dès qu’il eut mis les rênes .de l’état , 0 fit
affeoir la philofophie -lur le trône avec lui. Tous les
arts & ceux qui les cultivent., furent protégés, Gratïen,
riçhe des dons du génie , eut tous les talents qui
font les grands princes ., toutes les vertus qtfon
exige d’un homme privé. Sa piété enyes fes parents
fit l’éloge de fon cceur, $ans jafeufie contre fon frère,
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né d’un autre lit ,• il le nomma Augufte , quoiqu’il fût
encore enfant ; à l’exemple de Nerva qu'il choilit pour :
fon modèle, il adopta Théodofé, qui, comme Trajan ^
étoit efpagnol. Il fe défia modeftementde fes forces, ÔC
crut devoir choifir un collègue pour ^partager avec
lui le poids des affaires. Il réprima les courfès des
Germains dans les Gaules , il leur livra plufieurs
combats, & en fit paffer plus de trente mille par le
fil de l’épée : il envoya fon collègue dans l’Orient pouf
s’oppofer aux invafions. des Goths Si des Huns qui
regardoient la Thrace & laDacie comme leur domaine*
Ses fuccès Si fon mérite ne purent lui concilier le*
coeurs, il témoigna quelque prédileéfion pour un corpl
d’Alains qu’il avoit pris à fa folde. Cette préférence fit
murmurer l’ancienne milice, & il reffentitbientôtlef
effets de ce mécontentement. Son zèle pour le chriftia-
nifme acheva d’aigrir les efprits ; tandis qu’il détruifoit
les temples des idoles, une cruelle famine défola Rome
Si l’Italie. Les peuples fuperftitieux imputèrent leur
malheur à fon infidélité envers les dieux du capkold
qu’il avoit abandonnés. Sourd aux plaintes Si aux inventives
de la fùperftition, il fit detrüire'un autel de la
Viftoire, que Confiance avoit .démoli, Si que Julien,
avoit fait rétablir, La defiruâjon des autels excita les cia-*
meurs des prêtres, dont il retrancha les penfions pouf
les appliquer aux b efoins de l’état, Çes miniftres mercé-i'
nahes menacèrent l’empire des vengeances céleftes. Il
ne fut plus permis de. léguer par teftament des terre*
aux veftales. G’étoit frapper le pagânHme dans fes
fondements, Gratïen fut .traité de .profanateur & d®'
fecritège ; le feu de la fëdition fe répandit dans toute*
les parties de l’empire. Maxime s’étoit déjà feit re-
connoître empereur dans la Bretagne, par fon armée;
il profita de la difpofition des êfprits pour exécuter fès
projets ambitieux ,, proteftant qu’il n’afpiroit à Tempire
que pour venger les dieux éMeurs miniftres. Gruden
entra dans les Gaules , &. le joignit à Paris. Il fe-
préparoit à le combattre , lorfqu’u fe vit abandonné
de fon armée. Il n’eut- d’autre reftburee que la fuite ;;
il fut découvert & arrêté à Lyon , lôrfqu’il fe difpo-;'
foit à partir pour lTtalie, Maximale fit maffaçrer pouf
fe débarraffer d’un concurrent à qui il’ étoit facile de-
le relever de fà chûte. Ce prince dont faint Ambroife a,
fort exalté lé mérité, & :<dont les payèns n’ont point,
eontefté les vertus , paroît avoir eù plus de zèle que
de prudence, p périt a l’âge de vingt-quatre ans. II
en avoit régné huit. Sa ptort arriva l’an 383 d6 l’èr®
chrétienne .(• T—n ).
GRATIFICATiON, (Hïft. dygouv. d Anglet.) la
gratîficatwn efi-une répompenfe que le parlement accord^
fur l’exportation de quelques articles de commerce,!
pour mettre les négociants en état de foutenir la con-;
çurrence av6C les autres nations dans les marchés
étrangers. Le recède eft très-fege , Si ne fçauroi;
s’étendre à trop de branches de négoce, à mefure que
l’induftrie autres peuples le fuçcès de leurs mai»
nufeâures y peuvent donner lieu.
La gratification inftituée en particulier en 1689 ,
pour l’exM>rtation des grains fur les vaiffeaux anglois ^
afin 4’enc©urager fe culture des terres , a prefquç
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Ithangé la faeë de la Grande-Bretagne ; leS communes
ou incultes ou mal cultivées, des pâturages arides ou
déferts, font devenus , au moyen des haies dont on
les a fermées Si féparées , des champs fertiles-, ou
des prairies très - riches.
Les cinq fchelings- de gratification par quartier de
frain , c’eft-à-dire, environ vingt-quatre boiffeaux de
arïs, font employés par le laboureur au défrichement
S i à l’amélioration de fes champs , qui étant ainfi
portés en valeur ont doublé de revenu; L’effet de
-cette gratification eft de mettre le royaume en état
de vendre fon bled dans les marchés étrangers au
même prix que la Pologne , le Dannemarck , Hambourg
, l’Afrique, la S ié le , &e. c’eft en d’autres termes
, donner au laboureur une gratification de 200
mille liv. fterling par an , pour que l’Angleterre gagne
1500 mille liv. fterling, qu’elle n’auroit pas fans ee
fecours. Généralement parlant, la- voie de la gratification
eft la feule qui puiffe être employée en Angle--
terre, pour lui conterver la concurrence de tous les
commerces avec l’étranger. C ’eft une belle chofe dans
un état, que de l’enrichir en faifant profpérer les mains
qui y travaillent davantage. ( D--J ).
GRATIUS FALISCLS , (Hifi. Lit. anc. ) poète
latin, contemporain d’Ovide, 'auteur d’un poème connu
des fçavants , & plufieurs fois imprimé, for la manière
de chafïer avec les chiens.
S’GR AVESANDE, (Guillaume-Jacques de ) (Hifi.
'£itt. mod. )
Le profond s’Gravefande & le.fubtil Mairan.’
Nous foivons 1’ufàge des diéfionnaires ordinaires ,
qui rapportent ce nom à la lettre G. & non à la lettre S ;
comme fi cette / qu’on met eir petit earaélère, étoit
en quelque forte, étrangère au nom; / Gravefande fut
un des plus illuftres difciples de Newton. On a de lui
Phyfices elementa Mathematica ^ expertmentis- çonfir-
mata \ jive IntroduSlio ad Philofophiam Newtonianam.
Philofophicz Newtomana Lnflitutiones. On a-de plus,
un EJJai fur la Perfpeftive , avec un traité fur l’ufàge de
la Çhambre obfcure pour le deffin. Mathefeos univerfalis
'Elementa. IntroduSlio ad Philofophiam, Metaphyficam
& Logicam contïnens. s’ Gravefande étoit profeueur dé
Philolophie à Leyde. Ses ouvrages étendirent à tout
l’univers, fes utiles leçons. Né à Bois-le-Duc en 1688.-
II mourut en 1742,- d’un excès de travail, maladie
mortelle pour- les gens de lettres & les fçavaris. Plusieurs
de fès ouvrages font traduits en François,
G R A V IN A , ( Jean-Vincent )(Hit. Lit, mod.) créateur
Si Légiflateur de la fociété des Arcades de Rome.
Ses loix furent promulguées, le premier juin 1716. Le
pape Innocent XII. lui donna- une chaire de droit ; il
abolit au moins dans cette chaire , l’ufàge de l’argumentation
fcholafiique. Ses ouvrages font Originum
pins libri très. De Rornano Imperio liber fingularis.
Délia Regione Poetïcâ, ouvrage traduit en françois,
fous ce titre : Raifon ou idée:de la Poëfie. Infiitudones
Canonicce. Un difeours for les fables anciennes ,-un for
fa tragédie.. Plufieurs tragédie-. M. Serrey , prêtre
hyéronymite, a- donné la- vie dé Gravina fous ce
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titre î De vitâ & fcripds Vincendi Gravina Commcn-
tarius. Gravina, né en 1664 , dans la Ca!abre ultérieure,
eft mort en 1718.
Un autre Gravina ( Pierre) , ainfi nommé , parce
qu’il étoit de Gravina, ville du royaume de Naples ,
a eu de la réputation comme poète :- mort en 1528.
GRAY , (Jeanne) Hifi. d Anglet.) L’hiftoire de l’infortunée
Jeanne Gray tient à l’ordre légitime de la
focceffion en Angleterre , après la mort de Henri VIII
Si d’Édouard V I , fon fils,
Après Edouard , venoit Mariepuis Elifabeth, l’unè
Si l’autre déclarées , par aéle du parlement, inhabiles
à fuccéder.-
La poftérité de Henri VIII ainfi épuiféè , il falloit
remonter à celle de Henri VIL
D ’abord venoit Marie Stuart, petite-fille de Marguerite
, feeur aînée de Henri VIII; puis, Jeanne Gray ,
petite-fille de Marie , fseur cadette, & de Charles
Brandon. C ’étoit dans cet ordre que Henri VIII avoit
appelle toute fa famille par fon teftament.
Il appelloit- d’abord Marie fa fille , puis Elifabeth ,
dilpofition contraire aux aétes qu’il avoit lui-même fait
faire par le parlement; mais le parlement avoit donné
à Henri VIII un pouvoir illimité de difpofer à fon grèy
de la focceffion.
Henri n’appelloif point Marie Stuart à fon rang,,
parce qu’il avoit réglé qu’elle époufèroit Edouard VI
fon fils,- Il eft vrai que dans le Cas où ce mariage ne fe
fèroit pas fait , & dans le cas où , en le foppofant fait
il n’en fèroit- point né ou refté d’enfans, Marie Stuart
n’étoit-point appellée après Elifabeth, fans doute , parce
que Henri la jugeoit écartée par Ià qualité d’étrangère*
Marie , d’Angleterre étoit en pleine dilgrace fous le
règne'd’Edouard V I , fon frète, par fon attachement à
la religion catholique Si par fon refus confiant de
reconnokre la fuprématie d’Edouard ; Dudley dire
de Northumberland,.qui gôuvernoit fous Edouard V I ,
-fondoit for cette difgracede grands projets & de grandes
efpérances. Il ‘avoit marié fon quatrième fils, le lord
Guilford Dudley avec Jeanne Gray. Il Vouloit faire'
exclure de nouveau laprinceffe Marie; & dans cette
idée f les Dudley avoient grand foin d’entretenir la-
eolère Si la haîne d’Edouard VI confi-’etle.
Le duc de Northumberland: avoit auffi forrrié le
projet de marier Elifabeth en pays étranger , pour
qu’elle fût écartée du trône par la même raifon que
Marie Stuart.-
Si le mariage d’ElifabetH hors de l’Angleterre • ne
pouvoit avoir lieu , en fondant l’exclufion de Marie fur
les' acies du parlement qui l’avoient prononcé, la même
raifon en excluoit auffi Elifabeth.
Marie Stuart étoit écartée par fa qualité d’étrangère y
Si le trône reftoit à Jeanne Gray.
Cette jeune princeffe étoit aimable Edouard avoit
pour elle la plus tendre amitié : entraîné par ee fen--
timent,- par fon averfion pour Marie & par les infi^-
nuationsde Northumberland , il confentit à-tranfoorter*
là couronne à Jeanne Gray ; mais le parlement ne kx
avoit pas donné , comme à Kehra VIII ?,le pouvoir tfe
régler, ou d’intervertir l’ordre lucceifif;, Jeanne Gray, fs z