
45-1 M A R
tout quand c’eft fur un malheureux ou fof un ennemi
, & qu’on ne le fait pas indiftinétement fur tous les
coupables. Voulez-vous remettre en vigueur une loi-
pénale tombée en défoetude ? Commencez par la re-
ncuveller, & par avertir que les coupables, qu’on
étoit auparavant dans l’ufage d’épargner , *e feront
plus épargnés déformais. Le maréchal eut la tête
tranchée à Paris , à la place de grève , le io mai 1632.
Son procès avoit duré près de deux .ans, & le maréchal
étoit fi sur de fon innocence, qu’il avoit re-
jetté l’offre que plufieurs de fes amis lui avoient faite,
de le tirer de prifon. Il avoit été gentilhomme ordinaire
de la chambre de Henri IV , ii avoit eu le bâton de
maréchal de France en 1629 ; il l’avoit mérité par
les fèrvices ; il étoit couvert de bleffures , & eût-il
été coupable, il méritoit de ne pas périr.
MARIN , ( P. Camlins Marinus ) {Hifl. Rom. )
A la fi.i de l’empire de Philippe, vers 'le.milieu du
troifième fiècle , ce Carvilius Mariaus , qui avoit
fait la guerre avec diftinétion , contre les Goths ,
reçut des troupes, en 249, le titre de Céfar , & prit
la pourpre impériale dans la Mæfie. Philippe envoya
-une armée pour difîiper ce parti ; il s’étoit diflïpé de
lui-même. Les mêmes foldats qui avoient proclamé
■ Carvilius Mar inus-, l’a voient aufii maffacré.
MARIN, £ Michel-Ange ) ( Hifl. Litt, mode )
minime , né à Marseiile en 16 9 7, mort le 3 avril
176 7, auteur d’une multitude d’ouvrages de piété , a
joui d’une réputation diftinguée parmi les écrivains
Ascétiques. La plupart de fes ouvrages\ font des romans
pieux , tels que Farfatta ou la comédienne
convertie ; Théodule ou /’enfant de bènédiElion ; Agnès
de Saint-Amour, ou la fervente novice ; Angélique ou
la religïeufe félon le coeur de Dieu , Sic. L’objet de
ces romans eft toujours de porter à la vertu Si h la
piété. Le pape Clément XIII honora le P. Marin
de plufieurs brefs pleins de louanges. On a fait de lui
un éloge hiftorique, qui a été imprimé en 1769, à
Avignon.
MARINE, ( Sainte ) ( Hiß. Eccléf. ) vierge chrétienne
, dont le nom efi plus célèbre dans l’églife
que fon hiftoire n’y efi connue ou du moins qu’elle
n eft avérée. On ne fait rien de certain , ni fur le
temps , ni for le pays 0Î1 elle a vécu. On croit qu’elle
vivoit en Bithynie , vers le huitième fiècle, & voici
ce qu’on raconte de fon hiftoire. Son père nommé
Eugène , emporté par cette ferveur, fouvent indiscrète
, qui peuploit alors les cloîtres , & qui faifoit
quelquefois facrifier à des devoirs de forérogation les
devoirs les plus effentiels, fe retira dans un monaf-
iere, oubliant qu’il étoit père & qu’il laiffoit dans
ce monde qu’il quittoit, & dont il redoutoit les dangers
pour lui-même, une jeune fille pour laquelle ces
dangers étoient bien plus à craindre. Lorfqwe la folitude
même dans laquelle il s’étoit enfermé, lui eut laiffé le
lcifir de faire de férieufes réflexions , il frémit de ces
dangers ou fa fille reftoit expofée fans guide & fans
appui, & ne voyant plus de remède à la faute qu’il
avoit faite, Si dont il fentoit alors avec effroi toutes ,
M A R
les conféquences, il tomba dans une mélancolie profonde
, dont tout Ië inonde s’apperçut. Son abbé
l’interrogea for le fujet d’une triftefîe fi vifible. Eugène
ne lui cacha rien eue le fexe de Marine. « Je fois
” père , lui dit-il, Si je 1 aille dans le monde un enfant
” dont l’éducation devoit être ma feule affaire ; je
» fens avec amertume la douleur de cette féparation ,
” Si j’ai d’ailleurs beaucoup d’inquiétude for le fort
» de ce malheureux enfant, abandonné ainfi à lui-
» même, dans un âge qui a tant befoin de guide
n Si de confeil ». L’abbé croyant qu’il s’agiffoit d’un
fils , n’imagina rien de mieux que de le réunir
avec fon père dans le même monaftère. Eugène va
chercher fa fille, lui coupe les cheveux , lui fait quitter
les habits de fon fèxe, & l’engage par un ferment
folemnel à garder jufqu’à la mort le fecret far ce fèxe.
La jeune fille efi reçue dans le monaftère fous le nom
de frère Marin ; elle fut long - temps l’édification de
cette maifon. Son emploi fut d’aller au-dehors chercher
les provifions néceffaires, Si comme elle avoit
ainfi fréquemment des occafions de fortir , Si quelle
étoit plus connue que les autres religieux, elle fe vit
plus en butte à la calomnie. La fille d’une maifon
dans laquelle lès affaires du couvent l’appelloient allez
fouvent,. eut une foibleffe qui éclata , elle -accufa le
frère Marin de l’avoir féduite. Celui-ci, qui pou voit
fi aifément fe juftifier , 'fut fidèle à fon ferment, fe
laifïa juger Si condamner. On le mit en .pénitence
à la porte du monaftère, il fe fournit à ia pénitence;
on le chargea de l’éducation de cet enfant étranger,
il parut s’en charger avec plaifir, en expiation de fa
faute. Il foutint avec beaucoup de patience & d’humilité
les réprimandes .& les reproches de l’abbé &
de toute la communauté. Il mourut au bout de trois
ans, au milieu des rigueurs de cette pénitence; ceux
qui prirent foin de l’enfevelir , avertirent l’abbé de
la découverte incroyable qu’ils avoient faite. L’abbé
& toute la communauté admirèrent une telle vertu-,
& frirent inconfolables de l’avoir mife à une telle
épreuve.
MARINELLA , ( Lucrèce ) ( H:fl. Litt. mod. ) lavante
Vénitienne du dix-feptième fiècle, dont on a
plufieurs ouvrages, tels que la Nobiltà dette donne ,
où elle foutient la prééminence de fon fexe, thèfe que
les femmes pourroient abandonner aux hommes ; la
vita di Maria Vergine, en profe & en rimes ; Arcadia
felice ; amore inamorato ; un recueil de rimes ou de
poëfies.
MARINELLO, ( Jean) ( Hifl.Litt. mod. ) médecin
italien du feizième fiècle , eft auteur d’un ouvrage for
les maladies des femmes, qui porte deux titres en
apparence bien différens, Si bien peu faits pour s’appliquer
à un même livre.
L’un eft : GH ornamenù dette donne , tratti dette
feritture duna Rena grezea.
L’autre, qui annonce plus précifément le fujet, eft i
le Medecine partenenti aile infermità dette donne.
Cet ouvrage eut de la réputation dans fon temps ;
mais on a beaucoup mieux écrit depuis en toute langue
M A R
8c en tout pays, foit ur le même fujet fait for
toutes les autres parties de la médecine. ,
MARINI, ( Jean-Baptifte ) (H f l . Litt. mod. )
connu fous le nom de Cavalier Marin, poëte célèbre
for-tout par fon poème d’Adonis, eft auteur d’un
autre poëme for fe maffacré des Innocens, de flrage
de efinnocenti. Il y a de lyi encore un autre poëme
intitulé : la Murtoléide. C’étoit une fatyre contre un
autre poëte Italien , nommé Gafpard Murtola , qui de
fon côté fit contre lui la Marinéide; mais qui, fe fentant
apparemment le plus foible dans ce genre d’eferime ,
permit à fa vengeance de joindre à la fatyre la refa
îburce de l’affamnat ; il tira un coup de pi fielet au
Cavalier Marin, qui ne fut que bleffé. Celui-ci jugeant
qu’il falloit pardonner beaucoup de chofes à un poëte
irrité, demanda & obtint grâce pour Murtola. Cette
démarche étoit convenable de fa part ; mais les juges
auroient dû penfer autrement, Si fentir le danger de
permettre l’affaftinat à l’amour-propre bleffé des poëtes.
Pour ne pas revenir à ce Murtola , nous dirons ici
qu’on a de lui un poëme italien de la création du
monde , & d’autres poëfies , tant italiennes que latines.
II. mourut en 1624, Si le Cavalier Marin en 1625.
Celui-ci étoit né en 1569. Murtola étoit de Gênes;
Marini, de Naples.
MARINIANA, ( Hifl. Rom. ) femme de l'empereur
Valerien, qui ayant faivi fon mari- en Afie , fut prife
avec lui par Sapor , roi de Perfe, & qui témoin des
affronts de l’empereur, Si expofée elle-même aux in-
faltes de Sapor, mourut de douleur dans fa prifon.
Sur cette aventure de Valerien Si de Sapor voye%
l’article Baiazet. Les hiftoriens vantent fa vertu de
Mariniana, autant qu’ils déplorent fes malheurs.
- MARION , ( Simon ) ( Hifl. de Fr. célèbre
avocat-général au parlement de Paris, fous le règne
de Henri IV avoit plaidé comme fimple avocat
pendant trente-cinq ans. Il mourut à Paris en 1605 :
il fit imprimer en 1504 les plaidoyers , fous le titre
à'atfiones forenfes. Catherine Marion, fa fille , femme
d’Antoine Arnauld , fameux par fon plaidoyer pour
l’uni verfité contre les Jéfoites reut vingt enfans, prefque
tous célèbres par leurs talens & par leurs, vertus. Elle
fut la mère du doéleur Arnauld , de M. Arnauld
d’Andilly, de l’évêque d’Angers , &c. ( Voye^ l’article
Arnauld ) . Elle fut mère aufîi de Marie-Angélique
Arnauld , abbeffe de Port - Royal. Elle vécut dans
cette abbaye ifous la direction de fa fille ; eile y mourut
en 16 41, au milieu de fes filles. & de fes petites-filles,
comme la plus heureufe mère de famille eût pu faire
dans le monde..
MARIOTTE, (Edme) (Hifl. Litf. mod. y reçu à
l’académie des fcienees en 1666 y dans le temps de fon
inftitution célèbre par des expériences de phyfique,
dans plus d’un genre ; il a fait à Chantilly là plupart,
defes expériences dfaidrauliques feience qu’il a contribué
à perfectionner ; if a fui, ajouter amU. aux découvertes
de Pafcal fur la pefanteur. On a de foi un
traité du mouvement des eaux ; un traité du nrvel-
i un traité du choc, des. corps un-traité du
M A R 4psr
mouvement des pendules, & d’autres ouvrages de
phyfique. Il a aufîi fait & publié des expériences for
les couleurs. Mort en 1684» c’eft à lui qu’on attribue
ces deux vers latins fi concis & fi dateurs for la rapidité
des conquêtes de Louis XIV.
Uha dies Lotharos, Burgundos hebdomas üna £
Und dofnat Batavos lutta y quid annus erit?t
MARIVAUT. ( Voye^ MaRolles )
MARIVAUX, ( Pierre Cari et de Clïamblain de }
( Hiß. Litt. mod. ) de l’académie françoife.
On a donné un efprit de Marivaux , comme on
en avoit donné un de Fontenelle. A la tête de ce
recueil on trouve un éloge hiftorique de M. de
Marivaux, qui ne peut rien apprendre for fon efprit,
ni for fes talens mais qui donne l’opinion la plus
avantageufe de fon caraâère. Il contient deux lettres ÿ
l’une for la pareffe , l’autre fur les ingraîs « Ah ! fainte
» pareffe , falutaire indolence, s’eerie-t-ildans l’une, Ct
» vous étiez reftées mes gouvernantes, je naurois pas-
» vraifemblablement écrit tant de néants plus ou moins
n fpirituels ; mais j’aurois eu plus de jours heureux
» que je n’ai eu d’inftans fupportables. Mon. ami 1
!» le repos ne vous rend pas plus riche, que vous ne
” l’êtes, mais il ne vous rend pas plus pauvre, avec
» lui vous confervez ce que vous ri’augmentez. pas r
» encore ne fais-je fi [’augmentation ne vhent pas quel-
» quefois réeompenfer la vertueufe infenfibilité pouc
» la fortune
C ’eft du moins la morale de la- fable de fa Fon-
tanie , qui a pour titre 7 lhomme qui. court après Ut
fortune, & lhomme qui lattend dans fon Ht. L’auteur
parle enfoite d’un fromme de fa eonnoifianee qui v *
voyager avec un prince : « ïl a l’honneur, d-appattenir
” à un prince, il faut qu’il marche ; & moi , j’ai fa
» douceur de n’appartenir qu’à moi & je ne mar-
» cherai point ».
C ’eft par une fuite de cet amour pour îe repos Si,
pour la liberté., qu’il fit un jour une aumône ccnfi-
dé râble fa. un pauvre, auqueiil reprodioit de mendier^
étant dans toute fa force de la jeunefiè & de la fanté
& qui-lui répondit;avec toute l’énergie d’un fentiment
profond. I ah l Monficur , f i vous faviez, je fuis fi.
parejfeux 1
Il y a de fort beaux traits dans là lettre for fes*
ingrats ; tel eft. celui - ci : « Us ont beau faire , mort
» ami,, leur confeience ne faurcût être ingrate tout?
» s’y retrouve. Elle a des replis , ;où les reproches'-
v que nous méritons fe confervent, où nos devoirs.
» fe plaignent de n’avoir, pas été fuisfaits.
Une des maximes.de M.Marivaux étoit que\pour être
affe£ bon, U faut l'être trop. Il difoit .encore ,. « fi mes*
amis 1venoient m’affuren qi:ie- js paffe pour un bel*
efprit., je: ne fens pas en vérùé; que je frifîe plusconteru
de moi-meme ; mais fi.•Japprenoi&que quel—
qu’un eut tait quelque profit-en lifant mesouvraefs ».
fe fut corrigé d'un défaut -1 oh b. cela, me- toucheâ.
roiL^L ce giaiûr-là_feroit de ma compétensâ n».’