p,tyer0 <S‘ moi de parler de lui tant en bien quen mat
'T o u t ceia n annonce pas une ame fort noble. Son
uvei fion pour lestraitans étant encore augmentée par
le retranchement de fa penfion, il difoit:: » Je garde
« deux écus d’or frappés au coin de Louis X I I ,
» fumommé le Père du peuple : Tun pour louer une
n place à la Grève la première fois qu’on pendra un
» traitant; T autre pour boire àlavu ede fonfopplice ».
A l’article Comptable, dans le Diâtoimaire de l’A cadémie
, il avoit propofé férieufèment cet exemple que
■ fon indécence fit rëjetter ■: tout comptable efl pendable.
A v e c de telles difpofitions on n’eft pas fort propre à
écrire Thiftoire. Mézeray étoit de bonne compofition
fur les erreurs répandues dans les fierines. L e lavant
père Petau lui dilànt qu’il y avoit trouvé mille erreurs.
Vous ri y avc{ pas bien regardé ^ dit-il, pour moi , j'y en
ai trouvé dix mille. Etoit-ce un aveu cepéndant , ou
une dérifion?
Mézeray mourut en 1683. Il avoit fait profefïion
d ’un grand pyrrhonifme en matière de religion. Dans
fa dernière maladie, il rafferabla ceux de lès amis
qu’il avoit pu ou feandalifer ou féduire par fes difeours
irréligieux 'ï Souvenez-vous ,leur dit i l , que Mézeray
mourant cfl plus croyable que Mézeray en fanté.
Un de lès travers avoit été d’aller le plus fouvent
vêtu comme un mendiant. Un jour étant en voyage
& vêtu ainfi, il fut arrêté par les archers des pauvres.
MeJJîeurs , leur dit-il, charmé de cette aventure , qui
étoit fort de ion goût : f aurois peine à vous fuivre à
pied, on raccommode quelque choje à ma voiture,
aujjîtôt quelle m aura joint, nous irons ensemble ou il
vous plaira.
C ’étoit dans le peuple qu’il aimoît à former des
liaifons. Un cabaretier du village de la Chapelle, fur
Ja route de Saint- Denis, nommé Lefaucheur, lui plut
•tellement par là franchiife & lès propos naïfs, qu’ il
prit l’habitude d’aller palier chez lui les journées entières
, & qu’il le fit fon légataire univerfel.
Outre lès hiftoires de F rance, Ion avant C lo v is , fon
traire de l’origine des François, on a de lui une continuation
de Thiftoire des Turcs depuis 1612, jufqu’en
1649 ; une traduction françoife du traité latin de Jean
de Sarisbery ou de Salisbery, intitulé : Les vanités
de la cour. O n lui; attribue quelques fatires contre le
gouvernement, qui parurent .{bus le nom de Sandri-
court ; Ihifloire de h mère & du fils, & c .
MEZJR1A C , ^ Öaude-Gatpard Bachet de ) ( Hiß.
Litt. mod. ) né a Bourg-en-Breffe, d’une famille
noble, fut d’abord Jéfuite , & dès l’âge de vingt ans
il profeffoit la rhétherlque à Milan. Ayant quitté la
Société des Jéfoites, il vint à- Paris., & fut de l’académie
françoife dès la naiffance de cette compagnie.
I l mourut en 1638 , âgé d'environ 60 ans. O n a
de lui une vie d’Elope oh il réfute le romande Ha-
nudes, & foutient qiiEfope n’étoit ni boflu ni mal
fa it , artide fort étranger au mérite d e fes fables; il
a traduit en vers français du temps quelques héroïdes
d ’p y id e ., auxquelles il a joint un commentaire dont
on fort allez de cas, non pour le f ty le , mars pour
i ’erudition mythologique. Il étoit ma hémaricien aufiâ
bien qu’homme de lettres. On eftime fa traduefioa
latine de Diophante , & le commentaire- qui l'accompagne
: elle a été réimprimée en 1670 avec des
oblèrvations du célèbre Fermât.
\ MEZRA1M , ( Hiß. Sacr. ) fils de Cham & petit-
fils yde Noé. Il en elf parlé au chapitre 10 de la Genèfe,
M l A , ( Hiß. mod,') c’eft l e nom que les J’aponois
donnent aux temples dédiés aux anciens dieux da
pays : c e me t figmfie demeure des âmes. Ces temples
font très-peu ornés ; ils font construits de bois de
cèdre ou de lapin , ils rfont que quinze ou feize pieds
de hauteur ; il règne communément une galerie
tout-au-tour , à laquelle on monte par des degrés.
Cette efpèee de fanétuaire ri*a point de pontes ; il
ne tire du jour que par une ou deux fenêtres grillées
., devant lesquelles fe proftornent les Japonois
qui viennent faire leurs dévotions. L é plafond eft orné
d’un grand nombre de bandes de papier blanc ,
lymbole de la pureté du lieu. A u milieu du temple
efl un miroir , fait pour annoncer que la divinité
conneît toutes les feuillures de i’ame. Ces temples
font dédiés a des efpèces de faints appelles Carni ,
qui font, dit-on, quelquefois des miracles; &, alors
on place dans le ma fis ©{Terriens, fes habits , & fes
autres reliques, pour les expöfer à la vénération du
peuple;.à côté de tous les mia, des prêtres ont foin
de placer un tronc pour recevoir les aumônes. Ceux
qui vont offrir leurs prières au cami , frappent fur
une lame de cuivre pour avertir le dieu de leur arrivée.
A quelque diftance du temple eft un baflïn de pierre
rempli d’eau , afin que ceux qui vont faire leurs
dévotions puiffent s’y laver ; on place ordinairement
ces temples dans des folitudes agréables , dans des
bois , ou for le penchant des collines ; on y et
conduit par des avenues de cèdres ou de cyprès.
Dans la foule ville de Méaco on compte près de
quatre mille mia , delfervis par environ (garante
mille prêtres ; les temples des dieux étrangers fe
nomment tira. (A . R.)
M IAG O G U E , f. m. ( Hiß. anc. ) nom qu’ on don*
n c i t , par plaifanterie, aux pères qui faifant infcrire
leurs fils le troifiéme jour des apaturies dans une tribu
, (acrifioient une chèvre ou une brebis , avec une
quantité de v in , au-deffeus du poids ordonné. {A. R.)
M ICA T ION -, f. f. ( Hiß. anc. ). jeu oh Tun des
joueurs leve les mains en ouvrant un certain norn-
bre de doigts , & l’autre devine le nombre dé doigts
lévés, pairs ou impairs. Les lutteurs en avoient fait
un proverbe, pour fignifier , agir fans les connoiffances
né.ceffaires à la chofe qu’on, fe propofôit , ce qu’Ü5
délignoient par nùeare in fenebris. (A. R.)
M ICESLA S I , ( Hiß. de Pologne. j duc de Pologne.
Jnfqu’au regne de çe prince , la Pologne avoit
été plongée dans les ténèbres de TiciohVjie ; ce fut
foi q u i'le premier éleva la croix fui- les débris des
: idoles,
îiHoles ; ’& cette révolution fut l’ouvrage de l’amour.
«Dnmbro'wcka » fille de Bolellas, duc de Bohême,
.avoit allumé dans fon coeur les feux les plus violens ;
mais elle étoit chrétienne , & elle avoit juré de ne
Jamais unir fa main à celle d’un prince idolâtre. Mi-
■cejlas fe fit baptifer pour lui plaire, il lança un edit
par lequel il ordonnait a tous lès fojets de mettre
leurs idoles en pièces ; il leur marquoit le jour ou
cet ordre devoit être exécuté dans toute la Pologne :
il le fut fans réfiftance Tan 965. L ’évangile fut adopté
dans toute fa rigueur ; o® pouffa meme la morale
chrétienne julquà un ftoïcifme qui excite autant de
pitié que d’étonnement. Lorfqu’un polonois étoit
•convaincu d’avoir mangé de la viande pendant le
carême , on lui arrachoit toutes .les dents: par le
■ chât raent dont on puniffoit une faute fi légère, on peut
J.iaer des fopplices réfervës aux grands crimes.
Mic-flis fit à fa maîtreffe ou à fa religion un plus
grand facrifice , en chaffant de fa cour plulieurs
xonciibines , dont il avoit été plus idolâtre que dé
leb faux dieux.. Tant de zèle pour l’évangile ne put
cependant obtenir du pape qu’il érigeât le duché dé
Pologne en royaume : le chriftianifme ne lui fembloit
pas allez affermi dans cette contrée ; il vouloit que
les d u c sp a r une foumiffion plus aveugle aux volontés
de la cour de R ome, méritaffent le titre de rois.
Cependant fi la couronne doit être le prix des victoires
, peu de princes en ont été plus dignes que
Miceflas : il défit les Saxons près de Vidin , l’an 908 ,
porta le ravage julqu’au centre de la Bohême , &
laiffa par-tout des monumens de fon courage ; il
prêta à la religion chrétienne l’appui de fes armes
contre les peuples du Nord. C e fat fous fon régné
qu’on vit s’établir cette coutume bizarre , de tirer •
l ’épée lorlque le prêtre lit l’évangile^ elle s'eft long-
tems confervée en Pologne. Miceflas avoit commencé
à régner vers 964 , & mourut Tan 999 :. Thiffoire
le peint comme un prince occupé fans ceffe du
bonheur de fes fojets , & de la fplendeur de l’état.
|[M. DE SACY. )
M i c e s l a s I I , roi de Pologne : la nation avoit
décoré du titre de r o i , la tombe de Bolellas Crobri ,
fon père. Le fils couronné à Gnelhe en 1015 » avec
Richfa fon époulè , prit le même titre ; mais il n’en
avoit ni les vertus, ni les talens : endormi dans les
bras de fon époufe , invifible à fon peuple , renfermé
dans fon palais, à peine fut-il informé que les Ruffes
venoient venger les défaites qu’ils avoient effuyées
fous le régné de-fon père , & qu’ils emmenoient les
Polonois en efclavage pour cultiver leurs terres.
Enfin la nation fit entendre fes murmures ; Miceflas
étoit menacé de perdre la couronne, s’il ne fe mon-
troit à la tête de fon armée ; il fe montra, mais il ne
fit rien dé plus ; aulîï indolent dans fon camp que
dans fon palais, il obferva l’ennemi & n’ofa le combattre.
U lr ic , duc de Bohême, tributaire de la Pologne
, en fecoua le joug. ,. il prit les armes pour
obtenir une indépendance que Miceflas ne lui difpu-
t°it p a s , & ravagea la Pologne pour conferver la
Bohême. La Moravie1 furvit cet exemple , Miceflas
Hifloire. Tome III.
parut une îècohde fois à la tête de fes troupes , ôc
n’ofa hazarder ni fiéges ni batailles : il voulut nego.
c ie r , mais il étoit auffi mauvais politique que mauvais
général. Les gouverneurs qu’il avoit établis
dans les provinces, méprisèrent un maître indolent
qui ri’avoit pas plus de courage pour contenir fes
fojets que pour vaincre lès ennemis : ils s’érigèrent
en fouverains , & la Pologne devint un état anarchique
, livré aux divifions les plus funeffes : ce fut
vers Tan 1036 qu’arriva cette révolution. Trois
princes hongrois entreprirent de fauver ce royaume
prêt à s’abîmer dans fes fondemens ; ils arrachèrent
Miceflas de fon palais, l’entraînèrent en Poméranie ,
& le firent vaincre malgré lui-même. Son goût pour
les plaifirs le ramena dans là capitale , ou il donna
encore pendant quelque tems le fpe6h.de de fes débauchés
, & mourut Tan 1034 ( M. de Sacy. )
M ic e s l a s III , fornommé le vieux, foccéda, Tas
1173 , à B olella sIV, fon frère, roi de Pologne: tant
qu’il avoit- été confondu dans la feule , on avoit eftime
les vertus , ou plutôt on n’avoit pas apperçu fes
vices ; dès qu’il fut r o i , toute la noirceur de fon ca-
ra&ère fe développa fans obftacies ; il accabla le
peuple d’impôts, dépouilla les riches, vexa les pauvres
, écarta les gens vertueux de toutes les grandes,
dignités ; & devenu tyran , ne fe rendit acceffible
qu’à des tyrans comme lui. Le peuple gemiffoit en
ülence ; la nobléffé ofoit à peine murmurer ; un
prêtre changea la face de l’état. Gedéon, eveque de
Cracovie , fouleva la nation , & fit depofer Miceflas ;
Cafirriir , après quelques refus politiques ou fmcères,
accepta fa couronne : Miceflas mendia des fecours
chez tous fes voifins , & ne trouva pas un ami. Quelques
fa&ieux dans la grande Pologne prirent les
armes en là faveur ; mais cet orage fut bientôt dife
l ip é , & Miceflas s’enfuit à Ratibor, dans la haute-
Siléfie , Tan 1 1 7 9 1 il revint à la'tête d’une armee j
chalfo Lezko qui avoit foccédé à Cafimir , & mourut
Tan 12,02.. ( M. de Sacy. )
MICH A BO U , f. m. ( Hifl. mod. culte ) c’eff le nom
que les Algonquins , & autres fauvages^de l’Amérique
feptentrionale donnent à TEtre fopreme ou premier
Efprit , que quelques-uns appellent k grand-
lièvre ; d’autres l’appellent alahocan. Rien n’eft plus
ridicule que les idees que ces fauvages ont de la
divinité ; il croient que le grand-liévre étant porte
for les- eaux avec tous les quadrupèdes qui formoient
fa coiir., forma la terre d’un grain de table, tire du
fond de l’Océan , & les hommes des coips morte
des animaux ; mais le grand-tigre, dieu des eaux ,
s’oppofa aux deffeins du grand-lievre , ou du moins
refufa de s’y prêter. Voila , fuivant les fauvages ,
les deux principes qui fe combattent perpétuelle-,
ment.
Les Hurons défignent TEtre fopreme fous le nom
d"Areskom , que les Iroquois nomment Agréskoué. Ils
le regardent comme le dieu de la guerre, Ils croient
qu’il y eut d’abord fix hommes dans le monde ; Tun
d’eux monta au ciel pour y chercher une femme x