
■ p'à'dant un jour dans la chambre des lords pour
l’exclufion'dn duc d 'Yorclc, enpiéience de Charles II,
.dit qu’il ydïoit avec d’autant plus de zèle pour ce
parti , qu’il y croycit la fureté du roi Ton père ,
intérE'fféè Charles dit tout haut : cejl un baijer de
Judas qu'il me donne ; mais toujours partagé entre
le duc d’Y orc k fit le duc de Montmouth , & trop
foible pour tenir la balance entr’eux , Charles la
faifoit pencher tour-à-tour de l’un fit de l’autre c té..
Mammouth trempa .dans çe qu’on appella le complet
de la maifon de Rye9 maifon qui appartenoit à un des
.conjurés & o$i le complot fut formé, où même il
devoit être exécuté ; il ne s’agiffoit pas de moins d.ans
quelques-unes deÿ proportions qui furent faites , que
jaàffaffiner ou du moins d’arrêter le rpi & le duc
jd’Y orck ; ^nais les chefs de ce complot mal concerté
/différoient tous dé voies , de motifs & d’objet ; des
hommes même vertueux y entrèrent , 8t peux-ci
n’avoient pour but que la liberté de leur pays ; tous
fe réuniffoiènt dans le projet d’exclure de la couronne
Je duc d’Y orck ; la confpiration fut découverte & j
■ punis , fit le duc de Mont/nonth fut obligé de fe
cacher.
Après la mort de Charles I I , arrivée le 16 février ;
1685 , Jacques II fon frère , monta fur le trône,
^malgré tops les bills d’exclufion : Montmouth eut la
folie de lui difputer la couronne, fit la folie encore
plus grande de tenter cette entreprife fons pa rti, fans
vaifleaux, fans armée , fuivi feulement de quelques
aventuriers ; il ht une defcente .à main grniee, en •
Angleterre, tandis que le comte d’A rgyle en faifoit
ime en Ecoffe ; ils furent défaits , pris fit décapités ;
la loi autorifoit cette rigueur : mais le duc de Montmouth
étoit neveu de Jacques ; il avoit été l’objet
de toute la tpndreffe de Charles I I , qui Je lui avoit
recommandé en mourant ; il étoit plus étourdi que
méchant ; fon malheur fit la clémence du vainqueur
l’auroient ailement fait rentrer dans Je devoir ; il
étoit l’idole du peuple , fit la politique youloit qi/on
Jui pardonnât, mais Jacques ne favoit point pardonner,
La foite du duc de Montmouth , après la bataille de
Sedgemqor, du 5 juillet 1685 , où il avoit été défait,
fut accompagnée de fatigues fit de périls , qui rappellent
les 'anciens malheurs de Charles I I , ppurfoiyi
par Çropfwel , dévoient difpofer £ la clémence un
prince qui les avoit partagés. Plus malheureux SSÉ
fon père , Montmouth tomba entre les mains de (es
.ennemis ; alors fon courage l’abandonna ; il montra
tant de foibleffe, fit demanda la vie à genoux avec
tant d’inffançes, que Jacques efpéra qu’il l’engageroit
aifétnenî à livrer ceux qui l’avoienî fuivi ; mais &
y avoit loin dans Montmouth de la foibleffe à la
baffeJTe ; il crut fon honneur intéreffé mà filence, fit
jl le garda jufqu’à la mort.
Selon une tradition rapportée par le chevalier
Dalrymple , le matin du jour de l’éxé.cutâon de Mont- 1
piouth, Jacques II envoya demander à déjeuner à la
ducheffe de Montmouth ; elle ne douta pas que fon
mari n’eût fa grâce ; mais Jacques fe crut généreux ,
gn remettait à la yeuye fie aux #i&ns ( l'es petits
neveux ) les biens q u i, foivant la rigueur de la loi 9
étoient acquis à la couronne par la révolte de Mont-
mouih, fit c'étoit cette cefffon , que* par un défaut
de déliçateffe monftrueux , il s’étoit fait un plaifir
d'aller porter lmrmême à la ducheffe.
Une foule de peuple fuivit Montmouth à l’échafaud
en verfant des larmes ; c’étoit la douleur plus que la
mort qüe Montmouth avoit redoutée , il pria encore
plus inftamment le bourreau de prendre lès mefores
pour ne le pas manquer , qu’ il n’a voit prié le roi
fon oncle de lui accorder la vie ; il chargea fes
domeffiques de payer après fa mort, à l’éxécuteur le
prix de fon adrèffe , s’il le méritoit, fit ce prix étoit
confidérable ; ce fiit préeifément ce qui rendit le
bourreau plus mal - adroit Agité par la crainte ÔC
par l’efpérance, il ne porta qu’un coup mal affûré,
qui laiffa au duc la force de fo relever fie de le
regarder au vifage , comme pour l’avertir, que le
traité étoit rompu. Le duc remit enfujte tranquillement
fa tête for le b illo t , l’éxécuteur ayant porté
deux p S f f i coups avec auffi peu de fuccès , jetta
la hache , en s'écriant qu’il lui étoit impofîible de
remplir fon miniftère ; les fchçrifs le forcèrent de la
reprendre, fie ce ne fut qu?après deux autres coups
que la tête tomba.
Après l’éxécution, le peuple ne voulut plus croire
que cette tçte qu’ il avoit vue tomber , fût celle de
Montmouth. ; il aima mieux fuppofer qu’un ami de
Montmouth qui lui reffembloit beaucoup , avoit voulu
mourir pour lui , il fo flatta de revoir Montmouth , fit
cette efpérance toujours préfentée , ce nom toujours
prononcé par les faélieux, excitèrent ou fécondèrent
plus d’un foulèvement.
C’en fur toutes ces chimères qu’pn a élevé la
conjeâure fabuleufe que le duc de Montmouth étoit
l’homme au mafque de fer. (Foye{ Masque de Fer.)
car c’eft une des mille cpnjeélures auxquelles l'aventure
du mafque de fer a donné lieu.
MONTPENSJER , {Hift- de iFr.) nom i°. d’une
branche de la maifon de Bourbon, laquelle eft elle-
même une branche de la maifon de France. ( Voye^
Bo u r bo n ) où ce qui concerne cette branche , dont
étoit le fameux connétable de Bourbon , e# rapport^«
a°. D ’tme autre branche de la maifon de Fr- ic e I
qui defeend de Louis de JBourbon, premier du nom $
prince de la Roche-for-Yon , fécond fils de Jean de
Bourbon IId du nom , comte de Vendôme , fie
d’Elizabeth de Beauvau. C e tte . fécondé branche de
Montpenfier, eft çejle des ducs de Montpenfier , fiç
elle defeend de la première par les femmes. En effeç
Louis de Bourbon Ier du nom» tige de cette fécondé
branche , avoit êpoufé, le 21 mars 150 4 , Louife <jje|
Bourbon , comteffe de Montpenfier , fille aînée de
Gilbert de Bourbon , 6t loeur du fameux connétable
/de Bourbon , tué au fiége de Rome.
Louis I . eut deux fils;
i° . Louis de Bourbon, IId. du nom, qui fin lé
premier duc de Montpenfier. Il le diftinguoit par fon
, zèle perfécutepr contre k? Huguenots. Quand ils.
ÎBfflbpîgÿ
tomboient entre fes mains à la guerre, il fallbît pendre
tous les hommes , il livroit toutes les femmes à la
proftitution, Il fut fornommé le Bon. Sa formule de
condamnation pour les hommes , étoit : je vous
recommande à M. Babelot ; ce M, Babelot étoit un
Cordelier qui devoit les çonfeffer. Pouf les femmes :
je vous recommande à mon g uid on Montauron. 11 n’appartient
qu’à Brantôme de peindre ce terrible Montoiron.
( Brant., hom. Iiluft. art. Montpenfier. ) Louis I I , né le
10 juin 1513» mourut le 23 feptembre 1582. La
fameufe ducheffe de Montpenfier Catherine de
Lorraine ,foeur desGuilès, tués à Blois; cette implacable
ennemie de Henri III q u i, ayant, dit-on, été
bien avec elle , l’avoit accufée.de quelque imperfection
lècrette, cette faélieufe princeffe qui portoit, difoit-elle,
toujours à fes côtés une paire de cifeaux pour faire
à Henri I I I , une couronne de Moine , ÔC qui détermina
Jacques Clément à fon attentat, étoit la fécondé
femme du duc de Montpenfier , qui n’en eut pas
d’enfans ; mais il en avoit d’un premier lit.
2®. Charles,.prince de la Roche-for-Yon , mort
le 10 oétobre 1505 : l’auteur de l’hiftoire de la maifon
de Bourbon , rapporte de lui un trait curieux.
n A l’exception de la principauté dont il portoit
» le nom , le prince de la R o ch e -fu r - Y on ne
n poffédoit rien............il jetta les yeux fur l’héri-
» tière de la maifon de L a v a l, auffi, riche que noble
» .........mais il échoua par lç crédit prépondérant
» du connétable de Montmorenci , qui obtint la
» préférence en faveur de Coligny-cfAndelot , fon
n neveu. On prétend que d’Andelot , jeune ÔC avan-
V tageux , non content du triomphe qu’il avoit
» remporté for fon rival , s’échappa contre lui en
» railleries fanglantes. Le prince de la Roche-fur-
» Y o n ...............voulut fe battre contre lui. D ’Andelot,
» quoiqu’iffu d'une maifon très - puiffante.............. ...
» quoiqu’il pafsât pour le plus fier ÔC le plus déter-
» miné de tous les hommes , fie que dans ce fiècle
» du courage ÔC de l’audace il fut fornommé le
a chevalier fans peur9 frémit cependant à là feule
» idée de fe battre contre un prince du fang , fie
» évita toujours l’occafion de fe battre avec lui*
n Mais le hazard confondit fes précautions. Un
»» jour qu’il accompagnoit le roi à la chaffe , il fe
j> trouva feul à l'écart ; le prince de la Roche-fur-
» Y on , quî^peut-être l’épioit , arrive, ÔC le traite
n avec mépris 8c dureté ; bien plus, il veut fe porter
n contre lui aux voies de fait. Alors d’Andelot met
» l’épée à la main pour repouffer l’outrage, fie bleffe
» fon ennemi ; il eft bleffé lui-même par un gentil-
» homme du prince , appellé Defroches , qui forvint.
» D ’Andelot ÔC Defroches continuoient de fe battre
v fie fë çhargeoient avec fureur, lorfqu’ils furent fé~
n parés par un corps de chaffeurs. Cet événement fit
» beaucoup de bruit ; les princes du fang en corps,
» demandèrent au roi jvfîlice de l’audace de d’Andelot;
» le .connétable de Montmorenci embraffa hautement
»> la défenfe de fon neveu, fie il eut befoin de tout
» fon crédit à la cour , pour le fouffiaire à la rigueur
» de la juffice.
Hijieire. J'orne JJ1K
b D ’Andelot échappé au péril qui le menaçoit, fe
n confirma de plus en plus dans l’idée de fuir toute
» rencontre avec un ennemi que la loi lui rendoit
m fàcré. Il revenoit un jour de SaintGermain-en-Laye,
» où habitoit la cour ; à peine entré dans un bac pour
n traverfer la Seine, il apperçoit le prince de la
n Roche - for - Yon , qui aeeouroit à toute bride ,
» fie qui crioit qu’on l’attendît. D ’Andelot s’imagine
» que le prince le pourfoit pour l’obliger à fe battre ;
» auffi-tôt il tire fon épée , fie coupe le cable du bac.
n Le prince regarda cette fage précaution de fon
n rival comme un nouvel affront ; fon reffentiment
» augmenta contre lui ; mais il ne trouva plus occafion
» de le faire éclater. »
Le prince de la Roche-fur-Yon laiffa un fils, Henri
de Bourbon , marquis de Beau préau , mort d’une
chûte de cheval dans un tournoi, à. Orléans en 15 60*
Le dernier duc de Montpenfier, en qui finit cette
branche , fut très-attaché à Henri IV. Il perdit contre
le duc de Mercoeur, la bataille de Craon en Anjou ;
il fut bleffé d’un coup d’aiquebufe au fiége d’Evreux
en 1593. En 15 9 6 , il eut la foibleffe de fe la fier
féduire par plufieurs feigneursfrançois mal-intentionnés,
q u i, voulant profiter pour eux-mêmes de la mauvaife
fîtuation des affaires du royaume à cette époque, le
chargèrent de propofer au roi , comme feul moyen
de réfifter aux ennemis, de rendre tous les gouverneurs
héréditaires, moyennant quoi tous c*.s gouver-
nemens devenus héréditaires, fe chargeroient de lui
entretenir des troupes toujours prê es dans tous fes
befoins ; le roi le fit rougir d’une propofition fi déplacée
dans fa bouche , lui prince du fang, & beaucoup
plus proche de la couronne que n en avoit été autrefois
Henri lui-même. L e duc de Montpenfier reconnut
fa faute, fie courut la réparer , en déclarant à tous
fes conjurés, qu’ils l’avoient trompé ; que leur pro-
pofition étoit la fubverfion de la monarchie ; qu’il,
n’en parleroit au roi que pour l’en détourner , 8e lui
dévoiler leurs artifices. Cette entreprife n’alla pas plus
loin , les événemens changèrent fie les affaires fe
rétablirent.
Le duc de Montpenfier mourut le 27 février 1608 ;
laiffant une fille, Marie de Bourbon, qui époufa lé 6 août
1626 , le duc d'Orléans, Gallon , frère de Louis
XIII , fie qui mourut le 4 juin 1627 , fix jours après
être accouchée de la fameufe Madeirfoifelle de Mont-
penfier, Anne - Marie - Louife d’Orléans, dont nous
avons des Mémoires, fie qui époufa le duc de Lauzun.
Voye^ l’article Lauzun ) après avoir manqué plus
e mariages, dit M. le piéfident Hénault, que la reine
Elifabeth n’en aveit rompus. Ses Mémoires , affez mal
écrits pour que l’on puiffe affurer qu’ils font d’elle 9
ne donnent l’idée que d’un petit cfprit de cour, occupé
de petites intrigues & de tracafferies ; mais elle avoit?
du caraétère ; ç’étoit elle qui fixoit les irréfolutions
de fon père ; ce fut elle q u i, en 1652 , retint Orléans
dans le parti de fon père ÔC dans celui du grand Condé ;
ce fut elle q u i, cette même année , au combat de
Saint-Antoine, en faifant tirer le canon de la Baffilfe
for l’armée royale fii la forçant de fe retirer, faiiv^