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enflent toujours vécu. R. Béchaî, disputant contre
les philofophes qui défendoient la mortalité du premier
homme , foutient qu’il ne leur eft point permis
d’abandonner la théologie que leurs ancêtres ont
puifée dans les écrits des prophètes, lesquels ont enseigné
que r homme eût vécu éternellement y s’ il ri eût
point péché. Manaffé, qui vivoit au milieu du fiècle
pafle , dans un lieu où il ne pouvoit ignorer la prétention
des Sociniens, prouve trois cnofes qui leur
font directement oppofées : i . que l'immortalité dû
premier homme, perfévérant dans l’innocence, eft
fondée for 1 Ecriture; 2. que Hana, fils deHanina,,
jR. Jéhuda , & un grand nombre de rabbins, dont fl
cite les témoignages y ont été de ce fentiment ; y.
enfin, fl montre que cette immortalité de l’homme
s’accorde avec la raifon, puifqu’Adam. n’avoit aucune
caufe intérieure qui pût le foire mourir r & qu’il ne
craignoit rien, du dehors, puifqu’il vîvoit dans un lieu
très-agréablë, & que le fruit de l’arbre de vie, dont
il devoit fe nourrir, augmentoit fa vigueur..
19. Nous dirons peu de chofe for la création de
la femme : peut-être prendra-t-on ce que nous en"
dirons pour autant de plaifonteries ; mais il ne fout pas.,
oublier une ft noble partie du genre humain. On dit
donc que Dieu ne voulut point la créer d’abord-,
parce qu’il prévit que l’homme fe plaindroit bientôt
de fo malice. Il attendit qu’Adam la lui demandât ;
& il ne manqua pas de le faire , dès qu’il eut remarque
que tous les animaux paroifloient devant lui deux
à. deux. Dieu prit toutes les précautions néceflaires
pour la. rendre bonne ; mais ce fut inutilement. Il ne
voulut point la tirer de là tête, de peur qu elle n’eut
ïefprit & l’ame coquette ; cependant on a, eu beau
foire, ce malheur n’a pas laifle d’arriver ; & le prophète
Ifaïe fe plaignoit il y a déjà, longtemps , que
tes filles flfra è l alloïent la tête levée & la gorge nue.
Dieu ne voulut pas là. tirer dès yeux , de peur qu’elle
ne jouât de la prunelle ; cependant Ifaïe fe plaint encore
que les filles avoient l’oeil tourné à la galanterie. Il ne
voulut point la tirer de la bouche de peur qu’èlle
ne parlât trop 1 mais on ne feuroit arrêter fo langue ,
ni le flux de fo bouche. Il ne la prit point de
l’oreille, de peur que ce ne fût une éeouteufe ^cependant
il eft: dit de Sara, qu’elle écoutoit à la porte du
tabernacle, afin de fovoir le fecret des anges. Dieu
ne la forma point dit. coeur r de peur qu’elle ne fut
jaloufe • cependant combien de jaloulîes & d’ènvies
déchirent le coeur des filles & des femmes b Il n’y a;
pomt de paflion ,. après celle de l’aïnour, à laquelle
elles foccombent plus aifément.. Une loeur, qui a
plus de bonheur, & for-tout plus de galànts , eft lob-
jet de fa haine de fo feeur & le mérite ou la beauté
font des crimes qui ne fe, pardonnent jamais. Dieu
ne voulut point former la femme ni des pieds ni de la
main, de peur qu’elle ne fut coureufë, & que l’envie
de dérober ne la prît-r cependant Dina courut &
fe perdit : &. avant elle, Rachel avoit dérobé les
dieux de fon père. On a eu donc beau choifir une
partie honnête & dure de l’homme , d’où il femble
qu’fl ne pouvoit fortir aucun défaut, la femme n’a
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. pas faiffê de les avoir tous. Ceft la defcrfo.-ion cnie
les auteure juifs nous en donnent. Il y a peut-être d.. s
gens qui la trouveront fi jufte , qu’ils ne voudront pas.
la rre:tre au rang de leurs vifions, & qui s’imagineront
qu’ils ont voulu renfermer une vérité connue-
fbus des termes figurés-
Dogmes des Pèripatèticiens , adoptés par les Juifs;,
r. Dieu eft le premier & lefoprême moteur des deux-.
2- Toutes les chofes créées fe -divifent en trois-
elaffes. Les unes font eompolèes de matière & de
forme, & elles font perpétuellement fujettes à la génération
&. à. la corruption ; les autres font auflï compo-
fees de matière & de forme , comme les premières
mais leur forme eft. perpétuellement attachée à la-
matière ; & leur matière &. leur forme ne font point
femblables à celles des autres êtres créés -tels font lés
deux & les étoiles.. If y en a enfin qui ont une forme
fons matière , comme les anges.
3. Il y a.neuf deux,, celui de la Lune, celui dé
Mercure, celui de Venus , celui du Soleil,. celui de
Mars celui de Jppiter, celui de Saturne &. des autres-
étoiles, fons compter le plus élevé de tousqui les.-
enveloppe, &. qui fait tous les jours- une révolution,
d’orient en occident.
4. - Les deux font purs comme du eriftal; c’eft pour
cela que les étoiles du huitième ciel, paroiflent au-
deflous du premier.
5* Chacun de ces huit deux fe -divrfe en d’autres»
cieiK particuliers y dont les uns tournent d’orient en
occident, les autres d’occident en orient ; &. il n’y a;
point de vuide parmi eux.
6. Les cieux n’ont ni légèreté ,~ni pefonteur ni
couleur y car la couleur bleue que nous leur attribuons,
ne vient que d’une erreur de nos-yeux, occa—
fionnée par la.hauteur de l’atmolphère.
7. La terre eft au milieu de toutes les fphères qüp
environnent le monde. Il y a- des étoiles attachées aux^
petits cieux : or ces petits deux ne tournent point
autour de la terre, mais ils font attachés aux grands»
deux , au centre defquels la terre fe trouve.
8. La terre eft prefque quarante fois plus, grandè
que là Iune;.& le fbleil eft cent fbixante & dix fois»
plus grand.que la terre. Il n’y a point d’étoile plus-
grande que le fbleil., ni plus- petite qoe Mercure,
9. Tous les cieux &. toutes les étoilés ont une ame^
font doués de connoifTar.ee &.de fageffe. Ils vivent
& ils connoiflent celui qui d’une feule parole fit fortir
l’univers du néant.
10. Au-defïous du ciel dë la lune, Dieu créa une-
certaine matière déférente de la matière des cieux
& fl mit dans cette matière des formes qui. ne font-
point femblables aux formes des deux. Ces éléments
conftituent le feu y l’air yPéau & la terre.
12; Le feu eft. le plus proche de la lune ^au-deflous-
de lui foivent l’air , Tèau & là. terre ; & chacun de ces
éléments enveloppe de-toutes parts, celui qui eft au-r
deflous.
12.- Ces quatre éléments n’ont ni ame ni connoiff
fonce ; ce font comme dç§ corps morts qui cependant
sbnferyeqt. leur*rang»
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« l e mouvement du feu & de IVir eft de monter
dû centre de la terre vers le ciel; celui de leau &
de la terre eft d’aller vers le .centre.
, 4. La nature du feu qui eft le plus léger de tous
tes élémens, eft chaude 8c sèche ; fair eft chaud &
humide; l’eau froide & humide ; U terre qui eft de
Plus pefant de tous les éléments, eft froide & sèche.
* Comme tous les corps font compofc de ces
quatre éléments, il ny en a point qui ne renferme en
Aème temps le froid Ôc le chaud, le fec & lhumide ;
mais il y en a dans lefquelsune des ces qualités domine
for Les autres. âJ _ —
Principes de morale de,s Juifs, i. Ne foyez point
•comme des mercenaires qui ne fervent leur maître qu .a
condition d’en être payés ; mais fervez votre maître
fans aucune efpérance d’en être récompenies, ot que la
crainte de Dieu Toit toujours devant vos yeux.
2. Faites toujours attention a ces trois choies, oc
vous ne pécherez jamais. Il y a au-deffus de vous, un
ceil qui voit tout, une oreille qui entend tout, oc toutes
yos allions font écrites dans le livre de vie. '
3. Faites toujours attention a ces trois chofes, oc
vous ne pécherez jamais. D’où venez-vous? où allez-
vous ? à qui rendrez-yous compte de votre v ie . Vous
venez de la terre , vous, retournerez à la terre, ùL vous
tendrez compte de vos aCtions au roi des rois, i
4. La fogeffe ne va jamais fans la crainte de Dieu,
<nila prudence fans la fcience. § t ... .
5. Celui-là eft .coupable , qui, lorfqud seveille la
-nuit, ou qu’il fe proroene feul, s’occupe de penfees
6. Celui-là eft fage qui apprend quelque chofe de
t©us les hommes. .. . . T1
7. Il y a cinq-chofes qui caraCterïient le iage. i . Il ne
parle point devant celui qui le furpaffe en fageffe & en
autorité. 2. Il ne répond point avec précipitation. 3. Il
interroge à propos, & fl répond à .propos. 4- B ne
contrarie point ion ami. 5» B dit veu jours la vente.
8. Un homme timide n’apprend jamais bien , &. un
homme colère enfeigne toujours mal.
' q. Faites-vous une loi de parler peu & dagir beaucoup,
& foyez affable envers test le monde.
10. Ne pariez pas long-temps avec une femme, pas
même avec la vôtre, beaucoup moins avec celle d’un
autre ; cela irrite les pallions, &. nous détourné de
l ’étude de la -loi, ■ , ,
11. Défiez-vous des grands , & en general de ceux
qui font' élevés en dignité ; -ils ne fe lient avec leurs
-inférieurs que pour leurs propres intérêts. Ils vous
témoigneront de l’amitie , tant que vous leur ferez
utile; mais ri’attendez d’eux ni fecours nicompaffion
dans vos: malheurs. . v
12. Avant de juger quelqu’un, mettez-vous a la
place, & commencez toujours p r le (uppofer innocent.
• r • /r
13. -Que la gloire de yotre ami vous ioit aum
chère que la vôtre.
14. Celui qui augmente fes richeffes , multiplie
fes inquiétudes.- Celui qui multiplie fes femmes , remplit
t e l maifon de poifons..Celui qui augmente le nombre
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de fes fervantes, augmente le nombre des femmes
débauchées. Enfin, celui qui augmente le nombre de fes
domeftiques, augmente le nombre des voleurs. (A R*)
JUIGNÉ , ( Le Clerc de ) (^Hifl. de Fr. ) maifon
ancienne , établie en Anjou Sri dans le Maine. Ses
armes font remarquables par un cimier qui eft un coq
à ailes ouvertes , avec la devife ad alta, & le cri
de guerre : battons & abattons. Elle étoit connue &
confidérable dès le dixiéme fiècle.Elle a eu des alliances
avec nos plus grandes maifons. La terre de Juigné fut
érigée en baronnie par Henri IV , pour Rene le Clerc
de Juigné) qui lui avoit rendu de grands fervices. Son
petit-fils , maréchal de camp, fut tue dans le Dauphiné,
où il commandoit un corps de fix mille hommes ;
plufieurs autres guerriers de cette maifon ont ete tues
dans des batailles , nommément M. le marquis de
Juigné , à la bataille de Guaftalla , le 19 Septembre
1734, Il étoit colonel du régiment d’Orléans, infan*
terie.
JU-KIAU,( Hi-fi- uiocL & Philofoph.) c’eft le nom
queTon donne à la Chine à des fe&aires qui, fi Ton-
en croit les millionnaires, font de véritables athées»
Les fondateurs de leur feâe font deux hommes
célèbres , appellés Chu-tfe & Ching-tfé ; ils parurent
dans le quinziéme fiecle, & s’affocierent avec quarante
deux lavants, qui leur aidèrent a foire un commentaire
fur. les anciens livres de religion de la Chine ,
auxquels ils joignirent un corps particulier de
doârine, diftribue en vingt volumes, fous le titre,
de Sing-U-ta-tfuen, ceft-à-dire , philofophie naturelle.
Ils admettent une première caufe, qu’ils nomment
Tai-Kl II n’eft pas aifé d’expliquer ce qu’ils entendent
par ce mot; ils avouent eux-mêmes que le T ai ICI
eft une chofe dont les propriétés ne peuvent etre
exprimées: quoi qu’il en foit, voici lidee quils
tâchent de s’en former. Comme ces mots Tat-Ki
dans leur fens propre , fignifient. faite de maifon ,
ces docteurs enfeignent que le Tai-Ki eft a 1 égara
des autres êtres, ce que le faîte d’une maifon eft à
Fégard de toutes les parties qui la compofcnt ; que
; comme le faîte unit & conferve toutes les pièces
d’un bâtiment, de même le Tav-Ki fert a lier en-,
tr’elles & à conferver toutes les parties de luni-
: vers. Ceft le Tai-Ki, difent-ils , qui imprime àcha-
: que chofe un ' caractère fpecial, qui la diftinguè des
- autres chofes : on fait d’une pièce de bois un banc
ou une table ; mais le Tai-Ki donne au bois la forme
d’une table ou d’un banc ; lorfque ces inftrumens
font brifés, leur Tai -Ki ne fubfifte plus.
Les Ju-Kiau donnent à cette première caufe des
qualités infinies, mais contradictoires. Ils lui attribuent
des perfections fans bornes; c’eft le plus pur
Sc le plus puiffant de tous les principes ; il n’a point
de commencement , il ne peut avoir de fin. C ’eft
l’idée, le modèle & l’effence de tous les êtres ; c eft
Lame fouveraitae de l’univers ; c’eft l’intelligence
fùprême qui gouverne tout. Ils foutiennent meme
que c’eft une lubftance immatérielle &. un pur. efprit ;
mais bien-tôt.s’écariant de ces belles idées, ilscon^
H h . 2