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L à , fon expirante tendrefle ,
Veut que fes os (oient ramenés; ; I- ; ; »
Heureux qui des mers Atlantiques
Au toit paternel revenu ,
Confacre à fes dieux domeftiques
Un repos enfin obtenu 1
Plus heureux le mortel fenfible
Qui refte citoyen paifible,
Où la nature l’a placé........... ..
Il ne faudrait qu’un an d’abfence
Pour leur apprendre la puiflance
Que la patrie a fur les coeurs.. . . . ;
Bords de la Somme , aimables plaines,
Dont m’éloigne un deftin jaloux : -
Que ne puis-je brifer les chaînes
Qui me retiennent loin de vous ! &c.
On lent régner dans toute cette ode, quoique foible ,
îe même efprit qui a fait dire à Virgile :
Et dulc'es moriens reminifcitur Argos.
M. Grejfet, après avoir connu , goûté , peint dans
fes écrits, ce que Paris a de féduifant & de brillant,
a eu la fagefle de mettre à ces agréments leur
valeur véritable, 8c le bonheur de retourner dans là
patrie, 8c d’y relier, jouiflant parmi fes concitoyens,
-des douceurs de la confidération perfonnelle , après
avoir joui de tout l’éclat de fa réputation. Il ne reve-
noit plus à Paris que quand il y étoit appellé par quelques
affaires ou par quelques devoirs ; tout lui devint étranger
dans cette capitale, 8c fur-tout le jargon du jour,,
qu’il avoit fi bien peint dans le Méchant ; il voulut
le peindre encore, mais il-ne le connoifToit plus, qu’afTez
peut-être pour le méprifer juftement, 8c non parafiez
pour le peindre. ( Voyc^ l’article C hapelain.)
Un autre fentiment vrai qui fè montre partout dans
les ouvrages de M. Grejfet, c’eft l’amour de la campagne
, 8c la préférence toujours donnée à la retraite
ihr le tumulte 8c l’éclat de Paris ; non feulement il
aime la campagne, mais il la fait aimer. Voye^ dans la
C hartreuse ,.le parallèle de Paris 8c de la campagne :
Dans ces folitudes riantes,
Quand me verrai-je de retour ! &c.
Dans l’épître au P- Bougeant, la tirade :
Sortez du fein des violettes , &c.-
Et la tirade :
Feuillage antique 8c vénérable, 8cc.
Et dans Yépttre à ma Soeur, là tirade i
Tout nous rappelle aux champs ; le printemps va
renaître, &c.
Voye{ i ’ode à Virgile , intitulée : Euterpe ou la
Poéjîe champêtre ; & l’idylle intitulée : le Sièclepafioral.
Grejfet étoit le poète le plus original de ce fiècle;
c’eft le feul. peut-être qui ne foit abfolument d’aucune
école , 8c qui, poftérieur à M. de Voltaire, n’en ait
pas imité, en tout ou en partie , ou la manière générale
ou au moins-quelques détails. Voilà pour les petits
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poemes 8c les pièces fugitives. Grejfet n’a fait qu’unfi
comédie , 8c il eft au rang des premiers auteurs confisques.
Nous difons qu’il n’a fait qu’une comédie ; car
nous ne regardons pas comme une comédie, le drame
éloquent,, touchant 8c moral de Sidney , contre le
fuicide , où il n’y a de comique que le rôle dé'
Dumont,, qui même eft médiocrement comique, mais
où les perlbnnages intéreffans ne le font pas médiocre-
ment. Grejfet n’a fait aufli qu’une tragédie , 8c nous
ofons dire qu’elle ne nous parcît pas être à- fa véritable
place dans l’eftime publique ; c’eft la=; tragédie
d’Edouard III ; elle n’eft pas fort connue ifeSt elle mérite
foit de l’être. Nous ne la donnons cependant pas pour une
excellente tragédie : l’intérêt n’y eft- pas au degré qu’on
pourroit délirer ; la pièce a quelque froideur ; la marche
quelque lenteur ;■ on pourroit faire-contre le plan plus
d’une objeélion fondée ; mais,- pôut ne parler que des
auteurs morts aéhiellement cettè' pièce e ft, après les
excellentes pièces de Racine &de Voltaire , la tragédie
la mieux écrite qui exifte elle-eft-remplie de beautés &
des plus grandes beautés dans- tous les genres. Eugénie
a la tendrefle 8c la délicateffe des Monimes 8c des Bérénices
; elle joint une douée teinte de mélancolie angloife ,
à la tendrefle profonde de ces héroïnes de Racine;
Un caraélère irréprochable ennoblifloit les rares talents
de M. Grejfet. Q uand il fut reçu à l’Académie Françoife,.
en 1748 , il loua M. Danchet fon prédécefleur, de
n’avoir jamais fouillé fa plume par la fatyre , 8c de
n’avoir eu jamais a-rougir d’aucun de fes écrits;, tout
le monde lui fit à lui-même l’application de cet éloge.
; On fçait comment M. de Voltaire a traité M. Grejfet
dans le Pauvre Diable. ( Voye^ l’article Chapelain.)
On cherche en vain dans les oeuvres de M. Grejfet,
ce qui a pu irriter contre lui ce lion terrible ; on v
trouve un jufte éloge à'Alfire, 8c M. de Voltaire
défendu contre fes cenfeurs ; on y trouve :
Que la mufe guerrière
Qui chante aux dieux les faftes des combats,
La foudre en main enfeigna lés myfières
Aux Camoëns, aux Mikons , aux Voltaires.
Et ailleurs :
Voltaire du tendre Elifée
Peindra les mânes généreux.
M. Grejfet setoit fait jéfuite à feize ans ; c’étoit trop
tôt fe faire jéfuite
Porté du berceau fur l’autel,
Je m’entendois à peine encore,
Quand j’y vins bégayer l’engagement cruel....2
Il fortit de cet ordre à vingt-fix ans (en 1735); parce
que, d’après le charmant poème de Ververt, les jéfuites
l’avoient trouvé au collège un bel efprit mondain , 8c
l’avoient en conféquence exilé à la Flèche , & parce
que lui-même il fentit qu’un tel talent n’étoitpas fait pour
rêfter enfermé dans l’ombre d’un cloître ; fes adieux aux
Jéfuites font d’un difoiple reconnoiflant, qui les aime ,
les refpeéle , les regrette 8c les venge, de la. calomnie g
Oui, j ’ai vu des mortels., j’en dois ici l’aveu.
Trop combattus., connus trop peu j
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■ T'ai vu des efprits vrais, des coeurs incorruptibles,
Voués à leur patrie , à leurs rois, à leur Dieu,
A leurs propres_,maux infenfibles,
Prodigues de leurs jours , tendres, parfaits amis,
Et louvent bienfaiteurs, paifibles
D e leurs plus fougueux ennemis.
■ rSi ce portrait eft flatté , on ne peut du moins
l ’attribuer à aucun motif d’intérêt:
Qu’il m’eft doux de pouvoir leur rendre un témoignage,
•Dont l’intérêt, la crainte 8c l’efpoir font exclus l
Croiroit-on que M. Grejfet fut regardé à la cour
prefque comme un impie, pour avoir dit dans l’éloge .
. de M. de Surian, évêque de Vence, en recevant à :
l’Académie Françoife M. d’Alembert, fon fuccefleur,
■ les paroles fuivantes; :
« M. l’évêque de Vence ne fortit jamais de fon '
» diocèfe, que quand il fut appellé, par fon devoir ,
» à l’aflemblée du Clergé. Bien différent de ces pontifes
» agréables 8c profanes, crayonnés autrefois par Def- _
>j préaux, 8c qui regardant leur devoir ..comme un
» ennui, l’oifiveté ,.comme un .-droitleur réfidertee j
»> naturelle comme un exil., ; venaient promener leur ;
3) inutilité parmi,-les .écueils , le luxe & la mollefle de.
s) la capitale, ,,ou - venoient ramper à la cour -, 8c y i
jj traîner de l’ambition -fans talens , de l’intrigue fans ?
n affaires, & de l’importance fans.crédit ».
C ’étoit aux prélats de cour prêcher la rèfidence^ 8c
cela parut une hardiefle en 1754.
On a lieu de.croire que M. Grejfet a fupprimé un
nouveau chant du Ververt^| connu fous le nom de
f Ouvroir, 8c dans lequel il peignoit les occupations des
religieufes. Plufieurs. pejfionnes en ont entendu la lecture
, 8c en ont retenu quelques ,ver§.
M. Grejfet nommé en .<1750., préfident perpétuel
.de l’académie d’Amiens., à l’.établiflement de laquelle
il avoit beaucoup contribué ., fit., à l’inftallation de
xette compagnie , un aifeours, cù il réclamoit la liberté'
néceflaire aux gens <- de lettres , .& qu’il termina
jpar une abdication folemnelle de cette d.ftinéHon
• de préfident perpétuel. Cette aélion rappelle le mot de
M. de Fontenelle à M. le- Régent , qui vouloir lui
accorder une femblable diftinéhon : Monfeigneur, ne
jne priveç pas duplaifir de vivre avec mes -égaux.
' M. Grejfet époufa en 1751', Mlle. Galand, fille d’un
,maire d’Amiens, delà famille de M. Galand, tra-
’ duéleur des Mille & une Nuits. Le roi donna en 1775 ,
de lettres de noblefîe à M. Grejfet, 8c quelque temps
après, le nomma en furvivance , hiftoriographe de
l’ordre de St. Lazare. M. Grejfet mourut à Amiens le
J.6 Juin 1777-
GRETSER , ( Jacques ') ( Hifi. Litt. tnod. ) jéfoite
allemand, .dont les oeuvres ou polémiques contre les hérétiques,
ou apologétiques pour les jéfuites, ou Amplement
d’érudition , ont été recueillies en 7 vol. in-folio.
Mort à Irlgolftadt en- i6z<.
• GREVÏL , ( Foulques ) (Hifi. Litt. mod. ) anglois, -
.auteur d’une hiftoire du règne de Jacques Iir , & de
^ a ix tragédies eftimées mAlaham 8c Mufiapha. Né ■ en
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15 54 , aflafliné en 2628 , par un domeftique , qui fe
tua lui-même fur le champ.
GREVIN , (Jacques) (Hifi. Litt, mod.) poète
françois & latin , qu’il faut plutôt mettre au rang des
enfants célèbres qu’au rang des poètes. Rcbert Etienne
a imprimé, fous le titre de Théâtre de Jacques Grevin,
une tragédie , deux comédies 8c une paftorale , que
Grevin avoit compofées dans un âge fort tendre, mais
on ne les lit point. Né à Clermont en Beauvoifis éii
1538 , mort à Turin en 1570.
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GRIFFET, ( Henri) ( Hifi. Litt, mod. ) jéfuite, 4
donné une bonne édition de l’hiftoire de France du
P. Daniel, avec des diflertations fçavantes^ l’hiftoire du
règne de Louis XIII qui la termine , eft du P. Griffet ;
une bonne édition aufli des Mémoires du P. d’Avrigny
pour l’Hiftoire profane ; un Traité des différentes
fortes de preuves qui fervent à établir la vérité de
l'HifioireCy des ouvrages de piété ; des poëfies latines.
C ’étoit par la prédication qu’il s’étoit d’abord fait
.connoître. Né à Moulins en Bourbonnois en 1698,
mort en 1775 , à Bruxelles-, où il s’étoit retiré après
la deftruélion des jéfuites en France.
-GRIGNAN, (Françoife-Marguerite de Sevigné,
comtefle de ) ( Hifi. mod. ) Qui ne conncît madame de
Grignan 8c Pauline fa fille , depuis marquife de
Simiane, par les lettres de madame de Sevigné ? Madame
de Grignan mourut en 1705. Pauline, en 1737.
GRIMANI, ( Antoine 8c Dominique ) ( Hifi.
Venife). La piété filiale du cardinal Dominique Grimani
mérite d’être citée pour modèle. Antoine fon père,
général des troupes de Venife, ayant été battu par
les Turcs, tomba dans la difgrace de la République,
qui le mit enprifon, 8l lui fit fon procès. Le cardinal
demanda d’être mis en prilon à fa place ; 8c n’ayant
pu l’obtenir , il courut du moins le foulager 8c le
îèrvir. Antoine Grimani fut banni ; fon fils le reçut à
Rome, 8c lui procura toute forte de confolations. Il
eut lu:-même celle de le voir rentrer en grâce avec la
République , qui le nomma doge à quatre-vingt-dix
ans, comme pour réparer fes torts envers lui. Il jouit
encore pendant vingt mois de cette d'gnité. Le père 8c
le fils moururent dans la meme année v 152 3),le cardinal
ayant déjà foixante-trois ans.
G R IM A R E S T , ( Lécnor le Gallois, fleur de )
(Hifi. Litt. mod. ) auteur d’une Hifioire de Charles X I fi
fort ignorée ; d’un© Vie de Moliere , plus connue ;
dééclairciffements fur la-langue Françoife. Il étoit, ait-
on , d’une vanité infupportable. Quand il vantoit un
livre , il ajoutoit : Ce ne fi pourtant pas Gnmarefi qui
l'â fait.. Il difoit qu’i/ avoit donné de Iefprit à tout
le nord y parce qu’il étoit maître de langues, & que
les Suédois, les Danois , les Allemands s’adreffoient à
lui-pour apprendre à écrire .des lettres en françois.
Mort en 1-720 .
GRIMOALD, (Hifi. de Fr.) fils indigne de Pépin de
Landen, ou le vieux , homme vertueux. Il fut comme
lui ? -lyaifç d’Aufeafje ; U eut quelque temps uncoueui>