
Tu cultivons en paix les fruits de ta fagefle ;
T a vertu n’étoit point l'effet de ta foibleffe |
3e ne te vis jamais offufquer ta raifon
Du bandeau de l’exemple ôc de l’opinion.
L’homme efl né pour l’erreur ; on voit la molle argile,
Sous la main du potier, moins fouple ôc moins docile ,
Que Tarne n’eft flexible aux préjugés divers ^
Précepteurs ignorans de ce foibîe univers.
T u bravas leur empire, & tu ne fils te rendre,
Qu’aux paifibles douceurs de la pure amitié ,
Et dans toi la nature avoit affoeie
A Tefprit le plus ferme un coeur facile ôc tendre.
Il avoit laiffé un fils âgé de quelques' mois , qui
imourut d’une chute le 21 oéiobre 1732. A la mort
de cet enfant, les biens de la maifon de Longueil,
ont pafTé dans celle de Bois-Franc Soyecourt , par
une fille de Marie Renée de Longueil,. fille du fur-
intendant ôc grande tante du dernier préf ident de
-Maifons. -
LONGUEIL, ( Hiß. Litt, mod» ) ( Chriftophe de )
lavant du quinzième & du fèizième fiècles, étoit de
la maifon de Longueil, mais il en étoit bâtard,.il
étoit fils d’Antoine de Longueil , évêque de Léon,
chancelier d’Anne de Bretagne. C ’eft comme homme
.de lettres qu’il efl connu. Les Italiens , du temps de
François I prétendoient avoir feuls la manière eicé-
ronienneyôc ne i’accordoienf qu’à Longueil, parmi les
François. Cette manie du cicéronianifme étoit dors, une
des plus grandes fburces de haine entre les gens de
lettres. Les cicéroniens méprifoient ceux qu’ils ne.
jugeoient pas tels, & ceux-ci les haiffoient. Dans les
Voyages littéraires Longueil ayant parcouru la Suiffe peu
de temps après la bataille de Marignan , il y fut retenu
prilonnier. Il mourut. à Padoue , en 1522. Sur fon
parallèle d’Erafine ôc de Budée, ( voye^ l’article ,
CADIUS. .
LONGUE JOUE , (Mathieu de) ÇHiJLde Fr.)
c’eft le nom d’un garde des fceaux, qui eut deux Lois
les fceaux fous François IeE, l’une en 153$, à la mort
du chancelier du Bourg, l’autre en 1544, à la mort
de François Errault , feigneur de Chemans , mais
fou jours par commiftion & point en titre d’office.
■ ' LO N GU ER U E ( Louis du Four de )- ( Hiß, Litt.
ïHod. ) abbé de Sept-Fontaines & du Jard, étoit d’une
famille noble de Normandie y il naquit en 1622 à
Charleviîîe , où fon père étoit lieutenant de roi.
fRieheletfût fon précepteur, dÀblancourt fon. parent,
^yeilloit à fes études. Il fut, . for-tout par la mémoire,,
au nombre des enfans merveilleux& là réputation
fut telle que Louis X IV , pafïant par Charleviüe ,
voulut le voir ; cette réputation alla toujours en
augmentant, & aujourd’hui même encore le nom de
l’abbé- de Longuerue donne l’idée d’un des plus fàvans
hommes qui ayent exifté.. Ce n’eft pas que le peu
d'ouvrages qu’on a de lui , nommément fà defcription
fißarique de la France, foient d’un mérite bien- distingué:,
même comme ouvrages d’érudition ; mais dans
fes conférences & dans les coiwerfàâoîis fàvantçs , fà
vafte mémoire qui lui rendoit préfens tous les faits J
lui donnoit un prodigieux avantage. Le Longueruana,
qui a paru en 1754, donne de lui l’idée d’unfavant
fans goût, d'un pédant plein de hauteur & d’humeur 9
tranchant, defpotique, opiniâtre, formé en tout fur la
modèle de ces favans qui ont tant décrié l’érudition ;
mais le Longueruana ne mérite peut-être qu’une confiance
médiocre. L’abbé de Longuerue mourut à
Paris , en 1733. Il a laiffé fix voliimes in-folio do
manuscrits.
LONGUEVAL, ( Jacques ) ( Hiß. Litt. mod. ) là
P. Longueval , jéfiiite, a publié les huit premiers
volumes de Yhißoire de Féglife Gallicane , que les
pères de Fontenay ,Brumoi ôc Berthier ont continuée*
Il avoit eu part auiîi aux neuvième ôc dixième volumes.1
Cet ouvrage a quelque réputation ôc il eft d’un affez.
grand ufàge ; mais il faut ôfer dire qu’il refpire partout
jufqu’au fcandale, Tefprit de per-fécution ôc d’intolérance.
Né» près de Péroné , en 1680 , mort lo
14 janvier 173 5.
LONGUEVILLE. ( Hiß. de. Fr. ) Le comté dé
Longueville dans le pays de Caax en Normandie ,
donné fuccefïivement par nos rois, pour récompense
de fèrvices , au connétable Charles d’Efpagne de
Lacerda , au connétable du Guefelin, enfin, au comte
de Dunois, eft relié dans la maifon de Longueville*
iffue de ce héros ( voye^ l’article D u n o i s ; ) en 1507,
Louis XII érigea Longueville en duché, en faveur de
François d’Orléans , fécond du nom, petit-fils du comte
de Dunois, ôc fon frère , Louis d’Orléans, fut due:
de Longueville après lui. C’eft celui-ci qui eut le
malheur de perdre le 6 juin 1513 , la'bataille de
Guinegafte ou des Eperons, ôc qui prifonnier a
Londres,. rendit fa captivité plus utile à la France *
que ne Tavcient été fes armes ; il lui procura'la paix
en faifànt conclure le mariage de Louis XII avec la;,
princeflé Marie d’Angleterre.
Claude d’Orléans, duc de Longueville , fon fils £
fut tue au fiége de Pavie , en 15 24. Le petit neveu
de celui-ci , Léonor d’Orléans-Longneville , duc de
Fronfàc , fut tué au fiége de Montpellier ,, le 3 fep-
tembre 1622.
Henri, duc de Longueville Ôc gouverneur de Picardie,
frère aîné de Léonor r avoit été tué , le
avril 15.9 5., d’un coup de moufquet dans une falve-
qu’on lui fit à fon entrée en armes dans, la ville de
Dourlens.
Henri II. du nom, duc de Longueville, fon fils }
fut le mari de cette fameufe duçhefle de Longueville:,
l'héroïne de la Fronde d’abord, ôc enfuke' dé. Port-
Royal , foeur du grand Condé & du prince de Conty.
Le duc de Longueville fut arrêté le 18.janvier 1650?,.
ayec les princes,, fes beaux frères ; ôc la dücheffe arma,
pour eux tous fes amis, tous fes amans., ôc le duc
de la Rochefoucauld qu’elle aimoit ôc Turenne
qu’elle n’aimoit pas*
. » Le duc de Longueville , dît le cardinal de Retz y
» avoit de la vivacité, de l’agrément, de la libéralité,.
11 de la juftiçe, de la valeur r de la grandeur p 6c $
* ne fut jamais qu’un homme médiocre,' parce qu’iï
„ eut toujours des idées qui forent au-dellus de la
» capacité. - t ' A
„ La dücheffe de Longueville, dit le meme car- t
dinal de Retz, avoit une langueur dans les manières
» qui touchoit plus que le brillant de celles meme
» qui étoient plus belles. Elle en avoit une meme
v dans Tefprit, qui avoit fes charmes, parce qu elle
» 1 avoit, fi Ton peut le dire , des réveils lumineux ÔC
11 forprfnans. Elle eût eu peu de défauts, fi la galan-
» terie ne lui en eut donné beaucoup.. Ço.mme^ fa
>1 paflion l’obligea de ne mettre la pplitique quen
a fécond dans fa conduite, d’Héroïne dun grand parti,
V. .elle en devint l'aventurière ».
De ce mariage naquit Çharles-Paris , duc de Longueville
, comte de St. Pol, tue a vingt-trois ans au
paffage du Rhin, le 21 juin 16 72, fous les yeux du
grand Condé fon oncle , qui eut le bras caffé dans
jçette occafion. Leduc de Longueville alloit etre élu
roi de Pologne. Madame de Sévigné peint de la
manière la plus touchante , le défefpoir de la dücheffe
4e Longueville., fa mère, à cette nouvelle,
» Madame de Longueville fait fendre le coeur ;
b mademoifelle de Vertus étoit retournée depuis
v deux jours à Port-Royal, où elle eft prefque toujours ;
v on eft allé la quérir avec M. Arnauld pour dire
u cette terrible, nouvelle. Mademoifelle de Vertus
r n’avoit qu’à fe montrer ; ce retour fi précipité
v marquoit bien quelque chofe de fiinefte : en effet,
$ dès qu’elle parut, ah î mademoifelle , comment ,fe
» porte M. mon frère .? fa penfée n’ofa aller plus loin.
0 Madame il fe porte bien de fa bleffure ; 8c‘ mon p fils ? on ne lui répondit rien. Ah ! mademoifelle ,
n mon fils ! mon cher enfant, répondez-moi, eft-il
p mortffir le champ? n’a-t-il pas eu un feul moment ?
p Ah J mon Diéli , quel facrifice l & là-deffus elle
f> tombe fur fon lit ; & tout ce que la plus vive
n douleur peut faire , & par des convulfions , & par
»? des évanouiffements, & par un filence mortel, 6c
99 par des cris étouffés , 6c par des larmes amères
» ôc par des élans vers le ciel, 6c par dès plainte?
v tendres ôc pitoyables, elle a tout éprouvé. Je lui
» fouhaite la mort, ne comprenant pas qu'elle puiffe
»> vivre après une telle perte. »
Charles-Paris laifla un fils naturel 9 Charles-Louis,
nommé le chevalier de Longueville, qui fut tué au
fiége de Philisbourg, eh 160,8.
Ce même Charles - Paris avoit un frère- aîné
ƒ Charles ) engagé dans l’état eççléfiafliquè , & qui
mourut fou le 4 février 1694. » Avec lui, dit M. le
chancelier d’Agueffeau , alors avocat général ôc portant
la parole dans un grand procès concernant la
fucceffion de Longueville, » avec lui déteignit pour
t> toujours la race des ducs de Longueville ; 'heureufe
« dans fa naiffance ÔC dans fon progrès , par les
)> aélions éclatantes des grands hommes qu’elle a
®> produits ; malheureufe dans fa fin, foit par la. mort
»> prématurée de M. le comte St. Pol , foit par la
d vie , encore plus trifte ôc plus douloureiùè de
s# M. Tabbé d’Orléans-Longuevifie,
Sur les. Rothelins, iffus- des Longueville , ( Foye^
l’article R o t h e l in . )
LONGUS, ( Hifl. Lût,.) auteur Grec ; on ignoré-
dans quel temps il vivoit y il fuffit qu’on fâche quii eft
l’auteur du roman Paftoral des amours de Daphnis
6ç de Chloë, dont Amyot nous a donné une traduction
fi charmante , qu'en la lifant on ne peut pas
concevoir qu’on ne life pas un original.
LOOS, ( Corneille) chanoine Flamand, du feizième
fiècle, n’auroit rien de remarquable fans le fanatifme
qui le tint à plufreurs reprifes en prifon, entre la vie
ôc la mort , parce que le Jéfuite Delrio l’avoit dé-«,
noncé comme penfant mal des forciers, c'eft-à-dire ,
les croyant plutôt fous que poffédés. Cétoit mai
penfer en effet, car ce »'étoit pas précifément fou»
qu’étoient ces gens, qui avoieut la bonté de fe croirj£
véritablement forciers-:
Aucun de vous n eft forcier, je vous jurel
Loos n’échappa au fuppUce des hérétiques, qui ew
le même que celui des forciers, qu’en mourant défia
mort naturelle à Bruxelles, en 1595,
LOPEZ DE V E G A , ( voye^V ega. )
LOPIN, (Dom Jacques) bénédiélin de la con^
grégation d.e St. Maijr , né à Paris, en 16155 , mort
en 1693 , travailla en fociété avec dom Montfaucon^
| à l’édition- de St, Athanafe, ôc à celle des Anale&a
Grtzca. -
Un autre dom Lopin, qui vivoit à peu près dani
le même temps, étoit un homme, tel que Tilluftre
auteur des théâtres d’éducation ôc de fociété nous
répréfente le Moine de l’Aveugle de Spa. .
C'étoft un homme fimple dont la paffion étoit de culti^
ver des fleurs. Le grand Condé lui avoit procuré le bon-j
heur de les cultiver dansle plus beau lieu du monde, il lus
avoit donné un petit hermitage dans le parc de Chantilly*
Le cardinal de Retz étant allé voir le grand Condé àr
Chantilly, long-temps après leursfemeufes querelles,,
qui n’étoient plus pour eux alors qu’un fujet de con-
verfafron, ils allèrent fe promener dans Thermitage du
moine, ôc fans lç regarder lu i, ni fes fleurs, paroifi*
Tant occupés de grands. intérêts , ils parloient avec
beaucoup d’afrion èf. marehoient à grands pas , ne
choififfant pas leur chemin, ÔC n’épargnant pas les
fleurs qui fe trouvoie»t fur leur paffage ; dom Lopin ,
les obfervoit avec étonnement , ôc avec encore plus
de çhagrin , ôc n’ofoit rien dire ; mais ayant furpris
entre eux un fourire d’intelligence fur l’épreuve à
laquelle ils mettoient fa patience : Eh bien , meffèigneurs
lejir dit-il, vous voila donc <Laccord, torfqu’ il sape
de mortifier un pauvre religieux, il fallait l’être autrefois
pour le bien de la France , Ô* pour le votre. Ce dff-
çours leur plut infiniment , & ils convinrent qails
• n'ayoient point perdu leurs pas.
LOREDANO, ( H fit deVenife ) c’eft le nom de-
deux Doges de Venife, l’un nommé Léonor , élis
en 1501 , mort en 15^.1. L’autre nomme Pierre af
4 Ji W Qh i&Qs