
44.8- M A L
cité à ceux que l’on préfente pour être canonnier« du
roi.
M. Moor obferve. qu’un canonnier doit connoître
fes pièces d’artillerie, leurs noms qui dépendent de
la hauteur du calibre , & les noms des différentes
parties d’un canon ; comme auffi la manière de les
calibrer , &c. Chambers..
Il n’y a point en France de maître canoniiier ; les
foldats de royal-Artillerie font inftruits dans les écotes
de tout ce qui concerne le ferviçe du canonnier.
MAITRE-JEAN , ( Antoine ) ( Hiß. Lin. mod. )
chirurgien célèbre, élève du célèbre Méry, étoit de
Méry près de Troyes. Nous ne le confidérons ici
que comme auteur d’un Traité des Maladies de Vce.il,
très - fouvent réimprimé, & traduit dans toutes les
langues.
MA1TTAIRE , (Michel ) {Hiß. Litt, mod.) grammairien
ôc bibliographe anglois de c e fîècle, fameux
ar fon érudition. Ôn lui doit le Corpus Po'ètàrum
atinorum ; fes Annales Typographici font auffi très-
connus ; on y trouve les titres de. tous les livres
imprimés depuis l’origine de l’imprimerie jufqu’en
1557. Cn a du même auteur , & toujours en latin,
l’hiftoire des Etienne , êc celle de plusieurs au t re s
C é lè b re s imprimeurs de Paris,
MALABR A N C A , ( Latin ) ( Hiß. Eccléf.) dominicain,
puis cardinal, neveu du pape Nicolas III.
Mort en 1294. On lui-attribiie la profe des morts :
Dies lm , dies ilia , qui ne manque ni de poëfie
d'image, ni de grandes idées, ni quelquefois d’ex-
preffion , témoins les ftrophes ;
Tuba mirum fpargens fonum, &c.
Mors flupebit & natura, &c.
Liber feriptus proferetur , &c.
Quid fum mi fer tune diêlurus, &çi
MALACHIE , ( Hiß. Sacr. ) le dernier des douze
petits prophètes.
St. Malachie, né à Armach ou Armagh en Irlande
en i c q 4 , en fût archevêque en 1 12 7 , & fe démit
do fon archevêché en 1135. Il mourut en 1148, à
Clairvaux entre les bras de St. Bernard fon ami», qui
a écrit fa' vie. L’honneur feul d’avoir eu un fi célèbre,
. hiftorien , fuffiroit pour îlluftrer St. Malachie 3 Saint
Bernard lui attribue beaucoup de prédirions, & les-
rapporte toutes ; mais il n’a point parlé 6c il ne poq-
voit pas parler de celles qui ont fait tant de bruit dans
la fuite, de qui concernent la focçeffipn djes papes ;
fen fîlençe eft même une des preuves’ qui concourent
à établir que ces prédirions ont été faites après coup
& dans des temps modernes, c’eft-à-dire , dans le
conclave de 1590 ; car depuis la mort de St. Malachie-
jufqu’au commencement du dix-fèptiéme' fîècle, dans
pn efpaçe de .quatre fiècles ôc demi , aucun auteur
p’aveit jamais parlé de ces prédirions concernant les ;
papes. On prétendoiï les avo r feulement découvertes
çïi i j jo q mais ou les attribuoit à St. Malachit ; 1’öbjët
M A L
de cette fraude étoit de défigner le pape qu’on you-
loit qui fût élu , Si de perfuader qu’il avoit été dé-
figné par St. Malachie. Ce pape étoit Grégoire XIV.
On le défignoit par ces mots : de Antiquitate Urbis
parce qu’il étoit d’Orviète , en latin , urbs vêtus. Te I
étoit le voile énigmatique, aifé à percër , qu’on allée-,
toit de jetter for ces prédirions. Celles qui prccédoient
1590, étoient toutes fort jufles ôc fort claires , parce
qu’elles rouloient for le paûé ; mais il étoit plus difH-
cile d’expliquer les prophéties qui roulent for des
temps poftérieurs, On a cependant été frappé après
- coup, de la jufteffe apparente de quelques-unes : par
exemple, le pape Clément V I I , ( Chigi ) a paru parlem
e n t défîgné foixante-cinq ans avant ion élieâion,
par ces mots ; montium euflos , le gardien des montagnes,
parce qu’il portoit dans fes. armes, une montagne à fix
coteaux, ôc qu’il établit à Rome les monts de Piété, O s
trouvoit,auffi il y a quelques années,, le pape achiel
Pie V I , allez biendéfigné par ces mots : peregrinus
apoflolicus, le pèlerin apoftolique, à caufe d’un voyage,
qu’il fît à Vienne pour aller conférer avec l’empereur.
MALAGRIDA , ( Gabriel) ( Hifl. de Portug. )
Ne nous prenons pas dè nous croire allez inffruits pour
infîruire nous-mêmes la poflérité fur ce qui co.' cerne
l’alTaffinat du roi de Portugal, Jofeph , ô c fur la part
que les jéfuites Malagrida , Mathos ôc Alexandre,,
peuvent avoir eue par inftigatlon , par approbation'
ou par quelque genre de complicité que ce puiffe
être , à l’attentat commis ô c manqué for la perfonne
de ce prince , ennemi de leur fociété, ôc prêt à
la çhaffer. Malagrida , dit-on, çonfulté par les affaffins
fur leur entreprit©, répondit qu’il n’y avoit pas.même
de péché véniel à tuer un roi perfécuteur des faints ;
fi Malagrida ô c fes confrères jouiffarit de leur intelligence
& de 'toutes des facultés de leur efprit , ont
fait çette réponfe, ils fe font rendus criminels, d’état,
ôc ils ont du être condam .és , 6c punis comme tels par
les juges ordinaires de la nation. Tels étoient ôc le voeu ÔC
l’attente de l’Europe., qui voyoit en eux nos Bourgoing,
nos Guignard.-& nos autres fanatiques, mettant Te
poignard dans la main des Clément, des Châtel ÔC
des Ravaillac. Quel a. donc été. l’étonnement général,
lorfqu’au lieu d’un régicide infâme, immolé par la
loi , on n’a plus vu dans Malagrida qu’un malheureux
moine, prefque oélogénaire, livré aux flammes
cruelles de l’inquifîtioji , pour de prétendues héréfies
contenues dans de petits livrés de dévotion fur l’ave-
nement de l’Anté-Chrift, ÔC fur l’immaculée conception
de Ste, Anne ôc de la Vierge ; ôc quand on
a vu for-tout dans ces mêmes livrets des preuves
fans réplique , que leur auteür étoit fou imbécille ,
au point que , quand meme il;lui féroit,échappé dans
fa folie, les décifiohs & les dijçours les, plus étranges
il ne pbuvoit mériter tout-au-plus que ,d’être enfermé :
en effet, lorfque l’infenfé Jean de Pîfië , natif de
Vineuil près Chantilly , pouffa là démence jufqu’à
s’élancer ‘for Henri IV , au milieu dii Pcnt-neuf, ce
prinçe , cfont la clémence n’épargna aucun fopplice à
Jean Cftaiel ,J. fe'contenta. de faire enfermer de rifle.
Il'eft jüfté' en effet, de diftîng^er le fou du criminel.
Mais t
M A L
/Mais , dit-on , l’inquifîtion ne fut dans^cette affairé
-qu’une voie détournée pour parvenir à un but légitime
, c’ eft-à-dire, à la. condamnation du .coupable ,
& pour éviter les difficultés' qui, fe trouvent,toujours
à faire le ,procès .à Un moine dans un pays catholique
b'fidèle comme le Portugal.
•Cela peut être,, 6c il èft. vrai qu’une nation ne
conçoit pas plus certains préjugés & certains ufages
d’une nation même voifîne, qu’un fîècle ne conçoit
las idées 6c les erreurs d’un,autre fîècle. Il fe £>eut
faire qu’en Portugal, l’inquifition ainfî fubftituée^ aux
.tribunaux réguliers, ôc l’accuiation de régicide ainfî
remplacée par l’accufation plus,,commode dhétefîe ,
ayent paru en effet une chofe toute fîmple ; mais,
’ pour plufieurs autres nations , ce trifte expédient n’a
fait que répandre for toute l’affaire , beaucoup de,
nuages, for l’accufé tout l’intérêt de l’innocence opprimée
, 6c que fournir une preuve de plus de Jim-
peffibilfîé.d’échapper , innocent ou coupable,,; à l’inquifîtion,
quand on a des ennemis puiffants ; ,^-car ,
quelle propofïtion ne r;endra-ton pas hérétique, quand
on Voudra ? Perfonne ne peut donc^être afsûré de fa
.vie , s’il a feulement -écrit quelques lignes , 6c même
il n’eft pas befoin d’avoir écrit ; on défère tous les
jours à l’inquifition de fîmples propos ; un roi même,
Ain roi d’Efpagne ', le pëtit-fils de Charles-Quint, Phi—
/lippe I I I , fut condamné à l’inquifîtion pour -avoir
témoigné verbalement 6C par un mouvement naturel,
un peu de pitié pour un malheureux qu’on biûloit ;
car en pareil cas , la pitié eft auffi une hécéfie ; Philippe
fut obligé , pour d’exemple 6c pour la réparation
du feandalé, d’abandonner aux .flammes de l'inquifî-,
. tion , une palette de. fon fang.
Concluons donc que,-dans l’affaire de Malagrida-fk-
ds fes prétendus complices, la vérité eft encore cou-
, yerte pour, nous de ces-y-piles que le temps feul peut
lui arracher, convenons que l’expédient de l’inquifîtion
. fot malheureux , en ce qu’il fournit la preuve que
Malagrida étoit fou, 5c n é .. pouvoit guère ;êfre coupable
; 6c bornons-nous à ^apporter un fait,: ç’eft
que le P. .Gabriel Malagrida fut brûlé le 3 i-feptembre
1761, à foi xante.6c quinze ans, non comme .-corn pljce
d’un parriçide, mais comme hérétique 6c faux prophète.
MALANDRIN, f. m. ( Hifl. moderne. ) nom qu’on
donna dans les croifodes aux voleurs - arabes & égyptiens.
Ce-fut auffi celui de quelques brigands qui firent
beaucoup de dégâts fous Charles -V. Ils parurent deux
fois en. France ; l’une pendant-le règne du roi Jean,
Pautre pendant le règne de Charles fon fils. C ’étoit des
foldats licenciés. Sous la fin du règne du roiîean lo r f-
qu’on les nommoit -les tards-venus , ils s’étoient, pour
ainfî dire, accoutumés à l’impunité. Ils aveient des chefs.
Ils s’etoient prefque difeiplinés. Us s’appelloient entr’eux
les grandes compagnies. Us n’épargnoient dans leurs
pillages , ni les maifons royales ni les églifes.'lls étoient
conduits parle chevalier Vert,frère du comte d’Auxerre,
Hugues de.-Caurelac , Mathieu de Gournac, Hugues
de y arennes, Gautier Huet, Robert l’Efcot, tous chevaliers.
Bertrand du Guefclin en délivra le royaume
flP fos méfiant en Efpagne contre Pierre le Cruel,
• M A L 449
fous prétexte dé les employer contre les Maures. {A. Rî)
M A LA TE S TA , {Hiß. £ Italie.) C ’eft le nom
d’une ancienne famille d’fîalie., qui poffédeit la fî-i-
gneurie de Rimini, ÔC dont.etoitS;gifînond Malatefla
célèbre capitaine du quinziéme .fîècle., qui fit la guère
avec courage 6c avec focçès , aux,râpes 6c aux
Turcs ; les Papes l’excommunièrent 6c le diffamèrent
, comme héréûque 6c impie, mais les Turcs
le trouvoient »fort bon chrétien.
MALAVAL. /Deux hommes fort différents d’efî.
prit éc de profemon, ont porté ce nom :
1®. /François. Il perdit la vue à neuf mois, ce qui
ne l’çmpêcha- pas d’etré lavant. ,ôc auteur myftiqus
6c „même hérétique. Il donna dans les erreurs du
quiétilme., il-les reproduifit du moins en partie da s.
un livre intitulé. : Pratique facile pour élever l’ame à la
contemplation ; on condamna fon livre à Rome ,
6c -comme s’il eût .été dans -la deflinée ou dans le
caractère des quiétiftes françois, d'être fournis àTéglifo
au milieu de leurs égarements , il fe rétraéla comme
Fénélon , abjura 4e quiotifine , ôc n’y retourna plus.’
©n fentit à, Rome le prix de fa réfignation ; le cardinal
Bona devint fon ami, ôc lui obtint une difî
peufe.pour recevoir, la déricature., quoiqu’aveugle. 11
, mourut âgé de quatre-vingt, douze ans en 1719 , à
Marfeille^ ou il étoit né en 1627. Il laiffa la réputation
d’un pieux,;& digne eccléfiaftique. On a de lui
des Poéfiëi fpintuelles , 6c de s Vies des Saints.
,2°. Jean Malaval\ né en 1669 ., gu diocèfe de
Nifînes, étoit proteflant ; il fut un chirurgien habile. .
Le médecin Hecquet fon ami, le conquit à la religion
catholique. On trouve dans les mémoires, de l’Académie
Royale de Chirurgie ,f des. obfer varions importantes
de .Mflqvfl. 11 iomba de bonne heure en enfance,
mais,il.ne permit pas la mémoire il étoit hors d’état
de fuivré une çonyerfation ; „mais Iqrfqu’en parlant
devant lui , on fe -fery oît d’un mot qui fe trouvoit
employé heureùfemënt. dans une tirade de vers ou dans
yn beau morceau de profè , dont il avoit autrefois
été frappé ., il recitoit à l’inftant cette tirade eu ce
morceau ; on a comparé affez ingénieufoment fo a
efprit dans cet,état ,4à upe montre à répétition qui fonne
l’heure quand on -prefle le bouton.
MALCHUS, ( Hiß. Sacr. ) ferv-keur de Caïpkei
0 n .fait comment St.-Pierre lui coupa l’oreille , &
comment J. C. le guérit.
Un autre Malchus ou Malch ou Male, folitaire de
Syrie .au quatrième .fîècle, efî le Jujet du poëme de
Male de La Fontaine.
M A L . DE O JO , ( H iß mod. ) Cela fignifie mal de
T oeil en efpagnol. Les Portugais 6c les Elpagnois font
d ans l’idée que certaines per tonnes put quelque chofe
de nuifible dansj.es yeux,, 6c que cette mauvaife-qualité
peut fe communiquer par les .regards, foc-tout aux
enfans 6c aux chevaux. Les Portugais appellent.ee mal
quebranto ; il par oit que cette opinion ridicule vient à
ces deux nations des Maures ou Sarrafins: en effet les
habitants du royaume „de Maroc Jbçt dans, le mcpiÇ
préjugé. /?•)