faire la guerre. Il paffa en Afrique , & remporta fur
lui une viéloire éclatante dans les plaines de Tapfe.
Juba le battît- en combat fingulier contre Petreius ; &
rayant tué, il le fit ôter la vie par un de fes efclaves.
Juba, troifième du nom, 8c fils de celui dont on
vient de parler , fut élevé à Rome, où une excellente
éducation perfectionna les talens qu’il avoit
reçus de la nature. La douceur de Ion caraétère 8c
Ion amour pour les fciences , lui méritèrent la faveur
d’Augufte , qui lui donna les deux Mauritanies en
échange de la Numidie, dont il avoit hérité de Ion
père, 8c qui, depuis ce temps-là , fut réduite en province
romaine. Ce prince, appellé au commandement
d’un peuple barbare, en adoucit la férocité par
lès exemples 8c fes loix. On vit briller le flambeau
des armes dans des contrées ténébreufes où les plus
favans de la Grèce vinrent perfectionner leurs con-
noiffances. Juba, occupé des devoirs du trône , trouva
des délaffemens dans l’étude de l’hiftoire. Il confulta
les plus anciens monumens , & fouilla dans les archives
lés plus i'ecrettes pour y débrouiller le chaos
des événemens. Ce travail le mit en état de donner
une hiftoire complette des Grecs , des Carthaginois,
des Africains & des Arabes. Son ouvrage lur i’anti-
quité des Affyriens Sc des Romains, offroit la plus
riche érudition. Toutes les contrées du génie étoient
de fon domaine ; il écrivit l’hifloire des théâtres, de
la peinture & des peintres. Il s’exerça avec le même
fiiccès fur la grammaire & l’origine des langues : il
étudia 'lavpropriété des plantes & des animaux. Toutes
ces productions, dont nous n’avons plus que quelques
fragmens, avoient l’empreinte du génie. Pline , qui
s’eft paré d’une partie de fes dépouilles, dit que fes
connoiffances lui donnèrent plus d’éclat que fa couronne.
La douceur de fon gouvernement le rendit
l’idole de fes fiijets : ils lui érigerent une ftatue ; &
pour immortalifer leur reconnoiffance, ils inftituerent
des fêtes, & lui rendirent des honneurs divins. Il avoit
époufé Cléopâtre, fille de Marc-Antoine & de la
fameufe reine d’Egypte, dont il eut un fils appellé
Ptolomèe Cdene, qui fut fon focceffeur , Sc que Caligula
fit'égorger. ( T. N. )
JUDA, ( Louange du Seigneur ) ( Hiß. Sacrée. )
quatrième fi1 s de Jacob & de Lia, naquit en Méfopo-
tamie, l’an du monde 2.249 • çe ^ut ta* qui confeilîa à ;
fes frères de vendre leur frère Jofeph, qu’ils vouloient ;
faire mourir, & qui, depuis, ayant promis à Jacob
de rameher Benjamin d’Egypte , somit à Jofeph de
tenir là place en prifon , & lui fit, à çe fojet, un
difcours qui eft un modèle de l’éloquence la plus per-
fuafive & la plus touchante.. Il époufa la fille d’un
Chananéen , nommé Hiran, & il en eut trois fils ,
Her, Oman & Séla. Il eut aufli de Thamar , femme
de fon fils, dont il jouit fans la connoître , Pharès Sc
Zara. Lorlque Jacob bénit fon enfant, il dit à Juda :
le fceptre ne forùra point de Juda , ni le légiflateur de
fa poflérité , jufquà la venue de celui qui. doit être
envoyé, & à qui les peuples obéiront. Gen. xlix. 10.
La tribu de Juda , dès le commencement, tenoit le
premier rang parmi les autres : elle a été la plus
puîffante & la plus nombreulè ; car ~9 au fbrtir. de
Egypte 9 elle etoit compofée de foixante-quatorze mille
fix cents hommes, capables de porter les armes. Le
lot de cette tribu occupoit toute la partie méridionale
de la Paleftine. La royauté pafla de Benjamin, d’où
ét'oient Saiil 8c Isbofeth, dans la tribu de Juda, qui
étoit celle de David 8c des rois fes focceffeurs. Les
dix tribus s’étant féparées, celle de Juda 8c celle de
Benjamin demeurèrent attachées à la maifon de D avid,
& formèrent un royaume qui fe foutint avec éclat
contre la puiffance du roi d’Ifraël. Après la difperfion
& la deftruClion de ce dernier royaume , celui de
Juda fubfifta, 8c fe maintint même dans la captivité
de Babylone , confervant toujours l’autorité fur les
fiens. Au retour cette tribu vécut félon fes lo ix ,
ayant fes ' magiftrats 8c fes chefs , 8c les reftes des
autres tribus le rangèrent fous fes étendards, ôc ne
firent plus qu’un peuple, que l’on nomma Juifs. Les
temps où devoit s'accomplir la promeffe du Meflie,
étant arrivés, la puiffance Romaine, à qui rien ne
réfiftoit,. affujettit ce peuple , lui ôta le droit de fe
chôifir un chef , & leur donna pour roi Hérode ,
étranger 8c Iduméen ; & ainfi, cette tribu, après avoir
confervé le depot de la vraie |religion & l’exercice public
du facerdoce & des cérémonies de la loi dans le
temple.de Jerufalem , 8c avoir donné naiffance au
Meflie, fut rediiite au même état que les autres tribus,
difperfée St demembrée comme elles , étant par là une
preuve foffifanté de l’accompliffement de la loi de
Jacob, ( f )
JUDAS, dit Macchabée, {Hiß. Sacré) fils deMatha-
tias, de la famille des Afmonéens , fuccéda à fön père
dans la dignité de général des Juifs, qui avoit éprouvé
fon courage & fon zèle pour la loi de Dieu , le préféra
à fes autres enfants, 8c le chargea de combattre pour
la défenfe d’Ifraël. Juda ne trompa point fes efpérances ;
mais, fécondé par fes frères , il marcha contre Apollonius
, général des troupes du roi de Syrie , le défit,
le tua , & alla contre Sélon, autre capitaine, qui
avoit une nombreufe armée , qu’il battit"également,
quoiqu’avec un fort petit nombre mais en mettant fà
confiance dans la force, de Dieu. Antioçhus ayant
appris ces deux victoires, envoya contre Judas trois
généraux de réputation ; Ptolomée , Nicanor , & Gor-
gias. L’armée prodigieufe qu’ils firent marcher en Judée,
épouvanta d’abord ceux qui accompagnoient Judas ;
mais fon courage 'ayant ranimé celui de fes gens, / 8c
s’étant préparé au combat par le jeûne & la prière ,
il tomba fur cette grande armée & la diflïpa. Lyfias,
régent du royaume pendant l’abfence d’Antioçhus,
défefpéré de ce que les ordres de fon prince étoient
fi mal exécutés , crut qu’il feroit mieux par lui-même.
Il vint donc en Judée avec une armée. nombreufe ;
mais il ne fit qu’augmenter le triomphe de Judas, qui
le défit, Sc l’obligea de retourner en Syrie pour armer
dë nouveau. Macchabée profita de cet intervalle pour
rétablir Jérufalem ; il donna fes premiers foins à la
réparation du temple, détruifit l’autel que les idolâtres
avoient profané , en bâtit un autre, fit faire de nouveaux
yafes ? & le 25e du mois de cafleu, l’an du
monde
monde 3S40, trois ans après que ce temple eut été
profané par Anthiochus , il en fit la dédicace, &
célébra cette fête pendant huit jours. C ’eft de la mémoire
de cette dédicace*- qu’il eft parlé dans l’Evangile, où
il eft dit que Jefus-Ghrift vint au temple de Jérufalem,
à la dédicace , pendant l’hiver. Peu de temps après-
cëtte cérémonie, Judas défit encore Timothée &
Bacchidès, deux capitaines Syriens , battit les Iduméens,
les Ammonites , défit les nations qui afliégeoient ceux
de Galaad , 8c revint chargé de riches dépouilles : il
avoit Dieu même pour condu&eur. Dans un nouveau
combat contre Timothée , les ennemis font épouvantés
en voyant cinq cavaliers envoyés du ciel, dont deux
couvroient Judas de leurs armes, & lançoientfur eux
des foudres' qui les terraffoient. Plus de vingt mille
hommes relièrent fur la place. Timothée s’étant enfui,
fut pris St tué. Lyfias revient avec plus de cent
mille hommes ; un autre prodige encourage l’aimée
des Juifs, 8c l’aflûre de la viéloire. Un homme à
cheval, vêtu d’un habit blanc , avec des armes d’or
8c une lance , marche devant eux. L’armée de Lyfias
eft mife en déroute, & ce général eft forcé de re-
connoître que les Juifs font invincibles , lorfqu’ils s’ap-
puyent fur les feccurs du Dieu tout-puiffant. Lyfias
ayant perdu une partie confi lérable de fon armée,
conclut paix avec Judas. Elle ne fut pas de longue
durée ; la guerre recommença , 8c Judas remporta
plufieurs avantages. Antioçhus - Eupator , qui avoit
fùçcédé à Epiphanes , irrité des mauvais fuccès de fes
généraux , vint lui-même en Judée , & afliégea Beth-
îure. Judas marcha au fècours de,,fes frères ; du premier
choc, il tua fix cents hommes des ennemis, 8c
ce fut alors que fon frère1 Eléazar fut accablé fous le
poids d’un éléphant qu’il tua , croyant faire périr
le roi : mais la petite armée de Judas ne pouvant
tenir tête aux troupes innombrables du roi , ce général
fe retira à Jérufalem. Eupator l’y vint afliéger ; mais
averti de quelques mouvements qui fe tramoient dans
fes états , il fit la paix avec Judas, qu’il déclara chef
& prince du pays, 8c retourna en Syrie., où il fut
tué par Démétrius J^ui régna en fa place. Le nouveau
roi., excité & trempé par la fourberie d’Alcime , qui
efpéroit le fouverain pontificat, envoya contre Judas
Nicanor, que l’expérience du paffé avoit rendu fage,
& qui , après avoir pris connoiffance de l’état des
affaires, jugea qu’il étoit plus avantageux-de conclure
une paix, que dê rifquer une bataille. L’impié Alcime,
qui youloit dominer, infpira au roi des foupçons contre
lai fidélité de Nicanor , &. lui fit donner des ordres,
de lui envoyer Judas, pieds & mains liés. La puèrrë
recommença donc ; l’armée de Nicanor fut défaite,
& lui tué dans un combat. Démétrius ayant appris la
.défaite Si la mort de Nicanor, envoya de nouveau
Bacchid.es §c Alcime avec la meilleure partie de fes
troupe^ j & ces deux généraux marchèrent contre
Judas, qui étoit à Bétliel avec trois mille hommes. Cette
petite armée fut faifi j de frayeur à la vue des troupes
ennemies y elle fe débanda , 8c il ne refta que. huit .
çents hommes au camp. Judas , fans perdre cçètar,
exhorta ce petit nombre à mourir çoiiragspffî^çnt, [
JJiïlwe. Terne I f T
fondit fur l’aile droite , la rompit ; ma s , enveloppé
par l’aile gauche , il fut tué après un combat opiniâtre,
l’an du monde 3843. Sunou Sl Jonathas, fes frères,
emportèrent fon corps & le mirent dans la fépulture
de leur famiïtô, à Mo dm, Tout le peuple le pleura
amèrement ; &•, apres avoir pleuré pendant plufieurs
jours , ils s’écrièrent : comment ejl mort cet homme
put fine j ‘ qui faiiv oit té peuple d’ ijraël. i. Macch. ix.
20. 21. La vie de Judas , qui n’a été qu’une fuite de
fuccès étonnants, de viéloires éclatantes, remportées par
une poignée d’hommes mal armés, for denombreufes
troupes, eft une image de l’oeuvre de J. C. dans l’établif-
fernent cle fon églife .par la prédication. L’Ecriture
dépeint Judas comme un géant, revêtu de fes armes,
dont l’épée étoit la protèélion de toute l’armée, &
comme un lion qui fe lance fur fa proie en rugiffant.
Jefus-Chrift y dans les pfeaumes , eft appellé un géant
qui s*élance plein d'ardeur pour fournir fa carrière.
P f xviij. 6 ; & dans l’Apocalypfe , le lion de la tribu
de .Judas , qui a remporté la viêloire. Apoc. v. 3.
Jefos-Chrift , comme Judas,, s’étant 'revêtu de fes
armes, ayant ceint fon épée, qui eft fà parole,
I fécondé.d’un petit nombre de foMats fidèles qu’il avoit
affemblés, Sc auxquels il infpiroit un courage intrépide,
a exterminé de. defîùs. la terre • l’erreur Sc Pm-
piété qui .y dominoient ; il a arraché à l’enfer fa proie ,
Sc a triomphé avec gloire du monde & du prince cies.
ténèbres. Les frères de Judas; Sc fes foldats étoient,
dans leurs combats 8c dans leurs expéditions militaires,
les précurfeurs 8c les vives images de ces zélés prédica-
! teurs du nom de Jçfos- Chrift, qui., étant deftitués
de tout fecours humain, maisfoutenus de la main de
Dieu, Sc fanélifiés par fon e fp r it fe font expefésà
tout-fouffrir 8c la mort même , pour purger l’univers ,
qui eft le temple de Dieu , des fouillurës. de l’idolâtrie
Sc de la foperftition. ( f )
Judas Iscarioth ou le Traître, {Hifoire Sacrée.)
avoit été choift par Jefos-Chrift pour être mis au
nombre de fes apôtres , 8c pour être le dépofitaire
. des aumônes ; mais Pavarice corrompant fon coeur-,
il promit au prince des prêtres 5 de leur livrer fort maître
pour trente deniers. Il fe trouva à la dernière cène quel
Jefos-Chrift fit avec fes apôtres., cù il inftitua lé facrë-
ment de l’Euchariftie. Il eut la hardieffe d?y participer,
Sc avant la -fin du repas , il fortit pour aller confommer
fon crime. Peu après',1 ayant horreur de fatrahifon,
il fut touché de repentir , alla trouver les prêtres ,
leur rendit l’argent qu’il avoit reçu , Sc rendit un témoignage
public de l’innocence-de Jefus-Ghrift; mais
il n’eut pas recours, à fa wiiféricorde : ainfi ; .-fa péniv
nitence lui fut inutile ; Sc fon; défefpoir.; plus.funefte
pour lui que fon: crime , le porta à fe pendre lui-*
mçme. Il creva par 'le anibeu ; de fon corps1, & fes
entrailles forent lépanidues par terre., Jean xij. 3. aff,
x x v . ( f )
JUDE , (Saint) (Hifl. Sacré) un des douze ap 'tres,
frère de Jacques-le-Mineur , 8c-parent de J .G., auteur
de Pépître qui porte fon nom dans l’Ecriture.
j y p I T ^ ? ( Hlji, ’Sdçrééf) E fe eft. affez ççoiwç