
dédia fon Traité-de V Amitié ; de M. de Fontenelie ,
qui a fait fon éloge ou fon. portrait ; de M. de la
'Mothe , dont elle a ofé louer même l’Iliade , du
moins dans certains détails , tels que la defcription
de la ceinture de Vénus , où il y a en effet de fi
jolis vers: .•
Ces refus attirants , l’écueil des fages mêmes.. . •.
Elle enflame les yeux de cette ardeur qui touche, .
D ’un fourire enchanteur, elle anime la touche,
Palîionne la voix ,- en adoucit les Lbns, .
Prête ces tons heureux plus forts que les raifons, 6cc.
Avec de pareils vers, dit Madame la marquifede
Lambert, on ne peut avoir tort.
Madame la marquife de Lambert étoit fille unique
d’Etienne de Marguenat, fieur de Courcelles,, maître
des comptes, mort le 22 mai 1650. Monique PaiTart,:
là veuve, avoit époufé en fécondés noces le célèbre*
Bachaumont, 6c c’eft dans la maifon de celui-ci que
Madame de Lambert fut élevée ; elle époufa le 22
février 1666, Henri de Lambert,' meftre-de-camp d’un.-
régiment de cavalerie , fait brigadier en 1674 , maré-*
chal-de-camp, le 25 février 1677 lieutenant-général
en 1682 , gouverneur de la ville & duché de Luxembourg
en 1684. M°rt en 1686.'Le père.du marquis
de Lambert étoit aufii un militaire d’un mérite diftingué.
Il donna au fiège de Gravelines en 1644 , une grande
marque de préience d’efprit & de fermeté : écoutons
Madame de Lambert rapporter elle-même ce fait dans
fes Avis à fon Fils.
> u Je regrette tous les jours de n’avoir pas vu, votre
» grand-père.. . . . . . . au. fiègede Gravelines', les poa-
» réchaux de Gafîion & de la Meilleraie qui çomman-
» doient., 1 t.ant brouillés , leur „démêlé tfivifa l’arpiée :
» les deux partis alloient fe charger , lorfque votre
» grand’père, qui n’étoit alors que maréchal-de-camp ,
»plein de cette confiance & de cette autorité que
jf donne le zèle du bien publie ,.ordonna aux troupes j
» de la part du roi de s’arrêter. Il leur défendit de
» reconnoître ces généraux pour leurs chefs. Les troupes
» lui obéirent : les maréchaux de la Meilleraie & de
jj Gaffion furent obligés de - fe retirer. Le roi a fil
j> cette aâion, & en a parlé plus d’une fois avec eftime.
M. le président Hénault rapporte aufii ce fait, &
nous apprend de plus -, le fujet de la querelle. » Ce
» fut à ce fiège. où fe fignala tout ce qu’il y avoit de
» grand dans le royaume, que.s’éleva la conteftatioii
» entre, le maréchal dé la Meilleraie &■ le maréchal
» de Galïïon , à qui prendroit poffeflïon de là ville :
» on alloit en venir aux mains , quand Lambert, mà-
» réchal-de-camp, défendit aux troupes, au nom de'
» M, le duc d’Orléans (fous lequëlcommandoient les
» deux maréchaux ) , de les reconnoître ni l’un ni'
».l’autre, & donna-le temps au prince de décider,
» fuivarit la règle , que c’eft le droit du régiment des
» Gardes , à la tête duquel étoit le maréchal de la
ri Meilleraie , d’entrer le premier dans les places '
» conquifes.
Madame de Lambert rapporte éneoitg que dans les
troubles de la Fronde, de même duc d’Orléans Gafton,'
offrit au même marquis de Lambert , pour, l’attirer
dans fon parti, le bâton de maréchal de France, &
qu’il le refùfa ; que le roi , pour le récompenfer de
ce refus, le fit chevalier de l’ordre ; elle fe plaint, &
dit qu’on fe plaignoit qü’il n’eût pas été fait maréchal
de France. Il avoit eu l’honneur de commander M. de
Turenne , qui aimoit à dire que M. de Lambert lui
avoit appris fon métier.
Ce fils a'qui Madame de Lambert adreffe fes Avis
fi connus , fe nommoit Henri-François de Lambert,
marquis de St. Bris ; il étoit né le 13 décembre 1677.
IL fut, comme fon père & fon ayeul , lieutenant-
général des armées du roi ; il le fut le 30 mars 1720.
Il époulà le 12 janvier 1725 , Angélique de Larlan
de Rochefort, veuve de François du rare, marquis de
Loemaria,
La fille à laquelle Madame de Lambert adreffe aufii
des avis * étoit Marie-Thérèfe de Lambert , mariée
en 1703 , à Louis de k Beaupoil , comte de Saint*
Aulaire, colonel - lieutenant du régiment d’Enguien ,
infanterie , tué au- combat de Ramersheim dans la
haüte-Alface, le 26 japûf 1709. Elle mourut le 13
juillet 1731.
Madame la marquife de Lambert a fait pour -les
femmes un Traité de la Vieillejfe , comme Cicéron
en avoit fait un pour les hommes ; ôc l’on fait que
ce n’eft pas aux femmes qu’il eft le moins dur de vieillir,
C ’eft fervir l’humanité que de lui indiquer des moyens
de Lupopter la vieilleffe 6c la mort, 6t de les'envifager
fans effroi, Eile a fait un Traité de \Amitié qui eft
pour tout le monde , & dont tout le monde peut
profiter. Elle mourut le 12 juillet 1733 , dans fa
quatre-yingt-fixiéme année,
LAMBIN , ( Dènys ) (H i f l Lut. mod. ) Denys
Lambin , profeffeur en langue grecque au Collège
R oy al, étoit un peu de ces littérateurs qui difent dans~
le Temple du Goût ;
Le goût n’eft rien. Nous avons l’habitude
De rédiger au long, de point .en point .
Çe qu’on penfa, mais nous ne penfons point;
& dont M. $2 Voltaire dit ! on loue leur travail, en
payant leur.peu de génie. Il fit de Lavants commentaires
fur Plaute , for Lucrèce , for Cicéron , for
Horace ; "mais comme fa manière eft longue , lente
& traînante, on l’exprima par le mot lambiner, paffé
depuis, en proverbe, pour Lignifier la longueur 6c la
lenteur , foit dans les écrits , foit dans les-aélions, Il
mourut en ? 572 ., de faififl’ement 6c de douleur , en
apprenant là mort de fon ami Ramus , enveloppé dans
le maffacre de la'Saint-Barthelemi. Il avbit cinquante*
fix ans Ii étoit de Montreuil-for-Mer en Picardie. Il eut
un fils favam comme lui , qui fut précepteur -du célèbre
Arnauld d’Andilly.
LAMBRUN , ( Marguerite ) ( Hifl. (T Angleterre. )
Ce fut la fouie perfonne qui ofa entreprendre, de
venger la mort de Marie Stuart. C ’étoit une écoflbife ,
attachée à çette malheureufe princeffe ; fon, mari,
dont
dont l’hiftoire n’a pas confervé le nom, étoit mort de
douleur , d’avoir vu la reine périr for l’échafaud.
Marguerite fe crut chargée de les venger tous deux ;
elle s’habilla en homme, prit deux piftolets ; 1 un,
pour tuer Elifabeth, reine d’Angleterre ; l’autre , pour
fe tuer elle-même, afin d’échapper au fupplice, ÖC
fe cacha dans la foule, cherchant les moyens de pénétrer
jufqu’à Elifabeth. Un de fes piftolets tomba,
les gardes le ramafsèrent, ôc virent qu’il etoit charge ;
Marguerite fut arrêtée , ÔC l’autre piftolet , qu on
trouva for elle , acheva de la convaincre. Elle parut
devant Elifabeth , qui voulut l’interroger. Elle lui
révéla fon fexe, fes projets, les motifs. Vous avez
donc cru foire votre devoir, lui dit Elifabeth ; eh
bien ! quel penfez-vous que fort à prefent le mien ?
Eft-ce la reine qui me fo't cette queftion ? eft*ce mon
juge qui m’interroge ?— C ’eft l’une Ôc l’autre ’. mais
répondez d’abord à la reine. — La reine doit me^faire
grâce fans balancer. Eh ! quil’affurera qu elle n aura.
plus à craindre de votre part un pareil attentat ? — Sa 1
clémence même. Mais, une grâce pour laquelle on
prend tant de précaution , n’eft plus une grâce. Reprenez
le perfonnage .de juge, il vous convient mieux.
Elifabeth admira h courage de çette femme, ôc lui fit
grâce.
LAMECH, ( Hifl. Sacr.) Il y a deux personnages
de ce nom dans l’Ecriture-Sainte. L’un etoit de la
race de Caïn ; l’autre, de celle de Seth. Le premier
«ut deux femmes, êt paroît être l’auteur de la polygamie.
Le fécond fut père de Noé. Le peu qu’en dit
rEcriture-Sainte, fe trouve dans la Génèfe, chapitres
4 & 5.
LAMI, ( Bernard ) ( Hifl. Lit. m@d. ) oratorien ,
écrivain fécond , dont on a beaucoup d’ouvrages dans
divers genres. Ses traités for les Sciences exaâes ,
tels que les Eléments de Géométrie & de Mathématique
; le Traité de PcrfpeÜive ; le Traité de lEquilibre;
le Traité de la Grandeur en général , ont été fort
eftimés dans le temps ; on a mieux fait depuis. On
a de lui une Rhétorique avec des réflexions fur lArt
Poétique ; on avoit mieux fait même auparavant j des
Entretiens fur les Sciences & fur U manière d?étudier.
Il a foit d’ailleurs plufieurs ouvrages for l’Eçriture-
Sainte , entr’autres, la Concorde de l'harmojùe évangè-
- tique, qui altéra la concorde & l’harmonie entre lui
& les autres théologiens , 6c produifit des difputes
vives, longues 8ç ennuyeufes. Une autre grande
fource de aifoute fut le zèle du P. Larni pour la
philofophie qe Defcartes. Les péripatétiçièns ne
manquèrent pas. de folliciter des ordres contre lui
pour l’honneur d’Ariftote ; & le gouvernement ,
qui çrçyoit alors l’autorité intéreffée au maintien du
béripatétifme, ne manqua pas de les accorder. On a
fouvent à remarquer de femblables fottifes , & on les
remarque toujours fans fruit. Rouftèau (Jean-Jacques)
fut menacé d’une lettre de cachet pour avoir écrit
contre la mufique françoife dé fon temps, aujourd’hui
fi méprifée par une ^utre folie peut-être. La folie étoit
alors de la refpeéler. Heureufement , tandis que les
fiifloirç. Tome 111.
fous s’échauffoient & montraient la nécefiité d’exiler
un homme de génie qui lui avoir manqué de refpecl,
il forvint, comme par miracle, un homme fàge, qui
n’eut pas de peine à ’leur prouver qu? leur zèle les
égaroit. Le P. Lami n’ayant point eu ce bonheur, fut
relégué à Grenoble, & for-tout privé d’une chaire
de philofophie qu’il rempliffoit ; car c’eft encore un
de nos principes, de réduire à l’aumône 6c de prendre
par famine ceux qui fe trompent ou contre qui
nous nous trompons. Heureufement le cardinal Le
Camus , évêque de Grenoble , fentit le mérite du
P. Lami , le fit fon grand-vicaire , lui donna une
chaire de théologie, 6c répara autant qu’il étoït en
lui1, les torts du gouvernement. Le P, Lami, né au
Mans en 1645 ? môurut à Rouen en 1715.
Un autre P, Lami, ( dom François ) bénédiétin ,
difputa beaucoup aufii en matière de théologie , contre
Spinofa, for i’athéïfme ; contre Nicole for. la grâce ;
en matière de rhétorique, contre M. Gibert. 11 maltraita
6c fut maltraité. Ce n’étoit point d’ailleurs, un
écrivain fans mérite. Son Traité de la Çonnoiffance
de foi-même eft , ôc a été for-tout fort eftimé. 11 avoit
d’abord pris le parti des armes ; il entra dans la Congrégation
de St. Maur, a vingt-trois ans, 8c mourut à
Saint-Denis en 1711 , âgé de foixante 6c quinze ans.
LAM IA , ( Hifl, Rom. ) nom d’une famille ilîuftre
de Rome , qu’on ne peut mieux connoître que par.
ces vers d’Horace , qui en montrent l’origine , la
puifiance 6c la Lplendeur :
(EU vetuflo nebilis ab Lamo ,
Quando & priores hinç Lamias feriuit
Dcnommtos & nepotum
Per memores genus omne faflos %
AuElore ab illo duois originem ,
Qui Fortniarum mania dicitur
Princeps & innantem Maria(5
Littoribus tenuijfe Lirim
Lad tyrannuf.
On dit qu’un homme de cette maifon , étant mie
fur le bûcher pour être brûlé comme mort, fut ranimé
par l’a&ion du feu, ce qui prouve combien l’ufag«
de brûler les mort?, a d’avantage for celui de les enterrer
; njais connue chez tous les peuples du monde ,
les honneurs du bûcher n'ont pu être réfèrvés qu’aux
riches, ne devroit-on pas au moins chez tous les peuples
du monde prendre un peu plus de précautions pour
s’affûrer que ceux qu’on enterre font réellement morts;
Qu’on fe repréfente la fituation horrible de ceux qui ont
le malheur de fe réveiller aiqfi cfons le fein de la terre ,
ne pouvant ni foulever le poids qui les accable, ni
ébranler la barrière qui les fépare pour jamais de*
vivans, pouffant des cris étouffés qui ne forant entendus
de perfonne, refpirant affez pour ne pas mourir
, mais non pas affez pour vivre ; fe Tentant peut-
être rongés dès leur vivant par les vers, ou glacés par la
pluie 6cTes vapeurs humides , fans pouvoir s?en garantir
par le moindre mouvement, ni goûter au moins la trille
6c inutile confolation qu’ont les malades de fe retourne^
O o