
& on n a imagine la retraite de Zaetoc à Samariè,
que pou* rendre les d.fciples plus odieux. Non-feulement
Jofephe, qui haiflbit les Sa'ducéens, ne reproche
jamais ce crime au chef de leur parti mais on. les
voit dans l’Evangile adorant & fervànt dans le temple
de Jérufelem ; on choififfoit même parmi eux le
grand-pretre, ce qui prouve que non - feulement ils
«oient tolérés chez les Juifs, mais, qu’ils y avoient
même allez d’autorité: Hircan , le fouverain fàcrifîca-
teur , fe déclara pour, eux contre les Pharifiens. Ces
derniers foupçonnèrent la mère dè ce prince d avoir
commis quelque impureté ayecles payent D ’ailleurs
jlS voulaient l’obliger à opter entre le feeptre & là
tiare; mais lé prince voulant être le maître de leglifê
& de l’état j n’eut aucune déférence pour leurs reproches..
Il s’irrita contr’ëux,. il en fit mourir quelques-Uns;,
les autres fe retirèrent dans lès déferts. Hircan fë jetta
en^même temps du côté des Saducéens - il ordônna
qu’on reçut lès coutumes de Zadoc,. fous peine* de la
vie. Les Juifs affûtent qu’il fit publier dans fes > états
mi edit par lequel tous ceux qui ne recevraient pas
les nrs dè Zadcc & de Eathythos, ou qui feivroiehFlà
coutume des iâges, perdraient la tête. Cès fàges éfoiènt.
les Pharifiens , à qui on a -dbpné. ce titre dans la fuite
parce que iéur parti prévalut. Cela arriva fiir-tout après
la ruine de léra&lêm & de fon temple. Ees Pharifiens
qui n’avoient pas fujet d’aimer lès Saducéènss’étant
empar& de toute l’autorité', les firent paffer. pour des
hérétiques , & mène pour des Epicuriens. Ce qui a
donne, fans doute occafion a faint Epiphane & à Ter-
tul'aen de les confondre avec les. Dofitlléens.Xa Haine
que les Juifs avoient conçue contr’eux , palfa dans te
coeur même dés Chrétiens l’empereur îufimien lés
bannit, de tous, lès fieux de fa domination & or--
dônna qu.on envoyât au dèmier fcpplrce des gèns qui
dêfendoient certains dogmes d’impiété' &; d’athéïfme
car ils nioiént la reftirreéfion .Sc le dernier jugement.
Ainfi ,. cette fèéfe fubfiflojt encore alors mais elle
confinuoit d’être malheureufè.
L’édit dé Dftînien donna’une nouvelle, atteinte a.
cette feâe,, déjà fort affeiblié ; car tous lès Chrétiens
s’accoutumant à regarder lès Sadûcéèns comme des
«npes, dignes du. dernier füpplice, ilset Oient obliges.
de fuir •& dé quitter l’Empire romain ,;qui étoit d’S e
vaffe etendue. ils trouvoiênt de. nouveaux ennemis-
dans lés autres lieux ou' les Pharifiens etoiênt établis
amfi, cette feâe étoit errante St fugitive , Iorfque
Ananus lûi rendit quelqu’éclat au milieu dû huitième
Jiècle. Mais cet évènement eff contefté1 par les Q -
raites , quife plaignent qu’ôn leur-ravît par jalôufiè',
un de leurs principaux défenféûrs, afin d avoir enfuite '
Je pîâifir de lés confondre av;c lès Sadûcéèns..
DoSlrine des Saducéens. Les Sadueéèns , uniquement !
attachés à l’Ecritiire fainte , rçjettoient. la loi orale,.
& toutes^ lés traditions , dent■. on commença feus les
Machabéès à faire une partie efféntiellè de là religion..
Parmi le grand nombre dés témoignages, que nous!
pourrions apporterai, nous nous contenterons d un
teû, , tire de Jofépffe , qui prouvera bienefeirement..
que c-etoit le fentime-nt d ÿ Saducéens \ . Us Pharifiens,
dù-iî, qui ont reçu ces confitutions par tradition dé
leurs, ancêtres y les ont enseignées au peuplé j . mais les/
Saducéens les rejettent y parce qu’ elles ne font pas
comprifes■ entre les loix données par Moïfe qu'ils fou*
tiennent être les feules que Fon cfi obligé de fuivrey &c.
Antiq.jud. lib. XIII. cap. xviij..
S. Jérome & la plupart des pères ont cru qu’ ils,
retranchoient du canon les prophètes St tous lès écrits
divins,exoepteîe Pentateuque de Moïfe. Les critiques modernes
(Simon, hifi. critique du vieux Te fument, liv. I ,
cftap. xvj. J ont fuivi lés pères -; St ils ont remarqué
que I. C. voulant prouver la réfurre&ion aux Sadu-
ceens, leur cita uniquement Moife',. parce qu’un texte,
tire des prophètes , dont ils* rejettoient l’autorité,
nâuroit pas fait une preuve contr’eux... J. Druffus a été
le premier qui à ofe douter d’un fentiment appuyé fur.
dés autorités fi. refpeélables ; & Scaliger ( Elau h. tri-
hezref cap..vxj. ) l’a abfblument rejette, fondé fur des
raifôns qui paroiffent fort folides. i°. li eft certain que
les Saducesns n’avoient commencé dè paroîrre qu’après
que lè^ canon de l’Ecriture fut fermé, Sç quels don de.
Prophetie étant éteint, il n y avoir plus de nouveaux
livres a recevoir.. Il efi difficile de croire qu’ils fe:
foient fouîèvés contre le canon ordinaire, puifqu’il
etoit reçu a Jérufalem. 2.0. Les Saducéens enfeignoie; t:
St prioient dans Iè temple. Cependant on y iifb'it 1 s.,
prophètes, comme celaparoît par l’exemple1 de J. C. qui
expliqua quelques paffages d’Ifaïe. 3®. Jofephe qui de-
voit eonnoître parfairc-ment cette feélê, rapporte qu’ils
receroient ce qui efi écrit. I l oppefe ce qui e f écrit à ,
la cîoârine orale des Pharifiens ; & il infînue enfuite
qué la Gcntroverfe ne rouloit que iùr lès- traditions :.
ce qui ■ fait conclure que lès Saducéens recevoient toute
l’Ecritfire , & lès-autres prophètes , aufii bien que.
. Moïfe. 40. Celàv paraît encore plus évidemment par
1er difpiitës que lés Pharifiens ou les doéleurs. ordinaires
des Juifs ont feutenues contre ces fëéiairés. R . .
Gamaîîel leur prouve là réfurreélion des morts par
des paffages tires de Moïlè , des. Prsphêtes.: & des.-.
Aÿ°graphes ; Si les Saducéens , au fieu tfé: rejetter.
1 autorité dés livrés qu’on citoit contr’éux , tâchèrent -,
d’é’udër ces paffages- par de vaines fîibtilices. ,5°. Enfin, l||>
Saducéèns reprpchoient aux. Pharifiens qu'M pfoÿoient-:
que lés livrés feints fouilîoient. Quels étoient ces livres
feints qui fcui II oient au. jugement des Pharifiens ?.?
VEccléfiafte , le Cantique des Cantiques , & lés-
Proverbes. Les Saducéens regardoient donc1- tous les*
livres comme dès écrits divins , & avoient même plus >
dé refpeél'pour eux.qué lés Pharifiens. _
; 2°* La fécondé & la principale erreur cîc's Sadu- ■
ceèns- rouloit .fur i’éxiôence des anges- ,. & 'fur la-,
fpiîitualite, de lame. En effet., les Evangelifl:s leur -
reproènenf qu’ils foûtencient qu’il n’ÿ: avoit ni ré-
fürreaîon ni ei|rit, ri:ange..Le P. Simond .donne '
Ä dè ce, fentiment. .Il affûte que., de l’aveu -
-Lhalrnudfles , ,1e nom Ranges n’arvoit été en ufeo-e *
chez les Juifs que depuis je retour de la* captivité ;
& les Sàducéèns; conclurent delà , que Mhvention .’
et°^ n0lîve^è ; que. tout ce que l’Écriture',
ûifoit d’éux, avoit été ajouté par ceux, dé là grande;
fynagogtie, & qu’on dé voit regarder ce qu’ils en rappoit*
toient comme autant d’allégories. Mais c’eff difculper
les Saducéens que l’Evangile condamne fur cet article ;
car fi l’exiftence des anges n’étoit fondée que fur une <
-tradition affez nouvelle, ce n’étoît pas un grand'crime
que de les combattre , ou de tourner en allégories ce
qye les Thalmudiftes en difoient. D’ailleurstout le
monde fait -que de dogme des anges étoit très-ancien
chez les Juifs.
Théophilaéfe leur reproche dfevoit combattu la
•divinité du S. Efprit : il doute même s’ils ont connu
Dieu, parce qu-ils étoient. épais , grofliers.,. attachés
À là madère ; & Arnobs s’imaginant qu’on ne poavoit
ûier l’exiflence des efprits , fans faire Dieu corporel .,
l eur a attribué ce.fentïment ; & le favant Petau a donné
clans le même piège. Si les Saducéens euffent admis de
■t elles erreurs ; - il eft vraifémblaWe. que les Evangé-
1 fies en auraient parlé'. Les Saducéens, qui nioient
Iexifleiice.'des efprits., parce.:qu’ils n’avoient d’idée,
•c’a're St diftinéle que des objets fenfibles & matériels ,
•mûtaienî;Dieu au-deffus de leur conception, & re-
gariolent cet être infini comme une effence incora-
•préhezfibîe, parte quelle étoit parfaitement dégagée
de la matière. Enfin, les Saducéens corabattoient L’exiftence
des èfprits fans attaquer la perfenne du feint
Efprit, qui leur étoit auili inconnue qu’aux ditciplès :
■ de Jean-Baptiffe. Mais comment lès Saducéens pou-
voient^ils nier l’exiffence des anges, eux qui admet-
Coient lë Pentateuque, où il en eft affez fouvent parlé ? ‘
Sans examiner ici les fentiments peu vraifemblables .
du P. Hardoiûn & de Grotius, nous nous contenterons
d’imiter la modeflie de Scaliger , qui s’étant.fait
la même quefiion , avoue ingénument qu’il en ignorait
la raifon.
. ’ 30. Une troifiéme erreur des Saducéens étoit que
rame ne fur vit point au corps, mais quelle meurt
avec lui. Jofephe la leur attribue expreffément.
• 4°. La quatrième . erreur des Saducéens rouloit fur
la réfurreâion du corps , qu’ils combattoient comme'
. impoflible. Ils voulcient que l’Homme entier pérît par I
la mort; & delà naiffoit.cette conféquence né.ceffaire ;
St dangereufe ,. qu’il n’y avoit ni récompenfe ni peine h
■ dans l’autre vie ; iis bornoient la jufrice vengereffe de ’
Dieu à la vie préfente.
50. Il femble aufli que les Saducéens nioient la Providence
, & c’eft pourquoi on les met au rang des
Epicuriens. Jofephe dit qu’ils rejettoient Je deftin ; qu’ils
•otoient à Dieu toute infpeéfion fur le mal, & toute
i.ûluencefùr le bien, parce qu’il avoit placé le bien &
le mal devant- l’homme , en lui laiffarit une entière
liberté de faire l’un & de fuir l’autre. Grotius-, qui n’a
pu concevoir que les Saducéens euffent ce fentiment,
a crû qu’on devoit corriger Jofephe, & lire que Dieu
n’a aucune part dans les aéfions des hommes ; foit qu’ils
feffent le mal ou qu’ils ne le faffent pas. En un mot,
il a dit que les Saducéens , entêtés d’une fauffe idée
de la lib erté, fe donnoient un pouvoir entier de fuir
le mal & de faire le bien. Il a raifon dans le fond,
niais il n’efl pas néceffaire de changer le texte de j
Jofephe pour attribuer ce feptiment aux Saducéens ; car J
le terme dont il s’eft fervi, rejette feulement une pre-
vidence. qui influe fur les aéiions des hommes. Les
Saducéens otoient à Dieu une direélion agiffànte fur
la volonté , & ne lui laiffoient que le droit de ré-
-compenlër ou de punir ceux qui faifoient volontairement
le bien ou le mal. On voit par là que les Saducéens
étoient à-peu-près Pélagiens.
- Enfin, les Saducéens prétendoient que la pluralité
des femmes eft condamnée dans cès paroles du Lévi-
tique : vous ne pre/idre^ point une femme avec fa feeur,
pour l’affliger en fon vivant, chap. xviij. Les Thalmu-
diftes, détenfeurs zélés de la polygamie , fe croyaient
..autorités à foutenir leur fentiment par les exemples de
David & de Salomon, St concluoie.it que les Saducéens
étoient hérétiques fur le mariage.
Moeurs, des Saducéens.. Quelques. Chrétiens fe font
imaginés que , comme les Saducéens nioient les peines
Sl les récompenfes de l’autre v ie ,& L’immortalité des
âmes-, leur doéirine les conduifbit à un affreux libertinage.
Mais il ne faut pas. tirer des conféquences de
cette nature , car elles font fouvent fauftès: 11 y -a deux
batuières à la corruption humaine, les, châtiments de
la vie P$§||D&p. & les peines de l’enfer. Les. Saducéens
.avoient àb^p ^dernière barrière, mais ils laiffoient
fubûfter l’autre, ils ne croyoient ni peine ni récom-,
penfè pour l’avenir; mais ils admettaient une Pj^vi-,
denee qui puniffoit le vice , & qui. récompenfeit U
vertu pendant cette vie. Le defir d’être heureux fur la
terre , fuffilbit pour les retenir dans le devoir. H y a
bien de gens qui fe mettraient peu en peine de l’éter-
mté,s’ils pouvoient être heureux pendant cette vie. C ’eft
là le but.de leurs travaux & dé leurs foins. Jofephe
• afiure que les. Saducéens étoient fort févères pour la
punition des crimes ,. 6^ cela devoit être ainfi :: en
effet , les hommes ne pouvant être retenus par la
crainte des châtiments éternels que ces feélaires rejettoient
, il .faiioit les épouvanter par la févérité des
peines, temporelles. 'Le même. Jofephe les repréfente
comme des gens farouches , dont les moeurs étoient
barbares . v St avec, lelquels les étrangers ne pouvoient
avoir de commerce. Bs étoient fouvent divifés les
uns contre les'autres* N’eft-ce point trop adoucir ce -
trait hideux,- que de l’expliquer de la liberté qu’ils fe
donnoient de difputer far des matières de religion ?
car Jofephe , qui rapporte cès deux, chofes, blâme
l’une & loue l’autre, ou du moins il ne dit jamais que
•ce fut la différence des fentiments St la chaleur de la
la difpute qui eaufa ces divifions ordinaires dans la ïe£tel
Quoi qu’il en foit, Jofephe qui étoit Pharifien , peut
être ibupçonné d’avoir tropécouté les fentiments de haine
que fe feéh avoit pour les Saducéens.
Des Garnîtes. Origine des Cardites. Le nom de £z-
ruite fignifie un homme qui lit y un feripturaire, c’eft-
à-dire, un homme qui s’attache fcrupuleufement au
texte -de la loi , & qui rejette toutes les traditions
orales..
Si on en croit les Caraites qu’on trouve'aujourd’hui
en Pologne & dans la Lithuanie, ils descendent de s- dix
tribus que Salmanazar avoit t ranfportées , SI qui Ont
paflé-delà dansla Tartarie.: mais 911 rejettera bientôt