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auteurs de la liberté de penfer, mais il décida trop
& penfa trop peu. L’exemple qu’il donna de ne rien
refpeélër , de ne rien diftinguer , ne peut être bon à
rien ; on ne peut pas dire qu'il ait répandu la lumière ;
mais il a donné du refïort à l’efprit humain , il l’a
fixé fur des objets plus vaftes, plus importans, plus
philofbphiques que ceux dont on s’occupoit avant lui,
il n’a pas détruit la fcolaftique , mais il l’a un peu
ennoblie.
On doit encore un autre témoignage à Luther ,
c’eft que ce doéïeur, content de la gloire de l’Apof-
tolat & de l’empire des controverfes , ne defeendit
jamais aux baffelfes de l’intérêt ; en donnant les biens
d’églifè en proie aux laïcs- il n’en prit rien pour lui,
il n’eut toute la vie d’autre revenu que lès gages de
profefFeur dans Punivirfité de Vittemberg. (.Obfervons
que ce défiatéreffement caraélérife allez les chefs de
Seéle ) Erafme a dit que ce généreux indigent avoit
ennchi lès amis , & même lès ennemis; c’eft que
l’honneur d'être entré en lice contre lui avoit valu
de bons bénéfices auxEckiu , aux Cochlées, (voye^
ces articles ) & à d’autres catholiques.
Remarquons encore, mais dans un fens plus vafte
& p!us noble, que ce grand ennemi ne fut pas inutile
à l’églfe, quïl la'força de veiller fur elle , qu’en ne
pardonnant rien à la cour de Rome, il l’avertit de
ne fe pas tout permettre, que peut-être Adrien V I ,
fuccefteun du faftueux Léon X , dut à Luther une
partie du zèle courageux avec lequel il brava la haine
de fa cour en la réformant, en rétabliffant la difei-
pline eccléfiaftique, en fupprimant la vénalité des
indulgences & celle des offices, en modérant les taxes
de la daterie, en réduifant fon propre neveu à un
^ul bénéfice tres-modique ; en établiflant cette maxime:
qiîon ne donne point les bénéfices aux hommes, mais
Us hommes aux bénéfices , enfin en proie rivant le luxe,
& en donnant l’exemple d’une pauvreté chrétienne.
Après la .mort de Luther , comme après- celle
d’Alexandre , tous fes foldats voulurent être rois ; les
chefs fe multiplièrent &. fe divisèrent.
LUVAS ou LUBOS, ( Hifl. mod. ) c’eft le nom
qu’on donne aux chefs d’une nation guerrière & barbare
appellce Gallas , qui depuis très-long-témps
font les fléaux des Ethiopiens & des Abyffins, fur
qui ils font des incurfions très-fréquentes. Ces lubos
font des louv.erains dont F autorité ne dure que pendant
huit ans. Auffi-tôt que l’un d’eux a été élu, il
cherche à fe fignaler pas les ravages & les cruautés
qu’il exerce dans quelque province d’Ethiopie. Son
pouvoir ne s’étend que .fur les affaires militaires ;
pour les affaires civiles , elles fe règlent dans les
aflemblées ou diètes de la nation , que le lubo a
droit de convoquer, mais qui peut de fon coté an-
nuller ce qu’il peut avoir fait de contraire aux loix
du pays. Il y a , dit-on, environ foixante de ces fou-
verains éphémères dans la nation des Gallas ; ils font
une très-pauvre figure dans leur cour, dont le père
Lobo raconte un ufage fingulier & peu propre à engager
les étrangers à s’y rendre. Lorfque le lubo donne
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audience à quelque étranger ; les Courtifans qui A c compagnent
tombent fur lui, & lui donnent une bafi*
tonnade très-vive qui l’oblige à fuir ; lorfqu’il rentre ,
on le reçoit avec politeiTe. Le P. Lobo eut le malheur
d’effuyer cette cérémonie; en ayant demandé le motif,
on lui dit que c’étoit pour faire connoître aux étrangers
la valeur oc. la fupériorité des Gallas fur toutes les
autres nations. (A . R . }
LUXEMBOURG, ( Maifbn de ) ( H)fi, mod. ) là
màifon de Luxembourg , lfone des plus i-lluftres de
l’europe a produit cinq empereurs , dont trois ont été
rois de Bohême.
Les cinq empereurs , font i°. Henri Herman, comté
de Salmsen Ardenne , élu empereur en 1081 , au
milieu des troubles que la guerre du Sacerdoce & de
l’empire exctoit entre le pape Grégoire V i l, & le
véritable empereur Henri IV. Henri Herman mourut
en 1087.
2°. Henri VII. ( Voyeç fon article. )
50. Charles IV , auteur de la Bulle d O , ( t royex
fon article. )
( 4°. Ven ce. fias, fon fils, ( Voye% fon article.)
5°. S’gifmoad, auffi fils de Charles IV. ( Voy:^
fon article. )
Les trois empereurs rois de Bohême , font Charles IV ,
& fes deux fils.
Le père de Charles I V , Jean l’aveugle , étcr't suffi
roi de Bohême. Ce roi chevalier , quoique privé de
la vue, n’en avoit pas moins d’ardeur pour Ls Combats
; il abandonnoit le foin de fes états pour chercher
les aventures à la guerre , il fervo t comme volontaire
fous les drapeaux de la France , dans la fameufo
qûerelle de Philippe de Valois , & d’Edouard III;
il prer.oit même pour devife ce mot : je fers, Ick
Dien I f ?rve, tandis que fon devoir étoit de régner»'
Tel étoit l’ufage du temps.; une foule defouverains,
partagés entre Edouard &. Philippe, .ferraient en per-
fonne dans leurs armées ; combattre , même pour des
intérêts étrangers, étoit un honneur que les rois ne
cédoient point à leurs fujets. Jean de Luxembourg-
Bohême , étoit à la bataille de Créey ; les François,
repoufïes de tous côtés ,• étoient déjà en déroute , lorfque
ce prince s’informa de l’état de la bataille; on lui d't
que tout paroiffoit défefpéré; que l’é'ife de lamobleffa
Françoife étoit taillée en pièces ou prifonnière ; que
Charles de Luxembourg, fon fils-, roi des Romains ,
bleffé dangereufèment avoit été forcé a’abandonner le
combat ; que rien ne pouvoit réfifter au prince de
Galles , dit le prince Noir : quon me mène à fa rencontre
, s’écria le roi de Bohême. Quatre de fes chevaliers
fe chargent de le conduire, ils entrelacent la
bride de fon cheval avec celles de leurs chevaux, ils
s’élancent au fort de la mêlée & fondent fur le prince
de Galles ; on vit ce piir.ee &Je roi aveugle fe porter
plufieurs coups ; maisbient. t on vit le-roi de Bohême
& fes chevaliers tomber morts aux pieds du prince,
de Galles.
La maifon de Luxembourg a produit encore deux
impératrices.
t xt x
Jo. Gimegoride y femme de l’emperaïf 'He'flf. Il-
f Voya l’article dé ce prince. )
.2.O.' Elîfabeth, femme d’Albeit I " , archiduc d Au-
triche & empereur , morte en 1447. ;
Cinq rëinesi $$ Beatrix , femme de Charles Robert
ou Charobert, roi de Hongrie, morte; en 1318*
2.ok Marie , fa feeur fécondé- femme de notre
Charîes-le-Bel > morte en 132.3 , toutes deux filies de
l’empereur Henri VII. , . , , .
3°. Bonne, femme duïoi Jean-, foeur de l’empereur
Charles IV , morte en 1349.
4°. Anne * fille de l’empereur Charles IV , première
femme de Richard I I , ?oi d’Angleterre , moite en
^MargueriteV fille du même empereur Charles IV ,
mais d’un autre lit que les précédentes ^ première
feîhme de Lou:&4é-grand , roi de Hongrie & de
Pologne, morte en x359-- ■ ,
• Cette rnaifon de Luxembourg a donne a «a r rance
deux Connétables. '
1 o. Valefan de Luxembourg , comte de ht. Fol,
de la branche de Luxenfoom-g-L’.gny | fait connétable
en 14 Î 1 , mort le 19 . avril 1415' eu 1413*
2°. Louis de Luxembourg, comte de ht. lo i , de
la branche de Luxembourg Saint Po\ C ’étoit fous
Lcuis XI , c’eft-à-dire dans un ’ temps j de cabales &
dïntrigues continuelles qu’il étoit connetabi-’. General
de Louis XÏ par fa place, il.traitoit par efpvtd intrigue
avec tous les partis. Il vouloit fe rendre indépendant
& jouer un rôle principal au mil eu de ces
troubles. Il s’éto-t emparé de St. Quentin , au nem
du . ro i, & le gardôiî pour lul-mêmei Fier déjà pQ -
leffion de cette importante p'ace cu’;l prbmettoit tour-
à-tour de rem ttre au roi de France , au roi d’Angleterre
, au duc de Bourgogne , Charles le téméraire i
il fe faifpiî rechercher & redouter de tous ces pi mcés*
L uis XÏ , dans une entrevue avec le roi d’Angl . terre
Edouard IV , fur le pont 'de Péquigny , fut tirer de
lui les inftruéfions dont i! avoit befoin for les projets
Si., lès démarches du connétable ; celui-ci n’avoit ià:t
que les trah-r tous deux , Edouard l’abandonna fans
peine , & le duc de Bourgogne, inftruit par les deux
rois , des fourberies du connétable, le 'ivra lui-même
à Louis X I , .qui lui fit trancher la tête à Paris, dans
la place de Grève', le 19 décembre 1475. ^es & ens
furent confisqués , mais ils furent rendus à fa pofté-
rité par une déclaration du roi Charles V III, en
1587. Marie fa petitè-fillé porta ces biens dans la
maifon de Bourbon, par fon mariage avec François
de Bourbon , comte de Vendôme , bifayeul du roi
Henri I V , qui defeend ainfi de cette illuftre viélime
de Louis XI.
Ce fi.it-pour François de Luxembourg, forti de la
branche de Luxembourg-Brienne , &, qui a formé
celle de Pinei, que le roi Henri III érigea, en 1576 ,
Pinéi en duché ; en 1581 , il i’érigea en Pairie , &
Tingri en principauté. François fut envoyé trois fois en
ambaffade à Rome, i°. par Henri I Ï I , en 1586 ,
20. en. 1590 , : par les catholiques royaliftes qui fe
donnoient à Henri IV , fous la condition qu’il fe fei oit
T. U Z 40?
I catholîdué ' qifll fe ferôit infti nim du moins daîv- cette
religion ; -enfin en 1596, par Henri TV lui-meme.
Sa petite fille, Marguerite-Charlotte de Luxembourg
porta les biens de fa maifon dans celle de Clermo.
Tonnerre, qui ne les conferva pas ; car, du mariage
de Marguerite Charlotte , avec Charles Henri. d .*
Clermont Tonnerre, naquit -feulement Magçlel i ic-
Charlotte - Bonne - Thérèfe de Clermont - Tonnerre.,
ducheffe de Luxembourg, qui époiifa le 17 mars 1661.,
François-Henri deMontmorenci, duc de Luxembourg,
c’eftle fameux maréchal de Luxembourg ; on trouvera
Ce qui le Concerne lui Si. fa poftérité à 1 article
Montmorenci.
La première maifon de Luxembourg, cette maifon
impériale qui nous récupe ici , nous-offre phi feu: s
perfrnnages morts à la guerre & dans les batat -.
Dans la branche aînée, Baudouin & Jean , u.e»
au combat de Vering, du 5 juin 1288, avec Va;..'-
van {-r leur'frère, tige de la branche de Luxembourg-
Ligny.
Dans Cette branche de LuxemboU"g-L:gni, G .ri
de Luxembourg , pour qui le roi Charles V érigea
Ligni .en comté, .en 1567, tué à la bataille de Bael-
Vider , le ,22 a;uc 1:371.
Dans la branche de Saint-Pol, Jean , comte de •
Marie & de Soiifons * fils du connétable de Srjut-
Pol, tué à la bataille de Morat, le 22 juin 1476.
Dans la branche de Luxembourg-Martigues 4 Charles j
vicomte de Martigues-, tué au fiége deHefdin, en. 15 5 3 ‘
Sebaflierr de Luxembourg , qui s’étoit trouvé &
; fignaié aux fiéges de Metz, de Térouanne, de Calais ,
1 de Gtîines; de Roiien, d’Orléans ; aux batailles ou
■ combats de Dreux, de Meffigriae- , de Jarnac, de
Mon contour , &C. & pour qui Charles IX venoit
d’ériger,' en i 769 , le comté de Penthièvre en duché-*
pairie, tué d’une bleffure à la tête au liège de faini
jean o Angely , le 19 novembre 1369.
LUZERNE, .( de la ) de Beuffèville OU Ëeu?.evilk
( Hifi. de Fn ) màifon des plus anciennes de la Normandie.
Thomas de la Luzerne , fut un des chevaliers qui
accompagnèrent Robert , duc de Normandie , fils
aîné de Guillaume le Conquérant , à la première
croifade.
Guillaume de la Luzerfie dans tes guerres Contre
les Anglois fous Charles V I I , - défendit vaillamment
le mont faint Michel, & y mourut en 1458.
Jean de la Luzerne, fon fils, fut chambellan desrois
Louis XI & Charles VIII.
Gabriellé de la Luzerne porta la terre de h
Luzerne dans la ma fon de Brrque\iil ", en 15 0 ’ , par
fon mariage avec François de Briquevilîe , un des
plus braves capitaines de fon temps, tué en' î 774,
fur la brèche de la ville de faini Lo , qu'il détèndok
pour les religionnaires.
De cette maifon de la Lm'errte-RetizevFie, fort
M. le comte de là Luzerne, miniftre de la marine ,
( en 1788 ) M* le marquis de la JLuzerne, ambafiadeur