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Grotius mourut à Roftock en 1645. Le P* Oudin a
écrit fa vie , mais elle eft bien plus complette dans
l’ouvrage de M. de Bu'rigny.
G R U E T , Jacques) (Hijl. du Calvïmfmi) genevois,
tut la tête tranchée à Genève en 1549 , bien moins
pour quelques traits d’impiété , qu’on prétendit après
coup avoir trouvés dans lès papiers, que pour avoir
ol'é démafquer aux yeux des Genevois, leur patriarche
& leur prophète Calvin.
G RUTER3 (Jean ) Hijl. Litt. mod.) fçavant illuftre)
profeffeur d’hiftoire à Vittemberg, puis .à Heidelberg,
ou il avoit la direction de cette magnifique bibliothèque,,
traniportée à Rome quelque temps après. On a de lui
une Recueil £ lnfcriptions ; les Delicia, Poetgrujn GaU
forum 3 ïtaloruin 3 Belgarum 3 Gennanorum 3 Hunga-
ncorum 3 Scotorum 3 Danorum ; Hijlorifz Augujlce
fcriptores ; Chronïcon Chronicorum 3 oce. Gruter fut
inarié quatre fois ; c’eft beaucoup pour un fçavant. Il
?étoit né à Anvers en 1560. Il mourut en' 1627.
G R y
GRYNE’E , ( Simon ) ( Hijl. Liit. mod. ).ami de
-Luther & de Melançhton, a publié le premier i’Alnia-
igefte de Ptolcmée en grec. Né en Souabe en 1493 ,
'mort à Baie eh 1541.
G R Y P h IU S , ( André ) (Hijl. Litt. mod. ) né à
Glogau en 1616, mort en 1664, paffe pour le Corneille
_ de 1’Allemagne,
Chrétien, fon fils, a donné des poëfies allemandes ;
„un Traité ^fur l’origine & les progrès de la Langue
Allemande ; une hiftoire des ordres de chevalerie, 8c
^ ’autres ouvrages. Mort en 1706, '
g u A
G UA R IN I ( Jean-Baprifte ) < Hijl. Litt. mod, ) ;cé-
ifebre auteur du Pajlor Fido. Ses oeuvres font recueillies
*n 4 vol. in-40. ; mais ta gloiré tient à cette paftorale
illuftre. Né à Ferrare en ,1,5 37, mort,a Venife eh 1612.
G U A S T , (d u ) Voyez A v a Los & P e s ca ir e ^
4 Hijl. £ Ejp. J dom Alphonfe d’Avalos, marquis du
Guajt 3 digne parent :9 difçiple illuftre du marquis"de
Pefcaire, fut comme' lui , un des plus habiles généraux |
de CharlesrQuint : ce fut le marquis du Guàjl qui, ~
P la bataillé de Ravie , força 4e Parc de -:Mirabel. Il
fut l’heritier des biens comme des talents du marquis de ;
Pefcaire , mort en 152.5. J1 fut fait prifonniér en 1528, r
dans un combat naval devant Naplespaf Philippin Doria,
Aîeveu du célèbre André Dori a. Du Guajl fut auffi utile à
fon maître dans la prifon, qu a la tête .des armées.; ce fiit
Jui qui négocia le plus fortement 8c le plus hëùreüfemént ■
.aupjês d’Anare JJorta, pour l’attirer au parti de l’Empereur.
Il etoit au iiège de .Florence ■ en 153.0; mais
^quelque méfintelligence furvenue entre ,lui >$c le prince
d’Orange , l’obligea de quitter l’année en J 53^: il
foivit l’Empereur à ^expédition -Tunis. Ce fufi lui
;€jui # en 15 36 , .commanda les bandes espagnoles dans
la fameufe expédition du même Charles-Quint, en
^rpveqce; il fît fur Arles ^ne tentative ? qui ne réufîit
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pas mieux que celle que Charles - Quint faifoit dans Pe
même temps fur Marfeille. En 1537, il fecourut Cafat,
8c tailla en pièces les François, quifous 1a conduite
de Burie, alloient furprendre cette place. Il fît cette
meme année , beaucoup de conquêtes dans le Piémont ,
entr autres, celle du château de Carmagnole , devant
lequel fut tue le marquis de Saîuces , qui l’année précédente
avoit trahi la France , & émbrafïé le parti de'
l’Empereur. Il n’y avoit dans le château dé Carmagnole,
que deux cents fantaflins italiens au fervice de la France;
ils -fe défendirent avec pfusde cofinance que leur
petit npmbre ne fembloit .^.promettre, ; ils -fe rendirent
enfin. Le marquis du Guajl loua leur courage 8c leur
-talent pour détendre une p’gce; il admiroit fur-tout la
vivacité &. la continuhp du feu qu’il avoit vu partir
d’une certaine fenêtre rdu ^château , qu’il indiquoit ; il
parut défîrer de éonnqître f ceux qui tiroient à cette
fenêtre. Un foldat dit qu’il y gvoit toujours été , & que
, pour fa part, il avoit tiré bien desçoups de moufquet.
Malheureux, lui dit du Guajl, changeant tout-à-coup
de ton 8c de langage, c’ejl donc toi qui nous a prives de
ce brave marquis deSaluces ! en même temps il fît pendre
ce foldat à cette même fenêtre d’où étoit parti le coup
qui avoit tué le marquis de Saluces ; monument de
barbarie envers un foldat fidèle , bien plus que de re-
connolffance envers la mémoire de .l'infidèle Saluces.
Des auteurs ont dit que le marquis du Guajl avoit fait
pendre le commandant du château dé Carmagnole ,
nomme Stephe de la Balia , 8c qu’il avoit envoyé toute
ta garnifon aux ga-eres ; ce qui a bien l’air d’une exagération
, a laquelle aura donné lieu l’indigne traitement
fait au loldat trompé par les queftîons perfides du marqui$
du Guajl. Lés François accourant en forces dans le Piémont
fur ta fin de cette même campagne, réduifirent du
Guajl à une guerre défenfive, dans laquelle il eut peu
d’avantage.
Pendant l’intervalle de paix qui fui vit ,'du Guajl ne
fervit pas moins bien l’Empereur paries négociations
dans les différentes cours. En 1541 , il fit affaflîner
fur le P ô , les ambafïadeurs Rincon 8c Fregôfè , que
François Ier envoyoit, l’un à Venife 8c l’autre a 1a Porte l
Du Bellay Langei parvint à Convaincre du Guajl de
ce crime. Voyez Article Bellay (d u ) & l’article
Fregose. Ce fut 1a caufè de la dernière guerre entre
Charles-Quint 8c François Ier. En 1542 , du Guajl &
Langei, rivaux dignes l’un de l’autre, commandèrent l’un
contre l’autre , eh Piémont. En 154 3, du Guajl commanda
encore dans le Piémont, & ce fut contre Bou-
fières , fur lequel il eut beaucoup d’avantage. Mais
en 1544, il perdit la bataille de Cerifok le i y avril,
contré le comte d’Engu-ien. Avant la bataille, il avoit
dit aux bourgeois d’Afî : « Si je ne reviens pas vainqueur,
» fermez-moi les portes de votre ville ». Il avoit dit
avant 1a campagne, aux femmes de Milan : « Voyez-
» vous ces chaînes? elles vous ramèneront Hé ce petit
” fou de ^comte d’Enguien & tous ce s jeunes 8c jolis
volpntafres françois». Les femmes avoient demandé
grâce pour le comte d’Ëng'jien , dont on leur avojt
vante ta bonne mine. On afiûre que le marquis avoit
réellement fàit une provifîon de chaînes pour lier
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piifoftnîers françois qu’il efpéroit faire , & qu’il fe pro-
pofoit, dit-on , d’envoyer aux galères. On afïïire que
les françois trouvèrent parmi les.bagages des impériaux,
plufieurs chariots chargés de chaînes ; mais il faut fe
ïouvenir qu’on trouve ces fortes de traits dans l’hifîoire
ancienne, & que les hifloriens modernes ont fouvent
pris plaifir à les adapter aux évènements de leur temps.
Quoi qu’il en foit , les habitants d’Afî; obéirent
ponéfuellement au marquis vaincu , 8c lui fermèrent
fours portes ; il fut obligé de fuir jufqu’à Milan, où
il étoit réduit à fe cacher, n’ofant paroître devant les
femmes, qui le cherchoient pour lui demander l’e'm-
ploi de fes chaînes 8c les jolis prifonniers qu’il leur
avoit promis. Le comte d’Enguien envoya au Roi une
montre de grand prix, trouvée parmi les bagages du
marquis du Guajl. La ducheffe de Nevers , feeur
du comte d’Enguien, dit au R o i, en la lui préfentant :
« Pour cette fois , Sire , nous ne vous préfenterons
« point le marquis du Guajl, il s’eflfauvé très-lefîe-
» ment fur un beau cheval d’Efpagne; mais voici fa
» montre, qui n’étoit pas apparemment f i bien montée
» que. lui. n
Le marquis du Guajl mourut le 31 mars 1546. Il
«toit né le 25 mai 1502, 8c déjà vieux capitaine,, il
n’avoît cependant que quarante-trois ans accomplis.
GUE’ ou GUAY-TROUIN, ( René du ) Hiß. de
Fr. ) Marin illuftre, f i connu par les mémoires, plus
encore par l’éloge qu’en a fait M. Thomas, 8c qui
a été couronné en 17 6 1 , à l’Académie Françoife,
naquit à Saint Malo le 10 juin 1673 ? d’une famille
de négociants. Il fit fa première campagne en 1689
il y fut continuellement incommodé du mal de mer ;
il efïuya une tempête : dans un abordage, un de fes
compagnons, placé à côté de lui, voulant fauter dans
le vaifleau ennemi, tomba entre les deux vaiffeaux
qui y venant -à fe joindre , écrasèrent ce malheureux;
une partie de fa cervelle rejaillit fur du Gué - Trouin.
Dans le même temps le feu prit au vaiffeau ennemi.
Tel fiit l’apprentifTage de du Gué-Trouin. Dans cette
même campagne, il contribua beaucoup à 1a prife de
trois vaiffeaux ; il tomba dang ta mer, il fut- blefïe , il
fut vainqueur.
En 1691, à; dix-huit ans, chargé du commande-'
ment d’une frégate , if eft jette for Tes côtes d’Irlande,
après ta perte des batailles de ta Boine 8c de Kilconnel ;
il y prend un château, 8c y brûle deux navires.
En 1692 , dans le temps même de la perte de 1a
bataille de 1a Hogue , réparateur hardi 8c heureux de
nos dcfàftres , avec une frégate il en prend deux qui
efeortoient trente vaiffeaux marchands;-, avec une autre
fréj rate , il prend fix vaiffeaux.
En 1694 , avec une feule frégatê i f combat une
efeadre entière : après des prodiges de valeur 8c beaucoup
de défaftres; un boulet dé canon le renverfe, il
perd connoiffance ; il eft pris. Une- jeune angtoife-, à
laquelle il fçut plaire , lui jprocura ta liberté.-
En 1695 , il prend for les côtes- d’Irlande, ■ trois
'Vaiffeaux anglois, chargés de richeffes.--
En 1696 , monté fur un vaiffeau anglois qutil avoit
pris,, il prend deux vaiftéaux-hollandois , 8cpailè ave&
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fa prife au travers de 1a flotte ennemie , qu’il trompe
par une manoeuvre habile ; il deicend fur les côtes
d’Efpagne , force près de Vigo , des retranchements ,
à l’attaque defquels fon jeune frère, qui déjà égaloit- fa
valeur , eft blefïe à mort, au moment où, d’un autre
côté , il forçoit auflî ces mêmes retranchements; il
meurt dans les bras de du Gué-Trouin, qui accablé
de douleur, voulut tout quitter 8c renoncer à 1a gloire
même, mais qui jugea bientôt que c’étoit s’interdire
ta feule confolation qu’il pût recevoir ; il combattit donc
de nouveau les ennemis, 8c en homme qui avoit un
frère à venger.
En 1697, après un combat terrible contre un homme
fon égal en valeur 8c en talents, (le fameux baron de
Waflenaër, qui fut depuis-vice-amiral de Hollande)
après quatre abordages fànglants il fe rend maître du
vaiffeau 8c de 1a perfonne de WafEnaër , qui étoit
tombé dans fon fang, chargé de quatre bleffures dan--
gereufes. Après 1a vi&oire , il lui prodigua les fecours *
Tes foins, les égards, 8c le préfenta lui-même à Louis
X IV , en. célébrant fa valeur. Il avoit été préfenté lui-
même, en 1695 , à Louis X IV , par M. dePontchar-
tram, alors miniftre de la marine.-Jamais Louis XIV
ne vit du Gué- Trouin tans lui donner les marques-
d’eftime les plus fiatteufes ;- jamais du Gué - Trouin ne
fortit de la préfencë de Louis XIV y tans fe fentir
enflammé--dû defir de fervir l’état. Ün jour du Gué-
Irouin faitant à Louis X IV , le récit d’un combat où
il avoit fous fes ordres un vaiffeau nommé h Gloire y
j’ordonnai,- dit-il , à la Gloire de me foivre. Elle vous
fut fidelle, reprit Louis XIV.
Jtafqu’en 1697 ,*du Gué- Trouin n’avoit encore
fervi que dans ta marine- marchande ; il paffa cette '
année à ta marine royale,-& y fervit dans ta guerre*
de ta focceffion d’Efpagne.
En 1702 avec un vaiffeau défemparé, il fe jette '
dans un vaiffeau de guerre hollandois un jeune
frère qui lui reftoit encore , s’y lança ‘ le premier ;
le capitaine hollandois eft tué, le vaiffeau pris.
En 1703 le 7 juillet, jetté par une brume épaiffe ,
avec trois vaiffeaux 8c deux frégates, dans une efcadre
hollandoife, qu’on pourroit appeller une flotte, il échappa
tans aucune perte par des manoeuvres fi habiles, que
c’étoit de toutes fes aventures , celle dont il étoit le plus -
flatté;- Cfétoit le cas de dire r
Quos opimus
Fallere 8c effugëre eft triumphus.
La même année il porta- un notable préjudice à la-:
pêche que les hollandois font de la baleine for les côtes
du Spitzberg ; mais il penta y périr ,-des courants l’ayant'
porte , à quatre-vingt-un dégrés de latitude nord , contre -
un banc’de glaces qui s’étendoit à perte de vue. «Peu
» s’en fallut, dit M. Thomas, que le tombeau de du
» Gué-Trouin ne fut caché dans les déferts qui bornent '
» le monde
En ï.704 , il défoie les côtes de l’Angleterre , &
fait des prifes nombreufes 8c confidérables. Dans 11110^
aéfion vive 8c périlieufe , il eft trahi , 8c ne peutr’
échapper qu’à force de talent-8c de bonheur ; la *