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fes écrits avec un cell févère, & en étoit rarement
content , ce cui donna lieu: à Cette médaille flatteufe
qu’on frappa pour lui : c’étoit un Apollon rayonnant,
avec -cette légende : omnia lufirat. Né à Florence en
1637, mort en 1711. H étoit de l’Académie de la
Cvufca, de celle des Arcades 8c de la Société Royale
de Londres.
MAGDALEN ou MANDLIN, '{HiJL £ Anglet.)
L’U furpat eur Henri IV tenoit enprifon Richard II,
qu’il ayoit détrôné ; il avoit aulfi en fa puiffarice
Edmond, chef de la maifon de la Marche , héritier
légitime du trôné, après Richard, & un frère puîné
de ce jeune feigneur. Les am s de la maifon de la
Marche , contents de veiller à la fureté d’Edmond,
alors âgé de fept ans, 8c de fon frère, n’ofoient rien
entreprendre en leur faveur. On confpira , & ce ne
fut point pour eux. Un chapelain de Richard , nommé
M a g d a len ou Mandlin fut l’idole qu’on préfenta au
peuple. Ce Mandlin avoit avec Richard, qui vivoit
encore alors, une reffemblance de taille & de figure ,
dont on crut pouvoir tirer parti. On commença par
répandre fourdement le bruit que le roi Richard s’étoit
fauvé de fa prifon & quand on crut avoir difpofé
les efprits, On indiqua un tournoi à Oxford, où l’on le
propofa d’attirer Henri IV , pour le faire prilonnier
ou ï’alTalïiner. Le complot fut découvert. Le comte
rie- Rutland , qui avoit flatté , puis trahi tour-à-tour
le duc de Gloceftre, immolé par Richard I I , puis
Richard II lui-même , & qui flattoit alors Henri i V ,
pour le trahir , s’étoit mis à la tête de la confjpiration.
Un jour qu il étoit à dîner chez le duc d’Yorck fon
père, on apperçut un papier caché dans fon lèin ; on
en parla, il parut troublé : le duc d’Yorck voulut
voir ce papier, & l’arracha de force à Ion fils ; c’étoit
le détail de la conjuration & la lifte dis conjurés. Le
duc d’Yorck veut abfolument partir pour aller révéler
tout à Henri IV. Le comte de Rutland le prévient
pour mériter fà grâce. Les conjurés fachant que ces
deux princes s’étoient rendus auprès du-roi , & jugeant (
qu’il n’y avoit plus rien à ménager , revêtirent Mandlin
des ornements de la royauté. Une partie du peuple
crut ou voulut croire qu’il étoit le roi ; on retrouvoit
dans ce chapelain toutes les grâces de Richard, qui en
avoit allez pour fè faire pardonner fes vices , 8c
qui étoit allez malheureux pour pouvoir être plaint.
Les conjurés , en voulant furprendre Henri à Vindfor,
- furent eux-mêmes furpris à Cirencefter, par le maire
de cette place , qui lés coupa, les battit, & envoya
de fa pleine autorité à l’échafaud, les principaux chefs
& les plus grands feigneurs ; Mandlin eut la tête tranchée
; on vit le lâche Rutland, portant au haut d’une
lance , la tête du lord Spenfer , fon beau-frère 8c fon
complice , la préfenter Honteulèment à Henri, qu’il
tû. traité de même , fi le tournoi d’Oxford eût réufli.
Ces faits le pàffoient en 1399.
MAGELLAN, ( Hiß. mod. ) En 1517 , le Portugais
Ferdinand Magalhaëns ou Magellan, ayant quitté
. fon roi pour Charles-Quint, découvrit fous lès auf-
.pices de cet heureux prince, le détroit connu, fous le
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nom de M a g e lla n . Il entra le premier dans la mer
du Sud ; & pénétrant jufques dans l’Afie par l’Amé-
rique , il trouva les îles Marianes & une des Philippines.
Magellan mourut en route ; mais dans cette
courfe le tour du globe fut achevé par Sébaftien '
Cano, un des compagnons de Magellan , qui rentra
dans Séville le 8 feptembre 1522. Magellan étoit parti
le 10 août 1519. Charles-Quint donna pour devife à
Canq un globe terreftre avec ces mots : Primas vie
circumdedijii. Tuas le premier fait ce tour. Drake ou
Drack le fit en 1056 jours ; Cavendish en 777; Drake
étoit parti en 1577 ; Cavendish en 1586. ( Voye{ les
articles C avendish & D rack. )
MAGEOGHEGAN, ( Jacques ) (Htfl. Litt. mod.')
prêtre irlandois, habitué de la paroiffe de St. Mery ,
à Paris , auteur d’une Hiftoire d’Irlande , très-médiocre,
mais qui manquoit. Mort en 1764.
MAGES , secte des , ( Hifl. de l’Idol. orient. )
Seéte de l’Orient , diaméîralemnnt oppofée à celle
des Sabéens. Toute l’idolâtrie du monde a été long-
tems partagée entre ces deux fe&es.
Les Mages, ennemis de tout fimulacre que les
Sabéens adoroient, révéroient dans le feu qui donne
la vie à la nature , l’emblème de la Divinité. Us
reconnoiflbient deux principes , l’un bon , l’autre
mauvais ; ils appelloient le bon yardan ou ormuçd,
8c le mauvais, ahraman.
Tels étoient les dogmes de leur religion , lorlqué
Smerdis, qui la profeifoit, ayant ufurpé la couronne
après la mort de Cambyfe, fut aflafliné par fept
feigneurs de la première noblefle de Perfe j & le
mafïacre s’étendit fur tous fes fe&ateurs.
Depuis cet incident , ceux qui fùivoient le ma-
gianifme , furent nommés Mages par dérifion ; car
mige gush en langue perfane, fignifie un homme qui
a Tes oreilles coupées ; 8c c’eft à cette marque que
leur roi Smerdis avoit été reconnu.
Après la cataftrophe dont nous venons de parler,
la feCle des Mages lèmbloit éteinte, & ne jet-
toit plus qu’une foible lumière parmi le peuple,
lorfque Zoroaftre parut dans le monde. Ce grand
homme , né pour donner par la force de lbn gérfie
un culte à l’univers , comprit fans peine qu’il pour-
roit faire revivre une religion qui pendant tant de
fiècles avoit été la religion dominante des Medes &
des Perfes.
Ce fut en Médie, dans la ville de Xiz , difent
quelques-uns , & à Ecbatane , félon d’autres, qu’il
entreprit vers l’an 36 du règne de Darius, fuccef-
feur de Smerdis, de refîùfciter le magianifme en le
réformant.
Pour mieux réuffir dans fon projet , il enfeigna
qu’il y avoit un principe fupérieur aux deux autres
que les Mages adoptoient ; fçavoir un Dieu fu-
prême, auteur de la lumière & des ténèbres. Il fit élever
des temples pour célébrer le culte de cet "être
fuprême , & pour conferver le feu facré à l’abri de
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la pluie, des vents & des orages. Il confirma fes
feefateurs dans'la perfuafion que le feu étoit le fym-
boie de lapréfence divine. Il établit que le foleil étant
le feu le plus parfait , Dieu y réfidoit d’une manière
plus glorieufe que par-tout ailleurs , & qu’après le
foleil, on devoit regarder le feu,élémentaire comme
la plus vive repréfentation de. la divinité.
Voulant encore fendre les feüx facrés des temples
qu’il avoit érigés , plus vénérables aux peuples, il
feignit d’en avoir apporté du ciel ; 8c l’ayant mis
de fes propres mains fur l’autel du premier temple
qu’il fit bâtir , ce même feu fut répandu dans tous les
autres temples de fa religion.. Les prêtres eurent ordre
de veiller jour & nuit à l’entretenir fans ceffe avec
du bois fans écorce, 8c cet ufage fut rigoureufement
obfervé jufqu’à la mort d’Yazdejerde, dernier roi des
Perfes de la religion des Mages, c’eft-à-dire, pendant
environ 1150 ans.
Il ne s’agifloit plus que de fixer les rites religieux
& la célébration du culte divin ; le réformateur du
magianifme y pourvut par une liturgie qu’il compofa,
qu’il publia, & qui fût ponctuellementlùivie. Toutes
les prières -publiques fe font encore dans l’ancienne
langue de Perfe / dans laquelle Zoroaftre les a écrites
il y a 2245 ans , & par conféquent le.peuple n’en entend
pas un feul mot.
Zoroaftre ayant établi folidement fa religion en
Médie , pafïa dans la RaCtriane, province la plus
orientale de la Perfe , où iè trouvant appuyé de la
pioteélion d’Hyftafpe père de Darius, il éprouva
les mêmes fuccès. Alors tranquille fur l’avenir , il fit
lin voyage aux Indes , peur s’inftruire à fond , des
fciences des Bràchmanes. Ayant appris d’eux tout ce
qu’il defiroit favoir de métaphyfique , de phyfique &.
de mathématiques, il revint en Perfe , & fonda
des écoles pour y enfeigner ces mêmes fciences aux
prêtres de fa religion ; enforte qu’en peu de temps ,
[avant & mage devinrent des termes fynonymes.
Comme les prêtres mages étoient tous d’une même
tribu , 8c que nul autre qu’un fils de prêtre ., ne
pouvoit prétendre à l’honneur du facerdoce, ils réfer-
vèrent pour eux leurs connoiiïances, 8c ne les communiquèrent
qu’à ceux de la famille royale qu’ils étoient
obligés d’inftruire pour les mieux former au gouvernement.
Aufli voyons-nous toujours quelques-uns de
ces prêtres dans le palais des rois, auxquels ils fervoient
de précepteurs & de chapelains tout enfemble. Tant
que cette feCte prévalut en Perfe, la famille royale
fut cenfée appartenir à la tribu facerdotale , foit que
lès prêtres efpéraflent s’attirer par ce moyen plus de
crédit, foit que ; les rois cruflent par là rendre leur
perfonne plus facrée , foit enfin par l’un &. l’autre de
ces motifs.
Le facerdoce fe divifbit en trois ordres, qui avoient
‘ au-deflùs d’eux un archimage , chef de la religion,
comme le grand facrificateur l’étoit parmi les Juifs. 11
habitoit le temple de Balch, où Zoroaftre lui - même
refida long-temps en qualité d'archimage ; mais après
que les Arabes eurent ravagé la Perfe dans le fèptième
fiècle , l'archimage fut obligé de fe retirer dans le
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Kerman , province de Perfe ; & c’eft-là que jufqu’ici
fes fùccefleurs ont fait leur réfidence. Le temple de
Kerman n’eft pas moins refpeCté de nos jours de ceux
de cette feCte , aue celui de Balch l’étoit anciennement.
Il ne manquoit plus au triomphe de Zoroaftre ,
que d’établir la reforme dans la capitale de Perfè.
Ayant bien médité ce projet épineux , il fe rendit à
Suze auprès de Darius, & lui propofa fa doCtrine
avec tant d’art, de force & d’adreffe, qu’il le gagna,
& en fit fon profélite le plus fincère 8c le plus zélé.
Alors , à l’exemple du prince , les couitifkns, la no-
blefTe ,* 8c tout ce qu’il y avoit de perfbnnes de dif-
tinélion dans le royaume , embrafsèrent le M a g ia n
ifm e. On comptoit parmi les nations qui le prefef-
foient , les Perfes , les Parthes , les Baétriens , les
Çhowarefmiens, les Saces , les Medes, & plusieurs
autres peuples barbares qui tombèrent fous la puiffan.ee
des Arabes dans le fèptième fiècle.
Mahomet tenant le feeptre d’une main 8c le glaive
de l’autre, établit dans tous ces pays-là le Mululma-
nifrne. Il n’y eut que les prêtres mages 8c une poignée
de dévots , qui ne voulurent point abandonner une
religion qu’ils regardoient comme la plus ancienne
& là plus pure , pour celle d’une feéle ennemie , qui
ne faifoit que de naître. Ils fe retirèrent aux extrémités
de la Perle & de l’Ir.*» . « C’eft-là qu’ils vivent au-
v jourd’hui fous le nom de G a u re s ou de G u eb r es ,
» ne fe mariant qu’entr’eux , entretenant le feu facré ,
» fidèles à ce qu’ils connoiffent de leur ancien culte ,
» mais ignorants, méprifés , & à leur pauvreté près,
» fèmblables aux Juifs, fi long-temps difperfés , fans s’al-
» lier aux autres nations ; & plus encore aux Banians,
» qui ne font établis & difperfés que dans les Indes n.
Le livre qui contient la religion de Zoroaftre, &
qu’il compofa dans une retraite , fubfifte toujours.;
on l’appella çenda vefia, & par contraction çend. Qe
mot fignifiej originairement, allume-feu ; Zoroaftre
par ce titre expreflif, & qui peut nous fembler bizarre
, a voulu infinuer que ceux qui liroient fon ouvrage
, fentiroient allumer dans leur coeur le feu de
l’amour de Dieu, & du culte qu’il lui faut rendre.
On allume le feu dans l’Orient, en frottant deux tiges
de rofeaux l’une contre l’autre, jufqu’à ce que l’une
s’enflamme ; 8c c’eft .ce que Zoroaftre efpéroit que
fon livre feroit fur les coeurs. Ge livre renferme
la liturgie 8c les rites du Magianifme. Zoroaftre feignit
l’avoir reçu du Ciel , & on en trouve encore des
exemplaires en vieux caraétères perfans. M. Hyde qui
: entendoit le vieux perfan comme le moderne , avoit
offert de publier cet ouvrage avec une verfion latine ,
pourvu qu’on l’aidât à foutenir les frais de l’imprefîion.
Faute de ce fècours , qui ne lui manqueroit pas
! aujourd’hui dans fa patrie, ce projet a échoué au grand
préjudice de la république des lettres, qui tireroit de
la traduction d’un livre de cette antiquité , des lumières
précieufes fur cent chofes dont nous n’avons aucune
connoiflance. Il fùftit, pour s’en convaincre, de lire
fur les Mages 8c lé Magianifme, le bel ouvrage de ce
lavant anglois , de religione veterum^Perfarum, & celui
dePocock fur le même fujet. Zoroaftre finit fes jours