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tranchée qu’en 1685. Or c’eft affez entré ces trois j
conjéâures qu’on fe partage ; mais M. de Voltaire -4
n’a point fixé cette époque d’après une autorité de- '
cifive, ou d’après un point de fait confiant, il la
déduit d|une fuite de raifonnements plaufibles ; cette -
fixât on en un mot efi une affaire de critique , 8c
non pas'un fait confiaté. Aufii, fans s’y arrêter , beaucoup
d’écrivains pôftérieurs, tels que le P. Griffet,
M. de Saint-Foix , 8cc. en font revenus à ces conjectures
, auxquelles ils ont donné plus ou moins de vrai-
ièmblance. Que n’a-t-on pas imaginé ? on a voulu que
ce fut un fecrétaire du duc de Mantoue , qui avcit
agi contre la France ; mais comment une telle conjecture
fe concilieroit-elle avec les marques de refpeél que
lui donroient les gouverneurs de fes d fférerites prifons
& les minifires mêmes qui le voyoient ? Nous ne
répétons point ici tout ce que M. de Voltaire a raconté
fur ce fujet intéreffant ; mais on me demandera peut-
être où M. de Voltaire a difcùté ce qui concerne
l’époque de la détention du prifonnier ;_car dans le
fiècle de Louis X IV ., il énonce le fait , & ne le
diicute pas : dans le Diéf onraire philofophique , article
Ana , Anecdote , ii dit que l’homme au Mafque
de fe r étoit à Pignerol en 1662 ; mais il ne difcute
pas ce fait, quoiqu’il difpute contre le P. Griffet, 8c
qu’il dife qu’il en fait plus que lui fur ce fait, mais qu’il
n’en dira pas davantage. J’aurois peine, à la vérité , à
, indiquer daus la foule des ^brochures échappées à
M, de Voltaire, celle où il difcutoit le fait concernant
l’époque de la détention du prifonnier ; mais je me
reffouviens très-bien de l’avoir vue dans le temps.
Quant à ceux qui, pour prouver que l’homme au
An\fque de Fer éto;t le comte de Vermandois , ont
allégué le nom fous lequel il a été déguifé, (Marchialï)
nom dont l’anagramme efi hîc amiral, ils ne peuvent
pas avoir beaucoup compté for une pareille. preuve.
Quant à la date de la mort de ce prifonnier, M. de
voltaire l’avoit d’abord placée en 1704. l ia dit depuis
que cet inconnu avoit été enterré à St. Paul le 3
mars 1703 ; les -auteurs du nouveau Di&ionnaire
hiftorique difent le 19 novembre 1703 ; d’autres ont
dit le 19 décembre. Les auteurs ou l’auteur de ce
.Diélionnàire , annoncent avoir pris des informations
fur diverfes particularités de l’hiftoire de l’homme au
Mafque de Fer dans l’ifie de Sainte-Marguerite. M. l’abbé
Papon, auteur de l’Hiftoire de Provence , a pris aufii
. dans le même lieu , des informations qui lui ont fourni
des particularités curieufes affez conformes pour le
foyd à celles qu’a rapportées M. de Voltaire. Voici ce
qu’il rapporte, Hiftoire de Provence, tom. 1 , pag.
425.
.« Le prifonnier n’avoit que peu de perfonnes atta-
» chées à l'on fervice qui euffent la liberté de lui
v parler. Un jour que M. de Saint-Mars s’entretenoit
»> avec lui, en fe tenant hors de. la chambre, dans une
» efpèçe de çoridor , pour voir de loin ceux qui
» viendroient, le fils d’urï de fes amis arrive & s’avance
» vers l’endroit, où il entend du bruit. Le gouverneur
»> quil’apperçoit, ferme aufii-tôt la porte de la chambre,
n cpurt précipitamment au-devant du jeune homme ,
M A S
» 8c d’un air* troublé il lui demande s’il à VU 3
» s’il a entendu quelque choie. Dès qu’il fe fut
jj afiuré du contraire, il le fit repartir le jour même,.
» & il écrivit à fon ami, que peu s’en étoit fallu que
» cette aventure neût coûté cher à fon fils ; qu'il le
» lui renvoyait de peur de quelque autre imprudence.
» Cétte anecdote rappelle celle du pêcheur qui avoit
5) trouvé l’afliette d'argent, & à qui M. de Saint-
» Mars dit : Tu es tien heureux de ne favoir pas
» lire.
» J’ai eu , dit le même auteur , tcm. 2 , la cù-
u riofité d’entrer dans la prifon le 2 février de
» cette année 1778 ; elle n’eft éclairée que par une
» fenêtre du "côté du nord , percée dans un mur qui
» a près de quatre pieds d’épaiffeur, & où l’on a mis
» trois grilles de fer, placées à une diftance égalé ;
» cette fenêtre donne fur la mer.- J’ai trouvé dans la
j? citadelle . un officier de la Compagnie - franche,
» âgé de 79 ans ; il m’a dit que Ion père, qui fervoit
» dans la même Compagnie , lui avoit raconté plu-
jj fieur.s fois quunfrater de Cette Compagnie apper-
jj eut un jour fous la fenêtre du prifonnier, quelque
jj chefe de blanc qui flottoit fur l’eau. Il l’alla prendre,
jj & i/appo;rîa à M. de Saint-Mars. Cetoit.une chemife
jj très-fine , pliée avec affez de négligence, 8c fur
jj laquelle le prifonnier -avoit écrit d’un bout à l’autre.
j? M. de Saint-Mars , après l’ avoir dépliée , & avoir
jj lu quelques lignes, demanda au frater, d’un air trgs-
j> embacraffé, s’il n’avoit pas eu la curiofité de lire
» ce ou’il y avoif. Lefraterim protefta plufieurs fois
jj qu’il n’avoit rien lu ; mais deux jours après J] fut
jj trouvé .mort dans fon lit. C ’eft un fait que l’officier
jj a entendu raconter fi fouvent à fon père 8c àun aymô*
jj nier du fort, qu’ri le regarde comme un fait incontçf-
jj table. Le fuivant me paroît également certain, d’a_près
jj les témoignages que j’ai recueillis fur les lieux.
jj On chercheit une femme pour fervir le pri-
;j fonnier ; il en vint une d’un village voifin, dans la
jj perfoafion que ce feroit un moyen de faire la> for-
;j tune de fes enfants ; mais quand on lui dit qu’il
jj falloit renoncer à les v oir , 8c même à conforver
jj aucune jiaifon avec le refie dés hommes , elle refùfa
jj de s’enfermer avec un prifonnier dont la connoifi
jj fonce .coûtoit fi cher. Je dois dire encore qu on
jj avoit mis aux deux extrémités du fort du coté de
jj la mer , deux fentinelles, qui avoient ordre de tirer
» fur les bateaux qui s’approcher oient à une certaine
» diftance,
m La perfonne qui fervoit le prifonnier, mourut
jj à 1 ifle Sainte-Marguerite. Le père de l’officier dont
jj je viens de parler , qui étoit pour certaines chofes,
jj l'homme de confiance de M, dé St. Mars, â fouvent
n dit à fon fi’s qu’il avoit été prendre le "mort , à
jj l’heure de minuit dans la prifon , & qu’ij 'l’avoit
jj porté fur fes épaules, dans le îr-sy de la fépulture. Ij
jj croyoit que eetoit le prifonnier lui - même qui
jj étoit mort ; c’étoit, comme je viens de |e dire , la
jj perfonne qui le fervoit, & ce fut alors qu’oq çher-
jj cha une "femme pour la remplacer, n
■ dLe fameux La Orange Çhancel a publié dans urf
Journal
M A S
-Jotirnal une lettre, où il raconte que lorfque Saint-
JViars, ( qui eut toujours la garde de ce prifonnier,
-d’abord a Pignerol, enfuiteà l’ifie Sainte-Marguerite , ,
Fi. enfin à laBaftille) alla prendre le Mafque de Fer
37 pour le conduire .à la Baftiile, le prifonnier dit a
fon conduéleur ; Efl-ce que le roi en veut à ma vie ?
■ non , mon prince , repartit Saint-Mars, votre vie efi en
fureté, vous nave^ quà vous laiffer conduire. « J’ai
n fçu , ajoute-t-il, du nommé Du Buiffon, qui avoit
37 été dans une chambre, avec quelques autres pri- •
j) fonniers , précifément au-deffus de celle qui étoit
37 occupée par cet inconnu, que par le tuyau de la
37 cheminée , ils p envoient s’entretenir '& le comifiu-
77 niquer leurs penfées ; mais que. celui - ci ayant de- .
o mandé pourquoi il s’obftinoit à leur taire fon nom
5> 8c fes aventures , il leur avoit répondu que cet aveu j
v lui cotueroit la vie, ainfi qu’à ceux auxquels il auroit
révélé fon fecret ».
Si de ces particularités importantes 8c trop importantes
, nous paffons à des bagatelles, M. de Voltaire
dit que le prifonnier , dans la route , pörtoit un
mafque dont la mentonnière avoit des refforts d’acier
qui lui laiffoient la liberté de manger avec le mafque
fur le viiàge ; c’eft même ce qui a donné lieu au
nom de Majquè de Fer, par lequel on le défigne ,
mais le Journal de M. de Jonca , lieutenant ■ de -roi
de la Baftiile, au temps où le prifonnier y arriva ,
ne dit pas que le mafque fût de fer ; il ne parle que
d’un -mafque de velours noir.
Autre obfervation de la même force & encore
plus futile. M. de Voltaire dans le Siècle de Louis XIV ,
avoit d’abord cité pour garant des particularités concernant
l’homme au Mafque de Fer -, un vieux médecin
de• la Baftiile; dans les anec'Stes , lé médecin n’eft
plus qu’un apothicaire , il n’eft point nommé , mais
le fieur Marfolan , chirurgien de feu M. le maréchal
de Richelieu , étoit fon gendre ; & c’eft par ce fieur
Maifolan que M. de Voltaire a fçu divers détails
concernant l’homme au Mafque de Fer.
\ MASQUIERES , ( Françoife ) ( Hifi. Litt. mod. )
fille d’un maître-d’hôtel du ro i, morte à Paris en
1728/ connue dans, fon temps par quelques poëfies
aujourd’hui oubliées ,• qui fe trouvent dans quelques
anciens recueils. ,
MASS AN KRACHES, {Hifi- mod. ) c’eft ainfi que
l’on nomme dans le royaume de Camboya , fitué
aux Tixks orientales , le premier ordre du clergé,
qui commande à -tous les prêtres, 8c qui eft fupérieur
même aux rois. Les prêtres du fécond ordre fe nomment
najfendeçhes , qui font des efpèces d’évêques
égaux aux rois, & qui s?affeient fur la même ligne qu’eux;
Le troifiçme ordre, efi celui demiitires ou prêtres, qui
prennent féance au-deffous du fouverain ; ils Ont au-
deffous. d’eüx les chaynifes 8des finies ,.qui font prêtres
d’un, rang plus bas encore. (A . R.)
MASSEVILLE, (L e Vavaffeur de ) ( Hifi. Litt,
mod. y normand , auteur d’une Hifioire fommaire de
Normandie, d’ un Efat géographique de la Normandie
il avoit fait aufii un Nobiliaire de cette province.
Op ignore ce que fon directeur put y trouver de;
H if io ir e . Tome 111f
M A S î t ?
condamnable , ma=s dans fa dernière maladie , il
l’obligea d’en jetter le manuferit au feu. MortàVa-
logne en 1733.
' MASSIA, ( Hiß. mod. Culte ) c’eft le nom que les
Japonnois donnent à de petits oratoires ou chapelles
.bâtis on l’honneur des dieux lùbalternes ; elles.font
deffervies par un homme appellé canufi, qui s’y tient
pour recevoir les dons & les offrandes des voyageurs
dévots qui vont invoquer le dieu. Ces canufi font
des fécuiiers à qui les kuges, ou prêtres de la religion
du Sintos , par un defintéreffement affez rare dans
les Hommes de leur' profeffion , ont abandonné
le foin & le profit des chapelles & même des mia
ou temples. (A . R .)
MASSIER, f. m. ( Hifi. mod. ) celui qui porte
une maffe» Le reéieur de l’Univerfité a fes majfiers ;
le chancelier a les Tiens • le .roi eft précédé de majfiers
aux procédions de l’ordre; les cardinaux ont des
ma (fiers à cheval devant eux en leurs entrées ; deux
majfiers tiennent la bride du cheval du pape, & le
conduifent lorsqu’il fort en cérémonie. ( A- R. )
MASSIEU, ( Guillaume.) f Hifi. Lut. mod.) de
l’Académie, des Belles - Lettres 8c de l’Académie Françoife,
écrivain nourri des bons auteurs de l’antiquité.
'Son Hiftoire de la Poëfie Françoife eft eftimée, ainfi
que là traduction de Pindare dont il n’a donné
que fix odes. On éftime auffi.la préface qu’il a mife
à la tête des,oeuvres de Toûrreil fon ami, dont il
I a donné une édition en 1721. Il y a de- lui plufieurs
differtâtions favantes 8c d’une bonne 8c faine littérature,
dans le recueil de l’Académie desBelles-Lettres.
L’abbé d’Olivet dans un recueil de quelques poëtes
■ latins modernes , a publié un poëme latin de M. l’abbé
Maffieu fur le Café. L’abbé Maßen étoit né à Caen
en 1665 le 13 avril ; il fut quelque" temps jéfuite.
M. deSacy, de l’Académie Françoife ,lui confia l’éducation
de fon fils. Il fut nommé en 17 10, profeffeur
en gr.ee au Collège Royal ; il fut reçu à l’Académie
des Belles-Lettres en 1705; à- l’Académie Françoife en
1714 ; il fut trois ans aveugle , 8c il,eut le bonheur
de recouvrer la vue ; "mais il mit une économie affez
fingulière dans la jouiffance d'un fi grand avantage ;
? il fe contenta d’avoir recouvré un oeil dont l’ufage
fuffifoità fes travaux ; impatient de l’employer, il ne:
put fe réfoudre à facrifier encore quelques mois que.
demandoit Toculifte pour lui rendre aufii l’ufage de
l’autre oeil ; il le tendit f difoit-il, en réferve, & comme
une rejfource dans de nouveaux malheurs. Il mourut à
Paris en 1722.
MASSILLON, ( Jean-Baptifte ) {Hifi. Litt, mod.)
Le premier mot de Mâffillon après avoir entendu les
; prédicateurs de fon temps, fut : Si je prêche jamais ,
je ne frecher ai pas comme eux ; ce mot étoit déjà.
d’un reformateur 8c d’un ennemi de la routine. Ce
mot appliqué même au P. Bourdaloue dans-un fens -
critique, auroit été injufte fans doute ; mais il y a
un fens dans. lequel il eft toujours très-jufte 8c applicable
à tout, c’eft celui de ce vers de Brutus dans la
mort de Céfàr :
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