
être rachetés , fous quelque prétexte que ce foit.
Cette loi avoit bien des défauts.: le principal eft ,
qu’en cherchant à remédier au fcandale , elle our-
yroit la porte à toutes fortes de crimes, & en particulier
à celui des fréquens avortemens. Le maître,
pour éviter de perdre tout à,-la-fois Ton enfant & fa
négreffe, en donnoit lui-même le confeil ; & la mère
tremblante de devenir efçlave perpétuelle , l’exécutoit
àü péril de fa vie. ( D. J. )
Il eue fans doute été à fouhaiter pour les bonnes moeurs
&. pour la population des blancs dans les colonies, que
les Européens n’euffent jamais fenti que de l’indifférence
pour les Négreffes ; mais il étoit moralement impollible
que le contraire n’arrivât : car les yeux fe font allez
promptement à une différence de couleur qui fe pré-
iènte fans ceffe, & les jeunes Négreffes font prefque
toutes bien faites, faciles & peu intéreffées. On ne
peut cependant s’empêcher de convenin que de ce
eéfordre il ne foit réfulté qnelqwes avantages réels
pour nos colonies. i° . Les affranchiffemens de mulâtres
ont corifidérablement augmenté le nombre des
libres, & cette claffe de libres e ft, fans contredit,
en tout tems le plus fur appui des blancs contre la
rébellion des efclaves : ils en ont eux-mêmes ; &
pour peu qu’ils foient ailes , ils affeâent avec les
Negres la fupériorité des blancs , à quoi il leur fau-
■ élroit renoncer fi les efclaves fecouoient le joug ; &
en tems de guerre , les mulâtres font une bonne milice
à employer à la défenfe des côtes , parce que
ce font prefque tous des hommes robuftes & plus
propres que les Européens , à foutenir les fatigues,
du cl-mati. z°. La eonfommation qu’ils font des marchandées
de France , en quoi ils emploient tout le
profit de leur travail , eft une des principales ref-
• fources du commerce des colonies. ( A A .')
MULLER , ( Jean ) ( Voyeç M o n t r e a l &
R e g i o m o n t a n . )
MULLER , ( André ) ( Hifi* Lut. mod, ) allemand
très - verfé dans la ecnnoiffance des langues -
orientales & de la littérature ehinoife.. Il avoit promis
une clef de la' langue ehinoifedont il fe promettoit
des effets furprenans pour faciliter l’étude de cette
langue r mais il brûla cet ouvrage dans un accès de
folie Appel!é par Walton en Angleterre , pour tra-
vailïer à fa Polyglotte , il fravailloit avec tant d’ardeur
qu’on raconte qu a l’entrée folemnelle de Charles II,
à Londres, entrée qui non-feulement par la pompe
du fpeélaçle , mais par l’intérêt de la révo'ution ,
attiroit tous les regards , il ne daigna pas fe,. lever
pour aller a la fenêtre , fous laquelle paffoient/îe roi
&. fon cortège.,Le trait paroît fi fort, qu’on a peine
à croire qu’il n’y entrât point d’affeâation. Cependant
on trouve des traits 'd’application prefque aufli forts
dans l’hiftoïre de quelques favaiis.. Voye^ les articles
BudÉe & Morel. Muller mourut en 1694. On a.
de lui plufieurs ouvrages d’érudition.
On a aufîi de quelques autres Muller des ouvrages '
dans divers genres, entr’autres , de Henri Muller de
Xubecjc ^ înort en 1^71 >. une kifioire de Bcrenger en ■
latin ; de Jean-Sebaftien Muller, fécretaire du duc de'
Saxe-Weymar, mort en 1708, les annales de lamaifon
de Saxe, depuis 1300 jufqu’en 170© , en allemand.
MULLEUS, f. m. ( Hifi. anc. ) chauffure que per-
toient lés rois d’Albe. Romulus la prit ; les rois fes
fucceffeurs s’en fqrvirent aufîi. Elle fut à l’ufage des
curules dans les jours folemnels. Jules - Céfar portale
mulleus. Il étoit de cuir rouge. 11 couvroit le pied
& la moitié de la jambe ; le bout en étoit recoui bé
en deffus, ce qui le fit appeller aufîi calceus uncinatus.
Les empereurs grecs y firent broder l’aigle en or
& en perles. Les femmes prirent le mulleus, les
courtifannes fe chauffèrent aufîi de la même manière.
( A . R .)
MULTONES A U R J , ( Hiß. mod. ) étoient au-
trefois des pièces d’or avec la figure d’un mouton ou-
agneau ^ peut-être de 1*Agnus Dei ) , dont la mon-
noie portoit le nom. Multo fignifioit alors un mouton ,
de même que muto & multo , d’où vient l’anglois
mutton. Cette monnoiè étoit plus commune en France ;
cependant il paroît qu’elle a a.ifli eu cours en Angleterre.
(A . R.)
MUMBO-JUMEO , ( Hifi. mod. fuperjlitîon ) ef-
pèce de fantôme dont les Mandingos , peuple vagabond
de l’intérieur de l'Afrique , fe fervent pour tenir
leurs femmes dans la foumiffion. C’eft une idole
fort grande. On leur perfuade, ou elles affeélent de
croiîe qù’elle veille fans ceffe fur leurs aélio. s. Le
mari va quelquefois , pendant l’obfcurité de la nuit,
J faire un bruit lugubre derrière l’i d o le & il perfuade
à fa femme que c’eft le.dieu qui s’eft fait entendre.
Lorfque les femmes pàroiffent bien perfuadées des
verras que leurs maris attribuent à leur mumbo-jumbo y.
on leur accorde plus de liberté , & l’on afîure
quelles favent mettre à profit les momens où elles
demeurent fous l’infpeétion de l’idole. Cependant on
prétend qu’il fe trouve des femmes affez {impies
pour craindre réellement les regards de ce fant: me
incommode ; alors elles cherchent à le gagner par les
préfens, afin qu’ il ne s’oppofe point à leurs plaifirs.
Des voyageurs nous apprennent qu’en 1727, le roi
de Jagra eut la toibleffe de révéler à une de fes femmes
tout le feeret. de mumbo-jumbo : celle-ci communiqua
fa découverte à plufieurs de fes compagnes :
elle fe répandit en peu de. tems ; & parvint julqu’aux
feigneurs du pays: ceux-ci prenant le ton d’autorité
que donnent les intérêts de la religion, citèrent le foi-
ble monarque à comparoître devant le mumbo - ju m -
bo : ce dieu lui fit une réprimandé févere, lui ordonna
de faire venir toutes les femmes : on les maffa-
cra fur le champ ; par-là l’on étouffa un feeret que
les maris avo.ent tant d’intérêt à cacher , & qu’ils
s’étoient engagés par ferment de ne jama's reveler,
( A . R .)
MUMMIUS, ( Lucius) ( Hiß. Rom. ) c’eft ce
fameux conful Romaia qui fournit l’Achaïe, prit <$£
brûla Corinthe , l’an 146» avant J. C. Il fit transporter,
à: Rome ces magnifiques ftatues , ces beaux,
monumens des arts dont Corinthe éfoit ornée , & ilj
Étoit d’une ignorance fi groffière dans ce genre , qu’en
recommandant aux voituriers d’avoir grand foin de
ces ftatues , il les avertit que fi elles etoient brifées
ou gâtées, ils feroient obligés d’en rendre d’autres,
n’imaginant aucune différence entre une ftatue & une
ftatue, 6c croyant que les chefs-d’oeuvre fe renipla-
çoient: Mumrnius tarnrudis fuit, ut captâ Gorintho, chm
maximorum artificum perfeélas manibus tabulas ac
fiatuas in Jtaliam portandas locaret , juberet prcedici
conducentibus , f i eas perdidijfent, novas eos redditu-r
ros. Velléïus Paterculus regrette cette ignorance des
arts & la croit bien plus favorable à l’honneur romain
& aux moeurs publiques, que cette connoiffance
raffinée qui lui a fuccédé, cette rechérche, cet amour
des commodités, ce goût du luxe, cette molleffe que
les arts amènent à leur fuite. Non tamen puto dubites
quin magïs pro republicd fuerit, manere adhuc rudem
Corinthiorum intelleElum, tfuàm in tantum ea intelligi j
O» qu'm hâc prudmtiâ ilia imprudentia. decori. publico
fuerit convenientior. Mumm'us mourut exilé à Delos.
MUMMOL, ( Ennius ) ( Hifi. de Fr. ) Le patrice
Mu u mol fe fait remarquer parmi les barbares de la
première race par des fuccès qui femblent fuppofer
des talens ; il paroît que ce titre dé patrice défigne
en lui un général d’armée ; il étoit en effet général
des armées de Contran, roi d’Orléans 6c de Bourgogne.
Les Lombards à peine établis en Italie, ayant
•fait une defeente dans le Dauphiné, qui étoit du partage
du roi Contran, y remportèrent d’abord une
vi&oire, bientôt expiée ( en 569), par tiois grandes
défaites, qui leur apprirent à refpeéhr le nom fran-
çois 6c à trembler au feul nom du patrice Mummol.
Contran ayant pris la proteélion du jeune Childebert,
roi d’Auftrafie, fon neveu , fils de Sigebert 6c de
Brunehaut, contre Chilpéric 6c Frédégonde, Mummol
défait Didier, général de Chilpéric (en 576 ôc 577)
êc recouvre les provinces de Toura:ne 6c de Poitou,
que Chilpéric avoit diftraites par violence du partage
de Sigebert 6c de Childebert. Il paroît que Mummol,
peut-être mécontent de fon maître, entra dans l’intrigue
de l’aventurier Gondebaud, ( voye^ l’art. G o n -
Debaud ). qui fe difoit fils de Clotaire 16c que Gontran
difoit fils d’un homme qui avoit été meunier 6c cardeur
de la:ne. Quelques féditieux l’a voient é'evé fur le
pavois à Brive-la-Gaillarde ; Frédégonde 6c Brunehaut
délirant également de f.eouer le joug de Gontran qui,
en qualité de beau frère, de modérateur 6c d’arbitre,
réprimoit leurs fureurs & tenoit la balance entre elles,
firent des avances à Gondebaud 6c confpirèrent avec
lui contre Gontran; Mummol, que Gontran eût envoyé
contre Gondebaud, ayant pris le parti de ce
dernier, Gontran envoya contre eux un autre général,
nommé Leudegifile avec une puiffante armée; les
faéfieux furent enfermés dam Gomminges ; Gondebaud
fut tué ou livré par ceux mêmes qui l’avoient fait
roi, Mummol fe fit tuer les armes à la main en
M U N À S C H I S ou MUNASCILES, f. m. pfc l
( Hifi. mod. ) feéte de Mahômétans qui fuivent l’o- ;
pinion de Pythagore fur la- métempfyeofe ou tfànfe ji
jnipratioa des^ âmes d’un corps dans un autre. En
prétendant néanmoins qu’elles paileront dans le
corps d’animaux avec lefquels on aura eu le plus d’analogie
de caraflère ou d’inclinations , celle d'un-
guerrier par exemple , dans le corps d’un lion , &
a.nfi des autres ; & qu’après avoir ainfi roulé de
corps en corps pendant l’efpace de 3365 ans, elles
rentreront plus pures que jamais dans des corps hu-
main-v .Cette iecle a autant de parrifans au Caire
qu elle en a peu a Coniiantinople. Son nom vient
de munjehat, qui , en arabe, fignifie mêtempfycofi ,
qu’on exprime encore dans la même langue par le
mot alurufock, qui a auffifait donner le nom d'Al*
tcnafochltes a ceux qui font infatués de cette opinion.
Ricaut de l Ernpïr. ouom. (A. R. )
MUNCER, ( Thomas ) ( Hiß. Ecct. J difciple de
Luther, mais défavoué par Luther & chef de la fecîe
particulière des Anabapnftes, étoit un des miniftres
fanatiques des payfans d’Allemagne, révoltés contre
leurs fegneurs en 15115. Ces payfans, s'étant’ armés,
parcoururent la Suabe, le Virtemberg, la Franconie,
lAlfacè, une partie des bords du Rhin, marquant
par-tom leur route par le fang & par la flamme. La
comteffe de Helteftein, fille naturelle de l’empereur
Maximilien & tante de Charles Quint, fe jettant à
leurs pieds toute en larmes, pour obtenir la vie de
Ion mari, tombé entre leurs mains, & leur préfentant ,-
pour les émouvoir, fon fils au berceau , qu’elle portoit.
dans fes bras, ils firent paffer Ion mari par les
piques à ùt vue.
Mais ces furieux favoient ma'ffacrer’ & ne favoient-
point combatte ; là nobleffe s’étant raff.mblée les
affomma en cent lieux comme de vils troupeaux-; quinze
ou vingt mille de ces brigands voulurent fe jefter fur
la Loriaine & pénétrer dans la France accablée alors
par Ja défaite de Pavie & la captivité du roi. Le duc
d. Loraine & le comte de Guife, (jC'aude ) allant
à leur rencontre jufqu’à Saverne , Es exterminèrent
& lauvèrerit la France.
Ceux de ces malheureux qui refloient encore en-
Allemagne, n’avoient plus qu a demander grâce, &
ils l’auroient obtenue ; le nouvel électeur de Saxe ,
Jean , le duc George de Saxe, fon coufin, Philippe
Landgrave de Hcfle & Henri duc de Brunfwick, les-
tenant enfermés dans leurs foibles retranchemens de
charriots , près de Franckufen dans la Turinge &'
prenant pitié de ces v iâ mes de la féduâion, leur
offrirent la vie & la liberté, pourvu qu’ils livraffent
leurs chefs & leurs prédicans. Cett; offre commençoit
à ébranler les payfans, lorfque Mimcef,- ffémiffant
de fon danger, fe préfente à eux avec l’air & letotf
d’un prophète , & l.ur promet la viftSife de la
Part du ciel. « Je ne vous demandé poinà de combattre ,•
» leur dit-il' ,- Dieu combattra: pour vous , fon bras
» eft étendu fur vos tyrans ï reftea immobiles dans
» vos retranchemens , vous Verrez vos ennemis tom-
» ber à vos pieds , & moi feul p recevrai fe#
» Meffure & fans péril dans mes habits , fous fes bonis#
»’ qui partiront db leur cansp