
f ondre le genre humain ; le cas dont il s’agit arrive
déjà fréquemment, & fans-doute qu’il arriverait ici
quelquefois ; néanmoins on fent que ce défordre
ferait beaucoup plus rare. En effet, comme l’on Te-
roit moins corrompu par le luxe, moins amolli par
les délices , ôc qu’on feroit plus occupé , plus en
vue , & plus veillé , on auroit moins d'occafion de
mal faire , & de fe livrer à des penchans illicites.
D ’adleurs les vues d’intérêt étant alors prefque nulles
dans les mariages , les feules convenances d’âge
& de goût en décideroient ; conféquemment il y auroit
plus d’union entre les conjoints ; & par une fuite ,
xiéceflaire moins d’amours répréhenfibles. J’ajoute
que le cas avivant , malgré la police la plus. attentive
, un enfant de plus ou de moins n’embarrafTe-
roit perfonne , au lieu qu’il embarraffe beaucoup
dans la pofition aéluelTe. Obfervons enfin que- les
mariages mieux affortis dans ces maifons , une vie
plus douce ôc plus réglée , l’aifance conftamment af-
furée à tous les membres , feroient le moyen le plus
efficace pour effectuer le perfectionnement phyfique
de notre efpèce , laquelle , au contraire , ne peut
aller qu’en dépériffant dans toute autre pofition. '
Au fur plus r-l’ordre & les bonnes moeurs qui régnent
dans les communautés d’Auvergne , l’ancienneté
de ces- maifons , 6c l’eftlme générale qu’on en
fait dans le pays , prouvent également la bonté de
leur police 6c la poffibil'té de l'affociation propofée.
Des peuples entiers , à peine civilifés , & qui pourtant
fuivent le même ufâge donnent à cette preuve
une nouvelle folidité. En un mot , une inftitu-
tion qui a fubfifté jadis pendant des fiècles-, 6c qui .
fiibfifte encore prevue fous nos yeux ,• n’eft constamment
ni impoffible , ni chimérique. J’ajoute que
c’eft l’unique moyen d’âffurer le bonheur des hommes
, parce que c’eft: le feul moyen d’occuper utilement
tous les fùjets-, le foui moyen de les contenir
dans les bornes d’une fage économie , & de leur
épargner une infinité de follicitudes 6c de chagrins ,
qu’il eft moralement impoffible d'éviter dans l’état
de défolation -où les hommes ont vécu jufqu’à prêtent.
Article de M.- F AIGUET tréforier de France. ,
MORDATE, f. m. ( Terme de relation ) Les Turcs
appellent mordilles ceux qui dé chrétiens fe- font faits
mahométans , qui depuis ont retourné au Chriftia-
nifme , 6c qui enfin, par une dern ëre înconftance,
font rentrés dans le Mahométifme. Les Turcs ont
pour eux un fouverain mépris, & ceux-ci en revanche
affectent de paraître plus encore zélés mahométans
que les mufûlmans même. Les perfonhes qui
changent de religion par des vues d’intérêt n’ont
d’autres- reffources que l’hypocrifie. (D . J .}
MORDAUNT. ( Voyeç Peter borough. );
MORE ALT,- ( Moreau de Maupertuis & Moreau •
de M a u t o u r Voye^ Maupertuis & MAUTOük; )
Çe nom- de ivlorcau a été celui de plafieurs autres :
perfonnages connus. Voici les principaux,
e0.. René Moreau , profcfTeur royal en. médecine &
m chirurgie à Paris., mort ie. ty oÛobre 165,6. On [.
lui doit une’édition de l’Ecole e Sahrne & un traité
du Chocolat.
2,°. Dans le même genre, Jacques Moreau, médecin,
difciple de Guy-Patin , auteur de Confultations fur
Les Rhumatifmes , de traités fur l’Hydropifie 6c fur les
fièvres. Né en 1647. Mort en 172,8.
30. Dans le même genre encore , un homme plus
célèbre que les précédens,. a été M. Moreau, Chirurgien
de l’Hôtel-Dieu de Paris.
40. Jacques Moreau de Bralèy , né à- Dijon en
■ 1-663., mort à Briançon, ja 9,0 ans. Il étoit militaire ,,
hiftorien 8c poète. On a de lui un journal de la campagne
de Piémont en 1690 6c 1.691 ; des Mémoires
politiques, f'lyriques & amufans à ce que dit le titre ;
la fuite du Virgile traveffi , arriufante encore fi l’on
veut..
5°. Etienne Moreau , autre poëte de Dijon , dont
les poëfies ont été imprimées en 1667 , fous ce titre ;
nouvelles fleurs- du Parnajfe, Mort en 1699..
6°. Jean Baptifte Moreau, muficien ; c’en- lui q#
a fait pour la maifon de St. C y r , la mufkiue des choeurs
d’Efther & d’Athalie , 8c d’autres pièces poffé rieur es
compofées pour la même maifon. Mort en 173 3 ».
MOREL. 11 y a auffi plafieurs perfonnages connus
de ce nom de Morel:
i°. Trois Imprimeurs célèbres, père,-fils 8c petit-
fils; les deux premiers nommés Frédéric ,.le troifîème
Claude , dans lesfoizième & dix-feptièmefiècles, tous-
trois ftudieux 8c favatis. Le fécond fur-tout, qui
n’aimoit abfolument que l’étude , eft célèbre par de
fang froid qu’il confervoit fur tout le refie. Il travailloh
Jorfqu’on vint lüi- annoncer que fa femme fe mourait,
il étoit au milieu d’une phrafe , il ne voulut pas là
laifiür interrompue ;.. avant qu’elle fût achevée , fa
f:m.me étoit morte ; il dit froidement en l’soprenant :
ƒ en fuis marri,. c était une bonne femme ; ÔC il fo
remit à écrire.
20.Guillaume Morel, profoïTeur royal en grec, ÔC
directeur de l'Imprimerie royale à Paris, mort en
1564. On a de lui un Diélionnaire grec-iatin-
françois 8c d’autres- ouvrages.
Son frère nommé Jean, âgé u'environ vingt ans ,
mourut en ptifon , où il étoit retenu pour crime
d’héréfie , 'qui' n’eft point un crime. La rage de la
perfécutiort ne fut point éteinte par fa mort. On le
déterra pour le brûler le 27 février 1559.* Quels
temps &. quelles moeurs !
30. André Morel antiquaire de Berne y a voit
été employé par Louis XIV, à. un travail fur les
médailles ; M. de Louvois le fit mettre à la Baftille,
parce qu’il fe pla-gnoit de n’avoir pas été récompenfé 9
8c cette Tyrannie même prouve que fes plaintes
étaient, juftes :■
Seul recours d^une- ingrat qui fe voit confondu
Par de nouveaux affi-onts vous- m’avez répondu.
Ce qui- le* prouve encore -, c’ëft - l’offre qufom lui fit
de la place de garde du cabinet des médailles du roir
m
dans le temps même qu’il étoit à la Bafliîle. On mît
feulement à cette offre la condition qu’il fe feroit
•catholique, 8c il refüfa ; .quand on fut -las de le retenir
à la Bafliîle , on lui rendit fa liberté le 16 novembre
16 9 I, à la follicitation du grand confeil de Berne. Il
mourut en A ’iemagne en 1703. Scs principaux ouvrages
, qui roulent tous fur les médaillés, font : Thefaurus
MorelUanus, five familiarum Romanarum nurnifmata
orrmia dijpofita ab Andrceâ Marello , cuni Commentants
Havercan.pi ; fpeci/nen rei nummarice, &c.
40, Dom Robert Morel , bénédiétin de la congrégation
de Saint Maur, bibliothécaire de Saint Germain-
des-Prés, auteur de beaucoup de livres de piété. Né
en 165.3. Mort en 1731.
MORERï, ( Louis ) ( FUJI. Litt. mod. ) Il eut
ou on lui donna une idée heureufe, mais il n’eut pas
le temps de l’éxecuter , 6c ne fit du moins qu’en
ébaucher l’exécution. Son ouvrage a depuis été réformé
, retravaillé , augmenté , de forte qu’il eft
devenu l’ouvrage d’une-multitude d’auteurs; mais il
s’appelle & s’appellera toujours le Diélionnaire de
Moreri : tant il importe de commencer :
Dimidium fatfi qui cepit habet, fapere aude, N
-v Im cipe. . ,
L ’abbé Goujef entr’autres continuateurs, avoit fait
des fupplémens qui avoient d’abord été imprimés a
part, mais qui ont été inférés dans lé texte , dans
la dernière édition, laquelle eft de- 1759.
- Moreri étoit prêtre, doéleur en théologie. Il étoit
né en 1643 , * Bargemont, petite ville de Provence.
Il fut attaché à M. de Pompone, miniflre 6c fecrétaire
d’état. Il mourut à Paris le 10 juillet 1680 , ayant
à peine atteint l’âge de devenir favant.
■ Comme les généalogies, fur-tout les Françoifes, font
une des parties les plus considérables 6c même les-
plus exaéles de cet ouvrage , 8c qu’il doit toujours
y avoir de longs intervalles entre les diverfes éditions
d’un livre fi volumieux , il feroit à defirer , que
chaque année, ou du moins à de très-courts intervalles
, on donnât un état des changemens arrivés
par mariage , par naiffance 6c par mort, dans chacune
des familles dont la généalogie eft inférée dans
Moreri ; ces divers états formeraient un fupplément
naturel à la partie généalogique , fupplément au moyen
duquel, on auroit toujours fous les yeux le tableau
fidèle de l’état préfent de chaque famille , 6c le More-i
conferveroit toujours à cet égard le même dégré
dutilvé qu’il avoit en 1759 5 c’eft-a-dire, à lepoque
de la dernière édition , au Heu qu’étant inftruit de
tout jufqu a cette époque, on eft condamné à ignorer
tout ce qai la fuit, Ôc ce qui èxifte de fon temps.
MORET , ( Antoine de Bourbon , comte de )
( FUJI de Fr. j fils naturel de Henri IV 8c de
Jacqueline de Beuil, comtefle de Moret , naquit en
1607 , dans un temps où Henri IV cherehoit des
dîftraéions & des confolations aux chagrins que lui
donnoient d’un çôté l’humeur acariâtre la reine,
M O R 63$
de l’autre le caraélère altier, ambitieux.& intrigant
de la marquife de Verneuil. Sous le règne de Louis
XIII, le comte de Moret ne fouffritpas plus patiemment
que les autres la tyrannie du cardinal de Richelieu,
ïi étoit avec le duc de Montmorenci au combat de
Caftelnauda:i en 1632 , 6c il y fut tué ; voilà du
moins l’opinion commune , mais il y a une tradition
contraire ; on prétend que , délabufé des chofes de la
terre par le malheur de celte journée, redoutant la
deftinée du duc de Montmorenci fon ami, 6c étant
enfuïte pénétré de douleur du fort de ce héros , il
prit le parti dé s’enfeveîir dans une retraite ; qu’il
fut hermite d’abord en Portugal ; qu’enfuite croyant
pouvoir fans danger revenir en France, 6c confervant
allez l’amour de la patrie , pour vouloir du moins
y vivre , quoique caché 8c quoiqu’éloigné de la cour,
il choifit pour afyle , un hermitage au fond de
l’Anjou , mais que trahi par la reffemblance qu’il
avoit avec le roi fon père, il attira l’attention-, ôc
que fur les bruits qui fe répandirent, Louis XIII
chargea l’Intendant de Touraine de voir cet hermite
6c de tâcher de tirer de lui fon teeret La réponfe
de i’hernf te fui propre à confirmer les foupçons : qui
qur je fois , dit-if, je ns demande quune grâce , ce f l
quoh me laijfe tel que je fuis. Un curé nommé Grandet
a donné fa vie.
MORGAGNI, ( JeamBaptifte ) (FUJI. Litt, mod.}
favant anatomifte italien, de l’inftitut de Bologne , ÔC
correfpondant de l’Académie des Sciences de Paris,
auteur de divers ouvrages, importans fur fon art. Né
à Forli en 1682. Mort, en 1771.
MORGEN , ( FUJI. mod. ) c’eft une mefure ufitée
en Allemagne pour les terres labourables , les prés
8c les vignes ; elle n’eft point par-tout exactement
la même. Le morgen dans le duché de Brunfwick,
eft de 120 verges, dont chacune a huit aunes ou
environ i 6 pieds de roi. ( A . R. )
MORGUE, ( FUJI. mod. ) c’eft dans les priions ,
l'intervalle du fécond guichet au troifiém?. On donne
le même nom à un endroit du châtelet , où l’on
expofe à la vue du public les corps morts dont la
juftice fe faifit : ils y relient plufieurs jours afin de
donner aux paflans letems de les reconnoître. ( A . R. )
MORGUES, ( Foyei Mourgues. )
MORHOF , ( Daniel-Georges ) ( FUJI. Litt, mod.}
favant littérateur allemand , auteur de quelques
oeuvres poétiques 6c oratoires , mais fur-tout d’un
livre favant, intitulé : polyhiflor five de notiùâ auElorum.
& rerum& du princeps medicus , differtation où il
accorde également aux rois de France & d’Angleterre
le don de guérir les écrouelles, ôc foutient que çe
don eft miraculeux. Né en 1639 , à Wifmar, dans le
duché de Meckelboürg; mort en 1691, à Lubeck.
MORICE de Beaubois, (Dom Pierre-Hyacinthe)
( FUJI. Litt, mod. } favant bénédiélin de la congrégation
de Saint Maur , connu par fon travail fur l’hiftoira
de la màifon de Rohan ; mais ce travail eft refié
manuferit dans cette maifon. Dom Morice étoit Lui*
1 1 11 |