
Le fameux -<fo61e.ur janfénifte Feuillet , doyen de
Sa nî-Cioud, .avoit un .embompoint & un air de l'ante
oui .contraftoit avec la iëvérité de la doétrine. Made-
moifelle de Lamoignon l’aimoit beaucoup , 6e avoit
beaucoup de confiance en lui ; Boileau lui reprochait
toujours malignement cet embonpoint de M. Feuillet,
•comme contraire au fuccès de fes .auftère.s prédications.
Oh ! répondit un jour Mademoifelle de Lamoignon
, on dit qu il commence à maigrit,
©eft pour Mademoifelle de Lamoignon que Boileau
fit ces vers j
Aux foblimes-vertus nourrie en fa famille ÿ’
Cette admirable ,8c fainte fille
En tous lieux fignala fon humble piété ;
fufqu’aux climats où naît 6c finit la clarté*
Fit reffentir l’effet de fes foins fecourables:;
E t , jour 6c nuit., pour Dieu , pleine d’aéfivité *
Confuma fon repos, fes .biens & fa fanté,
A foulager les maux de tous les miférables.
LA MP AD ATI O N , f. f. ( Hiß. modd) efpèce de
queftion qu’on faifoit foufFrir aux premiers martyrs
chrétiens. ‘Quand ils étoient étendus for Je chevalet
.on leur appliquoit aux jarrets des lampes ou bougies
.ardentes. (A . Ré)
LAMPR1DE, ( A&ius-Lampridius ) ( Hiß. Rom,')
un des écrivains de l’Hiftoire d’Augufte, vivoit dans le
.quatrième fiècle ; on a de lui les vies de Commode, de
Diaduméne, fi’s de Macrin , d’Héliogabale ou Héla-
gabale 6c .d’Alexandre Sévère.
Un .autre Lampride ( Benoît ) beaucoup plus moderne
, .contemporain ;8c protégé du pape Léon X ,
•s’eû diftingué dans la poëfie latine. JH étoit de Crémone.
Il mourut en 1 5 40.
LAMPAGNANL Voyei S force (Galeas )dont il
-fut un desafTaffins.
LAN CELOT, ( Hiß. Litt, mod, ) Plufieurs favants
.ont illuftré ce nom :
- ï°, Jean-Paul, célèbre jurifconfolte d’Italie .au fei-
-ziéme fiéle, -mort en 1.591 , à Péroufe fa patrie ; il a
•fait pour :le droit canonique, ce que Juftinien avoit fait
pour le droit civil, des inflitutes eftimées & utiles; il
y travailla par l’ordre du pape Paul IV. Nous en
avons jane bonne .édition de Doujat, 6c une bonne
tr aduâion de M. Durand de MaiUane ; celle-ci a paru
en 1770.
•2.0. Dom Claude , un des écrivains 6t des meilleurs
écrivains de Port-Royal , auteur d’excellentes méthodes
pour apprendre le latin 6c le grec ; on dit que
Louis XIV fe fervit de la méthode latine ; elle ne lui
forvir guère , mais elle a fervi :à beaucoup d’autres. Le
Jardin des racines grecques eft außi de dom Lancelot ;
le père Labbe, jéfùite , a écrit contre. ( Voye% l’arti-
clè Labbe. M. Lancelot a fait encore une Grammaire
italienne ,6c une Grammaire espagnole; il acompofé
furie plan & furies idées du fameux doéleur Arnauld ,
8c .de concert avec lui, la Grammaire générale & rai-
tonnée 9 connue fous le nom -dl Grammaire de Port-
t&ydf
M. Duclos , fecrétaire perpétuel de l’Académie
Françoife , en a donné en 1756 , une très - bonne
édition , dont fon travail particulier relève encore
le prix. M. Lancelot ,.eft réputé appartenir à Port-
Royal parce qu’il fut employé par ces illiiftres foli-
taires à enfeigner les humanités .& les mathématiques
•dans une école qu’ils avoient établie à Paris. On l’appelle
dom , parce qu’il .étoit .bénédictin dans l’abbaye
de Saint-Cyran ; .c’étoit encore tenir indirectement Ô£
même allez intimement--à Port-Royal. Ami .& difciple
du fameux abbé de Saint-Cyran , il a écrit fa vie ou
des Mémoires pour fervir à fon hiftoire. Tous les Mémoires
de Port - Royal parlent avantageufement de
M. Lancelot. M. de Brienne dit au contrairedans
FHifloire fecrète du Janfénifmeque c’étoit le plus
entêté janfénifte 6c le plus pédant qu’il eût jamais vu.
Janfénifle, cela ne fignifie rien , finon que M. de
Brienne ne l’étoit pas. P é d a n tc’eft toujours un tort
fans doute ; mais on eft aifément pédant aux yeux d’un
homme de cour; & dans ce temps-là fur-tout, pédant
pouvoit encore ne Lignifier qu’un homme inftruit.
M. de Brienne pourfuit : fon père étoit mouleur de bois.
à Paris. Eh bien J que nous importe ?
« II fut précepteur de meffeigneurs les princes de
» Conti, d’auprès defquels le roi le chafïa lui-même *
» après la mort de la princeffe leur mère »
M. de Brienne , miniftre de Louis X IV , croit avoir
tout dit* en obfervant que Louis XIV lui ôta l’éducation
des princes -de Conti ; mais nous craignons bien
pour Louis X IV , que fon motif n’ait .été le janfénifme
de M. Lancelot ; c’étoit à fes yeux un grand titre <Tex-,
clufion en tout genre.
«C e qui, ajoute M. de Brienne , l’obligea de fé re-
» tirer en l’abbaye de Saint-Cyran................. où il
» faifoit la cuifine , 6c très-mal ; cè qu’il continua
» jufqu a la mort du dernier abbé de Saint-Cyran ».
Nous ignorons s’il faifoit la cuifine à Saint-Cyran ,
& s’il avoit le tort de la faire mal, mais il avoit fait
de fort bons livrés dans la faciété de Port-Royal.
On fait d’ailleurs ., dans quel état étoit la tête de
l’infortuné Loménie de Brienne * lorfqu’il écrivoit fon
Hiftoire du Janfénifme. ( Voye%_ Lomenie , n°. 3. )
Le janfénifme ayant excité des troubles 6c introduit
la perfécution dans l’abbaye de Saint - Cyran 9
dom Lancelot fut exilé, félon l’uiage. Si des difputeurs
troubloient véritablement la fociété, il faudroit peut-
.être les enfermer honorablement dans un couvent, où
ils difputeroient contre ceux qui prendtoient goût à
ce genre d’eferime. Mais quand ils font moines, que
faut-il faire ? les laiffer dans leur couvent. Non, nous les
exilons. M. Lancelot fut exilé à Quimperlai en Baffe-
Bretagne ; il y mourut en 1695. Il eft fâcheux que
des hommes eftimables, 6c dont il refte des monuments
eftimés, foient morts dans l’exil, 6c quelquefois
même dans des fupplices, pour des opinions qui n’in-
téreffent plus perfonne. Dom Lancelot étoit né à Paris,
en 1606.
30. Antoine Lancelot , de l’Académie des Belles*’
Lettres, deftiné pas fes parents à ’’état ecdéfiaftiqne ,
.avoit prêché à douze ou treize afis , le fermou grec
quife prêche tous les ans aux Cordiliers le d manche
de Qiufimodo, devant la confrérie du .t. Sepu.clire
eu de Jérufalem, qui n’y entend rien. Dans la lrnte
ne fe Tentant point appelle à Veglife, & nofaut en
foiré l’aveu à fis. parents, il s’enfuit un jour de chez
eux, Si. aîla de Paris à. Beauvais , fans fàvoer, oS il
allait y puis le befoin lui ayant donné, des remords,
il revint de Beauvais, à Paris, & rentra en grâce auprès
de fés parents , à- condition d’être, eccleüaltiqne.
L'année fuivante^ (e’ëtbit en 169a), nouvelle evalion ;
il va au- camp devant Namar,.que le roi affiegeoit en
perfonne, & refte à la- fuite de l’armée jufqu’à la bataille
de Steinfeerque ,. qu’il vit du haut d’une maifon qui fut
ruinée eir partie par le canon des ennemis , tant elle
étoit proche du champ de bataille dès-lors il ne fut
plus gêné dans lé choix d’un état r & fon goût le de-
termina peur les lettres. Il s’attacha d abord a-un tou
d-'étymologifle , chimérique dans fes idées , bizarre
dans fa conduite,. qui. fe laiffa mourir, de ferai, n ayant,
difoit - il., befoin d’autre aliment que de fes. racm.es
grecques 6c hébraïques. G’etoit un M*. Herbinot ,
confeilfer au Châtelet. Ils. travaillèrent enfêmble
à un Diélionnaire, étymologique. Mv Lancelot occupa
enfui te pendant quatre ans , , une place a la bibliothèque
Mazarine. Ce fut là qu’il fe rendit véritablement
favant 6c utile aux Tavans-,, i l envoyoït a
Bayle des articles curieux pour fon. DiéHonnaire; il
étndïoit lès anciens monuments: avec dom Mabidon;
ü alla enfuite en Dauphiné prêter fes yeux 6c le feeours
de fes connoiffânces à M. dé Valbonnays , premier
préfidènt dè la chambre de Grenoble, qui r.devenu
aveugle n’èn travailloit pas avec moins aàrdeur
à une Hiftoire du Dauphiné. Delà il-.paffa. en Italie,
A fon. retour , les pairs le choifirent pour éclaircir
6c défendre leurs droits ; il fit imprimer en leur
nom. 6c de leur aveu,.. un volume in-fol. de Mémoires
pour les Pairs de France avec les preuves. L e s pairs
lui achetèrent en 1719., une charge de fecretaire du
r o id o n t il ie défit en 1725% Il étoit entre en
dans l’Académie des Belles-Lettres; il fut fait infpec-
teur du Collège Royal en 173 2 ; il fut en meme
temps commiitaire au tréfor des Chartres.,. 6c.il en a-
fort avancé.la tableJaiftorique. En 1737’ ^ £harge
d'aller à Nancy, faire l’inventaire des archives^ des
.duchés de Lorraine 6c de Bar , nouvellement reunis
à la couronne. Il n’èn- revint qu’en 1*740. ,.ol mourut
peu de temps après fon retour r le 8 novembre de
là même année. Il étoit né a Paris le 14 oélobre 1675*
« On ne pouvoit, dit l’hiftorien de 1 Academie des
Belles - Lettres ,. ("qui avoit fait avec lui le voyage de
» Hollande en 1720 ) avoir plus de douceur ,rde fran-
»■ . chifé . dè cordialité; ne voulant que ce quon vou—
» loit, racontant avec là même ingénuité les differents
états où il s’étoit trouvé , ce qui lui etoit arrive de
»plus flatteur ou de plus humiliant, ôc n ayant rien
» a lui dès que ce qu’il avoit pouvoit faire plaifir
» à fis.-amis. Sa reconnoiffance pour ceux a qui il avoit
»• quelque obligation étoit extrême. Il ne; parloit-
».-jamais■ ;u’àvecun r.efpéét-inêlé-dè. tendr.effe du père
»-.MahillonL
En effet, dem. Ruinart, auquel il avoit fourni des
feeours pour une nouvelle édition de la Diplomatique ,
l’app’ lle Mibilioiïi mefnonez cdtor imiinäß.ms.
M. Lancelot a fait "la préface de l’Hiftoire des grands
Officiers de la Couronne ;. il a enrichi de Avance*
notes, une édition des Amours de Daphms & Chloe de
Longus ; il a fourûi des additions 6c des ^ corrections-
pour le Pithoeara, le Naudceana , Le Patiniana , les
Antiquités Gauloifes de Pierre Borel.
Il y a de lui dans le recueil de PAcadem e des
Belles - Lettres, une multitude de fort bons Mémoires,
un entr’autres fort curieux, fur les merveilles du Dauphiné
, qu’il réduit à peu dechofe~
Ladiflas , foi de Naples, de la première branche-
d’Anjou , fils de Charles de Duras, eft fouvent appelle-
Lancelot dans: les hiftoires.
LANGU , (Hiß. mod.é) nom-queles Chinois don-;
nent à une feéfe de leur religion. L’auteur de cette fe£te
étoit un philofophe contemporain de Confucius , ÔC-
qui fut appelle Lancu ou Lanyu, c’efb-a-dire philo-*
fophe ancien , parce qu’on feint qu’il demeura quatre--
• vingt ans dans le ventre de fa mère avant que de naître.-
Ses fe&ateurs croient qu’après la mort leurs- amss^ Scieurs
corps font tranfportés au ciel pour y goûter
toutes, fortes de délices. Ils fe yantent aufli- d’avoir des-
. diarmes' contre toute forte de- malheurs , de enaffer
les démonsr &c. Kircher de ta Chine. (A . R.\
LANDAIS, (Pierre ) (Hiß., de. Bretagne ), Voyeç
l’article A nne de Bretagne )*-
LANDGRAVE m. ( Hlfil modif ce mot efL
compofé da deux mots allemands : land, terre, 6c de*
'graff ou grave , juge ou comte. O11 donnoit an—*
. ciennement ce titre à-des juges qui^rendoient-la^juftice'
au nom dès- empereurs dans* 1 intérieur du. pays.-
Quelquefois, on les. trouve défignés fous* lè nom dé'
comités patriae 6c. de comités provinciales. Le mot la.nd»
grave ne paroit. point avoir été ufite avant l’onziemeî
fiècle.. Ces juges, dans l’origine r n étoient établis que-
pour rendre la juftice à un certain diftrièt- ou- à uner
province intérieure de l'Allemagne , en quoï-ils diffe—
roient des rnarggraves , qui etoient juges des-proyinces"
fur les.limitesr peu-àvpeu cestitres font devenus héréditaires,
6c ceux qui les pofledoient fè font rendus {buverauis •
des. pays dont ils n’étoient originairement que les j’ages.-
Aujourd’hui l’on donne le titre de landgrave par excellence
à des princes fouverains de l’Empire qui pofse^-
dent héréditairement des états qu’on’ nomme landgr&r
viats ,..6c dont ils reçoivent l’inveftiture de 1 empereur^
On compte quatre, princes- dans l’Empire quix>nt le vitre:
de landgraves ; -ce font ceux de Tlmringe, de Hefte ^
d’Alface 6c de Luchtenberg. Il ya.encore en Allemagne
d’autres landgraves■ .* ces derniers ne. font point am
rang., des princes ;■ ils font feulement parmi* les-
comtes del’Empite ; tels font les landgraves * dè Baar ^
de Brifgau, de Bürgend*, de Kletgow ,. dè; Nellen-r
bourg; de Sauffembergr de- Sifgow T de Steveningeny,
: de Stulingende Suntgau-„de Turgpwy.de: W a’gow^.
u — > " . ............. r .. „
l LANDL-v, f. m, HIß,, mod,- $ toir-e le- tient ^