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de changer , comme il l’avoit projette' , les difpofi-
tions de Ion teftament, par lequel il avoit'déshérité
fon fils. Voici ce qu’on rapporte de ce jeune homme.
A peine forti fie l’enfance , il avoit abandonné la
mai fon paternelle pour aller habiter la chaumière &
s’alTervir au genre de vie & aux ordres d’un ramo-
? neur. Une mauvaife nourriture & des haillons lui
parurent préférables aux commodités & aux agrémens
dont il avoit joui. Il fe tint ainfi caché dans Londres
même, pendant neuf mois , au bout delquels on parvint
à le découvrir. Ramené chçz fes parent», on
-•combattit inutilement en,lui le defir dë fe dégrader
volontairement il s’échappa de nouveau , fe fit recevoir
moufle fur un vaifieau qui partoit pour Lif-
bortne., 6c après ce voyage , traverfa toute l’Efpagne
- au fervicè d’un muletier ; fa vie enfin ne fut qu’une
fuite d’avemures &. de bizarreries. C ’étoit. pourtant un
. homme du plus grand mérite , &. il l’a prouvé par
. un excellent ouvrage, intitulé Réflexions fur} origine
& la décadence des Républiques. Il étoit revenu en
Angleterre., & s’étoit raccommodé avec fon père
avant la mort de celui-ci ; mais à-peu-près vers cette
époque, il offenfà grièvement la 'mère, q u i,' n’aÿant
jamais voulu lui pardonner , ne lui légua qu’un
fçhelling de la riche fucceflion qu’ elle auroit pu lui
laifler. Il étoit-chez l’étranger lorfqu’il reçut ce legs,
6c il le donna à un de les amis , qui dans ce moment là
fe trouvoit chez lui. Le lord Bute , qui avoit épbufé-
fa fæur, devint par là maître d’une très grande fortune
, à laquelle il n’avoit pas droit de prétendre ;
mais cet homme généreux céda à fon b e a u - frè re ,
plus qu’on ne lui auroit probablement accordé en
juftice , fi celui-ci eût voulu attaquer les difpofitions
: de fa mère. M . Montagu pafla dans le Levant les quinze
dernières années de fa v iep en d an t iefquelles il étoit dev
en u paffionné pour le coflume & les ufages des Arabes,
•qu’il-adopta & fuivit çonflamment jufqu’à fa mort.
I II a pafle les vingt dernières années de fa vie ,
Egypte 6c, dans la Grèce , vivant comme les
T u rc s , vêtu comme eux , ayant plufieurs femmes ,
6c cultivant toujours les lettres. Il reparut en Italie , fans
quitter le doliman ni la barbe. .311 revint en Angleterre exprès pour fe marier,
mais il annonça qu’il m’épouforoit qu’une fille grofîe;
elle ræ fin pas difficile' à trouver. Il l’époufa afin de •
-laifler a 1 enfant lesbiens dont il vouloir priver là famille.
On a de lui quelques obfervations fur des monu-
-meris êc des infcriptionS antiques.
: Nous ignorons filefavànt anglois Richard de Montaigu
ou Montagu, évêque dèChefter, puis de Nortwich,
etoit de cette maifon de Montaigu ; il étoit du comté
de Buckingham ; c étoit de tous les théologiens anglois',
celui dont les opinions fe rapprochaient le plus de fa
foi catholique, & on croit qu’il alloit l’embrafler Ouvertement,
lqrfque la mort le prévint en 1641. Il a beaucoup
écrit fur des fujets relatifs à I’Ëcriture-Sainte ÔC à
la théôlogie. Il • eut^ quelques; conteftations avec Ca-
«faûbon, au fojet d’ouvrages qu’ils avoient fait l’un
& l’autre contre Baronius ; Cafaubon accufoit ou
foupçonnoit Montaigu de plagiat & d’abus de confiance
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a fon égard ,, parce qu’il lui avoit anciennement
communiqué fon ouvrage ; mais tout en s’en plaignant,
il loue le fayoir de Montaigu.
On a aufli de Montaigu, des éditions de quelques
ouvrages de plufieurs pères de l’églife.
M O N TA LEM B ER T . Voye^ Esse.
M O N T AM Y , ( Didier - François d’Arclais , fei-
gneur de ) ( Hiß. Litt. mod. ) premier maître d’hôtel
de feu M. le duc d’Orléans , & chevalier dé S. Lazare,
mort a Parisen 1 7 6 4 , a traduit de l’allemand de Pott,fa
Litogjognofie. Ileftàuffi auteur d’uirtraité'des couleurs
pqiir la peinture en émail 6c fur la -porcelaine , imprime
a Paris en 1 76 5 , 6c dont-M. Diderot a été
l’éditeur.
M O N T A N , (Hifl.de VEglife. ) Héréfiarque 8c
illuminé du fécond fiècle de l’Eelifè , chef des Monta-
niftes. 0 .. - •
M O N T A N U S , Jean-Baptifte) (Hiß. Litt, mod.)
de Vérone, poète fur - tout médecin célèbre,
pafla, en Italie, pour un fécond Galien. Il a beaucoup
écrit fur la Medecine , tant générale que particulière,
for les vertus des médicaments , & c . On a auffi de
lui : LeSliop.es in Galenum & Avicennam. Il étoit de
prefque toutes les Académies d’Italie. Mort en 15 5 1 ,
M O N T A R G O N , ( Robert-François de ) ( Hiß.
Lut. mod. ) dit le père Hyacinthe de l’Affomption ,
auguftin de la Place des Viéloires, aumônier du roi
de Pologne Stimulas, eft connu par fon DiSlionnaire
Apoflolique , à l’ufage des prédicateurs fanstalens , &
par quelques autres ouvrages relatifs à la chaire & à la
religion. Il périt malheureufement dans la crue d’eau
que Plombières éprouva la nuit du 24 au 25 juillet
1770.
M O N T A R R O Y O M A SC AR ENH A S , (Freyre
d e ) ( Hiß.Litt. mod. ) noble portugais, fèrvit quelque
temps, puis fe livra tout entier aux lettres. Ses principaux
ouvages font : les Négociations de la Paix de
Rifwick; les relations des batailles d’Oudenarde &
de Peterwaradin ; de -la mort de Louis X I V ; la
Conquête des Ornées , peuple du Bréfil ; détail des progrès
des Ruffes contre les Turcs & les Tartares, &c. Né en
1670. Mort vers Fan 1730.
MONTAUBAN,(JacquesPoufTet de) avocat,mort
en 1685. Il étoit lié avec Boileau,Racine, Chapelle, &c-
On a de lui quelques pièces de théâtre ignorées-,
mais on dit qu’il a eu part à la comédie des Plaideurs.
Si c’eft lu i, q u i, par la connôîflance qu’il avoit du
barreau, a fourni le plaidoyer, de l’intimé 6c donné
ce parfait modèle de la faufle éloquence 6c de la faufle.
chaleur, il avoit bien faifiles ridicules du barreau. L e
portrait reflemble encore.
M O N T A U L T , ( Voye^ N availles. )
M O N T A U S IE R , (d e Sainte - Maure) (HIß.
de Fr.yw y avôit une ancienne maifon de Sainte-
Maure, connue par des titres dès la fin du dixième
fiècle' & le commencement du du onzième. A vo y e
de Sainte - Maure, héritière de cette maifon , époufs
en 1205 , Guillaume de Précigny , de lamêmeproi
vînee , la Touraine ; il prit le nom de Sainte-Maurô ,'
& leurs enfants réunifloient ou prenoient alternativement
.les noms de Précigny & de Sainte-Maure. D eux
oncles d’A v o y e , ...du nom de Sainte-Maure , avoient
été tués dans les guerres que Henri Ier. , roi d’Angle-
gleterre, faifoit en. France vers les commencements du
règne de Louis-le-Gros.
Pierre de Sainte-Màure-Précignÿ , dans la grande
querelle d’Edouard III & de Philippe-de-Valois , fut
fait trois fois prifonnier par les Anglois ; il fervoit
en 1338 & 1340.
- Guillaume de Sainte-Maure fon frère, doyen de
Saint - Martin - de - T ours, 6c qui refufa l’évêché de
Noyon , fut chancelier de France fous Philippè-de-
Valois, il fut nommé le 7 feptembre 13 2 9 ,6c mourut
en 13.34-
Gui de Sainte - Maure époufa vers l’an 1 3 2 5 ,
l’héritière de Montaufier , 6c forma la branche de
Montaufier.
Arnauld de Sainte-Maure, feigneur de Montaufier fon
petit-fils, mourut'1, à ce qu’on c ro it, prifonnier des
Anglois; il Vivoit fous Charles V I & Charles VII.
François , baron de Montaufier, fut tué en 1594.,
a if fiége de Laon. ' ‘ '
- François j feigneur de Sales, foh frère, fut tué en
duel le 26 janvier 1614.
Heélor , bâton de. Montaufier, leur neveu, maré-
chal-de-çamp dans l’armée delà V alteline, y mourut
au fiège de Bormiô en 16.35. 11 étoit le frère du fameux Charles de Sainte-Maure,
duc de Montaufier, pair de France , gouverneur du
dauphin , fils de Louis X iV . Le duc de Montaufier
naquit en 1610 , de Léon dê Sainte-Maure , baron
de Montaufier, frère des deux François nommés ci-
deflus, 6c de Marguerite de - Château-Briant. Il fut
élevé dans la religion protéuante, il l’abjura. « Abjurer
?> la religion de fes pères ! s’écrie for cela M. de La
Cretelle , quel aéle pour un homme de bien 1 Mais ,
a jo u t e - t - i l, fi fa confcience s’alarme , fi la vérité
» l’appelle , reftera-t-il dans les dangers de l’erreur ,
« pour fe fauver des foupçons des hommes ! ce feroit
» une autre lâcheté ». Peut-être , continue M. de La
Cretelle , croira-t-on que l’amour eut quelque part à
« fa converfion , puifqu’elle futfuivie de fon mariage
» aveeja célèbre Julie d’Angennes, qu’il aimoit depuis
» long-temps fans pouvoir l’obtenir , à caüfe de la
» différence de religion. « M. de La Cretelle répond à
cette objeélion par un fait qui prouve que l’amour
même ne pouvoit détourner Montaufier de fon devoir.
« Il avoit aimé en Lorraine, une dempifelle dune
>> grande beauté, -d’uns grande maifon , d’iine grande
» fortune ; elle fut faite prifonni.ère » on le prefla vive»
« ment de favorifer fon évafion , 6c un heureux 6c
>> brillant hymen de voit être le prix de ce fervice,....
» Il fut inflexible, n
■ Julie d’Angennes 6c ce fameux hôtel de Rambouillet,
célébré par M"?s. Deshonlieres, fous le nom du Palais
déArtenice, rappellent la fameufe guirlande d e Julie ,
ouvrage fie tous les beaux écrits qui fréquentoient
«et hôtel, ouvrage auquel M. de Montaufier a con*
trîbué comme les autres , 6c dont on n’a retena
que le quatrain de la violette , fait par l’abbé Regnier
Defmarais ;
Modefte en ma couleur , modefte çn mon fejour ,
Libre d’ambition , je me cache soüs l’herbe ;
Mais fi fiir votre front je puis me voir un jour ,
La plus humble des fleurs fera la plus foperbe.
Montaufier fervit d’abord avec éclat; à vingt-huit
ans i l étoit maréchal-de^camp. En 1643 , il fut pris
à la journée de Duttinguen. Sa captivité dura dix mois.
Sa rançon fut de dix mille écus , il racheta en même
temps plufieurs officiers, & s’engagea pour un grand
nombre d’autres qui lui étoient inconnus. Pendant la
guerre de la F ronde, il reprit for les Frondeurs , Saintes
6c Taillebourg ; dans un combat en Périgord,, il reçut
cinq bleflures ccnfidérablcs, on le tranfporia mourant
à Arigoulême, où il fut long-temps à fe rétablir.
Lorfquil prit le parti de quitter fa province & "de
venir s’établir à Paris & parbître à la cour: oh/, dit-il',
je vais à la cotir & fy dirai la vérité. On fait s’il fut
fidèle à ce ferment ; 8c rendons, ici jufticoà Louis X IV ,
cette' fincérité <^iiidéyoSt : perdre: Montaufier, fut la
fource de fa fortune ; Mm-. de Montaufiei lut faite,gouvernante
des enfans de France , & M. de Montaufier
gouverneur du D ’auphin en 1668. Il avoir été fait '
-duc & 'pair & chevalier des ordres en 1664. Il plaça
d’abord auprès d e fon élève , l’éloquent BolTuet & le
favant Huet ; celui-ci préfida aux éditions ad ufum
Delphini ; mais ce fu t , dit-on , le duc;fie Montaufier ,,
le- plus favant'homme dé la cour , qui/en conçut
l’idée.- D u moment où il fut chargé de l’éduçàtion dja
dauphin , il fembla dire à'tous ceux eu approchoient
de la perfonne de fon élève, comme-Brutus à M.ffala?
Allez d on c , 6c jamais n’encenfez fis erreurs ,
Si je hais les tyrans, je hais plus les flatteurs.
M. le dauphin' tirant à un b u t , 6c en étant reflë
fort éloigné, un jeune page qu’on fàvoit être 'fort
adroit, tira enfoite, &Ve'n éloigna éneoré davantage;'
Petit flateur, s’écria Montaufier, c’eft de M. le d&iphfti
qu’il- faut t’eloîgnër.
Il menoit le dauphin dans les chaumières
mafores les plus voifines dè Verfailles. Eh 1 oui-peut,’
dit l’enfant , habiter ces triftes 6c dégcûcantès demeures
? Entrer & voyeç, mon feigneur , çefifous ce
chaume , c’efl dans cc’tte mifêrable retraité 'que loîenS
le père, là mère, les enfans qui travaillent finir cejfe
pour payer l'or dont, vos palais font ornés , dé qui meiirent
de faim pour fubvenïr aux frais dé Votre tablé.
On connoîf foh mot à fon élève , au moment où
il ceffoit d’être fori'gouverneur : Monfeigneur, f i vous
êtes honnête homme, vous m aimere^ ; f i vous ne l'êtes'
ffas y voué'me haire^ , & fe maiconfolerdi. . . .
E t , fa . lettre au ; même prince , après la prifo de ■
Philisbourg; Monfeigneur , je ne vous, fais point'de'
compliment fur làprife de Philisbourg ;■ vous avieç uns
bonne armée, . des_ bombes., du canon Ce Vauban, Je ^ .
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