
conduire à Tàrragone. Avant fon malheur, Hermeni-
gilde avoit demandé des fecours à l’empereur grec,
■ qui envoya ordre à fon lieutenant en Efpagne, d’attaquer
les Vifigoths. Dès les premières hoftilités de ce
puiflàrit allié, Léovigilde fit conduire fecrétement fort
fils à Séville , & , après l’avoir tenu quelques jours
enfermé dans Une prifon,il lui envoya un évêquf arien
pour tâcher de lui faire abjurer le catholicifme. Her-
menigilde refùfa ; Ôc fon père, infenfible au cri de la
nature, le fit mourir cruellement. Ses mains parricides,
encore teintes du fang de Ion fils, le roi des Vifigoths
porta fes armes contrelesSueves, ôc conquit ce royaume,
qu’il réunit au fien. L’Europe étoit indignée de fa
barbarie ; mais les rois les plus puiffans redoutoient
fa valeur : elle étoit cependant moins formidable alors,
ioit àcaufe de la foibleffe & des infirmités de fon âge
avancé, foit parce que fes cruautés l’avoient rendu fort
odieux à fès fujets, aux catholiques fur-tout, qu’il
, avoit fi violemment perfécutés : ainfi j fous prétexte de
venger Hermenigilde, qu’on regardoit avec raifbn
tomme un martyr , & que la cour de Rome a élevé
au rang des feints, les François déclarèrent la guerre
aux Vifigoths, Ôc firent une vive irruption dans les
Gaules. Recarede défendit ce pays, & , après bien des
hoftilités, il triompha enfin des François qui fè retirèrent.
Enchanté de la valeur dç fon fils, Léovigilde lui fit
époufer Bada, fille d’un des principaux feignems Goths.
ïf ne fùrvécut que peu de temps à cette union. On af-
fore qu’avant fe-mort, il reconnut fes injuftices, détefta
fon parricide, renonça même à i’arianifme, ôc mourut
catholique en 585 , après un règne glorieux de 18 années.
Léovlgilde ne s’iüuftra pas feulement par fa valeur
, fes victoires Ôc fes conquêtes, mais davantage
encore par "fon habileté dans l’art de gouverner. L’état
étoit en proie au trouble & au déforare lorlqu’il commença
à régner ; 6c, en très-peu de temps, il rétablit
le calme. Les Vifigoths avoient beaucoup de loix, mais
qui fe contrarioient les unes les autres, par-là étoient
plutôt des fources de conteflations que des règles de
jugemens. Il revit fes loix ÔC toutes celles qui avoient
été publiées depuis le temps d’AJaric : il abolit toutes
Celles qui étoient inutiles, 6c en fit de nouvelles, qui
prouvent en lui quelque fageffe. Ce fut à lui que Je
foc , jufqu’alors incônnu chez les Vifigoths, dut fon
établifïement, ainfi que les finances , fort en défbrdre
jufqu’alors, leur exaéle adminiflration : en un mot,
Léovigilde eut des vices dignes d’un tyran, ÔC des qualités
dignes d’un roi ; mais ces qualités, quelque grandes
qu elfes aient été, ne feront jamais oublier qu’il fut
I affaffin de fon fils. (Z . C. )
LÉPIDUS, ( Hifi. Rom.) voyez T riumvirat.
L" PREUX , EU SE, ad. Ôc f. ( Hijl. ) On traitoit
■ tBiCiennemeut les lépreux avec beaucoup de rigueur.
Le curé avec fon clergé âlloit en proceffion à la mai-
fon du malade qui l’attendoit à la porte, couvert
d’un voile noir ou d’une nape ; h b dre doit avoir
Ton vifoge cotfyert 6c embranché comme jour de
trénaffé : après quelques prières la proceffîon retour-'
fioxi à i eglife j oc le lépreux fu£Yoï.t le célébrant à
quelque difiance. Il alloit fe placer au milieu d’une1
chapelle ardente, préparée comme à un corps mort;
on chantoit une méfié de requiem , ôc à l’iflue de
l’office on faifoit autour du lépreux des encenfements
6c des afperfions, ÔC on entonnoit le libéra 2 il fbrtoit
pour lors de la chapelle ardente , 6c on le reconduifoic
jufqu’au cimetière , où le prêtre l’exhortoit à la patience.
Enfuite il lui défendoit d’approcher de per-
fbnne, 4e rien toucher de ce qu’il marchandèrent
pour acheter, avant qu’il lui appartînt ; de fe tenir
toujours au-deffous du vent quand quelqu’un lui
parleroit ; de fonner fa tartevelle quand il demandera
l’aumône ; de ne point fortir de fa borde fans
être vêtu de la houfle ; de ne boire en aucune fon*
taine ou ruiffeau, qu’en celui qui efl devant la borde,
d’avoir devant une écuelle fichée fur un droit bâton ;
de ne paffer pont ni planches fans gants ; de ne point
fortir au loin fans congé ou licence du curé 6c de
l’official. « Je te défends, ajoutoit le prêtre, que tu
» n’habites à autre femme qu’à la tienne ». Enfuite il
prenoit une pele de la terre du cimetiere par trois
fois 6c la lui mettoit for la tête, en difant ; « C ’eft
>» figne que tu es mort quant au monde, 6c pour
» ce aies patience en toi ». Ephem. Troyen.an, 1760,
pag. 113. ( C.)
LÉPROSERIE , C £ {H ifi.) MALADHERIE,
mais ce terme ne fe foutient plus que dans le ftyle
du palais, dans les aéles ôc dans les titres, pour figni-
fier une maladrerie en général. En effet, il ne sTap-
pliquoit autrefois qu’aux feuîs h< pitaux $ deflinés pour
les lépreux. Matthieu Paris compto t dix-neuf mille
de ces hôpitaux dans la chrétienté, 6c cela pouvoit
bien être , puifque Louis VIII. dans fon teflament
fait en 122^ , légué cent fols, qui reviennent à environ
84 livres d’aujourd’hui , à chacune des deiuc
mille.léprofériés de fon royaume.
La maladie pour laquelle on fit bâtir ce nombre
prodigieux d’hôpitaux , a toujours eu , comme la
pefte , fon fiège principal en Egypte, d’où elle paffa
chez les Juifs , qui tirèrent des Egyptiens les mêmes
pratiques pour s’ en préferver ; mais nous n’avons pas
eu l’avantage d’en être inftruits.
Il paroît que Moïfe ne preferit point de remedes
naturels pour guérir la lepre , il renvoie les malades
entre Ls mains des prêtres ; 6c d’ailleurs il caraélé-
rife affez bien la maladie, mais non pas avec l’exactitude
d’Arétée parmi les Grecs, liv. IV. chap. xiïj.
ÔC de Celle parmi les Romains, liv, 111. chap. xxv.
Profper Alpin remarque que dans fon tems , c’eff
à-dire , fur la fin du feizieme fiècle, la lèpre étoit
encore commune en Egypte. Nos voyageurs modernes
, Ôc en particulier Maundrel, dilent qu’en
Orient 6c dans la Paleftine , ce mal attaque principalement
les jambes, qui deviennent enflées, écail-
leufes 6c ulcereufes,
Le D. ToWnes a obfervé qu’une pareille lèpre
fegne parmi les efclaves en Nigritie ; l’enflure de
leurs jambes , 6c les écailles qui les couvrent vont
toujours en augmentant ; & quoique ceftê écorce
éeaiikufe paroiue dure &. mfenfibie, cependant, poux;
* eu W o n en effleure la furface avec la lancette ,
(1 fang en fort librement. On a tenté jufqu a ce jour
fous fuccès la cure de ce mal éléphantiatique.^
L’hiffoire raconte que les foldats de Pompée revenant
de Syrie , rapportèrent pour la première fois
en Italie , une maladie affez femblable à la lèpre
même. Aucun réglement fait alors pour en arrêter
les progrès, n’eft parvenu jufqu’à nous ; mais il y
a beaucoup d’apparence qu’on fit des réglements
utiles, puifque ce mal fut- fufperidu jufqu’au temps
des Lombards.
Rotharis qui les gouvernoit avec tant de gloire
au milieu du feptième fiècle , ayant ete inftruit de
Pétendue ÔC des ravages dé cette maladie, trouva
le moyen le plus *propre d’y couper court. Il ne fe
contenta pas de reléguer les malades dans un endroit
particulier, il ordonna de plus, que tout lepreüx
diaffié de fa maifon, ne pourrait difppfer de fes
biens, parce que du moment quil avoit ete mis hois
de fa maifon, il étoit cenfé mort. C ’eft ainfi que
pour empêcher toute communication avec les lépreux,
fa loi les rendit incapables des effets civils.
Je penfe avec M. de Montefquieu , que ce mal
reprit naiffance pour la feconde fois en Italie , par
les conquêtes des empereurs Grecs, dans les armées
defquels il y avoit des milices de la Paleftine 6c de
l’Egypte. Quoi qu’il en foit, les progrès en furent
arrêtés jufqu’au temps malheureux des croifedes ,
qui répandirent la lèpre, non pas dans un feul coin
de l’Europe , mais dans tous les pays qui la compofent,
& pour lors , on établit par-tout des léproferies.
A ’rnfi les chrétiens après avoir élevé de nouveaux
royaumes de courte durée, dépeuplé le monde ,
ravagé la terre , commis tant de crimes, de grandes
6c d’infâmes aélions, ne rapportèrent enfin que la
lèpre pour fruit de leurs entreprifes. Cette cruelle
maladie dura long-temps par fon étendue dans le
corps du petit peuple, par le' manque de connoif-
fance dans la manière de la traiter , par le peu d’ufàge
du linge , Ôc par la pauvreté des pays, ou pour
mieux dire , leur extrême mifère , car les léproferies
manquoient de tout ; 6c ces cliquettes ou barils qu’on
faifoit porter aux lépreux pour les diftinguer, n’étoient
pas un remède pour les guérir D. J.)
LERI, ( Jean de ) ( Hiß. Litt. mod. ) miniftre Pro-
teftant, né en Bourgogne, fut en 15 56, de la colonie
que Charles Durand de Villegagnon , vice-amiral de
Bretagne , conduifoit au Bréfil fous la proteéfion de
l'amiral de Coligny ; on a de lui une relation inté-
feffante de ce voyage Ôc qui a été louée par M. de
Thou ; au retour du Bréfil, il avoit effuyé une t m-
pête violente Ôc à la fuite une famine épouvantable ;
cet homme étoit dévoué aux horreurs de la famine
& fait pour les décrire. Il étoit aufli enfermé dans
la ville de Sancerre, lorfqu’elle effuya en 1573 ce
trop fameux fiège, où la famine fut telle, qu’une mère y mangea fon fils Ce mot difpenfe de la décrire. On
a de Jean de Leri, un journal curieux de ce fiège.
J*eri mourut à Berne, en 16h .
LÉRIGET, ( voyez Faye. )
LERME , ( François de Roxas de Sandôval ,
duc de ) ( Hiß. d*Efp. ) premier miniftre de Philippe
IIl roi d’Efpagne, haï comme tous les miniftres
qui gouvernent fous un roi foible, fut difgracié en
1618 , ayant été accufé faufTement, félon l’opinion
la plus commune , d’avoir fait emnoifbnner par
Rodrigue Caldéron, fon confident 6c fa créature , la
reine Marguerite d’Autriche , femme de Philippe III.
morte en 1611. Caldéron eut cependant la tête
tranchée en 1621 ; mais comme le pape Paul V
avoit fait le duc de Lerme cardinal, afin qu’il favo-
rifat l’établiffement de l’inquifition dans le royaume
de Naples, le roi d’Efpague, par refpeél pour cette
dignité , ne voulut pas qu’on examinât la conduite
du duc de Lerme, relativement à cette accufation de
poifbn, égard équivoque 6c malheureux qui ne fauve
que le coupable 6c qui prive l’innocent de l’avantage
de manifefter fon innocence & de diflîper les foupçons.
Un des plus grands ennemis du duc de Lerme, étoit
le duc d’Uzéaa fon fils, qui fut fon fucceffeur dans
le miniftère, mais dont la faveur finit avec la vie de
Philippe III fon maître, en 1621. Philippe IV , regardant
fans doute le duc de Lerme comme coupable ,
le dépouilla d’une grande partie de fes biens ; le duc
Cardinal, mourut en 1625, il étoit trois fois grand
d’Efpagne, par fon duché de Lerme, par fon mar-
quifat de Dénia, 6c par le comté de Santa Gadea.
Marie-Anne de Sandovat fà fille, ÔC feeur du duc
d’Uzéda , porta dans la maifon de Cardonne, par fon
mariage avec Louis Raimond Flock, duc de Cordonne,
les biens 6c les grandeflcs de fa maifon, 6c la charge
de grand-fénéchai de Caftille.
LESBONAX, ( Hifl.anc. ) philofophe de Mitylène
au premier fiècle de l’ere chrétienne , fut difcipfe d’un
autre philofophe nommé Timocrate, diftingué par fa
doctrine auftère que Lefbonax fut adoucir. Ce qui lui
réuffit fi bien 6c le rendit fi agréable à fa patrie ,_
qu die fit frapper une médaille en fon honneur. Cette
médaille, échappée long-temps aux recherches des
antiquaires, a été recouvrée de nos jours par M. C ary ,
de l’académie de Marfeille , qui l’a fait connoître par
une difTertation publiée en 1744 On avoit de Lef»
bonax plufieurs ouvrages, mais ils ne nous font point
parvenus ; on lui en attribue quelques-uns d’exiftants ,
mais ils font de peu d’importance. Ce font deux
harangues qui fe trouvent dans le recueil des anciens
-orateurs d’Alde ; c’eft un traité des figures de grammaire
, imprimé avec le traité d’Ammomus , de la
différence des fons, ÔC avec d’autres anciens grammairiens.
Potamon, fils de Lesbonax, fut un des plus
célèbres o/ateurs de Mitylène.
LF SC AILLE, ( Jacques ) ( Hiß. Litt. mod. ) poète
ÔC imprimeur Holländers, natif de Genève, mort en
1677. il avoit reçu de l’empereur Léopold, la couronne
poétique en 1663.
Catherine Lefcaille , fà fille, fut fumommée la fapho
HoUandüiJe, £* la dixième mufe, On a d’elle quelque^