
rent redoutable Si plus agréable; que lui aux grands ,
dans la perfonne d’Othon , feigneur auftrafién ; il le fit
aflaffiner.
Sigebert, roi d’Auftrafie, laiffa un fils prefque au
berceau , nommé Dagobert II. Il en donna la tutelle à
fbn maire Grimoald; celui-ci voulut mettre la royauté
dans fà maifon ; il n’ofà pas prendre pour lui la couronne
d’Auftrafie, mais il crut pouvoir la , mettre fur
la tête de Chîldebert fon fils, en publiant qu’il avoit
ete adopté par Sigcbert. Comment concevoir cependant
que Sigebert, au préjudice de fbn fils , eût appellé
au trône, un étranger à la race de Clovis ? L’invrai-
femblance de cette ciiimérique adoption n’arrêta point
-.Grimoald ; Si quand il crut avoir tout préparé, il fit
tond.e Dagobert I I , par un autre traître, nommé
D;don , évêque de Poitiers, & le fit tranfporter .en
:Irlande , 011'cet enfant fut long-temps oublié. En même
temps, il répandit le bruit que Dagobert Ilétoit mort,
Si il fit proclamer fbn propre fils Childebert-, comme
ayant été adopté par Sigebert. ^Quelques auteurs prétendent
même que Grimoald, pour aflurer l’exécution
defon projet, avoit empoifbnné Sigebert, & fa conduite
.ne démentit point ce fbupçôn.
Quoi qu’il en fbit , Grimoald ne recueillit point le
fruit de fbn crime : les Auftrafiens foulevés , le' firent
.prifonnier avec fbn fils, & les envoyèrent l’un & l’autre
a Clovis, roi de Neuftrie, frère de Sigebert 1 depuis -
ce temps ( 653 ) , ils ne reparurent plus.
Un autre Grimoald étoit fils de Pépin de Hériftal &
dePleélrude ; il fut affaffiné dans une églife en 714', par
un homme nommé Rangaire , fans qu’on ait jamais fçu
à quelle occafion.
Il y a aufîi un Grimoald , roi des Lombards ,
ufurpateur célèbre , qui a exercé, quoique fans fuccès,
le génie de Corneille dans Pertharite; & ee Grimoald,
mort en 6 7 1 , fit alliance peu de temps auparavant,
avec ce même Dagobert I I , que Grimoald, fils de
Pépin le vieux, avoit fait tranfporter en Irlande,. Si
revint dans la fuite en France , où il régna fur une
partie de l’Auflrafi^. |
GRIS , ( Jacques le ) ( Hifl. de Fr, ) L’hiftoire'
trop certaine du fameux duel de le Gris &,de Carrouge
en 1386, offre dans fes circonftances des difficultés
que quelques auteurs pâroifTent avoir voulu éluder , &
que la pîûpart femblent n’avoir pas apperçues. La
femme de Carrouge accufe le Gris de lui avoir fait
violence ; Carrouge & le Gris combattent ; le Gris
focccmle, il eft pendu. Un malfaiteur arrêté quelque
temps après pour d’autres crimes , avoue celui-la. On
ne peut cependant pre%e pas douter de la bonne foi
de la femme : i°. if règne dans fbn accufation Si dans
toutes les circonftances dont elle l’accompagne, un ton
de naïveté perfuafif. L ’accufâtrice s’expofoit au plus
grand péril ; elle devoit être brûlée , fi Carrouge foccom-
boit. 30. La ferveur même de fes prières pendant le
combat, femble annoncer une ame innocente. Une
calomniatrice auroit-elle ofé demander, à Dieu que fa
calomnie triomphât ? 40. Son défefpoir, lorfdu’elle
reco.inoit qu’elle s’eft trompée, le courage avec lequel
file fè dévoue à une pénitence rigoureufe, otfe renferme
pour le refte de fes jours dans une cellule murée; touf
lemble dépofer en faveur de fa fincérité.
Mais d’tin autre côté, comment pouvoit-elle avoir
été fincère l II paroît que le faux le .Gris avoit f été
long-temps avec elle avant de demander à être conduit
au donjon, où il avoit exercé fa violence ; il avoit
enfuite fait des déclarations Si des ipftances , il avoit
prie, il' avoit menacé, il avoir épuifé tous les moyens
de feduélion avant de recourir à la force : y avoit-il
. donc entre le vrai Si le faux - le Gris, une reffemblance
affez parfaite Si allez univerfelle.,, pour que la-dame
de Carrouge pût les confondre,. malgré tant doccaftons
de les diftinguer ? Et fi cette reffemblance exiftoit, les
hiftoriens n’en auroient-ils pas.fait mention l
M. Duclosdat iS'ûn mémoire fiir. les épreuves ou ju-
gementS: de D ieu,- inséré dans le recueil de l’académie
des infcriptions Si belles-lettres, femble lever ces difficultés
d’un feul mot ; il dit que la dame de Carrouge fut
violée par un homme mafqué ; mais peut-être -prend-il
" fur lui de le dire ,. & d’ailleurs ce n’e-ft que changer
de difficultés ; car il paroît impoflible de concilier ce
fait avec certaines circonftances de cette aventure : par
r exemple,. avec le bon accueil que la dame de Carrouge
fait d’abord à c:t homme, avec la complaifance qu’elle a
de le conduire feule au donjon,. avec l’accufation même'
qu’ellç intente centre le Gris nommément Si fans jamais
montrer le moindre doute fur la perfonne , acc-ufation
qu’elle renouvelle Si qu’elle foutient au moment du
combat, à la. vue du'peril, Si lorfque fon mari, tandis
qu’il en. eft temps encore , lui offre une occafion de fe
retraéîer , ou du moins.de modifier fon accufàtion.
Quoi l la. dame de Carrouge n’a pas vu. le coupable au
vifage, & elle affûre que eeft le Grisÿ Si for cette
affûrance, elle exp.ofe fbn mari à être pendu , elle s’ex-
pofe elle-même à être brûlée '. Telles font les difficultés
que préfènte cette aventure; on ne peut pas peut-être
les réfoudre, mais il ne faut pas les diffimuler.
GRIVE, ( Jean de la ) diifl. Litt. mod) l’abbé de la
Grive f géographe dé la ville de Paris, mort en 1757*
On a de foi un Plan de Paris ; les Environs de Paris j
le Plan de Ver failles ; les Jardins de Marly ; le Terrier
du. Domaine du Roi aux environs de Paris , un Manuel
de Trigonométrie fphérique► .
G R o
GRONOVIUS, ( Jean-Frédéric Si Jacques) ( FUJI.
Litt. mod. ) père Si fils, ont donné de fçavantes éditions
de plufieurs auteurs latins, Si le fils, de quelques
auteurs, grecs. Le fils eft le. plus célèbre , for-tout
par fbn Thefiurus antiquitatum Grcecarum. Il avoit
toute la rudefïe d’un fçavant. On lui appliquoit ce
paflage de Sénéque, pour exprimer fon incompatibilité,
Si le .caprice & I’injuftxe de la. plupart, de fes
jugements : hic Jibi indulget , ex libidine judicat 3 6*
audire non vult & eripi judiciùm fuum , eiiamfi pravuni
ejl, non finit. Le père mourut en 1672 , le fils en 1716*
Tous deux étoient profeffeurs de belles-lettres àLevde.
GROS TOURNOIS, {Hjfi. desmonn.) ancienne
.'monnoie de France en argent, qui fut d’abord faite à
bordure de fleurs-de-lis.
Les gros tournois fuccédèrent aux fous d’argent ; ils
font quelquefois nommés gros deniers d'aigcnt 3 gros
deniers blancs 3 Si même Jous d'argent ; il n tft rien de fi
célèbre que cette monnoie depuis Saint Louis jufqua Phi-
lippe-de-Valois, dans les titres Si dans les auteu;s anciens,
où tantôt elle eft appellée argentcus Turonenfis 3
tantôt denarius greffus 3 Si fbuvent groffus Turonenfis.
Le nom de gros fut donné à cette, efpèce, parce qu’elle
etoit alors la plus greffe monnoie d’argent qu’il y eût en
France, Si on 1 appella tournois, parce qu’elle étoit
fabriquée à Tours, comme le marque la légende de
Turonus civis pour Turonus civitas.
Quoique Philippe d’Alface, comte de Flandres,
qui foccéda à fon père en 1185 , eût fait fabriquer avant
Saint Louis des gros d’argent avec la bordure de fleurs-
de-lis, Saint Louis paffe pour l’auteur des gros tournois
de France avec pareille bordure ; c’eft pourquoi» dans
toutes les ordonnances de Philippe-le-Ed & de fes foc-,
cefieurs,, où il eft parlé de gros tournois, on commence
toujours par ceux de Saint Louis : cette monnoie de fon-
temps étoit à onze deniers douze grains de loi-, & pe-
foit un gros fept- grains ~~ : il y en avoir par conféquent
cinquante-huit dans un marc. Chaque gros tournois ya-
loit douze deniers tournois ; de forte qu’en ce temps-là
le gros tournois étoit le fou tournois, il ne faut - pourtant
pas confondre ces deux efpèces ; la dernière a été invariable
Si vaut encore douze deniers, au lieu que le gros
tournois a . fbuvent changé de prix.
Remarquez d’abord, fi vous le jugez à propos, la
différence de l’argent de nos jours à celui du temps de.
Saint Louis; alors le marc d’argent valoit 54 fous 7
deniers, il vaut aujourd’hui 52 livres, ainii le gros
tournois de Saint Louis , qui valoit 12 deniers tournois,
yaudroit environ 18 fols de notre monnoie aéfoelle.
Remarquez encore que les gros tournois, qui du temps
de Saint Louis étoient à 11 deniers 12 grains de loi,
ne diminuèrent jamais de ce côté-là ; qu’au contraire ils
furent quelquefois d’argent fin, comme fous Philippe
de Valois, & fbuvent fous fes fiicceffeurs , à 11
deniers , 15 , 16 , 17 grains : mais il n’en fut pas de
même pour le poids Si pour la valeur.; car depuis
1343 fous Philippe de Valois, leur poids diminua toii^"
jours, Si au contraire leur valeur augmenta; ce qui
montre que depuis Saint Louis jufqu a Louis X I , la
bonté de la monnoie a toujours diminué, puifqu’un gros
tournois d’argent de même loi, qui pefoit fous Louis XI
3’ deniers 7 grains , ne valoit fous Saint Louis que 12
deniers tournois, Si que cemême gmr fous Louis XI ne
pefantquç 2 deniers 18 grains & duni, valoit 3 4 deniers.
En un mot, obfervez que le nom de gros s’eft appliqué
à diverfes autres monnoies qu’il faut bien d.ftinguër des
gros tournois : ainfi l’on nomma les teftons grofii capitc-
ncs ; les gros de Nefle ounégelleufes, étoient des pièces
de fïx blancs. Les gros de Lorraine étoient des caro-
îus, &c. mais ce qu’on nomma petits tournois d'argent
etoit une petite monnoie qui valoit la moitié du petit
tournois : on les appelloit autrement tfiailles ou oboles
d argent, Si quelquefois mailles eu oboles blanches.
M. le Blanc, dans fbn Traité des Monnoies , vous
donnera les reprélentations des grós tournois pendant
tout le temps quMs ont eu cours. Au refte, cette monnoie
eut différents fornoms félon les différentes figures
dont elle étoit marquée ; on les appella-gros à la bordure
de lis 3 gros à la flcur-de-lis 3 gros royaux, gros à
? O 3 gros à la queue 3 parce que la croix qui s’y voyoit
avoit une queue; gros à la couronne, parce qu’ils
avoient ur.e couronne, <5v. ( D . J. ). -
Gros ou G roat , ( Hifi. Mon. ) en Angleterre fi«
gnifie une monnoie de compte valant quatre feus.
! Les autres nations, feavoir les Hollandois, Polonois ,
Saxons, Bohémiens, François , &c. ont aufîi leui's gros.
Voye^ Monnoie , Coin ,’ &c.
Du temps des Saxons, il n’y avoit peint de plus
forte monnoie en Angleterre que le fou , ni même depuis
la conquête qu’en firent les Normands jufqu’au règne
d’Edouard III, qui en 13 30 fit fabriquer des y os, c’eft-
- Jlïre, de groffes p.èces, ayant cours pour quatre deniers
piece : la monnoie refta for ce pied-là jufqu’au lègne
d’Henri V I I I , qui en 1504 fit fabriquer Us premiers
fchêlings.
Gros , eft aufîi une monnoie étrangère cui répond
au gros d’Angleterre. En Hollande & en Flandre on
compte par livres de gros , valant fix florins. Voycr
Livres. Chambers. (G.).
G R O T I U S , (Hugues) {Hifi. Litt. mod. ) ^Ce
fçavant &. fàge hollandois , ami du fameux Barneveldt
& favorable comme lai au parti des Arminiei-s, parce
que c’étoit le plus modéré , fut enveloppé dans la
djfgrace de Barneveldt; celui-ci eut la tête tranchée ,
oi par le même arrêt Grotius fut condamné à une
prifon perpétuelle, & en conféquence enfermé.dans le
château de Louveftein, d’où il fefauvaen 1621 , par
l’adreffe de Marie Regesberg fà femme , qui, fous
prétexte de lui envoyer des livres , lui fit parvenir un
grand coffre , dans lequel on l’emporta hors de fa
prifon. Il vint en France, où il compcfà fbn fameux
Traite de la Guerre & de; la Paix y mais comme il ne
flattoit pas le cardinal de Richelieu, il en fut négligé :
il éprouva même des dégoûts qui l’obligerent de quitter
la France ; il y revint avec le caractère d’ambaiTadeur
que lui donna la reine de Suède, Chriftine, C ’eft un
problème parmi les fçavants, fi Grotius eft mort pre-
teftant ou Catholique. Le P. Petau , après la mort de
Grotius, difoit la meffe pour lui. Outre le traité de Jure
belli’ & pacis, traduit par Barbeyrac, on a de Grotius
un traité prefque auffi connu , de la vérité de la R. ligion
Chrétienne . traduit par M. l’abbé Goujet, & que Saint-
Evremont appelloit le Vade mecum des chrétiens ; des
OEuvres théologiques ; des Poèfies ; de imperio fummarum
potefiatum circà facra 3 ouvrage traduit en françois,
fous ; ce. titre : Traité du pouvoir du Magifirat politique
fur les chofcs, facrées j Annales & hifioria de ni us Del«
gicis 3 ab obitü regis Philippi, ufque ad inducias anni
lóóp ; de antiquitate reipublicet Batavica ; Hifiori i
Gothorum; Si une multitude d’autres ouvrages. Tous
ces fruits de L’érudition & d’un grand fens , il n’a pas
tenu à l’intolérance qu’ils n’ayent é.é féchés dans leur
fleur ; c’eft a quoi l’intolérance fera toujours bonne.