cl Robert, Ton père ; Ta mère prétendoit couronner
R ert, fon frei e puîné: c’étoit un fantôme qu’elle
au it voulu préfenter à la nation, pour envahir elle—
mêu.e toute l’autorité.-Eudes, comte de Champagne ,
&. faudouin, comte de Flandres, .le liguèrent avec
cette princeffe ; mais Henri, fécondé par Robert-le-
Diable, duc de Normandie, remporta trois victoires
fur les rebelles ; dès qu’ils eurent mis bas les armes ,
tout fut oublié : Henri céda le duché de Bourgogne à
ce même Robert qui avoit voulu lui ravir la couronne ;
6c telle eft la tige des ducs de Bourgogne, de la première
race. En 1040 , Henri fut contraint de raffem-
bler lés forces pour dilîiper une nouvelle révolte; il
en triompha : il fut tour à tour l’allié 6c l’ennemi de ce
Guillaume - le - Conquérant , qui fut, comme tous lés
femblables, l’admiration 6c le fléau du genre humain.
Hemi mourut eri 1060 ; par refpeét pour les cérémonies
religieufés, il avoit défendu de lé battre en
duel pendant quelques jours de la lémaine ; par ref-
peél pour l’humanité, ilauroit dû prcfcrirèT aufli cet
ufage atroce pendant les autres jours. ( M. de Sac y.')
Henri I I , (Hiß. de France) étoit âgé de vingt-
neuf ans lorfqu’il lùccéda , en 154 7, à François I r fon
père. La bravoure, la franchife le rendoient recommandable'
; mais il ne fcavoit ni gouverner , ni choifir
des hommes pour gouverner à fa place. Dans les
camps, il n’étoir que foldat ; à la cour , îb n’étoit
qu’efclave : tandis que le connétable de Montmorency ,
les Guilès, & le maréchal fle Saint-André s’emparoient
de lonelprit, la dücheflé de Valentmols s’emparoit de
fon coeur ; elle avoit quarante-fept ans ; ce qui prouve
allez que l’empire des grâces eft plus durable que celui
de la beauté. Si les calviniftes. avoient fçu captiver les
premiers Henri / /, il eûtperfécuté les catholiques ; mais
ceux-ci les avoient prévenus, & les hérétiques furent
perlëcutés. On dreffa des gibets de toutes parts, & on
chargea des bourreaux de la converfton de ces malheureux
, en attendant qu’on confiât le même emploi
à des aflaflins. La gabelle excita de nouveaux troubles
en Guyenne ; 6c on traita les rebelles comme les-hérétiques.
Ainli , les premières années de ce règne furent
marquées par des meurtres , préludes des maffacres
horribles dont la France devoit être le théâtre fous
Charles IX. Les cantons de Zurich 6c de Berne, indignés
de ces violences , refluèrent de figner l’alliance
renouvellée entre la France ôc les Suiflés. Henri I I
s’empara, du marquifatde Saluces, comme fief relevant
du Dauphiné. Cette révolution n’excita point de troubles
alors, l’Europe étoit occupée de plus grands objets.
La guerre étoit déclarée entre la France & l’Angleterre.
Les François, perdirent Boulogne ; mais la paix
fignéé en 1550 , le leur rendit. Henri attaché à des
foins plus pacifiques , renouvella les fages ordonnances
«le. Charles VIII ôc de Louis X I I , par lelquelles c:s
princes établifloient dans la robe une difeipline févère.
Les gens du roi, à certains jours , reprochoient aux
magiftrats les fautes qu’ils avoient pu commettre contre
la fainteté de leurs fondions, & tellë eft l’origine des
mercuriales. La paix ne lut pas de longue durée ; la
guerre fe ralluma bientôt en Italie, entre la France ôc
l’Empire ; il s’aglffoit des duchés de Parme & de Plai-
fance. Henri I I , ou plus fage , ou mieux confeillé
que fes prédécefîèurs, tandis que l’empereur epuifoitfes
forces en Italie , s’emparoit du pays des T rois Evêchés :
il étoit entré dans la ligue formée pour la défenlè du
corps germanique : mais bientôt fes alliés l’abandonnèrent
; Charles-Quint pénétra jufqu’à Metz , la fortune
de fes armes échoua devant cette place ; il s’en
vengea fur Thérouanne, fit rafer cette ville ôc la punit I
des fautes qu’il avoit faites au fiège de Metz. On ne I
fçait comment allier tant de petitefle avec tant cle
randeur d’ame. Le maréchal de Briflac foutenoitau- I
elà des monts, l’honneur du nom François ; aban-
donné de la cour, enveloppé par les Impériaux, il I
faifoit des prodiges avec de foibles moyens. Dans le I
même temps , de Termes foumettoit une partie de
ces Corfes, fi jaloux de leur liberté, qu’ils ont dé- I
fendue fuccefîivement contre les Romains, les Cart'na- I
ginois, les Sarrafins, les Génois ôc les François. Henri
s’avançoit en perlbnne vers les Pays-Bas, par-tout il
laifla des traces de la fureur ;-ôc ces provinces défolées
par les deux partis , maudirent également ôc ceux qui
les attaquoient ôc ceux qui les défendoient.
On fit le fiège de Renty pour attirer les ennemis au
combat; on y réuflit : le. duc de Guife dilpofa tout I
avec lageffe, ôc le roi combattit avec intrépidité ; ce I
prince brûloit de fe mefùrcr avec l’empereur, & de
triompher par fes armes de ce monarque qui avoit I
triomphé de lui par fa politique ; il le cherchoit des I
yeux, il l’appelloit des geft.s ôc de la voix ; Charles-
Quint, ou méprifa la gloire d’un combat fingulier , ou I
en craignit l’iffue : peu de temps après c:t empereur I
abdiqua pour goûter un nouveau genre de gloire. I
Quelques mois avant cette démarche, dont il le re- I
pentit le lendemain, il avoit conclu , à Vaucellts, une I
treve de cinq ans avec Henri I I ; mais bientôt la
guerre fe rallume tfvec l’Angleterre ; d’un autre côté,
Emmauuel-Philbert, duc de Savoie, inveftit Saint- I
Quentin, les François marchent au fecour^le c .tte I
place , la bataille fe donne , ils font vaincus, ôc leurs I
généraux font faits prifonniers. Henri I I frappé de
terreur , incapable par lui même de réparer un fi grand I
défaftre, nomme le duc de Guife lieutenant-général du
royaume : celui-ci enlève aux Angloisla ville de Calais,
dont ils étoient maîtres depuis qti’Edouard III y étoit entré I
après ce fiège fi fameux. Le duc chaffa les Anglois de
toute la France, & depuis cette époque ils abandonnèrent
leurs vaines prétentions fur quelques - unes de
nos provinces. Le mariage de François ôc de Marie
Stuart, donna au dauphin des droits fur l’Ecofîe; &
comme fi on eût voulu rendre aux Anglois ulirrpation
pour ufurpation, ce prince , aux titres de roi d’Ecoffe ,
ajouta celui de roi d’Angleterre & d’Irlande, comme
autrefois les fouverains d’Angleterre prétendoient l’être
de la-France. Enfin la paix fe fit à Cateau-Cambrefis en
1559; paix honteufe & funefte, où quelques particuliers
lacrifièrent l’intérêt de l’état à l’intérêt peifonnel.
Le roi ne devoit avoir Calais en fa puifiance que pendant
huit ans ; la Breffe ôc toutes les conquêtes d’Italie
furent rendues au duç fie Savoie Henri ne çonferva
trae TouV, Metz & Verdun: le maréchal de Viellle-
yjjle ofa' faire au roi des remontrances affez yigou-
reuts contre un traité fi ignominieux. « Je fens toute
„ la fageffe de. vos confeils, dit le ro t, mais je fuis
k trop avancé pour reculer ; au refte, fi le duc de
„ Savoie fe fait de mes bienfaits des armes contre
„ moi-même , je fçais comme On punit des ingrats».
On conclut le mariage d’Ifabelle , fille du r o i, avec
Philippe I I , roi d’Elpagne, & de fa foeur Marguerite
avec le duc de Savoie ; cette double alliance donna
U.u à cette fête fatale où Henri I I voulant rompre
line lance avec le comte de Montgommery , fut bielle
mortellement : il expira le io juillet 1559. Henri
étoit né doux , humain , équitable ; fès favoris , ou
plutôt fes maîtres, le rendirent cruel en fouillant le
fànatifme dans fon ame ; il donna, ou plutôt les Gutles
ltii diélèrent le fanguinaire édit qui condamnoit tous
las hérétiques à mort, & portoit des peines feveres
contre tous les juges qui, par humanité , oferoient
«Técarter de la rigueur de l’ordonnance. Cinq confeillers,
au parlement perdirent leur liberté pour avoir voulu
la rëndre à un luthérien. ( M. de Sac y. )
■ Henri I I I , roi de France & de Pologne ; tant qu il
fût duc d’Anjou, il ne fit rien d’indigne de fon rang,
l a France étoit alors déchirée des troubles les: plus: :
funeftes : les catholiques & les proteftants fe faifoient
la guerre la plus cruelle. Le peuple defendoit la religion
, les grands leurs intérêts. Au milieu-de ces divi-
fions, Henri fût nonimé lieutenant-général du royaume
en 1567 ; il eut la gloire de vaincre deux fois le •
célèbre Coligny. Il commandoit au fiège de la Ro-
chêlle en 1573 , lorfqu’il apprit qu’il venoit d’etre élu
roi de Pologne , prefque fans intrigue : un nain , éloquent
& adroit,' avoit réuni les fuffrages en fa faveur.
Avant de partir, il demanda au parlement des lettres
de naturalité ; précaution fage qui lui confervoit
fes droits fur la couronne de France ; il ne fit rien
de mémorable erî Pologne ; ôc lorfqu’en 1 5,74 > y
apprit la mort de Charles IX fon frère, fl craignit
que le Sénat ne s’opposât à fon départ ; il s’échappa
comme un prifonnier fe fèroit évadé de fon cachot :
on le déclara déchu du trône, ôc il parut s en inquiéter
peu. Le trône où il montoit le dédommageoit affez
de celui dont il étoit, defeendu. Etienne Battori lui
füccéda.
FIcnri I I I ne trouva pas en France la paix qu’il avoit
laiflee en Pologne ; les deux partis fe heurtoient avec
plus de violence que jamais ; fon retour fut marque
par le fupplice du comte de Montgommery qui eut
la tête tranchée, /parce qu’il avoit ete pris les armes
à là main , contre les rovaliftes. Catherine de Medicis
d’à'Heurs, n étoit pas fâchée de paroître venger la
mort de fon époux, tué dans un tournoi p^r ce fei-
gnëur. Montbrun, chef des huguenots en Dauphine ;
eut le même fort peu de temps après. Le prince de
Condé, fils de celui qui avoit été tué à Jarnac, ÔC le
maréchal d’Anville éroient à la tête des huguenots ;
Henri, roi de Navarre, échappe de fa prifon, vint
bientôt fe joindre à eux. Cette faéflon parut trop
puifiante ; on fit la paix, & on lui aççorda. des çondifions
aufli favorables que fi e1le les eût diélées elle-
même : l’article eflentiel étoit le libre exercice de la
religion prétendue réformée. Henri , peu occupe de
ces grands objets, donnoit à la France indignée, le
fpeélacle ridicule de fes fuperftitions, 6c croyo.'t efface^,
la honte de fes débauches par des procemons. Nouvelle
guerre, & nouvelle paix en 1577. On ne fignoit
des traités que pour fe donner le temps de refpirer &. de
raffembler fes forces. Henri inftitua l’ordre du Saint-
Efprit en mémoire de ce que le jour de la Pentecôte
avoit été l’époque de fes'deux avènements à la couronne
de Pologne & à celle de France ; fi la caufe -
de cette inftitutiôiv a été légère , les effets en. ont
été importants , & cet ordre.eft devenu le premier dis
royaume.
La ligue projettée par le cardinal de Lorraine l
fufpendue par la mort de François duc de Guife ,
exécutée par Henri fon fils , avoit pris naiffance en
1576. La guerre continuoit malgré les trêves ; fou-
vent dans, le même jour , un officier fignoit un traite
& commandoit une attaque ; le duc d’Anjou, qui voulait
s’ériger en fouverain dans les Pays-Bas , 6c qui
prétendoit à la main d’Elifabeth, reine d’Angleterre ,
s’effiorçoit de calmer les efprits afin de fuivre fans inquiétude
, les projets de fon ambition 6c ceux de fon
amour ; mais tout échoua, il ne rapporta en France
que la honte d’une entreprife infruéfueufe.
Sa mort , arrivée en 1 5 8 4 , laiffoit le roi Henri de
Navarre, héritier préfomptif de la couronne. C e fut
alors que le duc de Guife fit entendre que la religion
étoit perdu.e en France , fi un prince hérétique montoit
fur le trône, qu’il falloit que la ligue lui portât les coups
les plus terribles, 6c que tout etoit légitime lorfqu’on
vengeoit Dieu ; il travailloit pour lui-même ; Catherine
de Médicis, pour le duc de Lorraine fon petit-
fils ; 6c le cardinal de Bourbon fe laiffoit perfùader
que c’étoit lui qu’on vouloit couronner. Henri I I I
vivoit encore , fon fucceffeur légitime étoit connu , 6c
cepèndant le trône faifoit autant d’envieux que s’il eut
été vacant. Henri I I I favorifoit la ligue , 6c ne fentoit
pas qu’elle lui feroit aufli funefte qu’à fes ennemis.
Sixte-Quint déclaroit le roi de Navarre 6c le prince
de Condé incapables, de fuccéder à la couronne, L e
confeii des feize fe formoit au fein de Paris.
La bataille de Çoutras, où périt le duç de Joyeufe,
le 20 oélobre 1587 , ne changea rien à la fiuiation de
la France. L e duc de Guife entre dans Paris malgré
le ro i, qui eft forcé d’en fortir, après avoir montre,
à 1^ journée des barriçades , toute la foibleffe de fon
parti. L ’édit de réunion fignç à Rouen en 15 8 8 , ne
fit qu’aigrir les efprits ; on fe contint quelque temps,
mais on fe ’tint toujours prêt pour 1: attaque £c pour la
défenfe : au lieu de batailles, on vit des affaffinats, 6c
c’étoit Henri I I I qui les avoit ordonnés. Le due de
Guife , £c le cardinal, de Lorraine , fon frère , furent
égorgés ; le cardinal de Bourbon fut arrête ; Catherine
mourut de fa mort naturelle, fans autre fuppUçe que
fes remords. Cette révolution ne rétablit point faute*»
rite du Roi ; elle donna un prétexte aux ligueurs pour
s’élever contre lui : la Sorbonne déclara le trône vacant^
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