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en Angleterre, & M. l’évêque de Langres, tous fils
de Cefar Antoine de la Luzerne, comte de Beuzeville,
maréchal de camp, & petits fils du chancelier de Lamoignon,
par Marie-Elifabeth de Lamoignon, leur
mère.
LYCAMBE:
Qualis Lycambtz fpretus infido gener.
( Voye^ A rchiloque.)
LYCOPHRON, ( Hijl. Litt. anc. ) poète ôc grammairien
grec , né à Cnalcis dans Pille d’Èubée , aujourd’hui
Négrepont, yivoit environ trois fièçles avant
J. C. Il avoit fait des tragédies ; mais il ne refie
de lui qu’un poème de Cajfandre, fi obfcur , que le
nom de Lycophron efl refié comme le fymbole de
Pobfcurité ; on l’appelloit le ténébreux :
Cachez-vous, Lycophrons, antiques & modernes, ôcc.
Ovide , dans fon poème de l’Ibis, nous apprend
que Lycophron fut tué d’un coup de flèche :
Ut que cothumatum peraiffe Lycopkrùni narrant,
Hcereat in fibris miffa fagitta tuis.
Il y a un autre Lycophron, fils dè ce fage Périandre,
qui fut cependant tyran à Corinthe. S’il méritoit une
punition comme tyran, il la reçut par ce fils , ôc par un
autre qu’il eût encore, nommé Gypfele. Ce dernier étoit
l’aîné. Périandre avoit tué leur mère ; l’hifloire n’explique
pas trop les circonflancés de ce fait. Proclès, leur ayeul
maternel, roi d’Epidaure , après les avoir gardés quelque
temps auprès de lui, obligé de les renvoyer à leur
père, ne leur dit que-ce mot : n &ubüe\ pas par qui a péri
votre mire. Ce trait re fia gravé dans le coeur de Lycophron
, qui ne put jamais voir dans Périandre que le
meurtrier de fa mère. Il ne put fe réfoudre à lui parler ,
& refia toujours enfèveli devant lui dans un morne
filence. Périandre le chafia', & défendit à ’tous les
fujets, fous peine d’amende, de le loger ou de lui
parler. Lycophron reftz quatre jours couché par terre ,
fans boire ni manger. Son père en'eut pitié; il vint
l’exhorter à prendre les fentiments ôcles procédés d’un
fils, ôc lui promit ceux d’un père. Il en reçut cette
feule réponfè : payez T amende,, vous rriave^parlé. Ce
fut là le premier & le dernier mot qu’il .entendit de
fon fils. Périandre .rélégua Lycophron à Corfou,
Ôc ne fongea plus à lui ; mais dans la fuite trouvant
le fardeau de la royauté trop pefant pour fa vieilleffe ,
& voyant Cypféle , fon fils aîné , abfolument incapable
de régner , il crut que le temps auroit changé
Lycophron , il lui .offrit de l’afïbcier à la royauté. Lycophron
ne voülut pas même parler à unmeflàger envoyé
par fon père. Sa foeur vint lui faire la même pro-
pofition.; elle étoit fille de Périandre ; elle n’obtint
rien. Son père ne fe rebuta point ; il continua de
négocier avec lui. Puifque vous ne voulez rien partager
aveè moi, lui dit-il, échangons du moins ; venez
régner à Corinthe, j’irai vous remplacer à Gorfou.
On dit que les habitants de Corfou , -pour .prévenir
cet échange qu’ils craignoient, tuèrent Lycophron. Ce
récit efl d’Hérodote ; & on ne peut fe diffimuler qu’il
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manque en quelques endroits de vraifcmblance, .& en
quelques autres de clarté.
LYCORIS , ( Hifl. Rom. ) célèbre courtifane du
temps d’Augufle , aimée de ce Cornélius; G allus que
Virgile, dans fa dixiéme Eglogue , confole fi tendrement
de ce qu’elle lui préféroit Marc-Antoine, ce
qui étoit alors matière à confolation , 6c nsra pas à
plaifanterie.
Pauca meo G allô , fed qua- légat ipfa Ly cori s,
Carmina funt dicenda , neget quis carmina G allô ?, 1
Galle, quid 3 infanis, inquït, tua cura Lycoris
Perque nives alïum, perqtfé horrida cajira fecuta efl.
Lycoris avoit été comédienne ; fon véritable nom étoit
Cyiheris ; mais le nom fous lequel Virgile l’a chantée ,
étoit celui qui devoir lui refier. Elle apprit à fon tour
à fouffrir des mépris; Gallus, confolé par Virgile, fut
encore vengé par Cléopâtre , pour qui Antoine abandonna
Lycoris ; celle-ci en perdant le coeur de fon
amant, perdit l’empire de la moitié du monde.
LYCOSTHËNES, nom grec que prit un lavant
allemand du feizième fiècle , ( Conrad Wolfhart)
auteur en partie du Tkeatrum vitee humante, achevé.ÔC
publié par Théodore Zwinger fon gendre. On a de
lui encore un recueil d’Apophtegmes ; un traité de
Mulierum preeelaré diélis 6» fhêlis ; un abrégé de la
bibliothèque de Gefner , Ôcc. Né en 1518 , dans la
Haute-Alface, mort miniflre & profeffeur de logique
ôc des langues, à Bâle , en 15 61.
L Y C U R G U E , ÇHif. anc.') Ce légiflateur de
Lacédémone vivoit, je ne fais quand , dit Bayle ; en
effet , la chronologie ftir ce point efl incertaine" &
embrouillée. Son hifloire efl toute remplie d’oracles ,
èe qui tient effentiellement à la fable. Il étoit fils
d’Eunomus, l’un des deux rois qui régnoient enfemble
à Sparte. Son frère aîné n’ayant point laifle d’enfants ,
il fut roi pendant quelque s jours ; mais,dès que la
grofTeffe de fa belle - foeur fut connue , il déclara lui-
même le premier que la royauté appartenoit à l’enfant
qui naîtroit, fi c’étoit un fils ; 6c dès lors il n’admi-
niftra plus que comme tuteur. La veuve , dit-on, lui
propofâ de régner 6c de fépoufer , offrant à ce prix
de faire périr fon fruit. Il diffimula pour ne pas pouffer
une fi méchante femme à quelque réfolution violente ;
il la mena , de prétexte en prétexte, jufqu’au terme de
l’enfantement ; l’enfant naquit , c’étoit un fils, on le
nomma Charilaus. .
Lycurgue ayant formé l.e projet d’une .légiflation
nouvelle , voyagea en Crète, d.ans l’A fie, en Egypte :
Mores hominum multoruin vidât & urbes. .
Il obfsrva il compara 6c fit une légiflation qui ne
reffembloit a aucune autre, mais à laquelle toutes les
autres-avoient concpuru. Il établit un fénat eorapofé de
vingt-îhuit magiftrats , qui. , avec les deux rois, for,-
naoient un confeil de trente. 11 fit un nouveau partage
des terres , décria la monnoie d’or ;6c d’arg.ent^
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unk tout en commun , voulut que les repas fuffent
publics , tout le monde étoit obligé de s’y trouver ,
& les rois n'en étoient pas difpenfés ; il accoutuma
tous les citoyens à une fobriété extrême ; il les accoutuma
auffi au fecret : ’quand un jeune homme entroit
dans la fale , le plus âgé lui diloit, en lui montrant
la porte ; rien de tout ce qui fe dit ic i, ne fort par la .
Le mets qui leur plaifoit le plus étoit ce qu’on appelloit
la fauce noire. Dcnys le tyran fe trouvant à un de ces
repas , voulut goûter de ce mets, 6c le trouva tres-
fade ; c’eff: que l’affaifonnement y manque , lui dit-
on.— Eh I quel efl cet affaifonnement ? — La courfe,
la foeur, la fatigue, la faim ,, la foif. , : , .
Education, entretiens, travaux , plaifirs , tout étoit
public. Le vol étoit permis comme un jeu d adrelie,
comme un moyen de s’exercer aux rufes de guerre ,
6c comme étant fans eonféquence dans un pays ou il
n y avoit prefque point de propriété.. Il paroit qu en
général le grand objet des loix de Lycurgue etoit de
former un peuple de guerriers-, mais non pas de conquérants.
Dans cette république, où une mère recomman-
cfoit à fon fils , partant-peur l’armée , de revenir avec
fon bouclier ou fur fon bouclier ; dans cette république,
où une autre mère , apprenant la mort de fon fils tué
dans une bataille , réponcoit : je ne tavois mis au monde
que pour cela ; où la mère de Paufanias, coupable,
portoit des pierres pour murer la porte de l’âfyle dans
lequel il s’étoit réfugié ; dans cette ville qui chaffoit
de fes murs le poète Archiloque pour quelques maximes
trop indulgentes à l’égard de la lâchete ; dans cette
république , où nul opprobre n’egaloit celui d’avoir
fui à la guerre , où lès. femmes 6c les mères de ceux
qui étoient revenus de la défaite de Leuélres, envioient
les mères ôc les veuves de ceux qui avoient péri, ÔC
n’ofoient paroître devant elles ; où les fcldats qui avoient.
fui, dépouillés des droits du citoyen 6c de l’homme,
étoient obligés de fouffrir toutes, fortes d’outrages 6c
de porter fur leur vifage 6c dans leurs vêtemens des
monumens publics de leur honte ; dans cette république
enfin où trois cents hommes arrêtoient au pas
des Therniopyles l’innombrable armée des Perfes,
ÔC périmaient pour obéir aux faintes loix de Sparte ;
e’efi-ià, c’èft dans cette même république qu’on evi-
toit le crime des conquêtes comme la honte de la.
flûte c’eft-là qu’également éloigné de l’efprit d'avidité
qui préfide aux guerres des peuples barbaresde
l’efprit d’orgueil Ôc de domination qui porte les. grands
çois à la guerre ; du. petit efprit de vengeance qui perpétue
nos funeftes Ôc inutiles guerres , un peuple tout
guerrier ne combattoit jamais que pour la défenfe de
l’état ; voilà pourquoi il ne fuyoit jamais. L’amour
de la patrie augmentoit en intenfité à. proportion du
pou d’cG-due de la patrie. Eh l quel citoyen ne
deviendiüit foldat ! quel foldat ne deviendront invincible,
quand il s’agit de ces intérêts puiffants de la
nature 6c de l’amour ! Le peuple le plus redoutable,
fera toujours celui quifondant, comme lés Sbartiates,
fon bonheur for la vertu , fa füreté for là juflice 6c
la modération, bornera tou ouïs la guerre à. la
défenie, L horreur des conquêtes étoit fi forte chez les
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Lacédémoniens, que dans un pays prefque environné
de la mer, ils refusèrent long-temps d’avoir une marine,
de peur que la cupidité ne naquît avec les
moyens de la facisfaire. Auffi Plutarque nous repic-
fente-t-il les Lacédémoniens comme des miniflres de paix
chez les nations étrangères , portant par-tout l’ordre
avec la concorde , terminant les guerres, appaifànt,
les féditions par leur feule préfence. Les peuples foum s,
dit-il, venoient fe ranger autour d’un ambaffadeur lacédé-
monien , comme les abeilles autour de leur roi. Tel étoit
i’afeendant que le défintéreffement, la modération, la
juflice donnoient à ce peuple vertueux for tous les
autres; peuples , 6c qu’il conferva , felon Plutarque,
pendant plus de fept cents ans , c’eff - à - dire , tant
qu’il fut fidèle aux loix de Lycurgue. Nous parlons
d’après Plutarque ; cependant comme les aélions démentent
quelquefois les principes chez les peuples auffi
bien que chez lés individus , nous aurions peine à
trouver les Lacédémoniens conftamment fidèles à
ce plan de modération 6c de. défintéreffement que
Lycurgue leur ayoit tracé ; nous les trouvons même
fouvent fort tyranniques à l’égard de leurs voifins,,
6c fort injuftes dans leurs guerres, comme on peut le
voir dans Thucydide"; mais le principe de juflice-
Ôc de modération fubfiftoit , ôc l’on y revenoit après
s’en être écarté.
On a fait avec raifori , divers reproches aux loix
de Lycurgue.. La nature a réclamé contre feufage barbare
d’expofer les enfants d’une complexion foible ,.
ÔC qu’on jugeoit devoir être incapables des exercices
de la guerre y contre la dureté avec laquelle on -
éîevoit les enfants confervés ; contre l’inhumanité dont-
on ufoit à l’égard des Ilotes. On a condamné même
une éducation uniquement bornée aux exercices corporels
, Ôc, qui négligeo'.t abfolument la culture de
î’èfprit, une légiflation , qui ne s’occupant que de la
guerre, condamnoit les citoyens pendant la paix, à-
une inaélion abfolue ; enfin , la pudeur ôc la- modefiie
étoient trop ouvertement violées dans les loix qui -
admettoient les femmes aux mêmes exercices. corporels -
que les hommes, ôc. qui permettoient ou ordonnoient
quelles danfaflent toutes nues en public-, auffi bierr
que les hommes. Les moeurs même ôc les loix ks-
pkis facrées du mariage étoient bleffées par quelques-
uns des règlements de Lycurgue.
On dit que Lycurgue, pour affluer fféxécution ' de
fes. loix , fit jurer à fes concitoyens- de les obferver
invioîabîementau moins jufqu’à. fon retour de Del--
phes , où il alloit confolter l’oracle for un dernier objet
le. plus important ôc le‘plus effentiel de tous ; il partit,
alla ou n’alla, point à Delphes ; mais-il ne revint point.
Il fe laiffa , dit-on, mourir de faim, j-ai déjàobfervé
qu’il y „ a pour le moins de la fable mêlée à fon
hifloire; •
Lycurgue l’Orateur - n’éft guère moins" célèbre
dans fon genre. S’il ne fut pas légiflateur d’Athènes
comme l’autre Lycurgue le fut de Lacédémone, il fut :
un exécuteur févère & utile des loix de pclite de fort
pays ; il purgea la ville de tous les malfaiteurs Ôc dè
tous les mauvais citoyens. Sa- fonclion étoit celle dliiv