
profanes , & de quelques poëmes latins. C’étoït un
ïav^nt de diflinéfion. Il aida beaucoup M. Lenfant
ffi'oye^ fon article , dans fonhiftoire du concile de
Bâle, en lui fourniffant des extraits des pièces originales
concernant ce concile, qui fe trouvent à Bâle ; il
en a auffi procuré à la France des copies entières &
très-authentiques , qui font à la bibliothèque du R o i,
& qui compofent un corps de trente-trois vol.in-fol.
C e ft à la prière de M. le chancelier d’Agueffeau, qu’il
rendit à la France ce grand fervice littéraire. L’hifto-
rien de l’Académie des Infcriptions & Belles-Lettres
rapporte dans l’éloge de M. Ifélin, deux faits affez
remarquables.
Le Landgrave de Heffe Pavoit nommé à la chaire
«e Marbourg , quoiqu’étranger, quoique abfent, &
âgé feulement de vingt-trois ans. Avant qu’il arrivât,
ïes profeffeurs de Marbourg, mécontents de cette préférence
donnée à un étranger fur les favants du pays,
«Bayèrent de faire changer le choix du prince ; ils
trouvoient dans la lettre même que M. Ifelin leur avoit
écrite pour fe féliciter d’être leur confrère, des ex-
preffions de la plus mauvaife latinité r ie Landgrave
le contenta de répondre froidement qu’on en jugeroit
«Beux, quand il feroit en plein exercice. If arriva, fut
prefenté au prince, accompagné de ceux qui avoient
taché de le deffervir. Ifelin ne fe doutoit de rien ; le
Landgrave parla beaucoup de l’union qui devoit régner j
entr eux. La converlàtion tourna enfuite fur la langue
wtine ; le Lasdgraye montra quelques fcrupules lur
«es expreffions qui lui éehâppoient, difoit-il, quelquefois
& qu’il ne croyoit pas trop latines.. Ifelin y fans fonger
peut-être qu’il les eût employées, affura qu’elles étoient
tres-latines, & je prouva fur le champ par des pafîàges
de Cicéron, de Tite-Live , de Tacite, tandis qUe
fes accufateurs ' s’entre-regardoient , dit Phrflorien
comme des conjurés qui fe croyoient découverts ; le
Landgrave s’amufà de leur inquiétude , fans en riën-
temoigner, & ce ne hit que long-temps après, qu’il
révéla le fècret de cette convenation à M. Ifelin,
lorfque cette confidence fut devenue fans inconvénient’ .
Il avoit donne une grande & belle leçon non feulement
aux détracteurs jaloux, qui profitent de l’abfenee pour
répandre leur venin, mais encore aux princes & aux
grands qui les écoutent , & qui fe gardent bien de
mettre l’accüfe à portée de fe défendre.
Quant à l’autre fait, l’hiftorien le tenoit de M Je
Marquis de Beretti-Landi, ambafTadeur d’Efpagneen
ouiffe. Ce miniffre avoit demandé au magiftrat de
Bâle la deftitution d’un maître de nofte qu’il accufoit
Q avoir retenu quelques paquets a fon adreffe ; &
trouvant qu’ométoit un peu lent à le fàtisfaire, il fit
enlever la malfe du courier qui venoit de Francfort.
temps de la foire ; tous les commerçants de
- dirent dans la conflemaîion. Les foupçons étant
tombes fur le vrai coupable, ' on lui fit une députation à
Lucerne , heu de fa. réfidençe-, pour lui repréfënter les
conséquences d’un pareil jeu. On âvoit mis M. Ifelin de
fe députation, parce que l’ambaffadeur l’aimoit. L’am-
«aflaaeur répondit par des dénégations équivoques &
-mêlées de pûifenteries P qui ne fiufoiem que confirmer 1
les foupçons fans rien éclaircir. M. Ifelin lui parla en
particulier, & n ’en tira que cette plaifanterie : vous me
ferie^ fur le champ les cent plus beaux vers du monde
que ce feroit du latin perdu. M. Ifelin, qui aimpit les
vers, & qui Javoit que l’ambaffadeuir les aimoit
crut que peut-être il lui ouvroit une .porte pour fortir
de cette affaire : il.fait fur le champ les cent vers &
plus , & les^envoie à l’ambaffadeur. Le lendemain les
députés, prêts à partir, viennent prendre congé de
1 ambafTadeur, qui leur parle toujours comme la veille ;
p "jt feulement à M. Ifelin, qui le regardoit , dit
Ihiftorien, avec des yeux de poëte :
Carmina vel ccelo pojfuntdeducere lunam.
Ce mot fut pour M. Ifelin , qui en avoit feul l’intelligence,
ce que la vue des peintures du temple de
Junon à Carthage fut pour Enée
Hoc primiim in lüco nova res oblata timorem
Leniit : hic primum Æncas fperarefalutem
Aufus & ajfii&is mdiùs confidere rebusS
Mais fes confrères qui ffetoient pas dans le fècret *
revenoient fans efpérance , lorfqu’en paflant dans un
village , ils apprennent par des gens qu’ils rencontrent,
qu’un cavalier qui alloit à toute bride, avoit laiffé
tomber le matin,. a la p.omte du jour, une petite
malle, dont il feroit fans doute fort en peine 1 ils fe
la firent apporter ; c’étoit celle dont il s’agiffoit. La ehofe
alla jufqu’au roi d’Efpagne, Philippe V , qui entra fort
bien dans la plaifanterie, & qui approuva & les vers
de M. Ifelin, dont la dépêche du marquis de Beretti
Landi contenoit copie, & la conduite de l’ambaffadeur.
Obfervons à ce fujet qu’il eft peu d’hiffoires qu’on
ne gâte eâ voulant les embellir, fur-tout par le merveilleux.
Le récit porte que le marquis de Beretti
Landi demanda que les. cent vers biffent faits-en un
quart d’heure, & qu’ils forent faits en un quart d’heure»
Contentons-nous qu’ils aient été faits dans la journée •
un quart d’heure ne foffiroit pas pour en écrire la
moitié.' M. Ifelin mourut le 13 avril 1737.
ISEMBURGE. ( Voye% ci- dëffus Xmgelbürge^
Ingerbürge. )
ISIDORE. C ’eff le nom de plufieurs favants , ho«
norés du . titre de Saint.
i°. Ifidore d’Alexandrie , folitaire de la Thébaïde ;
fornomme YHofpitalier , parce qu’il exerçoif l'hofoi-
talité envers ceux que la curiofité ou le rcfpeéi pour
cesfaints folitaires , attirbit dans les déferts de la
Thebaïde. Il défendit contre les A r ie n s la mémoire
& les écrits ,de -feint Athanafe. Il mourut Tan 403 , a
Conftantinople.
20.. St. Ifidore de Pelufe ou de. Damiette,, difciple
de St. Chryfbftome. Nous avons f s oeuvres en grec
& en latin, publiées en 1538 , par André Schot. Mort
en 1440.
3°; S. Ifidore de .Cor doue , évêque de cette ville,
ail cinquième fièele , çonnu fous le nom d'Ifidor.^
f ancien, auteur de commentaires fur les livres des
Rois.
4°. St. Ifidore de Séville , dit le jeune , évêque de
cette ville, au commencement du feptiéme fièele, efl
le plus célèbre de tous; il mourut en 636. On a de
lui une chronique depuis Adam jufqu’en 626 , qui eff
de quelque ufage pour l’hiftoire des Goths., des Vandales
•& des Suèyes , vingt livres des origines ou
étymologies, des traités des - écrivains & des offices
cccléfiaffiques. Dom du Breuil , bénédiétin, a donne
une bonne édition des oeuvres d'Ifidore de Séville.
C’eff ce fa nt Ifidore de Séville qu’on a cru longtemps
l’auteur de ces fauffes décrétalës qui ont abufe
Téglife d’Occident , & qui par l’autorité fupreme
qu’elles attribuoient au pape , ont peut - être, plus
contribué àu. .grand fchifme d’Orient que les vices de
Photius, ou la queflion de la proceffion du St. Efprit.,
Leur véritable auteur eff Ifidore Mercator, Pèccator
ou Pifcator ; & ce fot fous le règne de Charlemagne
& fous le pontificat d’Adrien I , vers la fin du huitième
'fièele, qu’on le vit paroître. Dans le fixiéme fièele,
Denis le Petit avoit recueilli quelques décrétales, des
papes | mais feulement depuis faint Sirice, qui fiégeoit
vers la fin du quatrième fièele. Denis n’avoit pu apparemment
en trouver d’antérieures .: les fauffes décrétales
J imaginées par Ifidore Mercator dans le huitième
fièele , remontent à faint Clément, l’un des' premiers
fucceffeurs de faint Pierre , & continuent fous fesfuc-
ceffeurs jufqu’à faint Sylveffre, vers le commencement
du quatrième fièele. Le fauffaire avoit un deffein ma-
: nifeffe, qui a très-bien réuffi, c’eft celui d’étendre la
püiffance des papes par l’exemple & l’autorité des
premiers & des plus faints pontifes,, Ces décrétales
repréfentgnt comme ordinaires lés appellations à Rome,
elles défendent de tenir aucun concile fans la permifïïoii
du pape ; en un mot, elles font du pape le monarque
& le dëfpote- de toutes les églifès. Riculphe , archevêque
de Mayence, répandit en France cette colleéfion
fi foriefte à la difeipline de l’églife; la fuppofition fot
à peine foupçonnée d’abord ; 1 autorité de ce recueil
alla- toujours en augmentant fur la foi du nom d"Ifidore
de Séville ; on voit par les écrits du célèbre Hincmar,
qu’il étoit dans cette erreur avec tout le neuvième fièele.
Le décret de Gratien cite les- fauffes décrétales comme
un ouvrage authentique ; elles ont paffé pour vraies
pendant huit cents ans , & n’ont été abandonnées que
dans le dernier iièçle , après que le favant Blondel
€ut mis dans tout leur jour , les caraéfères de fauffeté
qu’elles offrent par-tout, & alors le mal qu’elles àvoient
pu faire étoit confacré par le temps.
ISITES , fubft. mafe. pl. ( Hifil. mod. ) nom d’une
feéfe de la religion des Turcs, ainfi appellée de leur
premier doreur qui fe nommoit Ifiamerdad , qui a
foutenu que l’alcoran de Maliomet a été créé , &
rieft pas éternel, ce qui parmi les Mufuhnans paffe
pour une horrible impiété. Lorfqu’on leur objeéte cet
anathème de leur prophète, que celui-là fioit efiitné
infidèle, qui dit que l'alcoran a été créé f, ils fè fàuvent
par cette diffinâion fubtile, que Mahomet parle en
Côt éndroït de l’original Si non pas de la copie ; qu’il
eff vrai que cet originàl eff dans le ciel, écrit de la
main de Dieu même , mais que l’alcoran de Mahomet
n’eff qu’une copie de cet original, d’après lequel elle
a été tranferite dans le temps. On fent que par cette
réponfe ils mettent leurs adverfaires dans la néceffité
de prouver que l’alcoran eff incréé, & cela doit
être fort embarraffant pour eux. Ricaut, de l'empire
Ottoman. ( A . R. )
ISLE-ADAM. Voyéi V illiers.
ISLAMISME, fubft. maf (Hifioire turque.) Ijlam ou
ijlamifme, eff la même chofeque le Mufulmanifme ou
le Mahométifme ; car moflemin veut dire les MufiuU
maris ; c’eft M. d’Herbelot qui a introduit cîs mots
dans notre langue, & ils méritoient d’être adoptés;
Iflam vient du verbe Salama , fè réfigner à la volonté
de Dieu, & à ce que Maliomet a révélé de fà part ,
dont le contenu fe trouve dans le livre nommé Coran ,
c’eft-à-dire , le livre par excellence. Ce livre qui fourmille
de contradictions , d’abfurdités, & d’anachro-
nifmes , renferme prefqi^ tous les préceptes de YifLa-
mifime , ou de la religion mufulmane. Nous l’appelions
alcoran. ( D. J. )
ISMAEL I, ouSCHAH-ISMAEL, {Hifi. de Perfi.\
étoit fils d’Eider qui le premier prit le titre de [chah ,
qui fignifie roi, quoiqu’il n’eut jamais été revêtu du
pouvoir fouverain , puifqite les Turcs oceuppient alors
les plus belles provinces de la Perfe. Il eft vrai qu’il
fot toujours â la tête d’une armée pour affranchir fà
patrie dëleur domination. CetEider laiffa un fils nommé
Ifma'èl , qu’il confia , en mourant , à un fèigneur de
la province de Xilan, en lui prédifant qu’il retabliroit
un jour la fplendeur de‘l’empire Perfan. Ifma'èl développa
une raifbn prématurée & un courage héroïque
qui furent le préfage de fa grandeur future. Senfible à
l’opprefhon de fà patrie , il envoya dans toutes les
provinces des émiffaires pour fonder les difpofitions
des peuples , leur annonçant qu’il étoit prêt à facriner
fa vie poùr les affranchir d’un joug étranger. Les Perfes
fbrtirent de leur abattement, vingt mille fe rangèrent
fous les drapeaux de leur libérateur , & dès qu’il parut
en campagne , l’empreffement fot fi grand , qu’il fe
vit à la tête de trois cents mille combattans. La religion
lui fournit des armes pour fubjuguer les efprits.
Les Turcs \ regardés comme les corrupteurs de i’alcc-
r'an, devinrent l’objet de l’exécration des peuples , qui
crurent fervir Dieu contre les profanateurs de fa loi.
Cette guerre facrée donna des fcènes d’héroïfme & de
cruaut'é. Ifimaël fiit proclamé roi par le fuffrage de fà
nation. Tous les Turcs qui tombèrent entre fes mains
ne rachetèrent leur vie que fous la promeffe d’em-
braffer la religion des Perfes. T rois provinces enlevées
aux Turcs, qui les avoient ufurpées , formèrent le
nouvel empire , qui prit chaque année de nouveaux
acçroiffements. Ifma'èl, après.avoir affuré fes frontières
contre les invafions des Turcs , porta la guerre
du côté de l’Orient ; il enleva au roi des Indes la
fortereffe de Candahar, qui devint le boulevard de
fes éîats. Cette conquête fot foivie de la foumiffio^ s î