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Lës bleüufés dont il étoit couvert * ne (e trotiverenf
point mortelles. Son premier foin, lorfau’il le vit en
iûreté, fut d’inftruire Charlemagne de fon aventure,
6c de lui demander la permiffion de l’aller trouver.
11 vint en effet, aufïi-tôt qu’il le put, trouver Charlemagne
à Paderborn. Les affaffins du pape, ne pouvant
fe cacher, fe déclarèrent hautement fes accufa-
teurs, prirent Charlemagne pour juge entre le pape
& eux , & lui envoyèrent un mémoire , contenant
contre Léon , des accufations que les hiftoriens qualifient
d’atrcces & de eatomnieufes fans les fpééifier.
Charlemagne fit par provision rétablir folemnelle-
ment le pape dans fon liège par deux archevêques ,
quatre évêques & trois comtes, qu’il nomma fes com-
mifTaires, non-feulement pour cette fonékon , mais
encore pour faire toutes les informations néceffaires ,
tant fur la violence commife à l’égard du pontife ,
que fur tous les faits allégués dans le mémoire de'fes
ennemis. Les informations étant faites, & le réfultat
é'.a .t en faveur du pape , Charlemagne convoqua dans
l’églife de faint Pierre à Rome, une affemblée folem-
nelle pour procéder ai! jugement définitif; il prit les
voix , elles furent toutes favorables au pape, fes accusateurs
convaincus de calomnie & d’affafli <at étoient
abfens ; l’innocence de Léon fut reconnue comme par
acclamation, il fe purgea d’ailleurs par ferment. Cette
afT.mblée fe tint le 15 décembre de l’an 800.
Dix jours après, le même temple fut témoin d’une
autre cérémonie encore plus pompeufe ; le jour de
Noël , Charlemagne étant dans tout l’appareil de la
fouveraineté à la melfe folemnelle de ce jour, dans
Péglife de faint Pierre, le pape choifit un moment où
ce prince étoit à genoux au pied du grand autel ; il
prit une couronne & la lui pofà fur la tête ; le peuple
qui afliftoit en foule à cette cérémonie, s’écria' d’une
voix unanime : vive Charles , toujours Au gu (te ,
grand 6* pacifique empereur des Romains , ce f i Dieu
qui le couronne par Us mains de fon vicaire, qu'il foit
À jamais viElorieux ! aufli-tôt Léon répandit l’huile
feinte fur fa tête, & fe profternant devant lui, fut le
premier à F adorer ; c’eft le terme dont fe fervent tous
les annalifbs contemporains , & les auteurs même
éccléfiaftiques.Dans la fuite, les papes fe font fait adorer.
à leur tour ; mais c’efl ainfi que s’opéra dans la personne
de Charlemagne, fous le pontificat de Léon III,
en l’an 800, le jour de Noël, le renouvellement de
J’empire d’Occident, grande époque.
Le premier aéte d’autorité que Charlemagne exerça
«n qualité d’empereur, fut de condamner a la mort
PafcalCampule &. leurs complices. Le pape, par une
générofité paternelle , digne de fon cara&ère facré ,
demanda grâce pour eux & voulut que l’exil fût lëür
feul châtiment ; ils moururent en France dans Pop--
probre & dans les remords. .
Il y eut vers l’an 815, après la mort de Charlemagne
, une nouvelle confpiration contre Léon III.
Cette fois-ci le pape, fans recourir au nouvel empereur
Louis le débonnaire, fe fit juftice à lui-même
& une juftice rigoureufe| il fit mourir plufieurs d. s
coupables ; cette rigueur bleffa doublement Louis, &
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cofflmê contraire à fà fouveraineté impériale,
comme contraire à la clémence pontificale , & a
l’horreur que l’églife a pctlr le fang i il en fit faire de
vifs reproches à Léon 111, qui fe crut obligé de lui
faire des exeufts. Les Romains f plus irrites encore
que 1 empereur, de la cruauté de Léon, comifiençoient
à fe révolter contre lui ; Léon III. mourut le 23 mai
816. Ce fut lui qui, à l’cccafion d’un violent tremblement
de terre arrivé, en I.alie, l’an 801. établit à
Rome la cérémonie des rogations, que St. Mamerfc
( voye^ fon article) avoit établie en France, dès le
cinquième fiècle, à l’occafion aufïi de quelques défaftres
arrivés à Vienne & dans le Dauphiné.
On a remarqué que Léon III. pape fort dévot ,
avoit fur-tout une dévotion allez fingulière. On prétend
qu’il difoit quelquefois fept & même neuf méfiés
par jour.
La grande affaire de Léon IV, fut de repouffer les
i Sarrafms, qui étoient aux portes de Rome, fans que
les empereurs ni d’Orient ni d’Occident panifient s*en
occuper ; mais Léon IV. veilloit pour la patrie. Il
eut dans cette occafion la follicitude d’un pere qui
défend les enfans, & prit l’autorité d’un fouverain qui
protège fes fujets. Il fit réparer les murailles, élever
dis tours, tendre des chaînes fur le Tibre ; il g finales
milices à fes dépens ; il employa les tréfoS de
l’églife à la défenfe de la capitale du mondp chrétien ;
à fa folli citation les habitans de Naples & de Gaëte ,
vinrent défendre les c tes &. le port d’Oftia ; il vifita
lui-même tous les poftes & fe préfenta fièrement aux
Sarrafins à leur defeente. Il étoit né Romain ; le courage
des premiers âges de la république, dit M. de
Voltaire, revivoit en lui dans un temps de lâcheté
& de corruption , tel qu’un des plus beaux monu-
mens de l’ancienne Rome, qu’on trouve quelquefois
dans les ruines de la nouvelle, Les Sarrafins furent
repouffés , & la tempête fécondant lès efforts des
Romains, dilïipa une partie des vaiffeaux ennemis;
une foule de Sarrafms échappée au naufrage , fut mife
â la chaîne. Le pape rendit fà viéïoire encore pli s
utile, en faifant travailler aux fortificattons de Rome
& à fes embelliffements ces mêmes mains qui s’étoient
armées pour la détruire.
C’eft entre Léon IV , élu en 847 & mort en 85 ç
& Benoit III fon feiccefleur., qu’on a placé la prétendue
papeffe Jeanne.
Les pontificats de Léon V. VI. VII. | VIII. n’ont
rien de remarquable.
Léon IX , paffe pour faint. Il étoit évêque de Toul,
lorfqu’en 1048 il fut fait pape, par le crédit del’err.*
pereur Henri III fon.parent; il partit pour Rome
en habit de pèlerin; il convoqua plufieurs conciles en
Italie , en France , en Allemagne , il fit ce qu’il put
pour rétablir les moeurs. Dans un concile tenu à Rome
en 1051, il porta un décret c ui réduifoif en efcîa-
vage les femmes qui fe fèroient abandonnées à des
prêtres dans l’enceinte des murs de Rente. On peut
juger des moeurs du clergé de ce temps là , par la
néce ffitë d’un pareil décre t. Le pontificat de Léon IX
fert d’époque au grand Schifme d’Orient, dont Pliotius
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$voit jetté les premiers fondements, plus dun fiècle
& demi auparavant, mais qui n’éclata dans tonte fa
force .que lous le patriarche Michel Cerularius, en
1053. 8 ,
Léon IX. eut auflï à combattre des ennemis non
moins redoutables que les Sarrafins, les Normands :
en 1053 il alla en Allemagne folliciter du fecours
contre eux, mais moins heureux que Léon IV ne
l’avoit été contre les Sarrafins , il fut battu & pris par
les Normands près de Benevent ; il refta un an dans
leurs fers, & ce furent eux-mêmes qui le recondui-
firent à Rome. Il mourut le 19 avril 1054. On fit
fur fa mort ces 'deux vers- Léonins :
Vitirix Roma, dote , nono viduata Leone ,
E x mu.tis talem vix habitura parem.
le P. Sirmond a publié la vie de ce pontife, écrite
en latin par l’archidiacre Wibert. Les fermons de
Léon IX , font imprimés avec ceux de faint Léon
le grand; fes épitres décrétales fe trouvent dans les
conciles du P. Labbe. ; on trouve aufïi dans le tréfor
des anecdotes de don Martènè , une vie de faint
Hiduli he, évêque de Trêves, fondateur du monaftère
de Moyen-Mou fier dans le pays de Vofgqs, mort
vers l’an 707 ; cette vie a été çompofée par le pape
Léon IX.
Léon X.: de la maifon de Médicis , eft ce pape à
jamais cé'èbre par la prote&ion magnifique qu’il
accorda aux arts, par l.stalensde toute elpèce qu’il
fit éclore en Italie. Une heureufe émulation les porta
bientôt dans les états voifïns, & Léon X. fut à cet
egard le bienfaiteur de l’Eurcpe.
Etant encore cardinal, il avoit été le reftaurateur
de fa maifon à Florence,; les Médicis n’avoient donné'
long-temps à Florence, leur patrie , que des fers
dores qu’elle n’appercevoit pas ; Pierre , neveu du cardinal
(Jean) fit trop fenrir le joug aux Florentins
qui' le fécouèrent avec indignation , ils cha{Tèrent
Pierre de Médicis, qui ne put fe rétablir. Le cardinal ,
h force d’adreffe & de courage, ramena fa maifon
triomphante dans Florencé, & le jeune Laurent de
Modic s , fon neveu , t» •, fous fa direéliôn , véritable
'fouverain de la Tofeune , fans en avoir le titre. •
Jean de Médicis avoit été créé cardinal à quatorze
ans , par le pape Innocent VIII. En 1512 il étoit
à la bataille de Ravenne, en qualité de légat du pape
(Jules I I , qui fa Toit alors la guerre à la France ; il
fut fait prifonnier par les François, il leur parla ,
dit-on, avec tant d’éloquence & tant d’autorité, que
lesfildats lui demandèrent pardon d’avoir ofé l’arrêter;
mais le card na1 de faint Scverin qui étoit dans le parti
de la France, lui ôta fa croix &. les autres marques
de la légation , & l’envoya prifonnier à Miian.
L’annee fin vante le 5 mars , le cardinal de Médicis
fut élu pape, i! n’avoit alors que trente-fix ans.* Son
pontificat feit d’époque à rétab'HTement du Luthéra-
ïiifme. ( Voyc^Varticle : Luther ).
Il fert aufïi d’époque à fabolition de la pragmatique
& à l’éiabhfléiïtenJ du concordat S cette grande
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affaire fut projettes 6c convenue dans la célèbre
entrevue de Léon X. & de François 1. à Bologne à
la fin de l’année 1515 ; elle fut enfuite réglée entre le
chancelier Duprat, pour Françoiê 1. & les cardinaux
d’Ancône & de Santiquatro, pour Léon X. Le tout
fut terminé le 15 août 1516. à la grande fatisfaéfion
du pape & du roi, mais au grand mécontentement
de l’églife, de l’univerfité, des parlement
La guerre que Léon X fit au duc d’Urbin la Rovère,
neveu de Jules II. pour le dépouiller de fon duché
d’Urbin, ôc en inveftir fon neveu Laurent de Médicis,
cette guerre, après plufieurs révolutions en fens contraire
, produifit des conspirations refpeélives contre
la vie ou la liberté du pape & du duc d’Urbin.
Ce'ui-ci fit tuer au milieu de fon camp à coups de
pique , quatre officiers acculés d’avoir voulu le livrer
aux Médicis. Léon fe crut obligé d’effrayer le facré
collège par des emprifonnements & des fupplices,
pour rompre une traîne horrible formée contre fa vie.
Le cardinal Alphonfo Pétrucci avoit gagné Verceil ,
chirurgien du pape, & un officier, nommé Bagna-
cayello, qui dévoient être les inftruments du crime ;
les cardinaux Bandînello de Soli, Raphaël Riario ,
carmelingue du faint fiége , Adrien Corneto &
François Soderin, appuyoient eu cennoiffoient ce
projet. Verceil & Bagnacavello furent écartelés, le
cardinal Pétrucci fut étranglé en prifpn ; les autres
rachetèrent leur vie 6c leur dignité par des fommes
plus ou moins fortes, félon la part pins ou moins
grande qu’ils parurent avoir eue au complot.
Le pape créa enfuite dans un feul confiftoire jufqu a
trente 6c un cardinaux, ’ dévoués à fes intérêts ou
qu’il croyoit d’être.
Pendant l’expédition de François I. dans le Milanès,
Léon X. avoit tenu à Ton égard une conduite équivoque
; il avoit d’abord été fon ennemi, & Profper
Colonne commandait les troupes pontificales, chargées
d’empêcher l’entrée des François en Italie ; voyant-
enfuite les fiiccès de François I. il avoit traité avec
lui pour retarder fes progrès, & un des objets de
l’entrevue de Bologne , avoit été de fa part d’engager
François I. à différer lëntreprilè qu’il projet: oit furNapIes,
Dans la concurrence de François I. & de Charles-
Quiii: à l’Empire , la poliûque du pape étoit de
vouloir un empereur qui ne pdffedât rien en Italie ;
la poffefîïon du royaume de-Naples devoit . félon lu i,
exclure Charles de l’empire , & celle du MJanès
François I.
Lorfque Charles-Quiat fut élu, & que la grand«
guerre de 1521 s’alluma entre ces deux illuftres rivaux ,
le pape,, qui auroit voulu les chaffer tous deux de
l’Italie, parut d'abord vouloir tenir la balance égale
entre eux ; il traitoit avec t®us les deux, mais il finit
par fe déclarer pour Charles-Qumt ou plutôt contre
la France, ôi même il s’enflamma d’un zèle fi violent
contre elle, que, le tonnerre étant tombé le 29 juin ,
fête de St. Pierre 6c St. Paul, fur le magafin à poudre
;$é Milan , & ayant produit une explofion épouvantable
& des renveriemrnts très fun;.ftes, Léon X.
eut la barbarie d’infulter à ce malheur des François j