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porter là valeur-en -lingots de cuivre dans des cha-io' s
aûtréfor public, qu’on appelfoit izmnïum , du mot oes ,
génitif écris , . qui fignifie du cuivre , pafce qu’il n’y
avoit point à.Rome d’or ni d’argent...
C e fut l’an =485 de la fondation de cotte ville
que les Romains commencèrent de fabriquer des mon-
fioies d’argent, auxquelles ils imposèrent des noms.
& valeurs relatives aux efpèces de cuivre î le denier
d'argent valoit dix as, ou dix livres de cu ivre, le
demi-denier d’argent ou quinaire cinq , le fefterce
d’ argent deux 6c demi, ou le quart dû denier. Ces
premiers deniers d’argent furent d’abord du poids d’une
én c è , & leur empreinte étoit une tête de femme,
coëffée d’un calque , auquel étoit attachée une aile
de chaque cô té ;,c e tte tête repréfentoit la ville de
Rome : ou bien c’étoit une viéioire menant un char
attelé de deux ou quatre chevaux de front, ce qui fâ i -
foit appeller cés pièces bigati ou quadrigati 6cfur le
revers étoit la figure de Caftor &. Pollu.xr Pour lors la
proportion de l’argent au cuivre étoit chez les Romains,.,
comme 1 à 9 6 a : car lé denier romain valant dix
as, ou dix livres de cuivre, il valoit 12 a Onces de
cuivre ; & le même dénier valant un huitième d’once
d’argent, félon Budée, ...cela faifoit là proportion
que nous venons de dire.
A peine les».romains eurent allez d’argent .pour, en
faire de la monnoie , que slalluma la.première guerre
punique, qui dura 24 ans,. & qui commença l’an 4?9 Rome. .Alors les b Joins de la république fe
trouvèrent fi grands, qu’on fut obligé de réduire
lV r libralis pefant douze onces ,,..àu poids, de deux.,
& toutes les autres monnaies à. proportion , quoiqu’on
leur confervât. leur même valeur. Les Béfoins de
l’état Payant doublé dans la féconde guerre punique
qui commença l’an 536-ide Rome, ô i qui dura
1 7 ans , Pas fut réduit à.Une once, & toutes les au*
très monnoies .proportionnellement. La plupart, de ces as
du poids d’une once avoient . pour, empreinte la tête
du double Janus d’un coté,, & ' la proue d’un vaaf-
feau de l’autre.
Cette réduéîidn ou t e retranchement que détrondoient
les befoins-de Pétât, répond à.ce que nous
appelions aujourd’hui augmentation dés., monnaies ; ôter
d’un écu de fix. livrés ,1a moitié de Pâfgent pour en
faire deux, ou le faire valoir douze livrés ,..c’eft pré-
cifément la même choie.,
Il ne nous relie point de monument de, la manière
dont les Romains firent leur ojxfàtion dans la ^première
guerre punique : mais ce qu’ils firent dans la
féconde, nous marque une fageffe admirable. La.république
ne fé trOÜVbit point en - état d’acquitter fes.
dettes : l’as pèfôit deibt^ontes de cuivre, & le denier
valant dix as , valoit Vingt onces de cuivre. Là république
fit des asd’üne once, de cuivre; élte gagna
fe moitié fur fes créanciers;, elle paya un dertier avec
ces dix onces dé cuivre. Cette Opération donna une
grande fecouffe à l’é ta t, il falloit là donner là moindre
qu’il étoit pèfÜble ; elle contènôit une injuftice ,.il
falloit qu’elle fut là moindre qu’il étoit poffible ; elle
#i(oh peur objet fe libération de :fe république envers
M: O N:
fes citoyens, il ne falloit donc p’âs qu'elle eu: celui de
la Lbéràtiôrt des citoyens entr’eux : cék fit la re n ié
; fécondé opération , & l’on ordonna que le dente ,
f qui n avoir été jïifques-là que de.dix as , en contieu-
; droit fetze. Il, réfeita de cette double opération que,
; pendant que lés créanciers-de la république' perdoient
la moi.ié, ceux des- particuliers ne perdoient qu’tin
cinquième : les marchand! fes. «’augmentaient • que cPun
: cmq»:erae |* le changement réel dans la monnoie n’étoi t
que d un. cinquième ; on yoit.lès autres conféra en*
ces:.En. un mot les Romains fe conduifirent mLux
que. nous qui dans nos opérations, avons enve’o;,-
pé & les -fortunes- publiques , 6c les fortunes-parû©.!--
Hères.. -
Cependant,les foccès des Romains fur la--fin, cfe
fe fécondé guerre punique, les ayant 1 aillés. maîtres de.
f Sicile, 6c leur ayant procuré la oonnoiiîanGe de
lEfpagne,, 1a maffé de l’argent v in t- à . augrnsntiv à
Rome ; ...on fiU’opération qui réduifit le denier d’argent
de vingt, onces à. feize , 6c*.elle, eut cet effet
quelle remit en proportion l’argent 6fc le cuivre , cétte
proportion étoit comme l à 100 , elle devint comme
1 eft à.128.0
Dans le même tèms, c’eft-à-dire, l’an dé Rohte 5 47 >/ous le :confulat de Claudius Neiô , & de Li-
vius Salinator , on commença pour fe ..première fois
de fabriquer des efpèces d’or , qu’on nommoit nut:.-
muS aùtèïis , ..dont la taille étoit de 40 a-fe.livre ^dé
; douze onces , .de forte qu’il pefbît- près de deux drag-
mes 6c .demi pcâc il y avôit trois dragrries à Ponce.
Le nummu-s aureus, . âpres s’être maintenu dfTèz lohg-
tems a la taille de 40 à. la livre vint à celle de 4 v ,
de 50 6c de 5 ^.
11 arriva fous les empereurs de. nouvelles opérations
» encore différentes fer lés monnaies. D an s ’ celles
qu’on fit du tems de 1a république, on procéda
par voie de retranchement : l’état confioit au peuple
fes b e fo in s6 c ne prétendoit pas le féduirc.. Sons
les. empereurs , dn procéda par voie d’alliage : les
princes réduits au défefpoir par leurs- libéralités même
, fe viréht obligés d’ altérer les monnoies ; voie
indireéle qui diminuait le m a l, ôc fembldit ne îe pas
toucher : on re iroit une partie du don , 6c on çaehok-
la mdi'i ; 6c fans, parler de diminution de 1a payé ou
des largeiïes, elles-fe trouvoient diminuées. On remarque
que fous Tibère , 6c même avant fon règne ,
l argeur etoit auffi commun en .Italie , qu’il pourrait 1 etre^ aujourd’hui en quélüue partie de l’Europe qüe
ce foit ; mais comme bientôt 'après',, le luxe reporta
dans les-pays étrangers l’argent qui regorger it a Rome,
ce tranfpcrt en diminua l’abondance chez les Romains,
6c fut une nouvelle câufe de l’affoiblifïèmént des monnaies
par les empereurs. Didius Julien commença cet
affüifcliffement. La ttioniioie. de Caracalla avoir plus
de fe moitié d’alliage ÿ . celle d’Alexandre Sévère lès
deux .tiers : 1 affoiblîfTemetit- continua , 6c1 fous Galien,
on ne voyoit plus que du cuivre ârgerité;
Le prince qui de nos jour* -feroitdâns les jhOûn'oies
des Operations fi violentés , fe tfoiîlpéroit ' lui-ïtiêiiv,
6t lie iromperoit?perfenrie*-Le ch an g e a appris au
O Ç
banquier à comparer toutes les- monnoies du monde ,
Sck les mettre à leur jufh valeur ; le titre des monnoies
ne peut plus être un fectetw -Si un prince commence le
billon, tout le mondé' continue, 6c le fait - pour lir :
les efpècçs fortesfortent d’abord , 6c on leslui renvoie
foibles. Sî-, comme les empereurs romains , il affoi-
bhffoit l’argent ,,-fans àffioiblir l’or , il verroit tout-à-
coup difparoître l’o r , 6c il feroit réduit à.fon mauvais
argent. Le change-,-en un mot, à-été les grands c'oups
d’aa.:orité ,-du. moins les feccès des grands coups d’autorité:
-
Je n’ai, plus que quelques remarques à faire fer les
monnoies romaines 6c leur évaiuaûon.
11- ne paroît pasqu’on ait mis aucune tête de confel-
oüde ma^ifbat fer Ies; efpèces d’or ou d’argent avant
lé’ déclin -"de la-république. Alors les trois maîtres des
monnoies , nommés triumvirs monétaires s’ingérèrent
ds ntettre furquclques-unes les têtes de tJles peifonn.es
qu’il leur plaifoit , 6c qui s’étoient diffinguées dans les
charges, de l’état-,. obfervarm n é a nm o in s -que eâtte
perfonne ne fut plus vivante , d é ’ pêür d’exciter la-
jaloufie-des- autres, citoyens. Mais après-que- Jules-
Cèfar fe fut arrogé lafdtéïamfè perpétuelle , le- fénat
lui accorda., par - excîufion à tout autre , . de faire
mettre l’empreinte d^/a tête- for- les monnoies ; exemple
que les empereurs. imitèrent enfuite. Il y en eut
plufieurs qui firent fabriquer des efpèces d’ôr 6c d’argent
portant leur nom, comme des Philippes 5 des Antonins,
&c: Qüelque^uns firent mettre pour empreinte la tête
des impératrices. Gonftantin fit mettre for- quelques-
unes la têre de fa -mère : -6c après ' qo’il eut embrafTé
lé chr f t i a n i fm e i l ordonna qu’on marquât d’une
croix les pièces 'de monnaie qa’on fabriqueroit dans
lémpire.
Les- Romains comptoient par deniers , -feftefees ,
mines d’Italie , ou livres romaines, -6c talens. Qu a tre
fefterces faifoient le denier , que nous évaluerons
, monnoie d’angleferrë, qui n’eft point variable ,
àfeptfols6c demij-Suivant cette évaluation 96 deniers,
qui faifoient fe mine d’Italie , ou 1a livre romane ,
monteront à 3 liy. ftérl. 6c lès 7 z l i v . romaines qui
faifoient le -talent, à-2.16 liv. fbrling.
J’ai dit que les Romains comptoient par feflerces ;
ils avoient le petit fefterce , Jeficrcius, & le grand
fèfterce , fejienium. Le petit fefterce valoit à-peu-
près 1 d. trois- quarts fterling. Mille petits fefterces
faifoient le fejlertiutt , valant a liv. 1 shell. 5 d. 29.
fterling. Mille feflertia faifoient. decies fejlertium ( car
lè mot dé cent tes étoit toujours fous-eir-endu ) , ce qui
revient à 8972 liv. 18 sh. fterling. Centies feflertium,
©u center^H'S répondent à 80729 liv. 3, sh. 4 , -d.
ftérl. Milites H S à 807291 liv. 13 Sh. 4 d. fterl.
Milites centies H -S. à 888020 liv. 16 sh. 8 d. fterl.
La proportion de l’or à l’argent étoit d’ordinaire
de 10 à 1 , quelquefois de x i , 6c quelquefois de 12
à 1. Outre les monnoies réelles d’or 6c d’argent 6c
de cuivre, je trouve que Martial fait mention d'une
menue m nno f • de plomb, ayant cours de fin tems ;
©n la. donneft , dit-il , pour rétribution à ceux qui
séngageûrent. d’accompagner les perfonnes. qui v c é f -
St O N > T ? 1
lor'ent parrître da:ns la ville- avec un. ' conèg:?. M. isil
eft vraifemblabli^ que - cette prêt. ndue monnaie de
plomb , no fit vort- que -de marqueî 6c do meieau
pour compter le nombre des gen s qui éccient aux
gages de tel ou tel -jparticulier.
Pour empêeher les feux- mohnolyeu-rs^de contre--
faire certaines efpçàes! d’or ou d ’argent , les Romains--
imaginèrent de les denteler fout-au» tour comme une •
feie ; & on nomma ces ■ fortes d’efj- èces /zv^rwi ferrati ; é
il-y a des tradu&eursôc des-commentateurs de Tacite
qui fe font pi^rfeadcs-, que nummus ferrât us étoit u:ve ;
monnoie qui portait l’empreinte d’une feie; 6c cette'
erreur s’eft glifFéë au moins dans quelques diéfionnairSs,
i ( D . J . )
Monmois QBST-DiOKAiÉ , (Ä'/?. mißt. ) on ap p elé "
de ce nom une monnoie communément de bas-aîîoi •-
de quelque métal, ou autre matière, formée & frappée
péndatit- ’un trifte fiège , afin de- fepplcer Jà -te. -
vraie monnoie qui manque , 6c être reçue dans le-'
commerce par lés troupes 6c les habitans', pour
id’une valeur intrinsèque-1 pécifiée. •
Le grand nombre de villes aftiégées;oîi Ton a frappé^
pendant les xvj. 6c xvij.. fiècles de ces fortes de
pièces, a porté quelques particuliers à en rt chercher f
l’origine , l’éprit., 6c l’utilité. Il eft certain que l’ufage'-
de trapper dars les villes afliégéès "des monnoî.s •
particulières, pour y avoir cours pendant le fiépe, -
doit être un ufage fort ancien , -püifque c’efl la **
néceftité qui l’a introduit. En effet , ces pièces
étant alors 'reçues dans -le commercé pour un prix ;
infiniment au-deftios de leur valeur intrinsèque, c’eft ■
une grande refïource pour les commandais , p o p r 'r
'les- magiftrats, •& même pour les habitans- de là v lfe -'-
affiégée.
Ces fortes de monnoies fe fentent de l a ; calamité -
qui les a produites ; .elles font d’un mauvais métal, 8c -
d’une fabrique g reffière; fi Ton en trouve quelqués= ”
unes de bon argent, J&L allez bien travaillées, l’oflen—•*
n y a eu plus de part que le befoir\ »
Leur forme n’eft point déterminée, il y e n “ar-de '
r Jnde? , d’ovales , 6c de quarrées ; d’autres en lofange 5 .
d’autres é.i ciftogone, d’autres en triangles , ■ &&
Le type 6c les inferiprions? n’ont pas de règles pîuy!ï
fixes. Les unes font marquées des deux- côtés y 6c.-eela •
eft rare ; les autres n’ont qu’une feule marque. O n 1
y voit fouvent les armes de' U ville affiégée quel-*-
quefois celles du fou verain, Ôc ^quelquefois celles du ■
gouverneur ; mais il eft plus ordinaire' de ny-trouver ■
que le nom de la ville tout au long.,,.ou en abrégé ^--
le m llefime , ôc -d’autres chiffres: quirdenotent- la va--J
leur de la piece.
Gomme les curieux- om-négligé ^ dé famàffer c é s - ■
fortes dé monnoies , il' feroit difficile d’en faire une
hiftoire bien fuivie : cependant la diverfité des pièces,
obfidionales que nous eonnoifTdns , Ja fipgularité dé -
quelques-*Unes ,, ôc’ -'les faits auxquels-e!lès ont rappört,
pourrci ent former un petit ouvrage agréable ,c.neuf 6c
inqérefTants
Les ;p!us. anciennes dé‘ cts- monnoies JobfM&iUier fax
.notre connoiffenca-,..cn^ été-frappées aavcomsfcneev--