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une de lès parentes ; pour lui, il époufà la fille aînée
du duc de Saxe Là\yeitibourg, l’an 1530. Il ne lui
manquent plus, pour mettre le comble à tant de prospérités
, que d’aflurer à & poftérité le fruit de fes
travaux. (Ce fut dans ce defiein qu’il convoqua une
aflemblée des états - généraux à Vefteras. Guftave
fit Sentir que , fi la couronne demeuroit éleépve,
un roi de Danemarçk ppuvoit briguer les foffrages,
fe faire proclamer, ou du moins foire naître des
guerres civiles , & renouveler tous les m^ux dpnt
il les avoit délivrés. Le Souvenir des cruautés de Chrif-
tiem II , & des malheurs de la Suède,' prêfoit à
çe difcours une Sprçe irrêïiftible. La nation déclara
qu’elle renonçoit pour jamais au droit d’élire Ses
fouverains, &. que la couronne feroit héréditaire dans
la famille de Guftave. On appella cet aéte T union
héréditaire. Guftave , toujours occupé, & de la grandeur
de l’état, & de pelle de Sa riiailbn, avoit réfolu
d’unir la main d’Eric* Son fils, 3 celle d’EliSabeth ,
reine d’Angleterre ; mais cette princeffe habile Sut
éluder pps propofitipns, fans une rupture décifive avec
la cour de Suede. Cependant le roi deScendoit lentement
dans 1er tombeau ; fes forces s’éteignoient par
dégrés ; Ses yeux n’avoient plus le même feu , mais
Son ame avoït toujours la même vigueur $ il fit Son
teftament avec autant de Sang froid qu’il eût foit un
traité de paixjr Un inftant avant fa, mort il diâa' à
un Secfétairè d’état fies ordres touchant des affaires
très-épineufes, &. donna à Ses enfans les leçons les plus
fages. Î 1 mourut le 27 Septembre 1546. Toute la
Suede le pleura, & le régné de* Ion fils ne fit pas
cdîer ces regrets. On ne peut mieux louer ce prince
qu’en diSant qu’il fut le Henri IV de la Süedç. Malheureux
pomme lui dans Sa jeuneffe, comme lui grand dans
fon malheur, il fut- forcé de conquérir' fes états,
pardonna à Ses ennemis, &,fit le bonheur de Ses Sujets
après les avoir vaincus, ( M. de Sa c y )
. G u st a v e A dolphe , fornommé le Grand, roi
de Suede. Les hautes qualités de ce prince ne furent
point les fruits tardifs de l’éducation & de l’expérience,
La nature avoit tout fait pour lui. Au milieu
cîes malheurs dont fo Suede fut accablée pendant les
demieres années du régné <Jè Charles IX , Son pere,
tandis que fon efprit égaré foccomboit Sous le fardeau
du gouvernement * Gufiave, âgé de feize ans, pa-
roiffoit dans les çonfeïls, &. a la tête des armées,
ebéiffoit en Soldat’, négocioit en miniftre, & çoinman-
fioit en roi. Sa môdeftie pretoit un nouveau charme à
Ses taléns. Il ’ le défioit de Ses forces.' Un jour Ses
courtifans lé virent plongé dans une profonde rêverie
, les yeux mouillés de larmes, ils le queftionne-
rent Sur le fojet de Sa douleur. « Hélas, difoit - i l ,
v mon pere eft prêt à defbèndre dans le tombeau,
>» & moi à monter for le trône ; quelle reffource pour
» la patrie , qu’un prince jeune, imprudent & novice
» dans l’art de régner l comment pourrai-je 1$ dé-
» fendre contre tant de puiffances armées contre elle !
P Ah i fi du moins le- facrifice de ma vie pouvoit
» fàuver l’état ». SigiSmond, roi de Pologne ', çhaffé
par les Suédois , avoit affocié la Ruffie oc le Dane-
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marck à là vengeance. Les Suédois efluyéîent d’abord
quelques échecs ; mais dès que le jeune Guftave fe
mit à leur tête, ils triomphèrent. Charles étant mort
le 30 o&obre i6i ï , Guftave frit, proclamé avec
enthoufiafine par toute la nation. Il avoit tous les talens
néceffaires pour gouverner , mais il n’avoit point
l’âge fixé par les loix du royaume. Le roi Charles
avoit nommé. un confeil de régence, compofé de
Sénateurs : la reine Çhriftine &. le duc Jean y préfi-
doient. Mais on fentit bientôt que Guftave étoit
audeflus d’une loi faite pour les princes vulgaires;
on remit les rênes du gouvernement entre fes mains ;
dans l’état déplorable oh fe trouvoit la Suede, prête
à être envahie par trois puiffances rivales, un roi
guerrier étoit yn fléau néceflaire. Guftave part, porte
lé rgvage dans la Scanie, entre dans la Gothie occidentale
, force les Danois à la retraite, taille en
pièces un parti près d’Yynewaldbroo , e» écrafe un
autre près d’Eckefio, délivre Joënekôping afliégé par.
le roi de Danemarçk. Çhrifliem qui avOit mêprifé la
jeuneffe de Guftave, ne voylut pas lui demander
honteufement la paix ; mais il fe fit offrir la médiation
de la cour d’Angleterre , & s’engagea à reffituer,
moyennant un million d’écus , Calmar, l’ifle d’Oë-
land 9 le fort Risby & -Elfrbourg. Àinfi la guerre fut
terminée au mois de janvier de l’année 1613. Les
Mofcovites voyant que les Danois n’agiffoient plus de
concert avec eux, expofés ieuls à la vengeance de
Guftave, prirent un parti qui étonna toute l’Europe^
Le Czar étoit mort. Ils élurent pour fon • focceffeur
le prince Charles-Philippe, frère de Guftave. Cette
éleéfion étoit l’ouvrage de Jacques de la Çardie;
Guftave fut piqué de ce qu’on ne l’avoit pas proclamé
lui-même ; il dévora cet affront, confentit en apparence
au départ de fon frère; mais il y mit tant
d’obfiaciès, que les Mofcovites prirent ces délais pour
un refus. Ils élurent Michel Féodorovitz ; Guftave-.
voulut alors ou parut vouloir placer le prince Charles-
Philippe fur ce trône : il n’étoit plus teins : le roi ne
parut pas fort chagrin du peu de lüccès de cette
démarche. Il donn^ fa foeur Catherine en mariage au
comte Palatin prince de deux Ponts. C’étoit au premier
fruit de cette union, que Guftave deftinoit la couronne,
s’il moyroit fans enfans. La cérémonie du couronnement
de Guftave ne fe fit qu’èn 16 1 7 ; trois ans après il
époufa Marie - Elçonore, fille fie Jeçm - Sififmond ,
éleâeur de Brandebourg, &. s’arracha aufii-tôt des
bras de la reine pour voler aux combats ; Riga fut
emporté, Mittaw fe fournit; une treve de deux ans
avec la Pologne, fut la fuite de çes conquêtes. A
peine cette mfpeyfion d’arrpes étoit - elle expirée ,
que Guftave -entra en Jdvonie, pénétra dans la Lithuanie.
courut de conquêtes en conquête?* & offrit
en vain la paix \ S'gifmond, qui fâvoif bien que le
premier de tous les articles feroit de fa part une
renonciation formelle au trône de Suede qu?il re-
grettoit,
Ce prince fe ligua avec l’empereur 9r dont l’am4
bition efjpéroit compter un vaffal de plus dans Sigif-i
moud, s’il pouvoit le replacer fur le trône dfe Suede •
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Mais Guftave qui étoit rentré en Pologne., par la
Pruffe, l’an 1626 avant qu’on fut informé de fa
defeente* avoit déjà conquis Frawenberg, Brawns-
berg, Elbirig , Marienbourg, Mewe, Dirsehaw,
Stuna , ' Chriftbourg , Werden; fon armée triomphante
échoua devant Dantzick 1 dans tous ces combats,
Guftave, placé aux premiers rangs , comman-
doit, combattoit, échauffoit la mêlée, dirigeoit les
grands mouveméns, & confervoit toujours cette
préfence d’efprit qui décide du gain des batailles.
Dans deux de ces rencontres il fut blefle; le foldat
Suédois en voyant couler le feng de fon roi, n’en
devint que plus furieux. Le célèbre Wrange! remporta
en 1629 une vi&oire fur les Polonois, près
de Gorzno ; Guftave jaloux de la gloire de ce general
, livra bataille aux ennémis, près de Stum. La
viâoire fut complette, quoique les^ Suédois fuflent
inférieurs en nombre ; Sigïmond défefpéra enfin de
remonter fur le trône de Suède. 11 accepta une trêve
de fix ans. On devoit profiter de ce-calme pour travailler
à un^ paix fblide ; cependant Guftave con-
ferva fes conquêtes en Livonie, & quelques autres
places,
Guftave n’avoit point oublié que l’empereur avoit
donne de puiflans fecours à Sigifmond ; il avoit faifi
la politique de cette cour ambitieufe qui vonloit ranger
tout le Nord fous fes loix : il preffentoit le but
des démarches qu’elle ne ceffoit de faire pour brouiller
le Danemarçk avec la Suède , & fubjuguer ces
deux royaumes à la faveur des divifions qu’elle fai-
foit naître ; il cherchoit l’occafion de rompre de
nouveau avec elle ; un affront fait a fes ambaffa-
detirs par les impériaux, la lui offrit, la guerre
fut déclarée. Guftave, fortifié de l’alliance du roi de
France, du duc de Poméranie, de l’archevêque de
Brême, & du landgrave de HefTe-Caffel, s’avança
contre les Impériaux , remporta deux vi&oires près
de Greiffenhagen & de Gartz, chafïa les ennemis de la
baffe Poméranie & du Neumarck, parut vainqueur
( for les bords de l’Oder, & compta , peu sten faut,
fes jours par fes conquêtes ; après diverfes opérations
militaires , Guftave fe montra fur les bords de l’Elbe,
s’empara près de Werben d’un pofre avantageux, &
de-là obferva les mouvemens au comte de Tilly.
Cet illuftre Bavarois commandoit les Impériaux ;
^ tous deux s’eftimoient , s’épioient, fe devinoient
îun l’autre ; on fe -fépara fans combattre , mais on
fe rejoignit près de Leipflck. La bataillé s’engagea,
dès le premier choc les Impériaux crièrent viéloîre;
le comte de Tilly fit partir des couriers pour l’annoncer
à la cour impériale; l’éleâeur de Saxe abandonna
Guftave, êc s’enfuit ; le roi 'de Suède rétablit
le combat, culbuta la cavalerie impériale, difïipa
l’infanterie, & eut feul avec fes foldats toute la
gloire de cette journée. Les fuites de cette vi&oire
furent plus importantes que Gette viéloire même ;
une partie de la Franconie fe’ fournit à l’armée viélo-
rieufe. Ceux des princes proteftans que la crainte
avoit jufqu’alors retenus dans le parti de l’empereur ^
fe déclarèrent pour la Suède ; enfin la terreur étoit
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ü générale, qu’on ne laiflbit plus à Guftave le pk :-
fir de former des fièges, & de livrer des aflauts.
Si-tôt qu’il fe montroit, les villes les mieux fortifiées
ouvroient leurs portes; tandis que Guftave fe
rendoit maître de toutes les côtes de la mer Baltique
, les Saxons pénétroient dans la Bohême, & le
nom du héros qu’on cfoyoit voir à leur tête, fbu-
mettoit une partie de ce royaume. Au milieu des
rigueurs de Phiver, Guftave couroit de conquêtes
en conquêtes,, fon armée ne campoit plus, elle
étoit logée dans les villes ; la mort du brave Si. malheureux
T illy , acheva la déroute des Impériaux ; leur
armée fe difperfa & caufa plus de ravages dans fon
retour, que les Suédois, aufli difeiplinés qu’intfé-
pides , n’en avoient fait dans tout le cours de la guerre.
Vallenftein raffembla ces débris, y ajouta de
nouvelles forces recueillies dans les* cercles- fidèles
à l’empereur, marcha contre Guftave, & crut réparer
tous les malheurs du comte de Tilly, Enfin,
après diverfes expéditions que les bornes de ce
Di&ionnaire ne nous permettent pas de rappeller,
les deux armées fe trouvèrent en préfence près de
Lutzen , le 16 novembre 1632; la bataille fe donna ,
les Suédois montrèrent une ardeur nouvelle; l’infanterie
impériale fut taillée en pièces ,• le canon fut
enlevé; G u fta v e impatient d’achever la défaite des
ennemis, fe précipita au milieu d’Un régiment de
cuirafliers qui tenoit tête aux Suédois. Il y périt ; les
circonflances de fà mort paroiffent incertaines, fa-
mort n’empêcha pas la viéfoire de fon armée.
C’étôit un prince aufli accompli qu’un homme
peut l’être. Il avoit peu de défauts, & n’avoit point
de vices. Il fut contraint à faire la guerre, & ce n èfls
pas à nous à examiner fi dans un teiîis de paix, il
auroit cherché l’occafion de la faire. On fait que la
leéîure du traité de la guerre & de- la paix de Gros
tius, lui étoit familière. Il n’avoit pas .moins de talens
pour le gouvernement que pour la guerre.
Rien de Ce qui peut contribuer au bonheur ou à la
gloire" d’un empire, ne lui étoit étranger, Diéïer des
loix, donner des batailles, préfider aux travaux du
laboureur, comme à ceux du foldat, defeendre
dans tous les détails politiques & militaires, fe
montrer équitable for un tribunal, grand fur un
champ de bataille , il favoit tout, excepté retenir
fon courage dans la mêlée. Un excès de bravoure lai
coûta la vie. ( M. de Sa c y . )
GUTTEMBERG ; (Jean), Voye^ Faust (Jean);
G U Y AR D , (Befnard) ( Hift. Lit. mod. ) dominicain*
Entr’autres ouvrages qui méritent moins de nous
occuper, il eft l’auteur de celui qui a pour titre : la
Fatalité de Saint-Cloud, oh il tache de prouver que
ce n’eft pas un dominicain qui a tué Henri III. Il a
été réfuté par un autre ouvrage intitulé : la véritable
Fatalité de Saint- Cloud, qui fe trouve dans le journal
de Henri III5 avec l’ouvrage du P. Guyard, Né en
XÖGI. Mort à Paris , 'le 19 juillet 1674,
GUYARD DE BERVILLE, { Hift, Lut, mod. )
auteur de deux mauvaifes Hifeoires, dont les lujesÿ